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Génocide des Tutsi du Rwanda: vers une réaction en chaine ? revue de presse 2014 classée

17 avril 2014

20 ans d’impunité pour les complices français du génocide des Tutsi du Rwanda :

Revue de presse 2014 classée (à partir du 1er janvier 2014)

Vérité : vers une réaction en chaine ?

Voir aussi la revue de presse chronologique,

et la revue de presse 2012-2014 des politiques.

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Sommaire
1. Accusation de l’armée et des dirigeants français
1.1 Militaires français
1.2 Journalistes
1.3 Associations
1.4 Universitaires
1.5 Politicien-ne-s, élu-e-s et partis politiques français
1.6 Dirigeants rwandais : Paul Kagamé et Louise Mushikiwabo
2. Défense de l’armée et des dirigeants français
2.1 Militaires français et Paul Barril
2.2 Journalistes, universitaires, associatifs
2.3 Politiciens et dirigeants français
3. Documents équilibrés entre accusations et défense
4. ONU + UE


1.   Accusation de l’armée et des dirigeants français


1.1 Militaires français

 

30 octobre, Guillaume Ancel sur Hubert Védrine

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/301014/rencontre-avec-hubert-vedrine-acteur-clef-du-role-de-la-france-dans-le-genocide-des-tutsi

… université d’été du PS… En quittant les lieux, nous tombons nez-à-nez avec Hubert Védrine, qui dédicace son dernier livre dans le hall d’entrée de l’université d’été. … Son analyse, très raccourcie mais pleine de conviction, m’interroge. Est-ce que la volonté d’amener les deux parties à négocier peut expliquer les actions auxquelles j’ai participé et qui sont pourtant déniées dans la version officielle ? Je lui demande donc si cela pouvait justifier d’aller se battre contre le FPR, comme j’en ai reçu l’ordre le 30 juin (au 83°jour du génocide). Mon interlocuteur est un peu moins à l’aise. Il me répond « qu’il n’est pas au courant des détails ». Des détails, un détail, ce n’est pas la première fois que j’entends ce mot associé à un génocide. Des détails donc, comme si les militaires français avaient pu décider de leur propre chef d’engager le combat contre les soldats du FPR plutôt que contre les génocidaires. Je lui demande alors si c’est un « détail » d’avoir fait livrer des armes en pleine mission « humanitaire » à des forces qui venaient simplement de commettre un génocide, comme j’en ai été témoin en juillet. La conversation se tend. Il penche la tête de côté pour rechercher d’éventuels lecteurs qui auraient attendu pour sa dédicace mais il ne trouve qu’une militante socialiste qui lui demande à son tour s’il accepterait une commission d’enquête sur le sujet. Alors Hubert Védrine se fige et répond brusquement, – je refuse de répondre à cette question, et il met fin à la discussion.

 

12 septembre, Survie : Guillaume Ancel

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/238-septembre-2014/article/guillaume-ancel-il-faut-rechercher-4765

… Sur les lieux de l’épave, il y a peu d’indices immédiats à attendre, car l’explosion du réservoir a dû éparpiller ce qui aurait pu rester du missile. On peut prendre des photos pour comprendre comment s’est passée la chute. S’il y avait des boîtes noires, l’enregistreur des paramètres de vol révélerait une éventuelle manœuvre d’évitement, et le moment où le pilote a perdu le contrôle de l’avion. L’enregistreur des voix pourrait indiquer si le pilote a réagi au 1er missile. Il confirmerait aussi si, comme l’indiquent des témoins, la tour de contrôle a demandé avec insistance au pilote « Qui est dans l’avion ?« , ce qui suggère qu’elle aurait alerté les tireurs. Si Saint-Quentin a été professionnel, ce dont je ne doute pas, il a dû bien chercher les boîtes noires. Nous nous sommes croisés il y a peu de temps à un dîner. Je venais de lire l’expertise. Il a opiné du chef à ce que j’ai dit sur l’attentat : le lieu du tir est près du camp militaire ; il ne s’agit pas de Mistral ; l’équipe est entraînée et équipée, avec une reconnaissance et une alerte. Il n’a rien contesté, mais quand on a parlé de son arrivée sur les lieux de l’épave, il s’est fermé comme une huître. Il en sait manifestement beaucoup. S’il est maintenant général et commande les forces spéciales, c’est qu’il sait aussi se taire. .. Sur le lieu du tir, la seule pièce à conviction envisageable pour ce type de missiles portables, c’est l’éjecteur. Il s’agit d’un petit propulseur métallique qui, pour éviter de brûler le tireur, éjecte hors du tube le missile avant son allumage proprement dit. Il tombe à quelques dizaines de mètres devant le tireur, sans se casser, et peut s’enfoncer dans le sol. Pour un tireur qui veut s’éloigner rapidement alors que le tir a attiré l’attention, il est hors de question de le rechercher dans l’herbe, surtout de nuit. Les deux éjecteurs y sont peut-être toujours depuis vingt ans. Les rechercher au détecteur de métaux donnerait accès au type exact des missiles et à leur numéro de série, voire au pays fournisseur et au contrat d’achat. .. Oui, s’il a pu entendre quelque chose. Le mutisme de Saint-Quentin et la disparition des boîtes noires sont aussi troublants. Il est probable qu’un service efficace comme la DGSE ait décelé des préparatifs (acquisition des missiles, préparation de l’équipe de tir, planification de l’opération) et en ait informé les plus hautes autorités de l’Etat français. La suite, ou plutôt l’absence de réaction, est du ressort soit d’une négligence, soit d’une décision politique. L’opposition de certains officiers français aux accords d’Arusha pourrait les placer parmi les personnes qui ont un motif de demander l’autorisation de réaliser cet attentat. Normalement, pour utiliser des missiles, surtout pour une opération sensible, il faut des autorisations croisées. Dans un cas aussi particulier, j’imagine qu’il aurait fallu vraiment qu’un responsable politique de très haut rang le laisse commettre, voire l’organise. .. Le scénario dont je suis convaincu, c’est que les militaires extrémistes hutu ont payé des SAM16 et des mercenaires entraînés pour commettre l’attentat depuis la zone du camp militaire

 

30 août, Jeunes socialistes + Guillaume Ancel

http://www.jeunes-socialistes.fr/wp-content/uploads/2014/08/UEJS-2014-Programme.pdf
Atelier « Génocide contre les tutsi au Rwanda: la vérité maintenant » Jaurès disait : “Le courage, c’est de chercher la vérité, et de la dire”. Après 20 ans de silence, la gauche se grandirait en regardant en face les manquements de certains Français lors du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994. La lumière doit être faite sur le rôle et les responsabilités individuelles et collectives avant, pendant et après le génocide, notamment concernant la collaboration avec le régime génocidaire entre 1990 et 1994

Note R*E : atelier avec Alain Ngirishuti d’Ibuka France, Hélène Dumas, historienne, et Guillaume Ancel

 

30 août, Guillaume Ancel (article du Monde sans les corrections)

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/010914/ancien-officier-francais-au-rwanda-je-veux-connaitre-le-role-de-la-france-dans-le-genocide-des

29 août, Le Monde : Guillaume Ancel

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/29/ex-soldat-francais-au-rwanda-j-exige-de-la-france-la-verite-sur-le-genocide_4478886_3232.html

… D’autres pièces du puzzle sont des angles, qui ne trouvent pas leur place dans ce dessin arrondi. Elles posent question, non sur le comportement des militaires français mais sur des décisions politiques qui ont pour conséquence de faire apparaître la France comme ayant soutenu, protégé et armé un gouvernement génocidaire… En effet le récit des missions que j’ai effectuées pendant l’opération Turquoise, et je ne crois pas que quiconque soit mieux placé que moi pour expliquer ce que j’ai fait, pose des questions difficiles : Nous sommes intervenus avec une armada militaire (près de 3.000 hommes, unités de combat de la Force d’Action Rapide, avions de chasse). Si la mission était humanitaire comme cela est encore affiché pour l’opération Turquoise, nous aurions dû logiquement intervenir contre les génocidaires, c’est-à-dire contre le gouvernement rwandais et ses forces armées. Au lieu de cela, nos responsables politiques ont décidé que nous devions stopper leurs opposants militaires. J’ai reçu l’ordre le 22 juin de préparer un raid sur Kigali pour reprendre la capitale et le 30 juin de guider des frappes aériennes contre les colonnes du FPR. Ces ordres ont été annulés in extremis, quel débat animait alors nos gouvernants ?… Lorsque nous avons enfin changé d’orientation, – seulement le 1° juillet -, nous n’avons pas cherché à neutraliser ce gouvernement génocidaire, ni ses forces armées. Au contraire nous les avons laissés se réfugier au Zaïre et commettre en plus l’exode de leur propre population, un nouveau drame humanitaire. En n’agissant pas, avons-nous été complices ? Enfin et beaucoup plus grave, j’ai assisté à une livraison d’armes, dans la 2° quinzaine de juillet, à destination des camps de réfugiés à l’est du Zaïre, générant des décennies de conflit qui n’ont jamais réellement cessé depuis. Pas des armes confisquées comme je l’ai d’abord cru, mais bien des stocks d’armes livrés sur place, en pleine mission humanitaire. .. en tant qu’ancien officier ayant participé à l’intervention militaire de la France au Rwanda, je souhaiterais savoir si je risque un jour d’être mis en examen pour complicité d’un crime insoutenable et imprescriptible, le génocide… Pour répondre à ces questions, il me semble indispensable qu’une commission d’enquête puisse faire la lumière sur le rôle réel de la France dans le drame rwandais et sur les responsabilités qui incombent aux décideurs de l’époque, une commission d’enquête qui permette aux Français de juger par eux-mêmes, une commission d’enquête qui s’appuie sur l’ouverture complète des archives, y compris celles de la DGSE. Rappelons que la mission parlementaire d’information sur le rwanda (1998) n’avait pas les pouvoirs et l’objet d’enquêter et que, par ailleurs, proposer de la confier aujourd’hui à l’ONU serait garantir son inefficacité… Une commission d’enquête serait prendre le risque de regarder en face nos responsabilités et s’assurer aussi que, si nous avions commis des erreurs, elles ne puissent pas se reproduire de la même manière…

 

24 juillet, Guillaume Ancel (interview par Survie, F Granet et M Lopes)

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/237-juillet-aout-2014/article/entretien-avec-guillaume-ancel-on-4752

… Cette mission au Rwanda, on a bien senti sur place qu’elle était complexe et ambigue : pourquoi donc est-ce la seule mission où je n’ai pas eu de briefing ? Il y a nécessairement dû avoir une décision politique de haut niveau de ne pas nous briefer. Sinon c’est clair qu’on aurait refusé d’aller combattre le Front Patriotique (qui arrêtait le génocide) et qu’on aurait arrêté les Forces Armées (qui y participaient). Ne serait-ce que parce qu’on aurait eu peur de se retrouver ensuite devant un Tribunal Pénal International. Or j’ai reçu successivement deux ordres d’opération (tous deux annulés avant d’être réalisés) : le 22 juin, d’aller vers Kigali ; le 30 juin, d’aller stopper par la force le Front Patriotique à l’Est de la forêt de Nyungwe. Cela donnait un message de soutien de fait aux Forces Armées et au Gouvernement Intérimaire. .. Je suis alerté le 22 juin 1994, pour un départ dans la demi-heure. L’ordre est de réaliser un raid sur Kigali, ce qui justifie ma présence, puisque ma spécialité est d’aller près du front pour désigner aux avions les cibles des frappes aériennes. .. A Goma, l’ordre d’opération est annulé. Curieusement, un officier vient le reprendre à chacun, individuellement, en vérifiant que personne ne garde la moindre feuille. .. Survie : Vous avez témoigné que vous avez failli combattre le FPR…Le 1er juillet au matin, juste avant le lever du soleil, donc vers 5h30, tout est prêt : les hommes sur place, les avions en l’air au-dessus du lac Kivu, n’attendent que mon signal. Je monte dans l’hélico qui décolle au lever du soleil. Mon hélico a déjà décollé quand un officier de l’EtatMajor du COS vient nous faire atterrir en urgence et annule toute l’opération. Cela veut dire qu’il y a eu un ordre politique, de très haut niveau, qui a dû être donné au dernier moment (vers 5h du matin à Paris, puisque l’heure française est la même que l’heure rwandaise). Il a donc dû résulter d’un long débat nocturne, suscité par une des (rares) personnes qui à Paris sont informées de cette opération. Un des pilotes d’avion, que je ne connaissais pas, est venu récemment me confirmer tout ceci, avec de nombreux détails précis. Il ajoute qu’un contrôleur aérien lui a dit que l’ordre d’annulation serait venu du PC Jupiter, donc de l’Elysée, et non de l’Etat-Major (COIA) comme il se devrait, ou à la rigueur du PC Turquoise. Cela confirmerait qu’il y a eu un débat politique au plus haut niveau. Il faudrait vérifier cette information, trouver quels sont les acteurs du débat, savoir quels arguments ont fait pencher la décision. On verrait alors qui a décidé de quoi dans Turquoise, et avec quelles intentions. .. La mission devient une mission humanitaire. Moi, qui suis chargé de guider les frappes aériennes, je ne peux plus y jouer de rôle. Pour m’occuper utilement, j’extrais des rescapés, environ 100 à 150 entre le 1er juillet et le 5 août. On avait les moyens de neutraliser ou d’arrêter les Forces Armées et le Gouvernement Intérimaire. Or, délibérément, on ne fait rien contre eux. Pourtant, ce sont eux qui déclenchent l’exode : les réfugiés que j’interroge au passage de la frontière à Bukavu ne parlent pas du Front Patriotique, et expliquent bien que des hommes en armes leur ont dit de partir. .. Hogard demande en vain du renfort en France et, le 10 juillet, je suis détaché auprès de lui. Je vois passer les réfugiés avec leurs armes et on ne les désarme pas (contrairement à ce que j’avais fait auparavant au Cambodge). Je taraude Hogard pour qu’il obtienne l’ordre de désarmer. Vers le 12 juillet (peut-être le 11 ou le 13), Hogard obtient cet ordre, puis met en place des checkpoints de désarmement à la forêt de Nyungwe et à la frontière de Bukavu. Les armes sont amenées à Cyangugu, comptées et enregistrées par les prévôts de la gendarmerie. .. Un jour, le lieutenant-colonel Jean-Louis Laporte, adjoint de Hogard, me dit : « Occupez ces journalistes car on a un convoi d’armes qui part vers le Zaïre, ils ne doivent pas le voir ». C’est entre le 15 et le 30 juillet (je crois me souvenir que c’est probablement après le 17 juillet, mais je n’ai pas la date exacte dans mes notes). Je suis désarçonné, car justement on désarmait les FAR ! Je parle à 20 journalistes, pendant que derrière eux passent 5 à 10 camions portant des conteneurs maritimes. Le soir, le débriefing est houleux. Hogard m’explique en substance : «  Ancel, on a eu un débat compliqué, on a décidé de rendre les armes aux Forces Armées, car on doit leur donner un signe d’apaisement. Ils sont des dizaines de milliers et s’ils se retournent contre nous, on est dans une mauvaise situation ». Laporte ajoute : « Et aussi, on leur paie leur solde, pour ne pas qu’ils pillent ». A ce propos, je précise que dans un témoignage récent, j’avais supposé qu’il s’agissait de dollars, car c’était la monnaie que nous utilisions en opérations sur ce théâtre ; mais cette précision n’a pas été fournie par Laporte, c’est une déduction personnelle. Ce que je voulais dire, c’est que c’était forcément en liquide… J’ai vu des conteneurs, pas leur contenu. Si ça avait été humanitaire, on ne m’aurait pas demandé de détourner l’attention des journalistes. Pour essayer de démentir mon témoignage, Hogard vient de faire remarquer que ça ne pouvait pas être des armes confisquées, car il n’y en avait pas tant. Effectivement, si on en a ramassé quelques centaines ou un millier par jour, ça fait au maximum une ou plusieurs dizaines de milliers d’armes. J’ai ainsi réalisé que c’était vraisemblablement des armes livrées par la France aux Forces Armées, que la France ne voulait pas voir récupérées par le Front Patriotique. Surtout si on pouvait identifier leur provenance : non par les armes elles-mêmes, qui n’étaient probablement pas issues des stocks de l’armée française, mais par tel ou tel document oublié dans ou sur un conteneur. C’est cohérent avec le fait qu’un ancien officier Rens [renseignement, NDLR] de Goma m’a indiqué qu’il y avait eu des « blackouts » sur l’aéroport de Goma, c’est-à-dire des évacuations partielles de l’aéroport pour pouvoir faire des déchargements discrets d’avions : certes, ça attire l’attention, mais au moins peu de personnes voient. La conséquence est que les armes sont arrivées dans les camps de réfugiés civils, ce qui les a transformés en bases militaires. C’est le plus grave de ce qu’a fait la France pendant cette période, c’est indéfendable… Je n’étais pas un témoin oculaire, mais Hogard nous faisait un briefing de la situation chaque jour, donc j’ai été très bien informé. Selon Hogard, il a reçu l’instruction stricte de leur (des membres du Gouvernement Intérimaire) dire « vous êtes persona non grata, dégagez, demain, vous n’êtes plus là. » Ca a créé des tensions, les membres du Gouvernement Intérimaire ont été surpris, ils s’attendaient à plus de complaisance de la part de Turquoise.Mon point de vue est qu’on aurait dû les arrêter, car en plus du génocide, on avait vu de nos propres yeux qu’ils provoquaient l’exode. On pouvait facilement le faire techniquement, dix légionnaires suffisaient face à ces « soldats » qui ne savaient que massacrer les civils. Or on leur dit de partir, les directives ne sont pas de les arrêter. Pour moi, c’est inacceptable.

 

21 juillet, Guillaume Ancel sur attentat

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/210714/06-avril-1994-lavion-du-president-habyarimana-est-abattu-par-un-tir-de-missiles-declencheur-du

Etude du rapport d’expertise des juges Poux et Trevidic (janv 2012) … Puisque les sites de tir ont été bien identifiés, il aurait été intéressant de faire une recherche des éjecteurs de missile, qui sont des pièces métalliques très caractéristiques, « faciles » à chercher avec des détecteurs de métaux, car il est rare que les équipes de tir essaient même de les récupérer… Les éjecteurs sont une particularité des missiles portables, ils évitent au tireur d’être grillés par la flamme du propulseur, ils sont emportés loin devant le tireur et constituent un marqueur du missile utilisé. Si l’analyse scientifique semble incontestable en l’état, elle peut être complétée par une analyse opérationnelle de mise en œuvre du missile, qui permet de pousser plus loin le raisonnement… missiles de type SAM16 … Il faut acquérir des exemplaires en état de marche, sans cet entretien industriel le missile est en général hors service au bout d’un an. Donc un missile (en l’occurrence deux pour ce tir) en état de marche nécessite l’accès à des moyens industriels, dont seuls les États disposent et/ou des marchands d’armes de haut niveau ayant accès direct aux industriels de l’armement ou aux organisations militaires d’Etat. .. L’équipe de tir doit avoir un niveau de formation confirmé. Il n’y a aucune comparaison possible entre un jeu vidéo et le tir réel d’un missile dans des conditions « opérationnelles », avec un créneau de tir réduit par le temps court d’apparition de la cible et par l’utilisation d’une pile amorçable dont la durée de vie n’excède pas la minute. Les deux combinés font que, sans entraînement sérieux, la « chance » de tirer un avion est quasi nulle. En général l’entraînement de ces équipes de tir MANPADS (missile anti aérien portable) repose sur deux éléments, l’utilisation régulière de simulateur de tir qui reproduit au plus près les conditions réelles de manipulation de l’arme et l’expérience du tir réel pour maîtriser le stress au moment fatidique. Des équipes de tir formées étaient malheureusement disponibles en grand nombre à cette époque du fait de la chute du mur de Berlin et de la déshérence d’unités bien formées et équipées dans les anciens pays de la sphère soviétique. Il semble que pour une somme relativement modeste (inférieure au demi-million de dollars de l’époque) il était possible de recruter un équipage de tir complet et les missiles nécessaires pour une telle opération. Aussi n’importe quelle faction pouvait se payer cette prestation, à condition d’échapper à la surveillance des services secrets des grands pays ou de bénéficier de leur soutien… Comme les positions de tir se situent dans le camp militaire de Kanombe, ce n’est pas la peine d’avoir fait Saint Cyr pour en déduire que l’équipe de tir avait des complicités fortes avec les autorités militaires. .. Ce genre de missile nécessite donc un dispositif d’alerte d’arrivée de la cible. Il est trop incertain de se contenter du plan de vol théorique sauf à risquer de le louper et difficile de reposer sur des alerteurs éloignés car l’avion descend en altitude tardivement et est peu repérable à grande distance de la piste. Le rapport précise qu’il n’y a pas de radar d’approche, donc qui peut donner le signal et à quel moment ? La tour de contrôle, l’équipe d’accueil de la délégation présidentielle, forcément prévenue dès la prise de contact du pilote ? Et comment préviennent-ils l’équipe de tir, par radio ou par signal lumineux en vue directe de l’aéroport ? Les téléphones portables n’existent pas encore… Ou alors l’équipe de tir dispose d’une radio sol-air qui leur permet d’écouter le dialogue entre l’équipage de l’avion et la tour de contrôle, ce qui nécessite une parfaite connaissance de la procédure pour pouvoir la comprendre (cf dialogue dans le rapport). Dans tous les cas, il faut un lien fort avec les groupes qui attendent l’avion ou le président. .. On aurait alors dû retrouver les caisses de transport, les bouchons d’extrémité, les piles/batteries, et même des missiles supplémentaires sûrement prévus…. L’équipe de tir « s’exfiltre » sans avoir été repérée et aucun témoignage n’a permis en 20 ans de les identifier. .. Il me semble qu’on peut conclure d’abord que le tir de missiles contre l’avion du président Habyarimana a été une opération très professionnelle. Il ne peut donc pas s’agir d’un groupuscule de fanatiques hors de contrôle, mais bien d’une « partie prenante » au conflit qui a planifié, préparé et conduit ce tir de missiles, soit avec une de ses équipes entraînée à dessein, – par exemple à l’étranger -, soit en recrutant des mercenaires pour cette opération spécifique. .. Compte tenu de l’attention qui était portée d’une part au Rwanda dans cette période de fortes tensions et d’autre part aux MANPADS pour éviter une action terroriste, il a fallu à la faction organisatrice de l’attentat le « parapluie » de services secrets assez puissants pour que l’opération ne soit pas bloquée ou éventée. Du fait des facteurs techniques exposés précédemment et mis en exergue par le rapport d’expertise, il était très difficile de préparer ce genre d’opération en totale discrétion, c’est à dire avec ses propres moyens et sans que personne d’extérieur n’en soit informée. Il est donc probable qu’un service efficace comme la DGSE ait décelé des préparatifs (acquisition des missiles, préparation de l’équipe de tir, planification de l’opération) et en ait informé les plus hautes autorités de l’Etat français. La suite ou plutôt l’absence de réaction est du ressort d’une décision politique ou d’une négligence face à des alertes trop nombreuses. .. il semble très probable que ce soient les (futurs) membres du gouvernement intérimaire Rwandais (GIR) et leurs sponsors qui ont organisé et conduit l’assassinat du président Habyarimana, pris le pouvoir et déclenché le dernier génocide du XX° siècle.

 

4 juillet, Guillaume Ancel sur livraison d’armes (au Zaïre)

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/040714/juillet-1994-livraison-darmes-aux-forces-armees-rwandaises-refugiees-au-zaire-une-operation-hum

… cet épisode s’est tenu entre le 17 et le 30 juillet, et ce n’est pas le lieutenant-colonel Hogard qui m’a demandé de détourner l’attention des journalistes, mais son adjoint, le lieutenant-colonel Jean-Louis Laporte. Les propos sont dans mon souvenir assez fidèlement rapportés dans le roman, mais je n’ai pas raconté la discussion sévère qui s’est engagée le soir au brief opérationnel. Hogard préside, ses principaux collaborateurs disponibles sont présents, notamment les deux commandants français qui étaient à Kigali jusqu’en avril et qui l’aident maintenant à conduire les très délicates relations avec l’ancien pouvoir et ce qui reste de leurs forces. Sans trop attendre, je mets le sujet sur la table, d’autant plus contrarié que je m’étais beaucoup impliqué pour que nous désarmions tout ce qui passe dans la zone humanitaire sûre. C’est Hogard qui argumente, sur le thème « ce sont des gestes d’apaisement que nous avons acceptés pour calmer leur frustration » et de nous expliquer qu’il ne faudrait pas que les FAR se retournent contre nous, alors que nous ne sommes que quelques centaines de combattants, coincés entre le FPR (les forces de P.Kagamé) et le Zaïre. J’ai du mal à suivre son raisonnement parce qu’il me semble que la menace des FAR se fait justement beaucoup plus forte si nous les réarmons, la discussion se tend. Quand j’exprime ma désapprobation, je sens que Hogard n’y est pas insensible mais il clôt le débat avec une forme de lassitude et de résignation inhabituelles, le débat s’est manifestement déjà tenu à d’autres niveaux…. J’ai pensé, ces vingt dernières années, que ces armes livrées étaient celles que nous avions « confisquées » mais j’ai tort. C’est l’article déplorable de Jean Guisnel dans le Point qui me le fait penser. Il va en effet « interviewer » Hogard pour démolir mon témoignage. Je passe sur le ridicule des arguments qui nient ma présence, mon rôle et mes fonctions (v Contre Point sur http://nepassubir.blog.lemonde.fr/2014/04/12/contrepoint/ ) pour me concentrer sur une information importante que délivre Hogard, sans en avoir mesuré les conséquences : à ce moment de l’opération, le désarmement ayant débuté quelques jours plus tôt, nous n’avons pas confisqué assez d’armes pour justifier les au moins 5 conteneurs maritimes que j’ai vu partir dans le convoi logistique qui devait éviter les journalistes. Je ne sais pas comment étaient remplis ces conteneurs mais, même en vrac, un seul doit pouvoir contenir plusieurs centaines d’armes à quelques milliers. Il y avait entre 5 et 10 camions dans ce convoi, pas forcément militaires mais des porteurs de conteneurs, soit une estimation grossière de capacité nettement supérieure à 10.000 armes avec des munitions. Un tel convoi transportait donc beaucoup plus que les quelques milliers d’armes que nous avions déjà confisquées et dont je ne suis même pas sûr qu’elles y étaient. Car à la remarque de Hogard, je réalise aussi que personne ne m’avait précisé que les armes transportées vers le Zaïre étaient celles que nous avions confisquées, c’était une déduction toute personnelle que mon souvenir avait fini par intégrer comme une information externe. Ce serait d’ailleurs facile à vérifier car des gendarmes (prévôté en opération) étaient en charge de surveiller les stocks d’armes que nous confisquions et je ne doute pas qu’ils ont consigné consciencieusement tous les mouvements. Donc j’ai vu dans la deuxième quinzaine de juillet un convoi de transport d’armes partir vers le Zaïre en transit de Cyangugu au Rwanda. À ce stade, il semble que cette cargaison d’armes, – importante -, ne pouvait provenir que d’une livraison faite aux FAR avant leur débandade vers le Zaïre. Il pourrait s’agir d’un stock d’armes laissé dans une ancienne base des FAR et que l’armée française aurait accepté de convoyer jusqu’à leur refuge au Zaïre. Mais l’hypothèse la plus vraisemblable est que cette livraison d’armes était récente et illégale et qu’il fallait l’évacuer au plus vite avant que le FPR et/ou des journalistes ne tombent dessus. Ces armes ont donc été transportées au Rwanda pendant l’opération Turquoise parce qu’il n’était pas question qu’elles y restent. Techniquement, l’armée française ne peut pas livrer d’armes, sauf à fournir des armes périmées ou en stock qui sont identifiées « armée française ». Seule une société de commerce d’armes, – un trafiquant d’armes pour parler français -, peut acheter sur le marché international un stock d’armes utilisables par les FAR, c’est à dire des kalachnikov ou des R4/Galil qu’ils connaissent bien. Ce trafiquant n’a pu les transporter vers le Rwanda qu’avec la complicité de l’Etat français en passant par l’aéroport de Goma, entièrement maîtrisé alors par la France. Ce n’est plus ensuite qu’une livraison logistique dont très peu de personnes pouvaient connaître la teneur exacte. Dans les deux cas, la « livraison » ne pouvait être faite que sur décision politique, tellement ce geste était lourd de conséquences à une période où le rôle dans le génocide du gouvernement rwandais et des FAR était connu, au moins au plus haut niveau de l’Etat français. Ce qui est sûr est qu’il ne fallait surtout pas que les journalistes les voient, que le convoi était conséquent et que sa destination était le Zaïre. Ce qui est probable est que ces armes constituaient une livraison illégale (en totale violation des résolutions de l’ONU), au bénéfice de forces que nous aurions dû neutraliser plutôt que réarmer et qui allaient alimenter deux décennies de conflit sanglant dans l’est du Zaïre. Cet « événement », qui pourrait être qualifié de complicité s’il n’est pas expliqué, montre combien l’histoire officielle est largement insuffisante. Des vents sombres soufflent sur le rôle de la France dans le drame rwandais.

 

2 juillet, Libération : Guillaume Ancel (interview par Maria Malagardis)

http://www.liberation.fr/monde/2014/07/02/guillaume-ancel-hante-par-turquoise_1055863

… A Nîmes, la veille de son départ, Ancel reçoit une feuille de route d’une autre nature, confidentielle : il doit préparer au plus vite un raid sur Kigali. Il n’est pas dupe : «Prendre une capitale, c’est rétablir les autorités sur place.» Celles qui orchestrent donc le génocide, héritières d’un régime soutenu depuis quatre ans par Paris. Il atterrit au bord du lac Kivu, à la frontière du Rwanda et de ce qui était alors le Zaïre (devenu république démocratique du Congo). Finalement, il n’y aura pas de raid sur la capitale. «Mais nous étions bien venus pour nous battre et trouver le moyen de sauver le pouvoir en place alors en pleine débandade», souligne-t-il. Quelques jours plus tard, un deuxième ordre pour stopper la progression des rebelles sera aussi annulé in extremis. «Ce n’est qu’après cette deuxième annulation que l’opération Turquoise devient vraiment humanitaire et qu’on va être encouragés à aller sauver des rescapés», explique-t-il. Il en garde le souvenir de s’être enfin rendu utile : «Chaque vie sauvée était une victoire.» Mais au niveau politique, un certain flou demeure. «On a renoncé à sauver ouvertement le régime génocidaire mais on lui a permis de traverser la frontière. Et on lui a fourni des armes», accuse l’ex-officier qui fut le témoin direct d’une livraison d’armes, «cinq à dix camions qui ont franchi la frontière dans la seconde partie de juillet. Moi, ce jour-là, j’étais chargé de « divertir » les journalistes présents sur place.» Livrer des armes à un régime accusé de génocide, dans un pays placé sous embargo ? C’est certainement l’accusation la plus grave formulée par Ancel dans les médias français, en avril, pour la première fois. Ce qui n’a pas échappé aux juges du pôle génocide du tribunal de grande instance de Paris qui ont demandé à l’entendre. Vingt ans après, son «coming out» a suscité des réactions contrastées. Un de ses anciens supérieurs a tenté de le décrédibiliser, d’autres ont confirmé ses propos. Mais discrètement, sans oser s’exposer ouvertement. Au fond, l’idée d’une polémique l’agace. «Je veux juste ouvrir le débat. Comprendre pourquoi nous avons protégé et réarmé les responsables du génocide. Et en tant que militaire, je veux dédouaner mes anciens camarades. Car l’armée française au Rwanda a fait preuve d’un grand professionnalisme», …

 

24 juin, Guillaume Ancel

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/240614/juin-1994-preparation-dun-raid-sur-kigali-lambiguite-de-loperation-turquoise

« … l’ordre d’opération qui nous a été remis, dûment classifié, numéroté et affecté à chaque détenteur. En théorie, c’est assez simple, je dégage avec des avions de chasse un couloir dans lequel la compagnie de légionnaires s’engouffre, suivie d’autres unités aguerries. La vitesse est telle que les unités d’en face ne doivent pas avoir le temps de réaliser ce qui se passe et nous rejoignons aussi vite que possible la capitale Kigali pour remettre les insignes du pouvoir au gouvernement légal. En pratique, c’est évidemment risqué, très violent et nous sommes suffisamment entraînés pour savoir que ça ne peut pas se passer comme prévu. Par ailleurs je reconnais une logique tactique certaine à cette mission, puisque nous nous exerçons depuis plusieurs années à ce type d’opération avec les unités qui sont justement présentes sur ce « théâtre », comme si nous allions jouer une pièce maintes fois répétée. » Extrait de: Ancel, Guillaume. « Vents sombres sur le lac Kivu. » TheBookEdition… Cet épisode est inspiré d’une réalité plus complexe. En effet, l’ordre de préparer un raid terrestre sur Kigali avec de l’appui aérien a bien existé, mais il nous a été remis à Nîmes, juste avant notre départ le 22 juin. Il me semble qu’il était diffusé par le bureau Opérations du 2°REI et avait été remis en plusieurs exemplaires au commandant de compagnie … Il s’agissait de s’emparer de la capitale Kigali par un raid terrestre à partir du Zaïre, j’en avais donc déduit sans trop d’efforts que nous allions remettre en place le gouvernement que nous soutenions à moins qu’on me démontre qu’il aurait pu exister une autre intention à cette opération offensive. .. Mon souvenir est que nous devions lancer ce raid à partir de la base de Goma, ce qui nécessitait que la compagnie soit en ordre de combat (prête et complète). .. Je n’ai pas gardé de souvenirs plus précis de cet ordre, parce qu’il appelait un ordre plus détaillé qui nous aurait été communiqué avant son exécution, il s’agissait en effet d’une manœuvre d’ensemble, pas d’une opération détaillée par unité de combat. Cet ordre écrit, remis au moment du départ de Nîmes, a été soigneusement récupéré à Goma entre le 25 et le 27 juin. Soigneusement récupéré par un officier d’état-major qui notait scrupuleusement le retour de chaque exemplaire numéroté et la présence de chacune des pages comme s’il s’agissait d’un document précieux, ce qui n’est pas la pratique en opération où les ordres sont en général détruits par les détenteurs eux-mêmes, au fur et à mesure de l’arrivée des ordres suivants. Cet ordre n’a d’ailleurs pas été remplacé, simplement retiré de la circulation… Est-ce que, si nous étions arrivés comme prévu sur l’aéroport de Goma en unité prête au combat dès le 23 juin, nous aurions dû exécuter cet ordre de raid sur Kigali ? Il semble que le débat avait lieu pendant notre déplacement même, alors que le dispositif initial, avec une forte composante d’appui aérien (avions de chasse) et des unités rompues à ce genre d’opération (REI, RICM, DBLE, …), était très ambivalent pour ne pas dire ambigu sur les intentions réelles de l’opération Turquoise… Il est probable que cet ordre ait été préparé et diffusé hors dispositif normal de Turquoise, mais peu vraisemblable qu’il ait pu être un scénario préparé sans autorisation politique, il n’aurait pas été diffusé à une unité de combat, qui ne travaille pas sur des alternatives mais sur des actions… Cet ordre écrit montre que le 22 juin 1994, au déclenchement de l’opération Turquoise, il existe encore des velléités de prise de contrôle de la capitale par la force (et la surprise). L’armée française s’emparant de la capitale d’un pays en guerre, c’est forcément contre le FPR, et sans aucun doute pour le « gouvernement légal »… Étrangement, il eut été beaucoup plus simple pour ceux qui s’érigent en gardien de décisions prises par d’autres, d´expliquer qu’il y avait peu avoir des préparations contradictoires mais que cette option avait été abandonnée dès le départ, raison pour laquelle l’ordre avait été annulé (et manifestement effacé). A contrario leurs cries d’orfraie sont des plus inquiétants sur ce sujet, cela dénote d’un profond malaise sur la vraisemblance de la version qu’ils assument depuis 20 ans, l’intervention Turquoise déclenchée par la France dans un but purement humanitaire… Une version bien éloignée des errements que nous avons connus au niveau des unités opérationnelles, plus encore avec les frappes aériennes que nous devions effectuer contre le FPR, objet du prochain article…

 

18 juin, Guillaume Ancel

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/180614/du-role-de-lartillerie-francaise-au-rwanda-durant-les-annees-precedant-le-genocide

Du rôle de l’artillerie française au Rwanda, durant les années précédant le génocide… Ce passage du livre est basé sur le témoignage suivant : le capitaine « Laurent » (c’est son prénom) m’a briefé avant mon départ pour l’opération Turquoise, avec un autre camarade du 68°régiment d’artillerie d’Afrique, le capitaine Pascal, parce qu’ils étaient intervenus tous les deux au Rwanda les années précédentes, il me semble en 1992 et 93. À cette époque le « 68 » fait partie des seulement trois régiments d’artillerie professionnels d’une armée de terre encore largement basée sur le service national, avec le 11°RAMA (des troupes de marine) et le 35°RAP (parachutiste). Officiers d’artillerie expérimentés, Laurent et Pascal étaient partis initialement pour faire de l’assistance militaire et de l’instruction au Rwanda, mais ils avaient été rattrapés par les événements… On a demandé à mes camarades de porter l’uniforme rwandais et suggèré, sans suite, de se peindre en noir pendant les engagements directs… Il semble que l’année suivante, 1993 vraisemblablement puisqu’ils m’ont affirmé avoir quitté le Rwanda après les accords d’Arusha, la situation se soit présentée de la même manière mais a failli très mal tourner. Offensive des unités du FPR, mes camarades déclenchent à nouveau des tirs terriblement efficaces avec leurs canons de 105. Mais là, ils sont avertis que des communications du FPR ont été interceptées et qu’elles diffusent les coordonnées de leur position. Ils n’ont eu que le temps de dégager de leur position avant qu’elle ne soit détruite par des tirs de contre-batterie du FPR, qui avait parfaitement tiré…les leçons de son échec précédent. Leurs conclusions étaient que le FPR apprenait très vite, ne butait pas deux fois sur le même obstacle et que ce détachement « d’assistance » aurait eu la plus grande difficulté à arrêter une troisième fois leur offensive, qui se serait donc déroulée en 1994… Comme l’a montré Olivier Lanotte dans La France au Rwanda (1990-1994), il est difficile de séparer la formation d’unités de combats et leur encadrement dès lors que les « formateurs » sont présents au moment des engagements opérationnels, le conseiller se transformant de fait en acteur. De plus, mes camarades artilleurs désespéraient de former les FAR à l’art complexe de l’artillerie et s’inquiétaient du très fort décalage de niveau opérationnel avec les unités du FPR. Plusieurs officiers avaient suivi des stages à la très réputée école d’application de l’artillerie de Draguignan en France, mais le niveau d’une unité opérationnelle nécessite bien plus que de bons officiers et mes camarades étaient « désarmés » par le manque de professionnalisme de l’armée gouvernementale. Sans intervention de leur part, l’artillerie rwandaise était inopérante et le succès du FPR quasiment assuré, sauf à engager directement des unités militaires françaises pour les arrêter. Leur implication « personnelle », qui était commanditée, correspondait donc à une étape intermédiaire entre une « assistance purement technique » et l’engagement en opération d’unités de combat françaises, et il apparaît surprenant que ce soit encore un sujet de discussion 20 ans après les faits. .. Dans les années précédant cet engagement, une batterie d’artillerie du 68 (environ 150 pers qui forment une unité de combat) avait été engagée au Rwanda à deux reprises, alors qu’elle était prépositionnée en Centrafrique, mais je n’ai pas de souvenirs assez précis pour en faire ici le récit…

 

11 juin, Guillaume Ancel

http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-ancel/110614/rwanda-20-ans-pour-sortir-du-silence

Pourquoi je n’ai pas été entendu par la Mission d’information parlementaire : 1997, j’entends à la radio le débat parlementaire en Belgique, sévère investigation sur leur rôle et leurs responsabilités, je m’attends à un débat français, qui arrive enfin en 1998 avec la création de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda, présidée par Paul Quilès. Je pense qu’enfin je vais être interrogé et que je vais pouvoir informer nos parlementaires des sujets qui continuaient de m’interroger : les missions de combat avec lesquelles nous sommes parties dans une opération « humanitaire », la bienveillance dont nous avons fait preuve à l’égard du GIR et des FAR dont l’implication dans le génocide s’éclairait un peu plus chaque jour, et surtout ce convoi d’armes vers le Zaïre… je vais demander d’être auditionné quand un ami, que je crois particulièrement bien intentionné, vient m’avertir que la MIP n’est surtout pas une commission d’enquête et que mes interrogations y seraient très mal venues. Et puis je lis dans le Monde le compte rendu d’audition de Jean Christophe Mitterrand, dont les Rwandais parlaient beaucoup… cette mission n’enquête point, elle s’informe, recouvre et protège. Je ravale ma déception et une certaine amertume. Je suis, mais de plus en plus loin, les débats du Tribunal pénal international pour le Rwanda, les quelques mises en accusation en Belgique et surtout en Suisse, ce refuge historique qui pour une fois refuse d’être le paradis des bourreaux. Et je continue à parler dans le désert d’un événement de plus en plus ancien… Je parle mais je ne suis pas entendu. Comment j’ai parlé à la presse…dans le vide : 2005, je quitte l’armée de terre, … 2008, … je récupère les coordonnées d’un reporter international pour lui proposer d’évoquer le sujet rwandais. Nous déjeunons ensemble tout près de Saint Lazare, terminus des illusions. Ce reporter, qui connaît très bien l’Afrique, m’écoute avec intérêt. « Intéressant, mais tout cela est connu… » Je tombe un peu de l’armoire, alors ce que j’essayais de dire depuis des années est enfin connu, analysé, expliqué ? Il n’est pas aussi affirmatif, mais ne voit pas comment il pourrait utiliser ma matière. Retour au fond du lac. 2009, je récidive avec un autre grand reporter du même grand journal, un autre spécialiste de l’Afrique, il m’écoute avec le même intérêt et me fait à peu près la même réponse, « intéressant mais déjà connu ». Et là je me range à l’évidence, mes questions sur le rôle de la France dans le drame rwandais sont « publiques » et il faut maintenant laisser les historiens démêler les fils de l’écheveau. Je suis rassuré et presque un peu déçu, de n’avoir rien fait pour aider à temps ce débat salutaire. Pourquoi j’ai commencé à écrire : 2012 … je choisis d’abord le Cambodge et puis finalement le Rwanda pour écrire…un polar ethnologique. .. je prends un autre parti, raconter comment se passe une opération militaire, vue de l’intérieur de l’opération, par ses acteurs mêmes. .. Comment mon roman fait voler en éclats la version officielle de l’opération Turquoise : 2013, je termine enfin ce livre, Vents sombres sur le lac Kivu, dont le titre initial était Carnet d’opération de la capitaine Victoire Guillaumin. C’est un roman, j’ai modifié tous les noms mais je raconte avec précision ce dont je me souviens du déroulement et des enchaînements de cette opération, de la mise en alerte à la dernière extraction vraiment compliquée de rescapés tutsis. J’essaie de respecter aussi les dates, mais sans y apporter plus d’attention, ce n’est pas un document historique mais un roman « autrement » sur un drame historique… 2014, je publie en février Vents sombres sur le lac Kivu, après avoir essuyé pendant un an les refus polis des éditeurs frileux. C’est la publication de ce roman qui va déclencher mon témoignage public. Très rapidement, il apparaît que mon récit, que je considérais comme une matière connue, est en réalité incompatible avec la version officielle de l’opération Turquoise. Je l’ai compris lors d’un colloque privé en mars, qui réunissait des historiens, des hommes politiques et des diplomates pour examiner justement le rôle de la France dans le drame rwandais. J’étais invité du fait de la publication de mon roman, mais comme témoin direct de l’intervention française. J’ai raconté, devant l’assemblée qui pensait bien connaître le sujet, ce que j’avais fait pendant l’opération Turquoise, à mon niveau modeste mais très opérationnel… et j’ai vu 24 mâchoires se décrocher. Je croyais avoir publié une matière connue et depuis longtemps intégrée dans les travaux des historiens, j’ai vu leur stupéfaction en m’entendant. Bien sûr, certains m’ont assuré par la suite qu’ils « connaissaient » une grande partie de ce que je racontais, mais ils n’en avaient jamais eu la confirmation par un acteur opérationnel de cette intervention, ni un récit cohérent et argumenté. J’ai dû faire face à quelques réactions surprenantes. D’abord, et je crois être resté très poli, un des intervenants, plus politique qu’historien, a tenté de m’expliquer devant l’assemblée effarée qu’en fait je n’avais pas bien compris les missions qui m’avaient été confiées et que tout cela n’était que malentendu, puisque lui savait quels ordres avaient été donnés… Beaucoup plus subtile fut la réaction du président du colloque : « c’est une question d’interprétation de faits qui doivent être resitués dans un contexte plus global et dont vous ignorez certains aspects. » Et de conclure naturellement qu’il serait mieux que je m’adapte à l’édifice plutôt que d’en perturber l’agencement. Certes, mais son changement de couleur quand j’ai parlé des premières missions de combat qui nous avaient été confiées, du soutien apporté au gouvernement intérimaire et surtout de la livraison d’armes en pleine mission humanitaire, en disait plus long que son discours et montrait sans ambiguïté les lacunes de la mission d’informations parlementaire qu’il connaissait mieux que personne. Cela me choque beaucoup, car comment comprendre ce qui s’est passé et s’assurer qu’un tel drame ne puisse se reproduire si on ne connaît même pas les pièces du puzzle ? C’est un défi à l’intelligence collective que je ne peux accepter : la version officielle est terriblement éloignée de la réalité opérationnelle, dont je ne connais encore une fois qu’une infime partie, mais tragiquement incompatible. Comment comprendre si on ne sait pas ? Pourquoi j’ai accepté de témoigner publiquement : Avril 2014, 20 ans après les faits, j’ai souhaité témoigner publiquement sur les quelques pièces de puzzle que je possède, pour qu’on arrête d’endormir les Français avec une version officielle qui est un déni du rôle de notre nation dans le drame rwandais et un affront à l’intelligence de nos citoyens, « dormez en paix, il ne s’est rien passé ». Le monde entier commémore les 20 ans du génocide rwandais, et je n’ai eu aucun mal à trouver des journalistes sérieux, qui travaillent depuis des années sur le sujet et ont souvent eux-mêmes publié, pour s’intéresser à mon témoignage et le diffuser au public. En 2014, nous ne savons toujours pas quel a été le rôle réel de la France dans le drame rwandais, parce que des zones d’ombre sont soigneusement gardées pour masquer de graves erreurs. Pour ceux qui se demanderaient si mon témoignage public n’est pas une habile promotion du livre, les éditeurs expliquent mieux que moi qu’une polémique détourne de la lecture. Concrètement ceux qui parlent aujourd’hui de cette controverse n’ont jamais lu mon roman et se contentent en réalité des trois paragraphes d’un article. Je le regrette, parce que je crois que ce livre constitue aujourd’hui une des images plus réalistes de l’opération Turquoise. Il montre en particulier le grand professionnalisme de mes compagnons d’armes, l’immense chaos auquel il fallait faire face au quotidien et enfin la confusion dans laquelle nous avions été consciencieusement laissés sur les responsabilités effrayantes de ceux que nous avons soutenus de fait. Pourquoi ce débat doit avoir lieu : Que ma démarche soit claire, en tant que citoyen, j’aimerais savoir quelles décisions d’intervention de la France au Rwanda ont été prises, qui en a décidé, avec quels objectifs et sur les conseils de qui. En tant qu’ancien militaire, j’aimerais que cela ne consiste pas à demander des comptes à mes compagnons d’armes qui ont mené cette opération de manière très professionnelle, comme on l’attendait d’eux, et dont je suis solidaire. Je veux que ce débat ait lieu, et sans attendre que les protagonistes aient disparu comme nous l’avons fait si courageusement après la guerre d’Algérie

 

29 mai, Guillaume Ancel

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/2014/05/29/un-peu-de-documentation-sur-loperation-turquoise-au-rwanda/

… Il est intéressant de noter le décalage avec le « réhabillage » construit dans les années suivantes, tel que décrit aujourd’hui encore dans la Version Officielle de cette opération, comme si nous devions cacher les décisions politiques prises à l’époque.

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/files/2014/05/rapport-fin-de-mission-complet-Rwanda-1994001.pdf

Rapport fin de mission Turquoise Rwanda 1994_Guillaume Ancel : « L’engagement initial dans l’Ouest du Rwanda cherchait à geler la situation militaire, en freinant le FPR. .. En première ligne au débouché est de la forêt de Nyungwe, notre compagnie s’attendait à un affrontement direct avec le FPR qui a été évité de justesse par la conclusion d’un accord de « statu quo » au niveau politique. Contrôleur avancé de la compagnie, je préparais alors des frappes aériennes qui constituaient le seul appui feu disponible. .. Contrairement à leur attente nous n’avons jamais été engagés directement au profit des FAR et celles-ci se sont brutalement effondrées lorsqu’elles comprirent que nous ne refoulerions pas le FPR. Soldats et miliciens en déroute, la population se prit de panique et survint un exode massif et meurtrier, en particulier vers Goma. Si nous craignions encore un geste désespéré des FAR, il apparaissait que la situation militaire était alors stable avec l’arrêt du FPR aux limites de notre zone. »

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/files/2014/05/article-NRA-Rwanda-d%C3%A9c1994-.pdf

Presse interne de l’armée de terre – Nouvelle Revue de l’Artillerie, décembre 2014, interview Guillaume Ancel : « Notre mission était alors très claire : nous devions arrêter les massacres, tous les massacres… Pour mettre fin aux combats, nous nous sommes préparés à stopper les forces du Front Patriotique Rwandais (FPR) qui se dirigeaient à vive allure vers l’ouest. Il s’agissait donc bien d’une action de combat, avec dans ma zone un rapport de force extrêmement défavorable, puisque les 148 légionnaires devaient arrêter une armée bien organisée dix fois plus nombreuse. .. Quelques minutes avant que nous soyons déployés en hélicoptères, un accord a été conclu avec le FPR, qui s’est engagé à respecter la zone que nous contrôlions

 

15 mai, Benoît Collombat sur Guillaume Ancel

http://www.franceinter.fr/les-indiscrets-rwanda-un-ancien-officier-francais-entendu-par-le-pole-genocide

L’ancien lieutenant-colonel de l’armée de terre Guillaume Ancel a été entendu ce jeudi par le juge d’instruction Claude Choquet, du pôle génocide et crimes contre l’Humanité du Tribunal de grande instance de Paris. Le magistrat enquête notamment sur le rôle des militaires français pendant l’opération Turquoise (juin-août 1994) au Rwanda, alors que le génocide des Tutsis et des Hutus modérés était en train de s’achever. ..

 

29 avril, La Croix : Guillaume Ancel

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Guillaume-Ancel-la-memoire-d-un-capitaine-2014-04-29-1143208

Cet ordre se serait très vite transformé (entre le 29 juin et le 1er  juillet 1994) en opération pour stopper l’avancée du FPR à l’est de la forêt de Nyungwe, avec notamment des frappes aériennes. Plusieurs milliers d’armes livrées aux FAR : Cet ordre, dit-il, fut annulé au dernier moment, après la conclusion d’un accord entre la France et le FPR sur la création d’une « zone humanitaire sûre » sous contrôle français. L’ancien officier affirme par ailleurs que des dizaines de milliers d’armes confisquées dans la zone furent transportées au Zaïre et livrées aux ex-Forces armées rwandaises (FAR) – l’adversaire vaincu du FPR – sous prétexte d’affermir leur autorité dans les camps de réfugiés…

 

15 avril, blog Merchet : Guillaume Ancel (réponse à Hogard)

http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/guillaume-ancel-nous-n-avons-jamais-participe-genocide-rwanda-11355

 

12 avril, Guillaume Ancel (blog personnel)

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/2014/04/12/contrepoint/

J’ai donc demandé au directeur délégué de la rédaction du Point, Michel Richard, de publier un droit de réponse avant mardi 15 avril en réaction à l’entretien mené par Jean Guisnel, destiné à « démolir les accusations du capitaine Guillaume Ancel ». Jean Guisnel, malgré la gravité des accusations, n’avait pas jugé nécessaire de me contacter au préalable, ni de vérifier la moindre des affirmations portées sous sa plume.

 

8 avril, RFI : Guillaume Ancel

http://www.rfi.fr/afrique/20140408-ex-officier-temoigne-operation-turquoise-etait-abord-offensive/

France Culture a diffusé ce lundi le témoignage d’un ancien officier de l’armée française qui jette une nouvelle lumière sur l’opération Turquoise, cette opération lancée le 23 juin 1994 après l’adoption de la résolution 929 du Conseil de sécurité, qui visait à protéger les civils rwandais. Dans son témoignage diffusé par France Culture, Guillaume Ancel confie tout d’abord son malaise par rapport à la présentation de Turquoise comme une intervention humanitaire. Dans les premiers jours, rapporte l’ex-officier, les consignes étaient très offensives contre les rebelles du FPR. « Moi je suis parti avec l’ordre d’opération de préparer un raid sur Kigali, un raid terrestre. C’est d’ailleurs pour ça que j’étais là, pour les frappes aériennes. Pour s’assurer qu’un raid puisse aller vite, on dégage avec des frappes aériennes tout ce qui pourrait s’opposer à notre progression. Dans les huit jours qui ont suivi, j’ai reçu un autre ordre – on est déjà entre le 29 juin et le 1er juillet – qui était d’arrêter par la force l’avancée des soldats du FPR. » C’est à partir de juillet seulement, dit cet ex-officier, que l’opération est réellement devenue humanitaire. Dans cette interview, Guillaume Ancel évoque aussi l’ambigüité de certains ordres concernant les miliciens génocidaires. « Vers mi-juillet, on a rendu à ce qui restait des forces armées rwandaises les dizaines de milliers d’armes que nous avions confisquées dans la zone humanitaire. On a transformé ce qui était des camps de réfugiés, pour moi, en bases militaires arrière d’un gouvernement que nous ne voulions pourtant plus soutenir ». À l’époque, explique encore Guillaume Ancel, la France a payé aux miliciens présents dans les camps une solde en dollars pour éviter que « cette armée ne parte en délitement complet ».

 

8 avril, Le Monde (Philippe Bernard) : Guillaume Ancel

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/08/la-france-a-une-part-de-responsabilite-dans-le-drame-rwandai-s_4397493_3212.html

Je sais qu’en aucun cas nous n’avons participé au génocide. Mais je sais aussi, parce que je l’ai vécu, que nous avons une part de responsabilité dans le drame rwandais pour avoir commis des erreurs lourdes de conséquences. « Turquoise » n’était pas au départ, comme on le prétend, une opération humanitaire. J’étais spécialiste des frappes aériennes : on n’emmène pas ce type de professionnel pour faire de l’humanitaire ! Ma mission était agressive : elle consistait à dégager la voie pour un raid terrestre sur Kigali. Il s’agissait de combattre le Front patriotique rwandais (FPR) et de reprendre la capitale pour y réinstaller au pouvoir le gouvernement soutenu par Paris. Il a été décidé de procéder à un désarmement total de la zone humanitaire. Nous avons récupéré des monceaux d’armes et savez-vous ce que nous en avons fait ? Nous avons été les rapporter à ce qui restait des Forces armées rwandaises dans les camps de réfugiés du Zaïre. Pendant qu’on chargeait les camions, mon commandant m’a demandé d’occuper les journalistes pour qu’ils ne s’aperçoivent de rien. Je n’étais pas d’accord. On a rendu des dizaines de milliers d’armes à ceux qu’on venait de désarmer, aux soldats d’un gouvernement déchu ! Nos chefs arguaient que c’était pour les empêcher de se retourner contre nous. La France leur a même versé leur solde ! On a transformé des camps de réfugiés situés juste au-delà de la frontière en bases militaires d’opposants ! Le président Kagamé ne pouvait l’accepter, et cela a provoqué une vague de violences dans tout l’est du Zaïre pendant des années. … L’échec de « Turquoise » a fait évoluer les interventions militaires françaises en Afrique. Depuis ce fiasco, nos interventions, au Mali et en Centrafrique, sont « propres » : les ordres sont clairs et rapides, les buts dénués d’ambiguïtés. Ce 20e anniversaire du génocide rwandais doit servir à analyser l’histoire pour qu’elle ne se reproduise pas. Cela suppose d’en finir avec la version officielle tronquée de ce qu’a été l’opération « Turquoise ».

 

7 avril, TF1, 20h

http://videos.tf1.fr/jt-20h/2014/le-rwanda-commemore-le-20e-anniversaire-du-genocide-8396092.html

Interviews de JF Dupaquier puis de Guillaume Ancel, informations sur Bisesero, sur acclamation soldats français à arrivée de Turquoise.

 

7 avril, Jeune Afrique (Mehdi Ba): Guillaume Ancel

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140407102638/

GA : L’ordre initial, que j’ai reçu autour du 24 juin, était très clair : préparer un raid sur la capitale rwandaise, Kigali, alors passée en quasi-totalité sous le contrôle du FPR. La spécialité de mon unité était le guidage des frappes aériennes [Tactical Air Control Party – TACP, NDLR]. Infiltrés à proximité de la cible pour guider les avions de chasse, notre rôle était de dégager un couloir pour permettre aux troupes de s’emparer de leur objectif avant que quiconque ait eu le temps de réagir. Pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour comprendre que lorsqu’on cherche à reprendre la capitale d’un pays en guerre passée aux mains d’une rébellion, c’est pour remettre en place les autorités officielles. .. La confirmation de l’ordre de mission n’est jamais arrivé. Peut-être était-ce lié aux problèmes logistiques que nous rencontrions, nos équipements ayant été acheminés avec retard jusqu’à Goma [en RDC, NDLR]. D’autre part je sentais un certain flottement au niveau de la hiérarchie. Puis, entre le 29 juin et le 1er juillet, nous avons reçu un ordre qui s’est substitué au premier. Nous devions stopper par la force l’avancée du FPR à l’est de la forêt de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Le lendemain matin à l’aube, nous avons décollé dans des hélicoptères Super-Puma afin d’aller déclencher les frappes aériennes sur les colonnes du FPR. L’essentiel de l’unité était déjà partie la veille par la route. Mais au moment où les hélicoptères décollaient de l’aéroport Bukavu, nous avons reçu un contre-ordre. L’officier en charge des opérations nous a expliqué qu’un accord avait été passé avec le FPR. Désormais nous devions protéger une « zone humanitaire sûre » (ZHS) dont la rébellion de Paul Kagamé avait accepté qu’elle échappe provisoirement à son contrôle. C’est à ce moment-là que la nature de notre mission a changé pour devenir humanitaire. Jusque-là, il était clair qu’il s’agissait de combattre le FPR. .. Pendant cette période, nous avons confisqué des dizaines de milliers d’armes légères aux Hutus qui traversaient la frontières, essentiellement des pistolets, des fusils d’assaut et des grenades. Toutes ces armes étaient stockées dans des conteneurs maritimes sur la base de la Légion étrangère à l’aéroport de Cyangugu. Vers la mi-juillet, nous avons vu arriver une colonne de camions civils et j’ai reçu l’instruction de charger les conteneurs d’armes sur ces camions, qui les ont emmenées ensuite au Zaïre pour les remettre aux forces gouvernementales rwandaises. On m’a même suggéré d’occuper les journalistes pendant ce temps pour éviter qu’ils s’en rendent compte. Quand je lui ai fait part de ma désapprobation, le commandant de la Légion m’a répondu que l’état-major avait estimé qu’il fallait montrer à l’armée rwandaise que nous n’étions pas devenus ses ennemis, afin qu’elle ne se retourne pas contre nous. La France a même payé leur solde aux soldats rwandais. .. En leur livrant des dizaines de milliers d’armes, nous avons transformé les camps de réfugiés du Zaïre en base militaire. Il était évident que Paul Kagamé n’allait pas tolérer, après avoir pris le pouvoir, qu’une position armée du régime génocidaire s’installe de l’autre côté du lac Kivu. Cette décision a joué un rôle important dans ce qui allait se passer deux ans plus tard dans l’est du Congo. .. Personnellement, je ne fais que relater ce que j’ai vécu à l’époque. Si cela ne colle pas avec leur version, cela pose un problème. Ils ont construit une histoire mythique de l’opération Turquoise qui ne correspond pas à la réalité. Or si l’on veut éviter qu’une telle chose se reproduise, il faut mettre les cartes sur la table, pas les dissimuler sous le tapis.

 

7 avril, AFP : Guillaume Ancel

http://www.lepoint.fr/monde/rwanda-1994-un-ancien-officier-conteste-l-operation-turquoise-07-04-2014-1809849_24.php

Un ancien officier met en cause l’opération Turquoise … Selon lui, la France aurait ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant, vers la mi-juillet, « à ce qui restait des forces armées rwandaises les dizaines de milliers d’armes » que les militaires français avaient confisquées dans la zone humanitaire. « On a clairement été à l’origine d’une continuation des combats qui a duré pendant des années, qui a fait de nouveau des centaines de milliers de morts« , affirme-t-il.

 

7 avril, Guillaume Ancel (blog personnel)

http://nepassubir.blog.lemonde.fr/2014/04/07/temoigner-sur-turquoise-pour-eclairer-un-debat-inacheve/

Pour commencer, il n’est pas possible de réfléchir la situation de 1994 sans se rappeler la confusion. Le déclenchement de l’opération s’est fait dans des délais incroyablement courts, – je suis parti en 30′ alors que notre disponibilité théorique était plutôt de 48h -, et tout le début de l’opération s’est fait dans une confusion incroyable.  Bien que nous soyons dans une société surinformée, cela ne suffit pas pour avoir les idées claires. Il est anachronique d’oublier cette dimension essentielle qu’est la confusion au moment de l’action.
Pour parler concrètement, nous n’avions pas la vision relativement éclairée d’aujourd’hui, nous avions simplement conscience de massacres de grande ampleur, pas encore du génocide c’est à dire organisé et systématique, et nous n’avions pas conscience du rôle central joué par le gouvernement intérimaire et par ses forces armées, dont nous pensions qu’elles se battaient contre le FPR, pas contre sa population.
Ce serait intéressant à ce titre de se questionner sur les lacunes des services de renseignement et du service diplomatique qui ont une lourde responsabilité dans les erreurs commises dans cette opération. Pendant l’opération Turquoise, je pense que nous avons commis principalement trois erreurs dont les conséquences ont été importantes dans ce drame.

1. L’intervention Turquoise avait pour objectif initial de remettre au pouvoir ce gouvernement intérimaire rwandais (GIR), en pleine déconfiture face à l’intervention militaire du FPR de Paul Kagamé.
Concrètement j’avais pour ordre de préparer un raid sur Kigali, c’est à dire de reprendre la capitale et ce n’est pas la peine d’avoir fait Saint-Cyr pour comprendre que reprendre la capitale dans un pays en guerre ce n’est pas pour créer une radio libre, mais pour reprendre le pouvoir. Cet ordre s’est transformé quelques jours plus tard en « stopper par la force l’avancée des soldats du FPR », avec notamment des frappes aériennes qui étaient la raison de ma présence. Ce n’était donc pas une mission humanitaire et nous avons donné jusque fin juin des signes manifestes de soutien à un gouvernement que nous aurions dû fuir ou mieux, neutraliser.

2. Heureusement le pouvoir Français a complètement changé de cap et l’ordre de se battre contre le FPR a été annulé quelques heures avant son déclenchement. Alors seulement, -nous étions entre le 29 juin et le 1° juillet-, nous avons été informés qu’un accord avait été trouvé avec le FPR et que désormais nous allions protéger une « zone humanitaire ». Personnellement, je trouve très courageux le pouvoir français de l’époque d’avoir su reconnaître qu’il se trompait et qu’il ne pouvait plus soutenir ce gouvernement criminel alors même que l’opération était déjà lancée. Mais, et c’est une 2° erreur, nous avons brusquement retiré notre soutien à un gouvernement aux abois, sans anticiper sa réaction. Ces extrémistes n’ont rien trouvé de mieux que de provoquer un exode massif de la population, des millions de personnes poussées sur la route dans un dénuement total ce qui a déclenché un drame sanitaire : une épidémie de choléra a alors fait plusieurs dizaines de milliers de morts supplémentaires…. Paradoxalement, créer cette zone humanitaire a provoqué aussi un drame humanitaire et nous avons une part de responsabilité de ne pas l’avoir anticipé.

3. Notre troisième erreur est la plus grave, parce que le rideau était levé et que nous savions désormais de quoi était capable le gouvernement déchu : nous avons pourtant réarmé ce qui restait de ses forces armées. Les armes que nous avions confisquées dans la zone « humanitaire », des dizaines de milliers d’armes, sont transportées par camions au Zaïre, transformant de fait les camps de réfugiés en bases arrière militaires que le nouveau pouvoir de Kigali n’aura de cesse d’aller combattre. La raison invoquée à l’époque était de ne pas nous aliéner ce qui restait des FAR alors que nous n’étions finalement que quelques centaines de soldats coincés entre 2 camps. Mais comment avons-nous pu imaginer que le président Kagamé, qui est un chef de guerre, allait tolérer une opposition armée juste de l’autre côté du lac Kivu qui fait la frontière avec le Zaïre ? Cela a déclenché des années de conflits d’une rare violence dans toute cette partie du Zaïre et nous en portons aussi une part de responsabilité.

NB : Biographie de Guillaume Ancel : http://nepassubir.blog.lemonde.fr/a-propos/

 

7 avril, France Culture : ancien capitaine Guillaume Ancel

http://www.franceculture.fr/2014-04-07-nouvelles-revelations-sur-l-operation-humanitaire-francaise-au-rwanda-en-1994

20 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsi au Rwanda, et alors que le président Kagame vient de mettre en cause la France, un ancien officier de l’armée française apporte un nouvel éclairage sur l’opération Turquoise (23 juin-22 août 1994). Au début de l’opération, un raid terrestre avait été programmé pour aller jusqu’à Kigali. Raid terrestre, qui devait être accompagné de frappes aériennes.Guillaume Ancel, ancien officier, affirme que des frappes terrestres avaient été programmées sur Kigali ; que l’avancée du FPR (Front patriotique rwandais) devait être bloquée militairement ; que, à la mi-juillet, la France a rendu aux militaires rwandais réfugiés dans les camps du Zaïre les armes qui leur avaient été confisquées et qu’elle a payé leur solde en dollars. .. A ce jour, les anciens responsables politiques et militaires continuent à affirmer le caractère strictement « humanitaire » de l’opération. A l’inverse, Guillaume Ancel affirme que les premiers jours de Turquoise ont dérogé au mandat onusien. Et s’il le fait, c’est pour qu’on puisse enfin « parvenir à la vérité des faits ». (audio) L’opération Turquoise a fini par devenir humanitaire après la mi-juillet 1994, c’est à dire après la victoire du FPR. C’était précisément le 17 juillet 1994, jour où le gouvernement intérimaire du Rwanda (GIR) a définitivement quitté le pays pour la Zaïre voisin via la zone Turquoise. C’est à ce moment-là que les militaires français ont pu commencer officiellement à remplir leur mission véritablement humanitaire (audio). .. Précision : Guillaume Ancel ne parle que de ce qu’il a vu. Pendant Turquoise, il a été affecté au détachement Sud confié à la Légion étrangère. Il ignore ce qui s’est passé dans les autres détachements. .. Elles apportent en tout cas de l’eau au moulin de l’association Survie, qui dénonce depuis des années « la complicité » de l’Etat français avec le Rwanda des génocidaires. A l’occasion de la XXème commémoration du génocide des Tutsi, l’ONG réclame notamment la création d’une commission d’enquête parlementaire qui étudierait l’ensemble des éléments sur la politique menée par l’Etat français au Rwanda, ainsi que la déclassification de tous les documents officiels liés à la « question franco-rwandaise ».

Repris par France Info :

http://www.franceinfo.fr/decryptage/rwanda-revelations-d-un-militaire-francais-1377479-2014-04-07

 

20 mars, RTS (Suisse) : militaire anonyme : Philippe, proche Thierry Prungnaud et Laure de Vulpian (audio)

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690255-le-rwanda-4-5.html

… Bisesero à 15min00 : 30 juin 94… reconnaissance… distribution biscuits… 1 survivant… apeuré… il explique… plus bas… on y va… chef de patrouille… pas le mission… forcer la décision… on descend… 4 ou 5 véhicules… vingtaine de personnes… sur la colline… cadavres… avant peu de cadavres… cadavres … femmes enfants hommes … on est au milieu… on revient… on rend compte… on amène le patron sur la colline… survivants arrivent… 400 ou 500 personnes … des blessés… état catastrophique… distribution biscuits… on a attaqué les évacuations sanitaires… ils sont vivants… on les aide… on se pose pas de question… le lendemain quand on quitte la zone du moment ou les légionnaires sont venus prendre notre place… la nuit tombée …21h, 22h… on les a sécurisé pour la nuit… ils ont chanté… ils était vivant… le cauchemar se terminait… il y avait des cadavres de la veille… mise en scène des cadavres… le lendemain on change de secteur … on est plus dupe… après on sait quelle est la situation… on se détache de ce que nous disent les autorités locales… récupérer des gens… ce sont les mêmes qui nous acclamaient… on arrive en sauveur… 1er juillet… on se sent trompé… on sait quoi chercher… on a sauvé des Tutsi mais on se posait pas la question en terme d’ethnie… une fois qu’on a ouvert les yeux… 2 mois, 22 juin 22 aout… relevés par casques bleus africains… il y avait les génocidaires sur une autre colline qui attendait qu’on soit partis… c’était fait, ces gens-là étaient sauvés…

NB : http://survie.org/billets-d-afrique/2013/225-juin-2013/article/trois-jours-de-trop-a-bisesero-4495

 


1.2 Journalistes

 

16 décembre, France Inter, Benoît Collombat

http://www.franceinter.fr/depeche-attentat-de-1994-au-rwanda-la-piste-francaise

Attentat de 1994 au Rwanda : la piste française : Audio B Collombat: C’est l’avocat de la veuve du pilote français de l’avion abattu par un missile le 6 avril 94 qui a demandé aux juges Marc Trévidic et Nathalie Poux de lancer des  investigations sur une éventuelle piste française dans l’attentat. Des mercenaires ou des militaires français liés aux extrémistes hutu qui auraient pu participer à cet attentat à l’aéroport de Kigali. Jusqu’ici cette piste n’a pas été vraiment explorée par l’enquête. Les juges vont désormais demander et c’est important la déclassification des informations détenues sur le sujet par la DGSE, les services secrets français et par la Direction du Renseignement militaire, la DRM, que savaient les services français sur les auteurs de l’attentat et sur les missiles en circulation à l’époque. Les juges ont également décidé d’entendre un chercheur qui a travaillé sur le rôle trouble de certains militaires français au Rwanda et qui désigne un membre du 1er RPIMa comme un possible suspect dans l’attentat. L’enquête doit se poursuivre et ne pas se conclure par un non-lieu estime Laurent Curt, l’avocat de la veuve du pilote français.

 

30 octobre, Jean-François Dupaquier sur attentat

http://afrikarabia.com/wordpress/france-rwanda-un-nouveau-temoin-retarde-la-cloture-de-linstruction-sur-lattentat-du-6-avril-1994/

« Nouveau » témoin repéré par Pierre Péan Patiemment, les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux ont enchaîné les auditions de ces faux témoins, avant de balayer leurs « révélations » tant elle étaient contradictoires avec les faits avérés et les analyses balistiques.  Au point de décider de clôturer l’enquête, laissant aux avocats des parties civiles et des mis en cause un ultime délai de trois mois pour demander d’autres auditions ou actes d’instruction. Quarante-huit heures avant ce terme, un « nouveau » témoin s’est fait connaître. Selon nos informations, il s’agit d’un ex-gendarme rwandais repéré par le polémiste Pierre Péan voici plusieurs années et que les juges avaient refusé d’entendre car il exigeait de témoigner de façon anonyme. L’homme accepterait enfin de déposer sous son nom… Contrairement à ce qu’avance Radio France International, on ne peut pas affirmer que « les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux rouvrent l’instruction dans l’affaire de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994 ».  C’est plutôt un ultime acte de procédure qu’accordent les juges  pour éviter l’accusation d’avoir négligé le moindre témoignage ou indice dans ce dossier si sensible. Vers un non-lieu ? L’instruction, dix-sept ans après son ouverture, ne contient toujours rien de crédible pour accuser le chef du Front patriotique Paul Kagame, et pas davantage ses subordonnés, d’avoir trempé dans l’attentat du 6 avril 1994. Marc Trévidic et Nathalie Poux semblent sur le point de requérir un non-lieu pour les Rwandais actuellement mis en cause. A part les génocidaires et leurs amis, on voit mal qui aurait intérêt à user de procédés dilatoires pour retarder cette issue.

 

5 juillet, Le Point (Marina Rafenberg) : Léotard + armement

http://www.lepoint.fr/afrique/actualites/rwanda-vers-la-levee-du-secret-defense-en-france-05-07-2014-1843545_2031.php

C’est une première. Jusqu’à présent, aucun responsable politique de l’époque n’avait souhaité s’exprimer sur le rôle de la France durant le massacre des Tutsis au Rwanda. Mais François Léotard, ministre de la Défense responsable de l’opération Turquoise au Rwanda en 1994, est désormais prêt à faire toute la lumière : « Je suis disposé à ce que tous les documents soient publiés. » Lors d’un colloque organisé, lundi, au Sénat par l’association Remembrance forum France (RBF France-Forum de la mémoire), il a même proposé « un deal » à Bernard Kouchner, l’ancien président de MSF, à l’époque député européen : « Nous irons ensemble chez Le Drian pour demander la levée du secret défense sur le Rwanda. » …Autre élément qui demande à être éclairci : la livraison d’armes par Paris aux forces génocidaires. Dès le début des années 1990, la France a envoyé, à la demande du président Habyarimana, des renforts militaires à la suite de l’offensive du Front patriotique rwandais dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec l’Ouganda. Pendant cette période, les militaires français ont conseillé et formé les forces rwandaises en raison d’un accord de coopération entre les deux pays établi en 1975. Mais, malgré les dérives progressives du gouvernement de Habyarimana, la France n’a pas remis en cause cette aide. Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins du monde, et Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, ont ainsi admis que Paris avait livré des armes jusqu’en août 1994 au gouvernement rwandais, alors qu’un embargo avait été décrété le 17 mai par l’ONU. Plus récemment, dans une interview à France Culture, un ancien officier de l’opération Turquoise, Guillaume Ancel, a indiqué que, vers la mi-juillet, « des dizaines de milliers d’armes » avaient été confisquées dans la zone humanitaire et rendues à des forces armées génocidaires. Vingt ans après le génocide, les zones d’ombre autour de l’action française au Rwanda restent donc considérables.

 

27 juin, Vénuste Kayimahe, Jacques Morel : Bisesero

http://jacques.morel67.free.fr/BiseseroEnquete2013.html

Enquête sur les victimes tuées au Rwanda durant l’opération Turquoise, Cas de la région de Bisesero : Une enquête faite en 2013 a relevé la liste nominative de 381 personnes tuées dans la région de Bisesero au Rwanda après le 23 juin 1994. À cette date les Français de l’opération Turquoise ont le contrôle de la région. Les tueurs leur ont fait une ovation à leur arrivée. Les Français ne démantèlent pas la machine à tuer. Confortée par cette présence, la chasse aux Tutsi à Bisesero reprend de la vigueur, le nombre d’homicides passe de 18 le 24 juin à 64 le 26 juin pour culminer à 85 les 27 et 28 juin. (graphique : victimes par jour) … Pourtant les Français sont informés le 23 juin par la sœur Marie Julianne Farrington, supérieure des Sœurs de Sainte-Marie de Namur, qui les rencontre à Goma. Le 26 juin des journalistes dont Vincent Hugeux de l’Express leur disent que les massacres de Tutsi continuent à Bisesero. Ils rencontrent eux-mêmes des Tutsi à Bisesero le 27 juin. Mais ils les abandonnent et ils laissent les massacres continuer tout en les observant à la jumelle. Ils laissent passer devant eux ceux qui vont prétendument combattre le FPR alors qu’ils ont tout l’aspect de tueurs. Ils s’entretiennent avec les organisateurs des tueries. 51 personnes sont encore tuées le 29 juin, jour de la visite du ministre François Léotard. Les massacres cessent le 30 juin au soir quand, sur l’intervention de journalistes et de militaires ayant enfreint les ordres, une opération de secours est enfin déclenchée… 47 % des victimes sont des femmes, l’âge moyen est de 25 ans. 85 victimes sont âgées d’au plus 10 ans. La mort est donnée le plus souvent à l’arme blanche à l’issue d’atroces souffrances. Sont enregistrés le lieu du meurtre, le nom des assassins et, à des fins de vérification, les informateurs, les témoins et les parents des victimes. En dépit des imprécisions dues à la perte de la notion du temps chez les survivants, leurs témoignages sont cohérents avec les événements connus à partir d’autres sources. Ce recueil des noms de personnes tuées durant cette période n’est pas exhaustif. Liste des victimes triées par date de mort; Liste des victimes triées par nom ; Liste des victimes triées par numéro

 

19 mai, Golias (revue Catholique) : dossier 70 pages sur église

http://golias-editions.fr/article5239.html

… Cette proximité poussa certains à considérer l’Église comme un État au sein d’autre État. La complicité entre l’Église et le régime de Juvénal Habyarimana est devenue flagrante avec la nomination de Mgr Vincent Nsengiyumva au Comité central du parti au pouvoir (MRND). Dans un régime à parti unique, cet organe était l’instance dirigeante du pays. C’est elle qui déterminait l’orientation politique du pays. Ainsi, le primat de l’Église du Rwanda était au coeur du cercle restreint qui concevait l’orientation de la ligne politique et décidait d’elle. Dans ces conditions, il n’y a rien de surprenant à ce que la politique discriminatoire dite « d’équilibre ethnique et régional » ait été tolérée, voire appliquée aussi au sein de l’Église du Rwanda. ..

P79 : gén ocide rwandais : La lenteur de la justice française : Alors que d’autres pays occidentaux ont déjà jugé et / ou transféré des personnes impliquées dans le génocide de 1994 au Rwanda, la France traîne toujours les pieds. Il a fallu vingt ans pour voir le tout premier procès d’un présumé génocidaire. L’Abbé Wenceslas Munyeshyaka, présumé innocent, est un cas symptomatique de la lenteur de la justice française dans la poursuite des présumés génocidaires installés sur le sol français. Cette situation est inconcevable face à un crime aussi ignoble qu’un génocide…

 

13 mai, La Croix : Marie Boëton sur 4 plaintes à venir du 13 mai à Bisesero

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-role-de-la-France-au-Rwanda-passe-au-crible-par-la-justice-2014-05-13-1149382

Quatre rescapés du génocide rwandais déposent une plainte contre X devant la justice française. Il y a vingt ans, jour pour jour, des milliers de Tutsis trouvaient la mort dans les collines de Bisesero, dans l’ouest du Rwanda. C’est cette date symbolique qu’ont choisie quatre rescapés de ces massacres pour annoncer le dépôt d’une plainte « contre X » devant la justice française. Aux dires des Tutsis, des « Blancs francophones en tenue militaire » se seraient entretenus à plusieurs reprises avec leurs bourreaux hutus. Les plaignants ignorent s’il s’agissait de militaires français ou de simples mercenaires. « En l’état actuel de l’enquête, on ne peut pas poursuivre la France pour complicité de génocide, indique une source proche du dossier. Une poursuite pour non-assistance à personnes en danger n’est en revanche pas exclue. » Un tel délit, s’il était constitué, serait prescrit. ..

 

12 mai, Serge Farnel et Bruno Boudiguet sur 4 plaintes à venir du 13 mai à Bisesero

http://www.humanite.fr/participation-directe-de-la-france-au-genocide-des-tutsi-du-rwanda-vous-avez-dit-absurde-527827

De 2009 à 2013, nous avons recueilli près de quatre-vingt témoignages confirmant la participation directe au génocide de militaires blancs, français pour un certain nombre de témoins, dans la préfecture de Kibuye, dans l’ouest du Rwanda. .. participation au plus grand massacre de masse de ce génocide, celui qui fit quarante mille victimes civiles le 13 mai 1994 à Bisesero … la question est-elle ailleurs et concerne l’identité de ces soldats blancs, francophones, désignés comme Français par nombre de tueurs. Leur identité, mais aussi leurs liens avec l’Elysée. C’est ce que le pôle génocide du TGI va maintenant être chargé d’investiguer, suite aux quatre plaintes que des rescapés de ce massacre ayant perdu leurs proches ce 13 mai 1994 nous ont demandé de déposer en France, ce qui sera fait très prochainement. ..

Voir aussi :

Agence rwandaise d’information:http://www.rwanda13mai1994.net/Participation-directe-de

13 mai, RFI : http://youtu.be/a-L940CLXIo

13 mai, Lyon Capitale : http://www.lyoncapitale.fr/Journal/France-monde/Actualite/Justice/Rwanda-des-militaires-blancs-impliques-dans-le-genocide

 

5 mai, Afrikarabia : Jean-François dupaquier

http://afrikarabia.com/wordpress/jean-francois-dupaquier-sur-le-rwanda-la-classe-politique-francaise-nous-desinforme-depuis-vingt-ans-cest-intolerable/

… Etst-ce que ces gens étaient des  « naïfs » pour ne pas employer un terme plus péjoratif, ou est-ce que certains Français au Rwanda étaient eux-mêmes des acteurs de la désinformation, participant à « l’enfumage » de Paris ? Tout porte à croire que certains participaient délibérément à cette action de désinformation qui leur permettait de contribuer à la radicalisation des esprits et à la préparation du génocide. Ce « certains » inclut les désinformateurs qui ont « traité » Péan. .. Parmi les militaires français impliqués dans l’opération Noroît, certains ont adhéré au projet génocidaire. Ils y contribuèrent à leur façon en trahissant leur mission, qui était de défendre les intérêts supposés de la France au Rwanda. Certains hauts gradés français se sont comportés comme des factieux. Ils font l’impossible pour que l’opinion publique française n’en prenne pas conscience. Tous ne sont pas des militaires félons. Evitons les amalgames. Y compris au sein des FAR. Permettez-moi d’insister sur un point qui est rarement souligné, c’est que, au sein des forces armées rwandaises, il y avait un clivage important entre officiers, jusqu’auboutistes et officiers démocrates. Les extrémistes n’étaient pas dominants. Ils ont acquis ce pouvoir parce que Paris a systématiquement soutenu les militaires rwandais les plus extrémistes et feint d’ignorer le camp des militaires démocrates. C’est un des aspects les plus navrants de l’implication française. .. Quelques Français ont compris ce qui se tramait au Rwanda et ont essayé de s’opposer à l’enlisement. Je pense en particulier au général  Jean Varret, qui refuse de s’exprimer depuis cette époque mais dont on voit bien qu’il avait un rôle modérateur. Il a été limogé par Michel Roussin pour cette raison. Les extrémistes ont pris le pouvoir pas seulement au Rwanda mais aussi dans les allées du pouvoir à Paris. Français ou Rwandais, les extrémistes ont gagné sur tous les plans et ont entraîné la France dans quelque chose qui s’appelle « complicité de génocide »… Dans l’intervention si néfaste de Paris au Rwanda entre 1990 et 1994 (et au Zaïre ensuite…) des actions méritent le qualificatif de complicité, elles sont documentées, démontrées, et d’autres conservent une part de mystère. Par exemple, dans mon livre, je rappelle – la chose était déjà connue et je pense l’avoir encore documentée – qu’en septembre 1991, Paris manifeste son consentement à un possible génocide. Jean-Christophe Mitterrand et Paul Dijoud expriment cette acceptation tacite d’une possibilité de génocide des Tutsi. Tout ceci commence à prendre forme très tôt, trois ans avant le génocide. Faut-il rappeler que le génocide n’était pas une fatalité, mais une option de guerre parmi d’autres, les partisans de cette option l’ayant finalement emporté en tuant le président Habyarimana et sa garde rapprochée.. On aurait pu éviter le génocide jusqu’au 6 avril 1994, et peut-être même un peu après si on en avait eu la volonté. Mais cette volonté n’existe pas à l’Élysée. Bien au contraire, on cache les éléments qui devraient nous pousser à intervenir pour stopper la tragédie, et l’entourage de Mitterrand incline à la radicalisation. On le voit dans les archives de l’Élysée, dans les propos du Chef d’État-major particulier du président de la République, le général Quesnot, dans l’action du chef de la mission d’assistance militaire, le général Huchon, et également dans l’action menée pendant l’opération Amaryllis par le colonel Poncet et son adjoint, le lieutenant-colonel Jean-Jacques Maurin. Il n’y a pas une fatalité, mais des gens qui contribuent à ce que ça devienne terrible au Rwanda. .. Soyons francs : la plupart de ces documents dits « secrets » sont déjà dans les mains des journalistes, même s’ils ne les ont pas encore publiés. Ce qu’on en sait est accablant pour François Mitterrand et sa clique. Aujourd’hui le « secret défense »,  protège surtout les notes de la Direction du renseignement militaire, un service français qui a joué un rôle très néfaste dans l’appui aux génocidaires, comme on le voit par les quelques documents qui ont réussi à échapper à la censure du système. Sur le Rwanda, la classe politique française nous désinforme, aujourd’hui encore. Le problème est d’abord là… La navrante « audition » de Hubert Védrine par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale le 16 avril dernier en apporte une nouvelle démonstration. J’invite les fidèles de votre site à la voir. A l’exception d’un député EELV, tout le monde « cire les pompes » de Védrine. Même la présidente, Mme Patricia Adam, s’y révèle mielleuse et d’une navrante incompétence. Un député s’indigne que le journaliste Patrick de Saint-Exupéry n’ait pas été condamné par les tribunaux pour ses critiques contre le rôle de Paris au Rwanda. Mme Patricia Adam  ne relève pas ces propos qui violent tous les principes de séparation des pouvoirs. C’est Poutine-sur-Seine ! Interrogée le 24 avril sur RFI par Christophe Boisbouvier, Patricia Adam ne fait que resservir la même propagande : « La France n’a pris aucune part au génocide des Tutsis. Et au contraire, la France a présidé aux accords d’Arusha pour permettre la réinsertion des réfugiés tutsis au Rwanda ». Cette parlementaire socialiste esquive par la pitoyable insinuation que Paul Kagame aurait commis l’attentat du 6 avril 1994.  Même le « Rapport Quilès » – qu’elle n’a visiblement pas lu – avait fait mieux, il y a seize ans. Je le répète : Sur le Rwanda, la classe politique française nous désinforme depuis vingt ans. C’est intolérable. Aujourd’hui, les citoyens et journalistes français ont perdu toute confiance dans nos parlementaires pour dire la vérité sur le rôle,de la France au Rwanda entre 1990 et aujourd’hui. .. Le ministre de la coopération Marcel Debarge, qui succède à Edwige Avice, vient au Rwanda en 1993. Il encourage la formation d’un front commun contre la rébellion. Ça apparaît dans ses déclarations reprises dans les journaux et à Radio France International. L’adjectif « racial », n’est pas prononcé – Debarge est un homme politique rôdé aux « éléments de langage » – mais le terme « front commun » est compris au Rwanda comme « front racial ». C’est d’ailleurs à la suite de sa visite en 1993 que se cristallisent dans le paysage politique rwandais les tendances « Power » des partis politiques. Il s’agit de recréer une solidarité hutu autour du président Habyarimana. Marcel Debarge est-il inconscient que cette cristallisation débouchait forcément sur une confrontation raciale ? La réponse à cette question et à bien d’autres se trouve dans les archives de la DRM et celles du Quai d’Orsay. Si Paris n’a rien à cacher, qu’on rende ces archives publiques. Le Sénat de Belgique, lorsqu’il a mené sa commission d’enquête, en 1997, a eu accès à tous les documents belges, sans restriction… … L’opinion publique française est terriblement désinformée en dépit des avancées de la Mission Quiles. On peut exiger de la classe politique qu’elle cesse de mentir sur l’implication de Paris dans le génocide des Tutsi. « L’honneur de la France » dont on nous rebat les oreilles, ce n’est pas l’impunité garantie pour ceux qui ont trahi leur mandat ou leur mission. Le problème en France, c’est que droite et gauche confondues participent d’un même mensonge sur l’intervention au Rwanda. Le fait que l’on puisse encore accorder une salle, au Sénat, le 1er avril 2014, à un ensemble de manipulateurs, de désinformateurs, de négationnistes et d’idiots utiles, c’est quelque chose qui salit l’honneur de la France, qui devrait être ressenti comme intolérable.

 

2 mai, Laure de Vuilpian (audio)

http://www.radiogrenouille.com/actualites-2/sujets/silence-turquoise-la-france-et-le-genocide-au-rwanda/

… il faudra attendre encore 10 ou 20 ans pour savoir ce qui s’est passé…

 

28 avril, Regard * Excentrique

https://regardexcentrique.wordpress.com/2014/04/28/genocide-des-tutsi-du-rwanda-vers-une-reaction-en-chaine/

Complicités françaises avec les génocidaires des Tutsi du Rwanda : vers une réaction en chaine ? Quand le silence des politiques révèle une tension ingérable. ..

 

24 avril, Médiapart : Patrick de St-Exupéry, Rafaëlle Maison (interrogé par Joseph Confavreux et Edwy Plénel) (durée 57min/65) (seule la vidéo fait foi)

http://www.dailymotion.com/video/x1r2b54_en-direct-de-mediapart-rwanda-la-responsabilite-de-la-france_news?start=0

Patrick de St Exupéry : … De 1990 à au moins 1996, Paris, une trentaine de personne, a collaboré avec le régime qui a mené le génocide. Cette collaboration a commencé avant, elle a duré pendant, elle s’est poursuivi après, après la chute du régime… Ca n’est pas un élan de sauvagerie, ca a été une mécanique extrêmement précise, construite dans le temps, et Paris a collaboré à cette mécanique, avant, pendant, après, et cela repose sur de très nombreux faits. .. une trentaine de personne, à peu près, parce que c’était une politique secrète, qui a été menée, donc décidée par un petit conclave, une trentaine de personnes. Les noms sont clairs, François Mitterrand, en premier lieu, président de la république, le gouvernement de cohabitation à l’époque qui va de Alain Juppé, Balladur, Léotard, je ne vais pas citer tous les noms, le secrétaire général de L’Elysée, Védrine, l’Etat-major, le chef d’Etat-major particulier de l’Elysée, le général Quesnot, le chef d’Etat-major des armées, l’amiral Lanxade. Voilà, nous sommes sur une trentaine de noms clairement impliqués et ayant pris des responsabilités tout au long de la gestion de cette crise, et quand je dis ‘pris des responsabilités’, de fait, il s’agit d’une collaboration.

Rafaëlle Maison : … la ligne directrice, le mode d’explication, c’est vraiment de penser les choses en termes de co-belligérance, c’est-à-dire, à partir de 1990, un soutien au gouvernement rwandais contre la rébellion du FPR, qui va en un sens et selon des modalités très diverses, se perpétué sur une période assez longue. Un soutien à des alliés, à des gens avec qui on est militairement alliés, contre une rébellion, la rébellion tutsi. .. la politique est initié, clairement, par François Mitterrand, il me semble, à partir de 1990. C’est vraiment un choix mitterrandien qui n’est d’ailleurs pas nécessairement partagé, par les ministres socialistes, puisque l’on voit dans les archives que Pierre Joxe s’oppose à la poursuite de l’aide militaire à Habyarimana, désignant Habyarimana, comme la raison du blocage, donc il est tout à fait hostile. Donc, on voit bien là, que c’est une politique extrêmement restreinte, qui questionne aussi évidemment le fonctionnement de la Ve république, pouvoir présidentielle exclusif en politique étrangère, et sur la politique africaine, puisque même les membres du gouvernement socialiste n’ont pas beaucoup de prises… Edwy Plénel : Joxe est ministre de la défense. RM… on ne voit pas du tout le ministre des affaires étrangères dans ces archives, on voit un peu Pierre Joxe, parce que quand même il y a des militaires sur le terrain. Mais il est hostile… il n’est pas écouté… Avril 93… gouvernement de droite Balladur… ca change la donne, parce que François Mitterrand n’a plus les mains aussi libres qu’auparavant… il doit expliquer sa position devant les ministres de droite , qui connaissent beaucoup moins le dossier, en un sens, qui vont s’y habituer progressivement. Ils n’ont pas la même connaissance que l’équipe mitterrandienne. … A partir d’avril 94 et le coup d’Etat, … il y a des positions un peu variées, entre la position élyséenne, et la position d’Edouard Balladur, qui semble quand même être sur une ligne d’intervention plutôt humanitaire pour Turquoise, et qui promeut ou qui accepte les contacts avec le FPR … auxquels Francois Mitterrand s’oppose très violemment.

Patrick de St Exupéry  : … nous sommes dans des nuances à l’intérieur d’un cercle extrêmement restreint. Rien ne filtre de toutes ses discussions… De 1990 à 1996, et en réalité c’est jusqu’à aujourd’hui, il y a une continuité absolument incroyable de l’appareil d’Etat, politique, militaire et diplomatique, dans son approche du dossier rwandais. … bien entendu, il faudra à un moment donné, rentrer dans ces nuances, mais ces nuances là apparaissent au fil d’une vraie discussion lorsque les choses sont complètement posées… A partir de 1990, il y a d’abord une volonté politique, pas affirmée clairement, mais posée, que Pour Paris, il s’agit d’une agression extérieure, donc … le FPR… sont considérés comme des acteurs étrangers, comme des ougandais… c’est donc l’Ouganda qui attaque le Rwanda. Au nom de la doctrine développée depuis des dizaines d’années dans la relation entre la France et l’Afrique, Pour Paris, c’est un acte inadmissible. Mais d’entrée de jeu nous sommes sur une erreur extrêmement grave, … exilés rwandais qui décident de rentrer… ils ont ce droit de vouloir rentrer… Donc, d’entrée de jeu, nous entrons dans une erreur d’analyse extrêmement importante, que défend toujours Hubert Védrine… D’un point de vue partique, Paris va enclencher une opération militaire d’une force considérable … très vite les belges s’en vont, parce qu’ils comprennent qu’il y a un vrai problème, et que cette politique-là, n’est pas tenable… Mobutu… il va rester les français. Les Français vont rester pendant 3 ans, de 1990 à 1993, sur une présence totalement démesurée, au minimum de 400 hommes en permanence… qui vont intervenir avec des mortiers lourds dans des affrontements en prise direct, … qui vont prendre part aux combats, et non seulement cela, mais qui en plus vont totalement verrouiller, contrôler l’armée, prendre le contrôle opérationnel de l’armée rwandaise. On l’a dirigé cette armée rwandaise. Nous sommes sur une prise de contrôle des manettes du pays totale… Oui (la France peut savoir qu’il y a des intentions génocidaires), … dès octobre 1990… il y a eu des alertes dans la filière diplomatique… le risque d’une élimination totale des Tutsi dès octobre 1990 … les choses sont claires, elles sont dites, elles sont posées, mais c’est une politique secrète. … on forme une nouvelle armée, et on la forme de manière tellement rapide, qu’elle passe de 3000 à 30 000 hommes fin 1993… on forme pas un soldat en l’espace de quelques mois… les soldats français vont, parce qu’ils ont des instructions de le faire, former des miliciens que l’on verra à l’œuvre pendant le génocide. Et oui, c’est aussi simple que cela ! Nous allons fournir des armes, en quantité, en financement incroyable… jusqu’à la fin 94 au minimum, après le génocide … tout est sur la table depuis très longtemps, et en permanence… Zaïre… ils se réfugient dans d’immenses camps … à 3 kms de la frontière… ils vont transférer les comptes de la Banque Nationale du Rwanda dans une agence de la BNP Paris dans le 17e… A partir de là, les trafics d’armes… tout est établi… les soldats obéissent aux ordres… au-delà du rang de lieutenant-colonel… généraux, colonels, il y a de vrais questions, extrêmement précises auxquels aux-aussi refusent de répondre. Il y a une petite alliance d’un petit groupe de militaire avec un certain nombre de responsables politiques, qui sont clairement alliés pour essayer de forger un bouclier.

RMaison : … les raisons… C’est la défense de l’influence française en Afrique… le FPR comme agresseur, il me semble que c’est quelque chose qui a été pensé comme un élément de langage, c-a-d une manière de justifier l’intervention, je ne suis pas sûr qu’on en était vraiment convaincu et qu’il y ait eu vraiment une erreur d’analyse… sur la conscience, oui, il y a des alertes, … globalement, c’est une indifférence… si le FPR prend le pouvoir, ca sera pire, donc il faut essayer d’éviter cette prise de pouvoir… la formation du gouvernement intérimaire, … jusqu’à la fin d’Amaryllis… c’est un coup d’état qui commence par l’attentat, qui se poursuit par l’assassinat de tous les membres modérés du gouvernement… ambassade de France… absence de dénonciation de ce gouvernement… un génocide post-colonial… personne protégées … convoyées… vraiment grave… toutes les familles sont exfiltrées… on ne pense pas le coup-d’état… il faut y travailler…la co-belligérance a un lien avec ce coup d’Etat… une sorte d’inconscience…

P de St Exupéry : … DGSE, … DRM, … Paul Barril, …de très nombreux prolongements… il y a eu tellement de mensonges. Des généraux ont menti, sur PV, sur audition, ils mentent, ils n’hésitent pas à mentir, les politiques mentent… (a propos des archives) tout est établi… Juppé, Védrine, … ils refusent de rendre compte quand on les interroge sur des faits… j’ai demandé au moins 6 fois à Juppé de discuter, impossible. 2 notes de synthèse de la délégation aux affaires stratégiques… la 1er du 10 avril 1993,… la 2e du 6 février 1995… la 1ere déconstruction de tous les discours que l’on entend aujourd’hui, … factuel, il n’y a aucun jugement… DGSE … Bagosora, Garde Présidentielle, condamnation … Bogosora est repassé par Paris après le génocide… protection…la DGSE recommande

R Maison : il faut éviter à l’ONU … « une condamnation partisane »… Françafrique…

P de St Exupéry : … la question des archives n’est plus essentielle… les faits sont là et sont extrêmement têtus… voie de sortie… il y a une voie de sortie impossible voulu par … Quilès, … Védrine, … au niveau de l’ONU une commission d’enquête internationale… ca s’appelle noyer le poisson, et c’est très clair.

R Maison : … on devrait reprendre les choses au niveau parlementaire…

P de St Exupéry : … les parlementaires se sont refusés à aller jusqu’au bout du dossier… Pierre Brana le dit très clairement : « il y avait une ligne à ne pas franchir »… faire confiance à la représentation nationale, je n’y crois pas… j’ai entendu ces jours derniers Hubert Védrine en audition à l’Assemblée nationale, par le commission de défense de l’AN, c’était simplement pathétique, pathétique. On était en train de lui offrir un boulevard… il n’y avait pas de question sensé à part celle de François de Rugy que je ne connais pas… sinon nous étions dans un univers complètement surréaliste… un député s’est indigné que la justice ne m’ait pas condamné… mélange des pouvoirs…la représentation nationale a fait la preuve de sa faillite… il reste à mon sens 3 possibilités : la justice qui au bout de 20 ans a commencé à se réveiller… au nombre de ses instructions, il en est une qui soulève de véritable problème, c’est une instruction qui concerne l’affaire de Bisesero. Cette instruction-là, tous les acteurs ont été entendus, elle dure depuis au moins 8 ans… le mensonge est établi au travers des auditions recueillis par des officiers de PJ… il suffit que la justice se mette en branle, elle va finir par demander quoi, les vrais ordres opérationnels de Turquoise. Il y a déjà une partie des ordres qui ont été rendus publics, qui sont déjà incriminants, il faut le savoir, … il y a des ordres qui n’ont pas été rendu publics… faire confiance à la justice… 2 autres alternatives… Papon…un Jury d’honneur… 3e possibilité de sortir de cette crise, c’est le tribunal Russel, qui historiquement a aussi fait ses preuves… (guerre du Vietnam)… Kagamé… diversion

R Maison : … diplomatiquement… présentation d’excuses…

 

23 avril, Bernard-Henri Lévy

http://laregledujeu.org/bhl/2014/04/23/rwanda-vite-la-ve%CC%81rite%CC%81/

Il faut arrêter avec ce navrant psychodrame franco-français autour de la tragédie du Rwanda. Et il faut surtout que reviennent à la raison, pour ne pas dire à la décence, tous ces anciens ministres, de droite comme de gauche, du second septennat de François Mitterrand que la mémoire des 800 000 Tutsis découpés à la machette, entre avril et juillet 1994, semble infiniment moins tourmenter que l’honneur d’une armée française qu’ils sont les premiers à avoir, à l’époque, avec leurs ordres irresponsables, sciemment foulé aux pieds. Car enfin les faits sont les faits. C’est un fait, par exemple, que la France a soutenu, au-delà du raisonnable, et au nom de calculs géopoliticiens où la défense de la francophonie le disputait à l’antiaméricanisme le plus primaire et aux souvenirs mal digérés de la défaite de Fachoda face aux Anglais, un Hutu Power dont elle ne pouvait ignorer l’idéologie totalitaire, raciste, antitutsi. C’est un fait que, dès le début des années 90, sous couvert d’une opération de protection, dite opération Noroît, dont le but était, officiellement, de secourir les ressortissants français pris entre les deux feux de ce qui n’était alors qu’un affrontement classique entre le régime de parti unique hutu et les exilés tutsis tentant de revenir, elle a armé, formé et assisté l’armée gouvernementale – celle-ci fourbissant ainsi, en toute tranquillité, et sous parapluie français, l’outil militaire et paramilitaire qui allait, un peu plus tard, servir au génocide. C’est un fait, attesté par des témoins dignes de foi comme la journaliste Colette Braeckman ou le général commandant de la Minuar, Roméo Dallaire, qu’après le 6 avril 1994 et l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, qui donna le signal des carnages, c’est à l’ambassade de France, à Kigali, que fut bricolé le gouvernement intérimaire hutu qui allait être le maître d’œuvre des massacres et dont certains des principaux dignitaires (Jérôme Bicamumpaka et Jean-Bosco Barayagwiza, respectivement ministre des Affaires étrangères et membre fondateur de la tristement célèbre Radio Mille Collines…) furent reçus, deux semaines plus tard, à Paris, par Edouard Balladur et Alain Juppé – lequel, il faut aussi le préciser, finit, le 15 mai suivant, à l’issue d’un conseil des ministres de l’Union européenne à Bruxelles, par prononcer le mot interdit de génocide. Pendant le génocide même, c’est encore un fait que la France – avec, d’ailleurs, la Belgique et l’Italie – organise une deuxième opération, dite opération Amaryllis, à but humanitaire aussi, qui s’achève le 17 avril et dont la seule mission est l’évacuation des 3 500 ressortissants occidentaux, dont 525 français, en poste à Kigali : on tue comme on déboise ; des miliciens hutus sillonnent, ivres de sang, grenades à la main, les rues de la capitale ; mais les soldats français, hébétés, écœurés, ont ordre de rester l’arme au pied tandis qu’à quelques mètres d’eux, sous leurs yeux, on fend d’un coup de machette le crâne des enfants tutsis. Et quant à la troisième de ces brillantes opérations « humanitaires », l’opération Turquoise, on nous la présente toujours, vingt ans après, comme une belle initiative destinée (mieux vaut tard que jamais…) à stopper la loi des tueries : or elle eut de terrifiants ratés, comme ce 27 juin, dans les montagnes de Bisesero, dans l’ouest du pays, où une patrouille française tomba sur une poche d’otages tutsis encerclés par les miliciens Interahamwe mais, n’ayant, une fois de plus, pas reçu d’ordres, dut rebrousser chemin avant que, trois jours et 1 000 morts plus tard, une deuxième patrouille soit autorisée à revenir et à sauver les survivants ; et c’est un autre fait encore que la principale fonction de cette troisième mission censée, aux termes du mandat onusien, « assurer, de manière impartiale, la sécurité des populations menacées », fut moins de secourir ce qui restait du peuple des victimes que d’exfiltrer vers le Zaïre, avec armes et bagages, les artisans et les cerveaux du troisième génocide du XXe siècle. Alors, tout ce faisceau d’erreurs et de fautes ne fait pas une « participation » au génocide. Et on ne peut évidemment pas dire que l’armée française ait eu une implication « militaire » dans les tueries. Mais que la France ait eu une responsabilité politique et morale dans cet enchaînement de monstruosités hélas prévisibles, c’est l’évidence. Et plus vite cela sera dit, plus vite on cessera de biaiser avec la vérité, plus vite on entendra la voix des témoins rwandais mais aussi français – et mieux cela sera. Il y va de cette obligation de réparation qu’impose, toujours, le crime contre l’humanité. Il y va de ce travail de deuil et de mémoire d’un peuple que nous avons laissé mourir mais qu’il est de notre devoir d’aider, un peu, à revivre. Et il y va aussi, en effet, de l’honneur de l’armée française : mais le vrai ; celui qui se paie, non de mots, mais de faits ; celui qui suppose, non les mensonges d’une légende nationale trafiquée, mais l’âpre, le douloureux, travail de la sincérité ; il y va, oui, de l’honneur véritablement honorable de ces soldats français qui se sont couverts de gloire au Mali et en Libye, qui se sont bien conduits en Centrafrique et, d’une certaine façon, dans un contexte difficile, à Sarajevo et en Bosnie – mais qui vivent, là, dans la hantise d’un passé qui, pour eux non plus, ne parvient pas à passer.

NB : programme et photos conférence du 22 à Paris avec Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, Patrick de Saint-Exupéry, Yann Moix, Scholastique Mukasonga, Dominique Sopo​, Sacha Reingewirtz(UEJF), Laura Slimani(MJS), David Gakunzi, Alain Ngirinshuti, rescapé, Raphaël Haddad. http://laregledujeu.org/2014/04/21/16811/genocide-des-tutsi-du-rwanda-memoire-justice-et-reconstruction-post-genocide/; + photos : en-images/

 

23 avril, 23h20, FR3 : Pièces à conviction

http://www.programme.tv/c7173056-pieces-a-conviction/genocide-rwandais-pretres-et-criminels-76634520/

Génocide rwandais : prêtres et criminels. reportages 2014, 1h10, présenté par Patricia Loison. Résumé du programme :Au printemps 1994, au Rwanda, en une centaine de jours, 800 000 hommes, femmes et enfants, sont massacrés parce qu’ils étaient Tutsis. Parmi les auteurs de ces tueries, il y a des ecclésiastiques protégés par l’Église. L’un, condamné à la prison à perpétuité par la justice rwandaise, enseigne le catéchisme dans une paroisse à la campagne. Un autre, Français, célèbre messes, baptêmes, mariages et enterrements dans un petit village de l’ouest de la France. En France, au Rwanda, en passant par le Vatican et la République démocratique du Congo, enquête sur le rôle trouble de l’Église avant, pendant et après le génocide.

 

17 avril, Le Monde : Philippe Bernard : archives

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/04/17/rwanda-pourquoi-il-faut-ouvrir-les-archives_4401424_3232.html

… Il ne s’agit évidemment pas non plus de remettre en question la réalité de l’extermination systématique de 800 000 Tutsi. Mais de passer de l’obsession de la dénonciation à la recherche des faits et à leur compréhension. La lumière reste notamment à faire sur deux questions complexes : – Un plan concerté de génocide a-t-il existé ? Le Tribunal international pour le Rwanda n’est pas parvenu à le prouver. En l’absence d’un événement comparable à la conférence de Wannsee de 1942 pour le génocide des juifs, il reste à analyser les mécanismes individuels et collectifs ayant conduit au génocide. Application d’un programme ou engrenage ? Pour la Shoah aussi d’ailleurs, ces mécanismes restent un objet de débat. – Les responsabilités de la France et de la communauté internationale. Jusqu’où la France a-t- elle épaulé le régime génocidaire avant et pendant la tragédie ? Pourquoi, fin juin 1994 à Bisesero, les soldats français ont-ils tardé à intervenir et échoué à sauver 2 000 Tutsi pourchassés ? Pourquoi les Nations unies se sont-elles retirées en plein génocide ? Pourquoi ont-elles refusé d’enquêter sur l’attentat contre l’avion du président Habyarimana qui en a donné le signal ? Beaucoup d’éléments figurent dans l’abondante littérature déjà publiée, ainsi que dans le rapport de la Mission parlementaire Quilès de 1998 qui a obtenu la déclassification de 3 500 documents « confidentiel défense » et les a rendus publics pour la plupart. D’autres documents, issus de l’information pour « complicité de génocide » ouverte à Paris contre des militaires français sur plainte de rescapés tutsi, ont été publiés par Le Monde en juillet 2007. Ils montrent à quel point l’Elysée est resté sourd aux signaux qui laissaient présager les massacres. EVITER LA « PASSION DÉNONCIATRICE » Mais, comme l’expliquent les historiens, autoriser la communication de documents dont l’existence est déjà connue et répondre aux demandes de magistrats ne suffit pas : il reste à ouvrir aux chercheurs la totalité des archives publiques françaises sur le Rwanda, militaires ou non, actuellement couvertes par la prescription légale de vingt-cinq ou cinquante ans. A l’instar de Lionel Jospin en 2001 pour les archives de la guerre d’Algérie, le gouvernement s’honorerait de prendre cette décision. ..

 

15 avril, Benoît Collombat et David Servenay, auteur « Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda »

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/15/la-france-et-le-genocide-des-tutsis_998152

… Les provocations de Paul Kagame d’un côté et la colère qu’elles suscitent créent un rideau de fumée qu’il faut dissiper. Afin d’établir quelques vérités, aujourd’hui incontestables. Au Rwanda, entre 1990 et 1994, la France de François Mitterrand s’est compromise. A partir d’octobre 1990, elle soutient militairement un régime extrémiste qui, depuis des années, fait du Tutsi son ennemi intérieur et extérieur. Elle lui fournit des armes et des munitions, forme ses militaires dont les membres de la garde présidentielle qui encadreront le génocide. Les Français l’ignorent, mais la France mène une guerre secrète à des milliers de kilomètres de l’Hexagone. Elle combat les soldats du Front patriotique rwandais (FPR) dirigés par Paul Kagame, qu’elle considère comme des «Khmers noirs». Elle copilote l’état-major rwandais et néglige les multiples alertes qui émanent de diplomates, d’espions, d’ONG, et même de certains militaires et qui remontent jusqu’au sommet de l’Etat. Dès 1990, le pire est en préparation : un génocide contre les Tutsis. Le pouvoir politique français ferme les yeux sur des livraisons d’armes aux génocidaires malgré l’embargo des Nations unies, et permet le réarmement des extrémistes dans l’ex-Zaïre. La France de Mitterrand envisage même dans un premier temps une opération militaire pour sauver le régime extrémiste hutu, alors que le génocide est presque accompli, avant de se replier sur une opération militaro-humanitaire, l’opération Turquoise, qui sauve indéniablement des vies mais sert également de sanctuaire aux génocidaires. Elle reçoit le gouvernement génocidaire à l’Elysée, à Matignon, et au Quai d’Orsay, fin avril 1994, vingt jours après le début du génocide. Elle n’arrête pas les génocidaires et en accueille certains sur notre sol. Elle couvre les agissements de Paul Barril. Soutien actif du gouvernement extrémiste hutu depuis 1990, l’ancien supergendarme fait du renseignement et forme des commandos. Il est contacté pour fournir des hommes, des armes, des munitions, en plein génocide. Tout cela, «la France» le sait, mais pas ses citoyens. En réalité, seuls quelques hommes, à l’Elysée et dans l’état-major militaire, sont à la manœuvre. C’est «au nom de la France» qu’ils mènent cette politique secrète qui a mené au génocide.

En envoyant la ministre de la Justice, Christiane Taubira (et non pas un représentant du Quai d’Orsay) pour représenter Paris aux vingtièmes commémorations du génocide, le président Hollande, héritier politique de Mitterrand, accomplissait un geste fort. C’était l’occasion de prononcer certaines paroles, attendues, d’un côté comme de l’autre, sur le rôle joué par la France à l’époque. Mieux que quiconque, l’ex-députée de Guyane connaît la portée d’une vision colonialiste de l’histoire. En annulant immédiatement le voyage de Christiane Taubira, Paris a foncé sur le chiffon rouge qu’agitait Kagame. Vingt ans après le génocide, des archives restent encore à éplucher, à Kigali, comme à Paris. Des télégrammes diplomatiques, des notes de la DGSE et des documents élyséens restent à déclassifier. Seize ans après la Mission d’information parlementaire française, il serait souhaitable qu’une commission d’enquête, avec plus de moyens, enquête à nouveau. Vingt ans après le génocide, il serait surtout temps que les responsables politiques français sortent du déni. Il a fallu attendre 1999 pour que la France reconnaisse qu’une guerre s’est bien déroulée en Algérie. Combien de temps faudra-t-il pour que notre pays reconnaisse ce qu’il a fait au Rwanda… «au nom de la France».

 

14 avril, François Graner auteur de « Le Sabre et la Machette » (vidéo)

http://www.telesud.com/le-replay/lecture/?replay_program=416&replay_id=x1ok2ps

Q : … preuves ?… FG : officiers français… ils se défendent… documents déclassifiés… publics… comprendre… recouper les sources… preuves… défenses … leur défense est cohérente avec les accusations contre eux… on trouve des preuves dans les documents consultés… pas la France… un certain nombre de responsable politique et militaire française… Q : ONU et USA ? FG : ONU et USA inaction reconne… France plus grave… soutien avant pendant après… politique cohérente… général opposé limogé… Q : Kagamé ? Le Drian : accusation sans réponse … FG : confrontation avec sources… la France a fait un soutien d’autres officiers disent qu’un génocide était possible… après … la France provoque et organise la fuite vers le Zaïre… sans être désarmés… soutien aux génocidaires même pendant le génocide… Q enjeu pour la France FG : garder zone d’influence … Rwanda à la limite de sa zone d’influence… Mitterrand… lacher régime amis… économique accès au Kivu… souffrance … France a permis fuite vers Zaïre… est-ce que cette accusation est vraie ?… appuyé sur travail de Survie, Jacques Morel, … l’armée française a collaboré avec les autorités du génocide.

 

12 avril, France Inter : Monsieur X et Patrick Pesnot

http://www.franceinter.fr/emission-rendez-vous-avec-x-rwanda-2-les-responsabilites-accablantes-de-l-etat-francais-dans-le-geno

… Que savait Paris ? Et même quelle aide la France a-t-elle apportée aux génocidaires ? Une aide qui aurait pu se prolonger alors même que les premiers massacres avaient commencé. Et quel a été le rôle du sulfureux capitaine Barril qui s’est toujours délibérément et ouvertement situé dans le camp Hutu, c’est-à-dire celui des tueurs ? Agissait-il au nom de la France lorsqu’il signait de fructueux contrats avec l’état rwandais ? était-il oui ou non missionné par nos services secrets ? Monsieur X essaie de répondre à toutes ces questions. Il m’a aussi avoué que la parution très récente d’un livre de Benoît Collombat, que les auditeurs de France-Inter connaissent bien, associé à son confrère David Servenay, lui avait été d’un grand secours pour démêler ce dossier complexe.

Audio : … Barril… Singaye… contrat ‘insecticide’…

 

12 avril, Golias (revue catholique)

http://golias-news.fr/article6020.html

… L’Eglise catholique et des missionnaires en particulier les Pères Blancs – en étroite liaison avec L’Internationale démocrate chrétienne (IDC), étaient au courant des préparatifs du génocide. Cinquante après la Shoah, ils savaient. Or, ils se sont tus. Au moment du cataclysme, nombre d’entre eux ont même rapidement fait leurs bagages et sont rentrés chez eux en Europe, en abandonnant leur petit peuple de fidèles découragés entre les dents des loups qui les broyaient dans les chapelles et les églises. La plupart de ces religieux missionnaires n’ont rien fait pour arrêter ce crime contre l’humanité. Pis, certains ont soustrait à la justice et « exfiltré », par des filières caritatives, notamment des responsables génocidaires proches de l’entourage du président Habyarimana ainsi que du personnel de l’Eglise catholique coupables de génocide (les abbés Rukundo et Seromba en particulier condamnés par le TPIR d’Arusha et les deux religieuses Sœurs Gertrude et Kizito condamnées, elles, par la justice belge). Aujourd’hui, les Pères Blancs font partie des gens aux « mains propres » dont le seul fait de ne pas avoir tenu la machette, doit leur valoir une sympathie universelle. ..

 

11 avril, Médiapart : Thomas Cantaloube

http://www.mediapart.fr/journal/international/110414/rwanda-comment-selabore-la-memoire-du-genocide

Sur la colline de Bisesero, il s’agit de rappeler la résistance héroïque d’une poignée de Tutsis qui ont pris les armes et se sont organisés du mieux qu’ils l’ont pu (y compris, du point de vue militaire) pour essayer de survivre face aux génocidaires qui, jour après jour, les pourchassaient avec fureur. C’est un des rares endroits au Rwanda où il y a eu une résistance organisée et armée face aux milices interahamwe, supplétives du pouvoir en place. Mais c’est aussi un endroit où le génocide des Tutsis par les Hutus, qui se déroulait en vase clos, a été confronté à un intervenant tiers, en l’occurrence des soldats français de l’opération Turquoise. Aujourd’hui, c’est une histoire que les survivants ont autant à cœur de raconter que celle de la résistance. Celle d’un sentiment de trahison (voir l’onglet Prolonger et la vidéo ci-dessous). La mémoire d’un génocide vient parfois se nicher dans des détails : VIDEO : Mémoires du génocide des Tutsis – La colline de… par Mediapart

 

10 avril, Médiapart : EPlenel FBonnet TCantaloube JConfavreux

http://www.mediapart.fr/journal/ebook/rwanda

Rwanda, vingt ans après le génocide : Vingt ans après le génocide des Tutsis, il n’est plus possible pour la France officielle d’osciller entre silence et déni. Contre les zones d’ombre et les mensonges entretenus par de nombreux acteurs de l’administration et de la politique française, plusieurs intellectuels, chercheurs et historiens tentent d’établir et de comprendre ce qui s’est passé au printemps 1994 sur les collines rwandaises. Vingt ans après le génocide des Tutsis, il est difficile de ne pas admirer les réussites du président rwandais, Paul Kagamé. Mais les éléments les plus sombres de son régime, tus pendant longtemps, menacent de le rattraper.

 

9 avril, France Culture : Edwy Plénel (Médiapart)

http://www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-edwy-plenel-le-monde-selon-edwy-plenel-2014-04-09

Manuel Valls, la France et le génocide rwandais

 

9 avril, RFI : Tirthankar Chanda

http://www.rfi.fr/afrique/20140409-france-rwanda-kagame-turquoise/

Relations France-Rwanda en six questions … Le rôle exact de la France qui était l’allié du régime ethniste hutu reste très controversé. Paul Kagame accuse la France d’avoir notamment entraîné les milices qui ont perpétré les massacres et aussi d’avoir continué à livrer des armes et munitions aux hutu après le début du génocide en avril 1994. Si ces deux accusations ont été confirmées, encore récemment, par l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner sur les antennes de RFI, il n’existe aucune preuve formelle de l’implication directe des soldats français dans les tueries. La France n’était nullement impliquée dans le génocide contre les tutsi, ont affirmé pour leur part les auteurs du rapport d’une Mission d’information parlementaire français (MIP) en 1998. Les deux rapporteurs de cette mission aux pouvoirs limités, Pierre Brana et Bernard Cazeneuve (l’actuel ministre de l’Intérieur) ont toutefois admis « de graves erreurs d’appréciation » des autorités françaises. .. Selon les rapporteurs de la MIP, la France a commis une première grave erreur de stratégie en soutenant militairement le régime de Juvénal Habyarimana, qui avait partie liée avec la mouvance extrémiste hutu. Elle a sous-estimé, disent-ils, le « caractère autoritaire, ethnique et raciste » du régime qu’elle soutenait à bout de bras. Sa deuxième erreur consistait à présenter son intervention comme un secours apporté à un pays victime d’une agression extérieure, alors que le combat qui opposait les Forces armées rwandaises (FAR) aux rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par Paul Kagame, relevait bien plus d’une guerre civile que d’une agression extérieure. Ces rebelles étaient des descendants des tutsi rwandais qui s’étaient réfugiés en Ouganda pour fuir les exactions perpétrées par les hutu. Enfin, les rédacteurs du rapport de la MIP soutiennent que l’aide militaire de la France au régime Habyarimana est allée jusqu’aux limites de l’engagement direct, puisqu’elle allait du conseil opérationnel à tous les échelons fournis par la France aux Forces armées rwandaises (FAR). Plusieurs ouvrages de témoignages et d’enquête ont néanmoins révélé que les Forces spéciales ont directement combattu le FPR. .. Pour les proches conseillers de Mitterrand, la position du président par rapport au Rwanda s’expliquait par un double souci : celui d’empêcher qu’un gouvernement auquel la France était liée par un accord de coopération militaire soit renversé par la force et celui d’accompagner le Rwanda dans un processus d’ouverture démocratique. ..L’autre point noir de l’opération Turquoise concerne l’attitude des militaires français à Biserero (à l’ouest du Rwanda) où ils ont tardé trois jours pour soutenir les survivants tutsi, délai qui a coûté la vie à un millier d’entre eux. .. Pour beaucoup d’observateurs, compte tenu du lourd contentieux qui oppose la France et le Rwanda de Paul Kagame, leurs relations ne pourront s’améliorer tant que ce dernier restera à la tête de son pays. .. Force est enfin de reconnaître qu’il y a aussi de nombreuses zones d’ombre dans l’histoire commune des deux pays. Comment peuvent-il  normaliser les relations sans avoir d’avord éclairé ces zones d’ombre ? Pour certains, le processus de la normalisation des relations franco-rwandaises passe par l’ouverture de leurs archives militaires et diplomatiques et  la création d’une commission d’enquête en France dotée de réels pouvoir d’investigation, comme ce fut le cas de la commissions sénatoriale belge en 1997.

 

8 avril, Médiapart : Edwy Plénel 

http://www.francerwandagenocide.org/documents/PlenelRwandaLeDeshonneurDeLaFrance8avril2014.pdf

Rwanda : le déshonneur de la France … Le gouvernement français a annulé sa venue aux commémorations, lundi 7 avril, du vingtième anniversaire du génocide des Tutsis. Cette brusque décision est motivée par les déclarations du président du Rwanda, Paul Kagamé, sur « le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même ». Satisfaisant l’injonction ’Alain Juppé de « défendre l’honneur de la France », ce choix marque plutôt son déshonneur. Parti pris. .. Ce militaire, ce journaliste sont l’honneur de la France quand la dérobade de ce vingtième anniversaire est son déshonneur. Nulle complaisance ici pour d’inutiles grands mots mais, plus essentiellement, une inquiétude envers ce pays, le nôtre, qui prétend faire la leçon au monde, sauver l’Afrique par les armes au Mali et en Centrafrique, imposer la supériorité de ses valeurs aux populations qui l’ont rejoint dans la fierté de leur diversité, et dont, cependant, les élites dirigeantes refusent avec entêtement de céder à la grandeur de l’humilité et de la fraternité. Auraient-elles oublié ce qui fit l’authentique grandeur de la France, malgré bien des bassesses et nombre de reniements ? Ce que fut son sursaut pour la justice, fût-ce au bénéfice d’un seul, réprouvé, exclu, discriminé, parce que victime de cette haine de l’autre qui est une haine de soi et la perdition de l’humanité ? Oui, son réveil, fût-ce contre une mauvaise part d’elle-même, cette servitude où la grandeur d’une nation s’égare dans l’obéissance au mensonge, à la forfaiture, voire au crime ? Cette grandeur a un nom devenu universel, celui d’Alfred Dreyfus, cette affaire anticipatrice de la catastrophe européenne où la France républicaine finira par se dresser contre l’honneur dévoyé de sa politique et de son armée pour sauver l’honneur de son peuple. Un dreyfusard, qui n’hésitait pas à se placer du point de vue du « salut éternel de la France », eut alors les mots que la France aurait pu prononcer, en ce 7 avril 2014, à Kigali en demandant pardon aux victimes d’un génocide qu’elle a laissé venir et laissé faire. Il se nommait Charles Péguy, et il disait ceci : « Une seule injustice, un seul crime, une seule illégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l’humanité, une seule injure à la justice, et au droit surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social, une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre, d’honneur, à déshonorer tout un peuple. »

 

8 avril, Politis, Denis Sieffert

http://www.politis.fr/Rwanda-Le-retour-d-un-debat-sans,26498.html#forum30452

La France doit montrer sa volonté de faire toute la lumière sur son rôle pendant le génocide.

À l’évidence, les accusations lancées par Paul Kagamé contre la France répondent à des préoccupations politiques aussi actuelles que cyniques, comme l’analyse fort bien Rony Brauman. Il n’empêche que le soupçon ne pourra être dissipé – s’il peut l’être – que si la France donne tous les moyens de l’investigation à des chercheurs et des historiens indépendants. Il y a déjà des certitudes, peu glorieuses, mais hélas conformes aux pratiques de la « Françafrique », comme le soutien, y compris militaire, au régime en place. La « complicité », si l’on peut employer ce mot, avant le 7 avril 1994, date du début des exterminations, ne fait donc aucun doute. Mais pendant le génocide ? Et après ? L’opération « Turquoise », entamée le 22 juin, n’a-t-elle été qu’une mission d’interposition ? Mais que veut dire « interposition » alors que le massacre est au comble de l’horreur ? Les soldats français ont-ils « laissé faire » ? Ont-ils, à Bisesero notamment, « tardé » à intervenir alors que des rescapés tutsis étaient à la merci des tueurs ? Et si tel est le cas, où finit l’impuissance et où commence la complicité ? …

 

8 avril, Humanité : Rosa Moussaoui

http://www.humanite.fr/vingt-ans-apres-le-genocide-la-france-senfonce-dans-le-deni

Vingt ans après le génocide, la France s’enfonce dans le déni … Paris campe sur le déni de ses complicités, en 1994, avec les forces génocidaires…

 

8 avril, AFP : Annie Thomas

http://blogs.afp.com/makingof/?post/rwanda-couvrir-un-genocide

… Journalistes mis en cause : Journalistes français, nous avons été mis en cause. Moi un peu, Jean Hélène beaucoup, du fait de l’audience des médias pour lesquels il travaillait. Ce dont il a beaucoup souffert. Les mots, les expressions, les tournures de phrase de nos papiers ont été analysés, décortiqués. Forcément, nous n’étions pas objectifs, forcément nous avions de la sympathie pour le petit peuple hutu francophone aux prises avec les rebelles tutsi anglophones. Forcément aussi, nos sources ne pouvaient être que françaises et nous étions associés à la propagande génocidaire. J’ai lu un jour sur une pancarte lors d’une manifestation à Kigali: « AFP Interahamwe », en référence à la milice hutu responsable de la plupart des massacres. De la part de gens qui ont dépassé toutes les limites imaginables de la souffrance, perdu toute leur famille, je peux tout comprendre. Mais nous avons aussi été mis en cause par des observateurs plus ou moins au fait du dossier, qui pour certains n’avaient jamais mis les pieds dans les Grands Lacs…

 

8 avril, Paris Match : Clément Mathieu avec Reuters

http://www.parismatch.com/Actu/International/Rwanda-20-apres-la-France-accusee-558686

… Avant le début du génocide, la France soutenait le régime d’Habyarimana, dont la tendance dure du parti n’a jamais vraiment caché ses intentions. Pour Paris, la lutte oppose la puissance française en Afrique à la puissance anglo-saxonne (la rébellion Tutsi était soutenue par l’Ouganda voisin). La France a notamment fourni du matériel militaire, et formé des troupes de l’armée régulière comme la gendarmerie à ceux qui mèneront le génocide. Trois mois après le début des massacres, la France lance l’opération Turquoise. Il s’agit officiellement de protéger les populations menacées par le génocide et le conflit. On évoque aujourd’hui un attentisme des forces françaises, voire une passivité coupable face à certains massacres. La France aurait également protégé des dignitaires du régime Hutu alors en déroute…La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a remercié les délégations étrangères présentes et ajouté dans son discours, à propos de la France : «Le Rwanda a beaucoup de bons amis en France. Certains d’entre eux sont présents aujourd’hui et nous les accueillons chaleureusement». Lundi matin sur France Inter, elle avait elle aussi mis en cause le gouvernement français d’alors. «Le gouvernement rwandais de l’époque qui préparait le génocide depuis le début des années 90 était conseillé étroitement par des conseillers français», a-t-elle dit. «Il n’est pas possible d’imaginer une situation où il y a cette collaboration et il n’y a pas complicité».

 

8 avril, Guardian : Chris McGreal

http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/apr/08/catholic-church-apologise-failure-rwanda-genocide-vatican?CMP=twt_gu

The Catholic church must apologise for its role in Rwanda’s genocide…

 

7 avril, Arté : Eric Nzabihimana, rescapé de Bisesero

http://info.arte.tv/fr/interview-rwanda

C’était à la fin du mois de juin 1994, je discutais avec un militaire français basé à Bisesero, prénommé Eric lui aussi. Nous avons partagé un verre dans son « trou ». Il m’a dit qu’ils n’étaient pas venus pour nous sauver, ce n’était pas leur mission. Ils étaient là pour épauler le gouvernement en place, le gouvernement des génocidaires. Il m’a dit que c’était trop tard pour les Tutsi. Mais que ça devait rester un secret entre lui et moi. Les militaires français faisaient semblant de désarmer les FAR (militaires hutu, ndlr) dans le camp de Bisesero, pour leur remettre des armes dans un village un peu plus loin à Gishyita. .. j’ai vu des militaires français remettre des armes au FAR. .. Le 27 juin, les Français sont venus à Bisesero, nous leur avons demandé de nous secourir parce que nous étions en danger. Ils ont dit qu’ils n’étaient pas prêts et ils ont fait demi tour vers Kibuye. Ils sont revenus trois jours plus tard. Ils nous ont abandonnés le 27. Les tueries ont duré trois jours, les 28, 29 et 30. Les Français sont revenus le 30 au soir. .. Nous les avons suppliés, nous leur avons demandé de nous amener à Kibuye, ils ont refusé. Et ils nous ont laissés à la merci des tueurs. .. Nous sommes allés en justice contre les militaires français. Parce qu’à cause d’eux nous avons perdu beaucoup des nôtres. Nous avons déposé plainte en 2005. Nous avons été appelés à voir le juge en 2013, mais il n’y toujours pas de suite pour le moment.

 

7 avril, Nouvel Observateur : Laurent Joffrin

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140407.OBS2897/rwanda-800-000-morts-et-une-nouvelle-victime-la-verite.html

… Le président du Rwanda Paul Kagamé accuse la France d’avoir participé directement au massacre, alors même qu’il ne dispose d’aucune preuve tangible permettant d’accréditer ses dires. En France, à l’inverse, une partie des politiques, des militaires et des observateurs accuse le dictateur rwandais d’être le coresponsable de la tragédie. Dans leur souci obsessionnel de disculper la France, son gouvernement, son armée, ils en viennent à détourner le débat, à diffuser des écrans de fumée, à relativiser le génocide pour le ranger dans la longue série des massacres ethniques réciproques qui ont ravagé ce continent. Il faut donc rappeler les faits établis, qui sont une terrible leçon pour le monde d’aujourd’hui. .. La France a soutenu le président Habyarimana, entraîné son armée, prêté certains de ses officiers au régime de Kigali. De même l’opération Turquoise, décidée par le gouvernement français alors que le génocide était à l’œuvre depuis plusieurs semaines, si elle a sauvé des vies, a aussi permis à certains responsables hutus du génocide de s’enfuir à l’étranger. Il ne s’ensuit pas, à l’inverse de ce qu’avance le président Kagamé, que des soldats français aient pris une part active à la tuerie. Mais la proximité des militaires français avec les responsables et les soldats rwandais qui ont participé au massacre restera une tache honteuse dans l’histoire des relations entre la France et l’Afrique. .. Pour préserver son influence dans la région des Grands Lacs, la France se retrouve maintenant au banc des accusés. Elle a été impuissante à prévenir ou à limiter le dernier génocide du XXe siècle et elle a perdu de surcroît toute influence dans cette zone. Selon les critères de la realpolitik, son action au Rwanda n’a été ni réaliste, ni politique. Selon des critères humanitaires, elle a été désastreuse. ..

 

7 avril, Médiapart : François Bonnet

http://www.mediapart.fr/journal/international/070414/des-1990-lelysee-est-informe-du-projet-de-genocide

http://www.francerwandagenocide.org/documents/BonnetFrancoisMediapart7avril2014.pdf

Or, et c’est là le point clé, la France ne peut ignorer ce projet génocidaire. Car, dès 1990, les alertes sont faites. Elles se multiplieront ensuite, venues de militaires, des agents de la DGSE, des diplomates et des ONG. En 1993, un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) avec trois autres organisations humanitaires documente parfaitement les massacres survenus en 1992, premier acte du génocide. Que fait la diplomatie française? Elle s’inquiète de son retentissement médiatique; la politique française restera inchangée… Les alertes se font-elles encore plus détaillées, lorsqu’il est, par exemple, signalé l’achat de cargaisons entières de machettes à la Chine? Il ne se passe rien de plus. C’est ce naufrage politique français que documente le livre de Benoît Collombat et David Servenay. Le choix initial de François Mitterrand n’est jamais contesté ni même questionné durant ces quatre années qui précédent la catastrophe. À partir de 1993, le régime de cohabitation ne vient pas plus remettre en question cette politique. François Mitterrand, sa cellule Afrique, son fils Jean-Christophe Mitterrand, Hubert Védrine, Édouard Balladur, François Léotard, Alain Juppé, son directeur de cabinet Dominique de Villepin, et l’état-major de l’armée, tous persistent dans leur soutien au régime criminel. Un seul homme prend ses distances en envoyant deux notes très critiques à François Mitterrand: Pierre Joxe, lorsqu’il est ministre de la défense avant 1993. Son avis n’est pas écouté. .. Dans un télégramme diplomatique déclassifié du 15 octobre 1990, l’ambassadeur Martres évoque clairement la crainte d’un génocide de la part de la population tutsi: «Cette victoire militaire [du FPR], même partielle, lui permettrait d’échapper au génocide. […] Les Tutsi sont convaincus que si la victoire du pouvoir actuel était totale, le départ des troupes françaises et belges aurait pour résultat d’aggraver la répression et les persécutions et conduirait à l’élimination totale des Tutsi.» … Le 24 octobre, l’attaché de défense à Kigali reconnaît, lui aussi, ce risque génocidaire contre les Tutsi qu’il lie directement à une victoire militaire du FPR et à la mise en place d’un «royaume tutsi». «Ce rétablissement avoué ou déguisé [d’un royaume tutsi] entraînant, selon toute vraisemblance, l’élimination physique à l’intérieur du pays des Tutsi, 500000 à 700000 personnes, par les Hutu 7000000 d’individus», écrit le colonel Galinié4.La diplomatie française est également parfaitement au courant des appels au meurtre lancé parla revue des extrémistes hutu Kangura(«Réveillez-le!»), destinés à préparer les esprits au génocide. Dans le numéro du 6décembre 1990 de Kangura, figure en toutes lettres «les dix commandements du Hutu», ordonnant notamment de «cesser d’avoir pitié» des Tutsi. Le texte est publié en français avec une grande photo de François Mitterrand, et cette légende: «Un véritable ami du Rwanda. C’est dans le malheur que les véritables amis se découvrent.» « L’atrocité du génocide était bien connue » «Le génocide était prévisible dès cette période, sans toutefois qu’on puisse en imaginer l’ampleur et l’atrocité», déclare Georges Martres devant la Mission d’information sur le Rwanda. «Certains Hutu avaient d’ailleurs eu l’audace d’y faire allusion. […] Le génocide constituait une hantise quotidienne pour les Tutsi.» Un cruel constat sur lequel l’ancien ambassadeur s’appuie… pour mieux justifier le soutien de la France au régime Habyarimana, qui n’avait rien, à ses yeux, rien d’«inconditionnel». «C’est donc dans l’unique but d’éviter les pires débordements que la présence militaire française a été maintenue5», conclut le diplomate. De la même manière, les signes annonciateurs du pire remontent vers son homologue belge. Dès le 27 mars 1992, l’ambassadeur belge à Kigali, Johan Swinnen, transmet à son ministre, Willy Claes, un télex révélant l’existence d’un état-major secret«chargé de l’extermination des Tutsi […] afin de résoudre définitivement, à leur manière, le problème ethnique au Rwanda et d’écraser l’opposition hutue intérieure6.»La France pouvait-elle l’ignorer? Cela paraît difficilement imaginable.«Il serait excessif de dire que les services de l’ambassade étaient conscients de la gravité des événements à venir et du risque de génocide », assure, de son côté, Jean-Michel Marlaud, ambassadeur de France à Kigali de mai 1993 à avril 1994 7.«Tout le monde savait qu’il y avait une énorme perspective de massacre», avant le début du génocide reconnaît pourtant Hubert Védrine, tout en indiquant dans la foulée que «la France, seule au monde, alors que les autres pays s’en fichaient complètement, a essayé d’enrayer cet engrenage diabolique8.» Quant à la Mission d’information parlementaire, elle conclut que «l’hypothèse d’un génocide était, au début de l’année 1994, devenue plausible mais non probable». Une façon de minimiser la responsabilité de la France dans la connaissance de cette escalade génocidaire, pourtant bien documentée par ses diplomates. Peut-être aussi une manière d’établir une sorte de «cordon sanitaire» vis-à-vis des militaires envoyés au Rwanda pour appuyer le régime de Kigali. Sans vouloir refaire l’Histoire, en relisant le passé avec nos lunettes d’aujourd’hui, il semble difficile de nier qu’un véritable «État génocidaire» était alors en 1992-1993 en train de se mettre en place au Rwanda. Un processus qui s’est accéléré après le retour d’une séance de négociations à Arusha, le 8 janvier 1993, du colonel Bagosora annonçant qu’il«rentre pour préparer l’Apocalypse». Trois mois plus tard, les extrémistes Hutu créent leur propre radio, la RTLM. Toute l’économie du pays se met alors également au service du génocide. À partir de 1993, l’aide au développement est détournée pour acheter des armes à feu ou des machettes, commel’ont minutieusement démontré dans un rapport rendu public en 1996 le sénateur belge Pierre Galand et l’expert en finance internationale canadien Michel Chossudovsky12. Bien avant le mois d’avril 1994, on voyait une montée des tensions et de la violence», se souvient la journaliste Colette Braeckman. «Ce n’était pas une violence isolée. On pouvait déceler, notamment dans les massacres de Nyamata, dans le Bugesera, en 1992, qu’il y avait là une organisation étatique. Les ordres partaient du haut de la pyramide avant d’être transmis jusqu’aux différentes cellules chargées des massacres, via les bourgmestres. Il y avait une organisation parallèle, violente, qui commettait des tueries, des exécutions. Le schéma était déjà posé. L’ampleuret l’atrocité du génocide étaient bien connues. Tout le monde le voyait13.» En 1993, la FIDH, en lien avec trois autres organisations humanitaires14, décide de se rendre au Rwanda pour prendre la mesure de la situation. Après avoir passé deux semaines sur place (du 7 au 21 janvier), les ONG n’ont plus aucun doute: un génocide a bien débuté contre les Tutsi et les Hutu soupçonnés de complicité avec le FPR. La FIDH révèle également l’existence d’«escadrons de la mort», en lien avec le président Habyarimana, son épouse et les ultras du régime.

«Des actes de génocide ont été perpétrés dans votre pays à l’encontre de l’ethnie tutsi, avec la participation d’agents de l’État et de militaires des Forces Armées rwandaises», écrit alors le président de la FIDH, Daniel Jacoby, à Juvénal Habyarimana, en l’implorant d’«arrêter immédiatement les tueries». Avant même la publication officielle du rapport des ONG, en mars 1993, les autorités françaises sont alertées. Le président de l’association Survie, Jean Carbonare, membre de cette mission d’enquête, prévient l’ambassadeur de France, qui en réfère immédiatement au conseiller Afrique de l’Élysée, Bruno Delaye.«Quoiqu’elle se soit heurtée à de nombreux obstacles (notamment menaces et intimidations contre les personnes qui l’ont guidée dans le pays [la mission de la FIDH] a collecté une quantité impressionnante de renseignements sur les massacres qui se sont déroulés depuis le début de la guerre d’octobre 1990 et plus particulièrement sur ceux des Bagowe (groupe de l’ethnie tutsi)», écrit Georges Martres. L’ambassadeur explique que la mission a également «obtenu les aveux d’un membre « repenti » des « escadrons de la mort », Janvier Afrika, actuellement détenu à la prison de Kigali pour d’autres crimes. Ces aveux démentent la thèse officiellement adoptée jusqu’ici selon laquelle ces violences ethniques ont été provoquées par les réactions de la population aux attaques du FPR perçues avant tout comme venant des Tutsi.» … Face au soutien inaltérable de la France au régime Habyarimana, les services de renseignement semblent totalement impuissants à influer sur la décision politique. À lire leurs notes, ils sont pourtant plus réalistes et clairvoyants que les hommes de l’Élysée. «Le Rwanda a suscité beaucoup d’amertume au sein de la boîte, relève Alain Chouet en évoquant ses années à la DGSE. Quand vous dites pendant des années: «Chef, chef, vous vous trompez de tribu» et que personne ne vous écoute… Joxe nous écoutait, mais il n’avait pas vraiment voix au chapitre, sur ce dossier qui était directement traité à l’Élysée et par l’état-major particulier de la Présidence30 Ainsi, lors du lancement de l’opération Turquoise, la DGSE a cette phrase éloquente et visionnaire: «Quelle que soit l’option retenue, le danger est grand pour la France de se voir accuser, au mieux de n’avoir pu remplir la mission qui lui avait été confiée, au pire de passer pour complice de l’actuel gouvernement rwandais31.» … Ainsi, à la fin de l’opération Turquoise, la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la Défense rédige une note de synthèse de trois pages (classée «confidentielle défense») consacrée au rapport de la FIDH publié… un an et demi plus tôt ! Comme si un certain questionnement, teinté d’inquiétude, commençait à gagner les rouages de l’État. Après un résumé très précis des mécanismes du génocide décrits par les ONG, le rédacteur de la note s’interroge : « Il est certain que la crise actuelle au Rwanda, à la lecture de ce rapport pose de multiples questions pour l’avenir de la politique africaine de la France. […] Pourquoi la crise rwandaise a-t-elle occupé une place si disproportionnée dans la politique africaine de la France ? La France ne devait-elle pas prendre plus tôt ses distances vis-à-vis du régime Habyarimana? » Le directeur général-adjoint de la Délégation aux affaires stratégiques poursuit: «Au regard de la responsabilité dans les massacres des Forces armées rwandaises et de la Garde présidentielle, que la France a largement contribué à structurer, peut-on imaginer pour l’avenir des formes de coopération en particulier militaires, qui évitent ces dérives et s’adaptent mieux aux nouvelles caractéristiques des crises ? […] L’organisation des mécanismes qui allaient être à l’origine des massacres de 1994 depuis le plus haut niveau de l’État rwandais (Présidence de la République, état-major des armées) oblige à s’interroger sur les capacités de s’informer qu’avaient les représentants des administrations françaises présents dans les différentes sphères de pouvoir rwandais ainsi que sur les conditions d’information des pouvoirs publics français43.» «Au Rwanda, nous avons agi par ignorance et suffisance, estime, avec le recul, l’ancien chef de mission de coopération au Rwanda, Michel Cuingnet. Nous savions qu’Habyarimana était un dictateur faible et criminel. En définitive, nous avons confié aux militaires un rôle qui n’aurait dû appartenir qu’aux politiques et aux parlementaires 44

 

7 avril, Nouvel Observateur : Jean-Baptiste Naudet et Christophe Boltanski

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140404.OBS2776/la-france-a-t-elle-menee-une-guerre-secrete-au-rwanda.html

Jusqu’à maintenant, son (de Mitterrand) chef d’état-major particulier, le général Christian Quesnot, dénonce l’action occulte de « la CIA [ …] très engagée en Ouganda et auprès de Kagamé »L’amiral Jacques Lanxade, le patron des armées, parle, lui, d’une « offensive ougando-tutsie. » Pour le président et son entourage, il s’agit d’une agression extérieure. A cette querelle ethnique s’ajoute la volonté de puissance du président de l’Ouganda, qui appartient à l’ethnie tutsie et qui représente l’Afrique anglophone, pas mécontente d’enfoncer un coin dans la francophonie », explique Mitterrand à ses ministres le 3 mai 1993. Ce n’est plus un combat entre un régime et des insurgés, mais une lutte ancestrale, une haine atavique, entre deux ethnies : l’une majoritaire et endogène, les Hutus, l’autre, apatride et manipulée. Oubliées, les divisions, les fractures politiques et régionales de la société rwandaise. Autant d’assertions démenties par Claude Silberzahn, qui, à l’époque, dirige la DGSE. « Il n’y avait aucune influence anglo-saxonne ! Il était au contraire très difficile d’intéresser les Américains au continent africain. Ce n’était pas davantage une agression extérieure. Le FPR, même s’il disposait d’armes et de munitions ougandaises, était formé presque exclusivement de Rwandais. » Et l’ancien patron des renseignements français de conclure : « Nous nous sommes bagarrés contre l’implication de notre pays au Rwanda. Peut-être pas assez. En tout cas, en vain. » … Pour Pierre Joxe, le ministre de la Défense, il faut changer de politique. Habyarimana, écrit-il à Mitterrand le 26 février 1993, « se sent à présent l’un des dirigeants africains les mieux protégés par la France. Ce n’est pas la meilleure façon de l’amener à faire les concessions nécessaires. Or il est, par son intransigeance politique et son incapacité à mobiliser sa propre armée, largement responsable du fiasco actuel. Le seul moyen de pression un peu fort qui nous reste – l’intervention directe étant exclue – me semble l’éventualité de notre désengagement. » C’est le contraire qui se passe, comme on l’a vu avec l’opération Chimère. « Le président a tranché », selon le général Quesnot. La France demandait la démocratisation du régime, mais sans jamais y subordonner son aide militaire », constate le rapporteur Pierre Brana. Paris s’intéresse-t-il vraiment au processus d’Arusha ? L’ambassadeur envoyé par le Quai-d’Orsay pour suivre les négociations en Tanzanie regagne l’Hexagone au bout de quelques semaines. Jean- Christophe Belliard, un excellent diplomate, promis à un bel avenir, le remplace. Mais il n’est alors que premier secrétaire au poste de Dar es-Salaam. Par contraste, Bruxelles dépêche son directeur Afrique, et Washington, un ambassadeur. Les accords finissent par être signés, le 4 août 1993. A l’Elysée, on les juge trop favorables au FPR : « De fait, les forces armées rwandaises passaient sous la coupe de Kagamé. On considérait que ce n’était pas acceptable pour les Hutus », déclare le général Quesnot. Au Rwanda, la diplomatie passe toujours au second plan. « Ce sont nos militaires qui prennent les choses en main, poursuit Claude Silberzahn. Mitterrand leur laisse ce terrain de jeu qui fait leur bonheur. Le prix devra en être acquitté plus tard ». .. Le 27 avril, deux des hommes les plus compromis, Jérôme Bicamumpaka, qui détient le portefeuille des Affaires étrangères, et Jean-Bosco Barayagwiza, chef de la Coalition pour la Défense de la République (CDR), un parti extrémiste, se rendent à Paris et rencontrent le président Mitterrand, le Premier ministre Edouard Balladur, le chef de la diplomatie Alain Juppé. .. D’autres émissaires viennent à Paris. Des officiers, cette fois. Le colonel Cyprien Kayumba, qui s’occupe des achats d’armes. Ephrem Rwabalinda, chef d’état-major adjoint. Leur interlocuteur ? Le général Jean-Pierre Huchon, patron de la Mission militaire de Coopération. La France a-t-elle procuré du matériel militaire à Kigali malgré l’embargo onusien ? Interrogé par les journalistes Benoît Collombat et David Servenay, Edouard Balladur jure d’avoir mis le « holà aux livraisons officielles », mais ne garantit pas qu’il « n’y a rien eu du tout » par d’autres canaux (2). Comme celui de Paul Barril, l’ex-gendarme qui, le 28 mai, s’engage à fournir des obus, des grenades, des cartouches et des hommes pour une valeur de 3 millions de dollars, au su et au vu des autorités ? « Je me doutais qu’il trafiquait, indique le général Christian Quesnot. J’ai fait dire à tout le monde qu’il n’était pas mandaté. » … La tâche honteuse sur l’opération (Turquoise), c’est Bisesero. Alertés par la presse, les militaires français découvrent près de 2 000 Tutsis cachés sur ces collines. Quand ils interviennent, trois jours plus tard, la moitié d’entre eux ont été massacrés. La hiérarchie prétend n’avoir pas été informée. Des éléments montrent le contraire. La polémique fait toujours rage. En 2005, des Rwandais ont porté plainte devant le tribunal aux armées de Paris.

 

7 avril, France Inter : Benoit Collombat, Jean-Hervé Bradol, Joseph Kagabo (audio)

http://www.franceinter.fr/emission-le-telephone-sonne-20-ans-apres-le-genocide-rwandais

 

7 avril, Le Monde, Christophe Ayad (interrogé par Joséfa Lopez) (Vidéo 4min39)

http://www.lemonde.fr/afrique/video/2014/04/07/genocide-rwandais-de-quoi-la-france-est-elle-accusee_4397047_3212.html

 

7 avril, Le Monde : édito sur archives

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/07/france-rwanda-il-est-grand-temps-d-ouvrir-les-archives_4396889_3212.html

il est grand temps d’ouvrir les archives … Que le président rwandais ne soit pas le mieux placé pour poser la question du rôle de la France dans la tragédie de 1994 ne signifie nullement que cette interrogation soit illégitime. Au contraire : vingt ans après l’extermination des Tutsi, il est plus que temps, pour notre pays, de faire toute la lumière sur sa politique et l’action de ses soldats sur le terrain, pendant le dernier génocide du XXe siècle. En 1998, une mission d’information parlementaire n’avait retenu que des « erreurs d’appréciation » et des « dysfonctionnements institutionnels ».Aucune preuve formelle n’existe de l’implication de soldats français dans les tueries. Mais des travaux d’historiens, des témoignages ont, depuis lors, multiplié les doutes, amplifié les questions et renforcé l’exigence d’un débat public. Alliée indéfectible du régime pro-Hutu qui allait commettre le génocide, la France de François Mitterrand, soucieuse de défendre son « pré carré » africain, l’a aidé jusqu’au bout à s’opposer militairement à l’offensive des Tutsi de Paul Kagamé. Jusqu’aux hallucinantes réunions, à l’ambassade de France, des extrémistes hutu organisant les massacres. Ce passé-là, qui décidément « ne passe pas », doit être interrogé ; de même que les ambiguïtés de l’opération « Turquoise », affichant une prétendue « neutralité » en plein génocide ; ou la protection dont ont bénéficié, pendant des années, d’anciens génocidaires sur le sol français. De Vichy à la guerre d’Algérie, il a fallu des décennies pour que la France soit capable d’affronter les vérités dérangeantes et éclairer les pages sombres de son histoire. Vingt ans ont passé, et il est grand temps, même si M. Kagamé n’y aide guère, d’ouvrir les archives et de faire entrer ce génocide dans l’Histoire. Non pour l’oublier, mais pour passer des anathèmes à la complexité, des mémoires à vif aux méthodes historiques. Pour en tirer aussi toutes les leçons d’actualité sur l’impérieuse nécessité de transparence de la politique africaine de la France, du Mali à la Centrafrique.

 

7 avril 14, Rue89 : David Servenay (chat) auteur « Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda » avec B Collombat

http://rue89.nouvelobs.com/2014/04/07/rwanda-jai-enquete-les-responsabilites-france-posez-questions-251290

(Kagamé) ne fait que répéter, avec un sens aiguë du « timing », les accusations proférées il y a dix ans, au moment des commémorations de 2004. .. il y a bien une sorte de hiérarchie dans le groupe d’hommes responsables de la politique de François Mitterrand sur le Rwanda. Dans le livre, nous décrivons ces « trois cercles du pouvoir » comme suit : Le premier cercle est « politique », composé des très proches conseillers du président de la République : son fils, Jean-Christophe, conseiller Afrique, le chef d’état-major particulier, le général Christian Quesnot et le secrétaire général de l’Elysée, Hubert Védrine. Le deuxième cercle est composé de haut-fonctionnaires et officiers supérieurs, au Quai d’Orsay, à l’état-major et au ministère de la Coopération. Ces gens jouent un rôle essentiel car ils sont l’interface entre les concepteurs du premier cercle et les opérationnels de terrain. Le troisième cercle est composé d’officiers déployés au Rwanda, dans la chaîne hiérarchique politico-militaire. Ce sont la plupart du temps des hommes des Forces spéciales et des gendarmes. Mais aussi quelques diplomates comme l’ambassadeur Georges Martres. Vous trouvez aussi des « exécutants » comme Paul Barril, qui agit en « privé » au Rwanda, avec le feu orange des autorités, en particulier des services de renseignements qui le « traitent » et le suivent de près … il y a eu des livraisons d’armes aux FAR bien après l’embargo de l’ONU, sur Goma en particulier au Zaïre, en mai, juin et juillet. Notamment par le biais d’un privé nommé Dominique Lemonnier et sa société Mil Tech Corporation, basé à l’île de Man. Il a en particulier fait livrer des armes israéliennes. Il y a des documents attestant de ces opérations, mais aussi de nombreux témoignages. Il faut aussi savoir qu’au moment de l’opération Turquoise, l’armée française a fait appel à une noria de trafiquants d’armes pour assurer la logistique de l’opération, car elle manquait d’avions gros porteurs. Nous le détaillons abondamment dans le livre.

 

6 avril, Benoit Collombat co-auteur avec David Servenay de ‘Au nom de la France – Guerres secrètes au Rwanda’ (audio, interview par Franck Alexandre)

http://www.rfi.fr/emission/20140406-nom-france-guerres-secretes-rwanda-benoit-collombat-david-servenay/

 

6 avril, Jeune Afrique : Laurent Touchard

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140404174812/rwanda-genocide-tutsi-hutu-blog-defense-une-histoire-du-genocide-rwandais-1-contexte-historique-et-intentions.html

… À l’Élysée, l’idéologie nationaliste mitterrandienne se crispe dans des réflexes qui conduisent à la cécité intellectuelle. Le FPR bénéficie d’un important soutien de l’Ouganda ? C’est la preuve que les Américains sont derrière et veulent gagner en influence en Afrique francophone via le Rwanda. Dès lors, il faut s’opposer au FPR, coûte que coûte, pour résister à l’hégémonie de Washington. En outre, colle à la peau des Tutsis l’image d’une élite sociale favorisée par les ex-colons belges. Une élite minoritaire qui voudrait imposer sa loi à la majorité tutsie. François Mitterrand, ami d’Habyarimana, n’aime pas cela. L’APR/FPR sera donc qualifié à l’Elysée de bande de « khmers noirs » armés par l’Ouganda et instrumentalisés par les États-Unis. Peu importe les incohérences de l’analyse, l’absence de nuances pourtant essentielles dans l’appréhension de ce genre de conflits. En dépit des recommandations de prudence de certains membres de la DGSE, Mitterrand fait le choix d’Habyarimana, le « despote éclairé ». Amaurose du chef de l’État français qui se conjugue avec une effarante naïveté, vaguement empreinte de paternalisme. Mitterrand estime peut-être qu’un soutien indéfectible à Kigali amènera son homologue rwandais à négocier avec l’opposition. Mais il surestime gravement la réalité du pouvoir de Juvénal Habyarimana, tout en sous-estimant le machiavélisme et la capacité de nuisance des clans qui gravitent autour de ce pouvoir. Manque de clairvoyance d’autant plus ahurissant que François Mitterrand est décrit comme un maître de la stratégie politique. Manque de clairvoyance et subjectivité. En effet, s’il s’agit de favoriser l’avènement d’une démocratie universelle au Rwanda, pourquoi ne pas avoir également soutenu l’action des modérés du FPR ? Ainsi, en maintenant sa confiance aux responsables qui succèdent à Habyarimana, alors que le sang de dizaines de milliers d’êtres humains irrigue déjà la terre rwandaise, l’État français se rend coupable de bien davantage que de simples « erreurs d’appréciation ». Pléthore de documents déclassifiés le crient. Pourtant, certains rejettent cette politique. Sous la houlette d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, le gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur s’efforcera de corriger certaines de ces erreurs. Mais… Maladroitement, en décalage avec le terrain, de manière trop timorée et sans véritable projet. Il est trop tard ; les précédentes tentatives conciliatrices du FPR ont échoué et l’organisation rebelle ne croit plus en la sincérité française. Echaudé, il considère désormais la France comme ennemie. Quant à la machine de la haine des extrémistes hutus, elle est sous tension depuis trop longtemps. .. La mission des militaires français est d’autant plus difficile qu’elle implique de contrer un ennemi qui ne devrait pas en être un, pour elle : l’APR/FPR. Le contrer pour protéger des « amis » qui ont exécuté des centaines de milliers de gens. Au milieu du flot inimaginable des réfugiés hutus, subsistent encore des îlots de Tutsis. Rescapés des massacres précédents, ils s’efforcent désespérément d’échapper aux Hutus génocidaires… Comme à Biserero. Le dispositif français est insuffisant pour « gérer » un tel chaos. Les réponses données à la situation de crise ne sont pas satisfaisantes. Le royaume de la confusion où les 2 550 Français et les 500 Africains qui composent le contingent sont dépassés. Si les motifs qui conduisent à lancer l’opération Turquoise relèvent de l' »humanitaire orienté », sur le terrain beaucoup de militaires feront de leur mieux. Certains désobéiront même à des ordres qui leur apparaissent dénués de sens, sauvant ainsi quelques survivants. Trop peu, oui…

 

5 avril, Courrier de Genève : Jacques Morel auteur de ‘La France au cœur du génocide des Tutsis,
(1500 pages : http://francerwandagenocide.org/documents/FranceCoeurGenocideTutsi-IP.pdf)

http://www.lecourrier.ch/119854/la_france_est_complice_du_genocide

… Oui, c’est un élément fondamental. Le document dit expressément que l’armée rwandaise élimine les opposants et les Tutsis. Il faut savoir que la veille, après l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, plusieurs ministres et personnalités influentes du pouvoir rwandais se sont réunis à l’ambassade de France. Ils y ont convenu de la formation d’un nouveau gouvernement dans lequel le FPR était absent alors que cinq sièges lui étaient attribués en vertu des accords de paix d’Arusha. Pour moi, cela montre l’énorme responsabilité de la France. Sur 21 ministres de ce gouvernement, 17 ont été accusés de génocide au TPIR. .. Le 9 avril, un avion militaire français débarque des armes pour l’armée rwandaise. Plus tard, au cœur du génocide, des avions ont amené des armes à Goma, à destination du pouvoir rwandais. Ce n’était pas officiellement des livraisons de l’armée française. Mais je pense que c’est bien la France qui est derrière. Un indice nous est donné par le cas Cyprien Kayumba. Ce colonel rwandais a passé plusieurs semaines à Paris en avril. En collaboration avec le général Jean-Pierre Huchon, du ministère français de la Coopération, il a acheté des armes à une société anglaise, Mil-Tec, et a sollicité un marchand d’armes basé à Annecy, un certain Lemonnier, pour les payer. .. Oui, la justice dispose d’un contrat entre l’ex-numéro 2 de la cellule anti-terroriste de l’Elysée Paul Barril et Jean Kanbanda, le premier ministre rwandais de l’époque, par lequel le Français s’engage à fournir une vingtaine d’hommes et des armes au gouvernement. Il semble que Barril ait été envoyé pour former des commandos français au Rwanda pendant le génocide. Barril a affirmé qu’il continuait à travailler pour François Mitterrand par l’intermédiaire de François de Grossouvreet et cela n’a pas été contredit. Le journal Le Monde signalait le 28 juin 1994 des contacts entre le cabinet du ministre de la Coopération, Michel Roussin, et Paul Barril. Le lieutenant colonel rwandais Laurent Serubuga est en France. Une plainte a été déposée contre lui. Il est très probable qu’il ait été impliqué dans le complot contre le président Habyarimana. Serubuga pourrait, pour se défendre, se retourner contre les Français qui collaboraient avec lui. La France a donc tout intérêt à laisser traîner l’instruction de ces dossiers. Il y a également une plainte de six Rwandais pour génocide devant le Tribunal aux armées français. Mais elle date de 2005 et il n’y a encore eu aucune mise en examen. En France, beaucoup de gens qui paraissent de bonne volonté font tout pour que ce genre de plaintes n’aboutisse pas. On peu difficilement accepter que son pays soit reconnu complice de génocide.

 

5 avril, Courrier de Genève : Chistophe Koessler

http://www.lecourrier.ch/119953/rwanda_paris_dans_le_deni

Rwanda Paris dans le déni … Il est plus que temps de faire toute la lumière sur cette question. La levée du secret défense sur les archives officielles françaises et le déblocage de procédures judiciaires clefs, comme celle concernant l’ex-gendarme et barbouze Paul Barril, sont les premiers pas pour établir la vérité historique.

 

Entre 2 et 5 avril, Patrick de Saint-Exupéry (vidéo) (résumé général)

http://www.dailymotion.com/video/x1lval0_20e-comme-moration-du-ge-nocide-des-tutsi-au-rwanda-rencontre-avec-patrick-de-saint-exupe-ry_news?start=61

… La France a été condamnée pour obstruction de la justice par la cour européenne des droits de l’homme sur les affaires rwandaises… les ainés sont en train d’essayer de gagner du temps… ils essayent de faire basculer les responsabilités sur les générations suivantes… la politique a été secrète… la politique a été mené par un groupe… point à résoudre… si c’est un groupe d’une trentaine d’homme au nom de la France, on peut leur poser des questions… ensuite la justice peut se mettre en œuvre… quels erreurs ? … les excuses ca ne veut rien dire… responsabilité individuelle ou collective ?

 

5 avril, l’Express, Jean-François Dupaquier (par Karim Ben Said)

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/rwanda-sans-le-soutien-de-paris-au-regime-habyarimana-le-genocide-n-aurait-pas-eu-lieu_1506229.html

Q – La France refuse toujours de déclassifier les documents relatifs au Rwanda. Faut-il y voir un aveu de culpabilité? JFD : Absolument. D’autant plus que les archives que la France refuse de dévoiler, portent sur la période charnière de l’histoire de la présence française au Rwanda. Pour le peu qu’on en sache, ces documents sont absolument accablants. Les protagonistes cherchent à ce que ces archives ne soient pas dévoilées de leur vivant. Q – Que peuvent contenir ces documents? JFD : Ce ne sont bien évidemment que des supputations, mais ces documents pourraient contenir la preuve que la France connaissait parfaitement la réalité de la guerre civile et a choisi d’y participer sérieusement, en comprenant que cela pouvait passer par l’extermination. Il faut comprendre qu’il n’y a pas de prescription lorsqu’il s’agit de génocide. De fait, plusieurs hauts responsables pourraient être condamnés. ..

 

4 avril, l’Express avec AFP sur Juppé

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/juppe-a-nouveau-questionne-sur-son-role-pendant-le-genocide-rwandais_1506298.html

Un collectif de citoyens a demandé à l’ancien ministre des Affaires étrangères d’expliquer sa position sur le massacre de 1994 et l’opération Turquoise lancée à l’époque. ..

 

4 avril, AFP sur Juppé

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/04/alain-juppe-appele-a-s-exprimer-sur-le-rwanda_993173

Un collectif de citoyens interpelle le maire de Bordeaux et ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, sur son «rôle politique» durant le génocide au Rwanda…

 

4 avril, Libération : Maria Malagardis

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/04/crash-du-6-avril-1994-les-soupcons-continuent-de-planer-sur-la-france_993242

… Plusieurs officiers français vont aussi dénoncer publiquement un «marché de dupes» faisant la part trop belle au FPR, «considéré par l’état-major français et l’Elysée comme un mouvement de khmers noirs, un ennemi à abattre», rappelle le journaliste Benoît Collombat (1). Plus étrange, dans un petit livre qui analyse les déclarations publiques des militaires français (2), François Graner s’interroge sur le départ soudain du Rwanda, le 29 mars 1994, de l’attaché militaire français Bertrand Cussac. En principe, il s’agit d’un remplacement de routine justifié par des événements «susceptibles de conduire au déclenchement d’opérations militaires». Mais, à ce moment-là, la France ne mène plus d’opérations militaires au Rwanda. Et le seul «événement» de cette période est, en principe, imprévisible : c’est l’attentat. Ce soir du 6 avril, Habyarimana rentre d’un sommet régional à Dar es-Salaam, en Tanzanie. Sous la pression, il vient d’accepter le partage du pouvoir. «Le commanditaire de l’attentat devait être opposé à ces accords», en conclut Graner. .. Le journaliste Jean-François Dupaquier (3) a rencontré la fille du copilote de l’avion, décédé dans le crash. Sylvie Minaberry lui a confirmé que les familles de l’équipage français avaient été dissuadées de porter plainte. Pour quelle raison ? Elle a évoqué sa rencontre avec Michel Roussin, alors ministre de la Coopération : «Quand je lui ai demandé qui avait commis l’attentat, il a regardé ses chaussures. L’ambiance était bizarre. On a eu des doutes. On s’est demandé : « Ce ne sont quand même pas des Français qui ont abattu l’avion ? »» … Paul Barril, ancien super-gendarme de la cellule antiterroriste de l’Elysée, a été entendu au sujet de l’attentat par le juge Trévidic. Après plusieurs déclarations contradictoires, il affirme qu’il était aux Etats-Unis au moment du crash. Mais deux témoins, dont la femme du chef de mission de coopération à Kigali, l’ont vu au Rwanda quelques jours avant l’attentat. On sait qu’il a conclu plusieurs contrats avec le régime Habyarimana, puis les autorités génocidaires. «Il désinforme aussi les médias sur l’attentat», rappelle Benoît Collombat.

 

4 avril, France 3 : Patrick de Saint-Exupéry + Mehdi Ba + Lando Ndasingwa + Hélène Dumas + Yvonne Galinier + Karel Kovanda + … (Extraits de « 7 jours à Kigali » deMehdi Ba et Jérémy Frey)

Patrick de Saint-Exupéry : Bisesero + Turquoise

http://www.france3.fr/emissions/7-jours-a-kigali/videos/NI_4279

http://www.france3.fr/emissions/7-jours-a-kigali/videos/NI_4277

Mehdi Ba : La complicité française + Le complexe impérial français et ses conséquences

http://www.france3.fr/emissions/7-jours-a-kigali/videos/NI_4283

http://www.france3.fr/emissions/7-jours-a-kigali/videos/NI_4281

Karel Kovanda (ambassadeur tchèque à l’ONU en 94 dans Conseil de sécurité) :

http://www.france3.fr/emissions/7-jours-a-kigali/videos/NI_4259

etc…

 

4 avril, France culture, Laure de Vuilpian et Juge Devos, Pole Génocide et crime contre humanité du TGI de Paris (minute 17)

http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-12h30-journal-de-12h30-2014-04-04

Devos : Sur génocide : 26 dossiers en cours d’instruction.

De Vuilpian : Il y aura non lieu… 1 procès tous les 6/8 mois ? …

Devos : … cheminement long, prise de conscience du besoin de juges spécialisés… 2 magistrats du parquet, 3 juges d’instructions, une dizaine d’enquêteurs…

 

3 avril, Monde Libertaire : François Graner

http://www.monde-libertaire.fr/international/17070-rwanda-les-consequences-extremes-dune-vision-nationaliste

… Ce qui en ressort, c’est que les textes des officiers, paradoxalement, confortent et précisent plusieurs reproches qui leurs sont adressés, par exemple sur leur inaction face aux massacres. On peut analyser comment ils ont laissé émettre les radios qui appelaient à la haine, et comment ils ont provoqué la fuite de membres du gouvernement génocidaire au lieu de les arrêter. Des officiers sont accusés d’avoir livré des Tutsis rescapés aux tueurs, dans les collines de Bisesero : sur ce point précis, j’ai pu constater que ces officiers présentent plusieurs dizaines de justifications différentes, dont chacune séparément serait acceptable, mais qui mises ensemble sont massivement contradictoires. J’ai également trouvé des éléments qui pour moi étaient entièrement inattendus : sur la façon dont l’armée française incorpore dans sa doctrine la possibilité d’avoir recours à des mercenaires ; sur l’influence de l’armée dans la politique française, et en particulier le poids personnel du chef d’état-major des armées, l’amiral Lanxade ; et enfin, sur l’hypothèse de ce que l’armée française aurait pu jouer un rôle dans l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais, hypothèse qui ne peut pas être écartée dédaigneusement et doit être considérée au même titre que les autres. ..

 

3 avril, Le Monde : Nathalie Guibert : Lien RCA – Rwanda

http://www.lemonde.fr/international/article/2014/04/03/l-armee-francaise-hantee-par-le-genocide-rwandais_4394681_3210.html

Quand il a appris que la France envoyait un contingent s’interposer dans la guerre civile de la République centrafricaine (RCA), ce général a envoyé un message au ministère de la défense : « Souvenez-vous du Rwanda! », a-t-il lancé. « On croyait bien faire, et on s’est retrouvés exposés à la vindicte du monde », avertit ce militaire qui commandait sur le terrain rwandais, en 1994, aujourd’hui reconverti dans le privé. L’opération « Sangaris » en RCA a réveillé de douloureux souvenirs. Des officiers français se revoient au milieu des monceaux de cadavres, en 1994. En juin de cette année-là, Paris finissait par décider de l’opération « Turquoise », l’envoi de 2 500 soldats, pour deux mois, au cœur de la tuerie en cours au Rwanda. .. « Le pire pour un militaire est d’être placé au milieu d’une population qui se massacre et d’être accusé d’en porter la responsabilité », dit un officier de l’armée de terre, jeune capitaine de « Turquoise ». « En RCA, on a accepté de facto d’être impuissants. On est partis en situation d’infériorité numérique. Il est sûr que le Rwanda obsède les officiers de la force “Sangaris” à Bangui », poursuit-il. .. Vingt ans après, que reste-t-il du drame dans l’armée française ? D’abord, un silence. « J’ai demandé si une cérémonie pouvait se tenir. On m’a dit : “C’est casse-gueule ton truc” », note Laurent Attar-Bayrou, président de la Fédération nationale des anciens des missions extérieures. « De notre point de vue, nous avons rempli la mission qui nous était donnée avec honneur. Il y a eu deux lectures des événements. Le temps permet d’effacer les blessures individuelles et les contentieux collectifs », veut croire le chef d’état-major de l’armée de terre, Bertrand Ract-Madoux. Le nouveau patron des armées, Pierre de Villiers défend l’opération en RCA : « C’est bien pour éviter un Rwanda qu’on y est allés ! » Mais dans l’institution, juge-t-il, « les références sont le Golfe, le Kosovo, la Bosnie, la Côte d’Ivoire. Le Rwanda, c’est quelque chose dont on ne parle pas ». L’armée, depuis, s’est totalement renouvelée. Le général Jean-Claude Lafourcade, ex-commandant de la force au Rwanda, estime que « les jeunes officiers d’aujourd’hui ont oublié ». Avec son association France Turquoise, il apparaît comme la pointe isolée d’un combat collectif pour l’honneur, que l’issue des procédures judiciaires en cours contre des militaires et des responsables politiques français n’épuisera pas. « Nous ne voulons pas que dans les livres d’histoire, l’armée française soit taxée de participation à un génocide. » Le Rwanda ? « C’est le spectre », dit le général Elrick Irastorza, ex-chef d’état-major de l’armée de terre. De ce fantôme, il n’est pas aisé de déceler les traces. Certains portent bien une cicatrice, toujours à vif, mais la cachent. C’est le cas de cet officier des commandos, pour qui l’image est nette : une petite fille de 6 ou 7 ans court vers lui, le crâne ouvert par un coup de machette, les méninges apparentes, condamnée. Aujourd’hui, assis droit dans un bureau ministériel, il ne lâche pas un mot de plus que nécessaire, refusant les larmes qui montent : « Ce qu’on a vécu au Rwanda nous poursuit au quotidien. » Ces soldats sont accusés d’avoir laissé mourir 800 Tutsi assiégés à Bisesero, tardant à secourir, trois jours après une reconnaissance. Les commandos n’ont toujours pas compris ces accusations. Sa colère est intacte. « Je ne connais pas d’action ou d’inaction, pas de décision ou de non-décision dont l’armée française ait à rougir. Quand je vois à quel point nous avons été prêts à donner nos vies pour des gens dont personne n’avait rien à faire, et comment nous avons été peu soutenus. Les politiques s’en foutent. » Perception irréconciliable, et corrosive. « Ce qui fait mal, c’est qu’on a laissé croire qu’il y avait anguille sous roche. Cela marque désormais toutes nos actions dans le monde. »

 

1er avril, Nouveau Gouvernement : Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur

http://www.rfi.fr/afrique/20140409-france-rwanda-kagame-turquoise/

Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur était en 1998 l’un des deux rapporteurs rapport de la Mission d’information parlementaire, avec Pierre Brana, qui avaient admis de « de graves erreurs d’appréciation » des autorités françaises.

NB : Voir aussi

http://cec.rwanda.free.fr/actualite/actu-2014-04-01-et-jours-suivants.html

L’article 40 du code français de procédure pénale fait obligation à toute personne dépositaire de l’autorité publique ayant connaissance d’un crime ou d’un délit de le signaler à la justice. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, est un des Français les plus informés des complicités françaises dans le génocide des Tutsi, puisqu’il fut rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Il est donc à plus forte raison aujourd’hui le premier responsable de la continuité de la protection abusive dont font preuve des politiques et militaires français face aux accusations de complicité dans le génocide des Tutsi. Le problème n’est plus une question d’enquête pour confirmer les choses. Les éléments connus et certains sont suffisants pour agir. Le problème est une question d’honnêteté du gouvernement face aux Français. C’est une question d’autorité face à un comportement clanique. Ensuite la justice devra affiner l’enquête avec des moyens que nous n’avons pas.

 

27 mars, Benoît Collombat, David Servenay : parution ‘Au nom de la France – Guerres secrètes au Rwanda’

http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-__Au_nom_de_la_France__-9782707182760.html

Que faisaient au Rwanda ces militaires français, avant et pendant le dernier génocide du XXe siècle ? Ont-ils joué un rôle, et lequel, dans l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, cette  » ténébreuse affaire  » qui a déclenché le début des massacres, le 6 avril 1994 ? Quelles opérations militaires clandestines ont été conduites au Rwanda ? Dans quel but ? Des armes ont-elles été vendues et livrées au gouvernement du génocide ? Auprès de qui ces soldats, dont le plus célèbre d’entre eux, Paul Barril, prenaient-ils leurs ordres à Paris ? Et que savaient les hauts responsables politiques et administratifs français de ce qui se préparait ? Pour répondre à ces questions toujours brûlantes, Benoît Collombat et David Servenay ont retrouvé des archives inédites et rencontré les témoins : politiques, militaires,  » barbouzes « , etc., dont certains, vingt ans après les faits, ont souhaité témoigner pour l’Histoire. Dans ce livre d’enquête, ils démontent les entreprises d’intoxication politico-médiatiques qui ont voulu exonérer la responsabilité de notre pays, et racontent l’engrenage qui a conduit la France à mener une diplomatie secrète aux confins de l’Afrique, et à compromettre son armée dans une guerre qui s’est accompagnée d’un génocide : le massacre planifié de près d’un million de Tutsi et de Hutu modérés par le régime extrémiste de Kigali, durant l’été 1994.

 

21 mars, François Graner : Le Sabre et la machette : les officiers français et le génocide des Tutsi au Rwanda

http://survie.org/publications/livres/article/le-sabre-et-la-machette-les-4649

… comprendre le rôle des officiers français à partir de leurs propres déclarations. La question de la complicité de la France dans le génocide des Tutsi fait depuis 20 ans l’objet de polémiques récurrentes mettant en cause des officiers français. Ces derniers, cherchant à justifier leurs actions, écrivent des livres et multiplient les déclarations publiques. C’est du recoupement de leurs propres déclarations et écrits qu’émergent des informations inédites…

 

20 mars, Bruno Boudiguet : publication Vendredi 13 à Bisesero. La question de la participation française dans le génocide des Tutsis rwandais (15 avril – 22 juin 1994)

http://www.aviso-editions.fr/product.php?id_product=24

… 80 témoins, 4 ans d’enquête, 100 heures de rushes, tout en faisant face à différents questionnements : pourquoi la présence des Blancs tirant à l’arme lourde n’est-elle documentée que quinze ans après les faits ? En quoi peut-on dire que ces Blancs étaient des Français ? Quel était le but de cette  »black op », cette opération noire ? Comment s’est-elle articulée avec l’opération Turquoise, qui arrive six semaines plus tard avec un objectif prétendument humanitaire ? …

NB : Bisesero 13 mai à ne pas confondre avec fin juin. Les enquêtes de Serge Farnel et Bruno Boudiguet sont contestées par d’autres experts de la complicité française sur leurs méthodes et les conclusions sur la participation de soldats français.

 

21 mars, RTS (Suisse) : Mehdi Ba et Jérémy Frey (audio)

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690256-le-rwanda-5-5.html

 

18 et 19 mars, RTS (Suisse) : Laure de Vulpian (2/2) (audio)

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690251-le-rwanda-3-5.html

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690252-le-rwanda-2-5.html

 

17 mars, RTS (Suisse) : Jean-Philippe Ceppi, correspondant RSR, Nouveau Quotidien et Libération (audio)

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5690249-le-rwanda-1-5.html

 

14 mars, Jean-François Dupaquier : parution ‘Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda, Chronique d’une désinformation’

http://www.karthala.com/hommes-et-societes-sciences-economiques-et-politiques/2791-politiques-militaires-et-mercenaires-francais-au-rwanda-9782811111250.html

 

5 mars, revue Cités (n°57) : Génocide des Tutsi du Rwanda : un négationnisme français ?

http://www.puf.com/Revues:Cit%C3%A9s_2014_-_N%C2%B0_57 : Charlotte Lacoste, Présentation ; Emmanuel Cattier, Les révélations circonscrites d’un rapport parlementaire ; Jean-François Dupaquier, Propagande noire et désinformation au cœur de l’engagement militaire français ; Jacques Morel, L’inversion des rôles des tueurs et des victimes ;Mehdi Ba, L’attentat du 6 avril 1994. Confusion, inversion, négation ;Rafaëlle Maison et Géraud de La Pradelle, L’ordonnance du juge Bruguière comme objet négationniste ; Raphaël Doridant et Charlotte Lacoste, Peut-on parler d’un négationnisme d’État ?

 

Début mars (?), Mehdi Bâ et Jeremy Frey : 7 jours à Kigali (20 ans après le génocide rwandais) (documentaire)

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=16670

sur 1ère semaine du génocide.

 

24 février, Jeune Afrique : Pierre Boisselet sur colonel Michel Robardey

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2772p042.xml0/rwanda-fpr-genocide-rwandais-pascal-simbikangwa-genocide-rwandais-proces-simbikangwa-un-ancien-colonel-francais-denonce-un-genocide-judiciaire-des-hutus.html

… En mission pour soutenir le régime de Juvénal Habyarimana, de 1990 à 1993, il a contribué à réorganiser la gendarmerie. Le colonel avait notamment dirigé une « enquête » sur les attentats perpétrés au Rwanda entre 1991 et 1992. Selon lui, le Front patriotique rwandais (FPR), parti issu de la rébellion tutsie, qui devait mettre fin au génocide en prenant le pouvoir en juillet 1994, aurait été entièrement responsable de ces attaques. La terrible réputation qu’avait Pascal Simbikangwa à cette époque était aussi, a-t-il dit, « un montage politique du FPR ». ..

 

15 février, Jean-Pierre Cosse : parution ‘Alain Juppé et le Rwanda’

http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/aplat/9782343021225.pdf

… Ce livre est l’œuvre d’un citoyen qui tente d’explorer l’action et la ligne de conduite du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, au Rwanda, d’avril 1993 à décembre 1994. Par rapport à François Mitterrand qui régnait depuis treize ans sur la politique étrangère, et face à la complexité de la crise rwandaise, comment se situait-il ? A-t-il accordé à ces événements monstrueux l’importance et l’attention qu’ils méritaient ? Enfin, a-t-il fait preuve de discernement, vertu cardinale en politique ? …

 

10 février, Médiapart : Joseph Confavreux

http://www.mediapart.fr/journal/international/040214/le-genocide-des-tutsis-deux-decennies-de-proces

… Le premier procès sur le sol français d’un présumé génocidaire est important mais arrive tard, après des centaines de poursuites judiciaires menées notamment par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) situé en Tanzanie. .. « Avec le TPIR, même si la dimension étatique n’a pas été occultée, on est resté très en deçà pour ce qui concerne les responsabilités hiérarchiques, qu’elles soient politiques ou militaires », estime donc Rafaëlle Maison. Qui regrette également que le tribunal n’ait pas su inculper efficacement les cercles plus officieux du pouvoir génocidaire rwandais, et en particulier l’Akazu, le clan tournant autour de la femme du président rwandais mort dans l’attentat contre son avion le 6 avril, Agathe Habyaramina. « Il y a eu un procès visant l’Akazu, avec Monsieur Z., le frère d’Agathe Habyarimana, mais il a été acquitté par la chambre d’appel en 2009 sur la base d’un alibi présenté par des proches. » Pour Rafaëlle Maison, ces manques sont à chercher du côté des protections offertes par la France ou s’expliquent par la manière dont le gouvernement intérimaire rwandais s’est formé sous le parapluie diplomatique de la France d’autant que, dans les premiers jours du déclenchement du génocide, la plupart de ses membres ont été abrités au sein même de l’ambassade de France. « Je ne veux pas être complotiste, affirme Rafaëlle Maison, mais quand on regarde les comptes-rendus du conseil de sécurité de l’ONU, on voit bien que la France soutient le pouvoir en place, avant le génocide comme pendant. »

 

9février, Médiapart : Joseph Confavreux

http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/090214/rwanda-l-histoire-face-aux-mensonges-de-l-etat-francais

Rwanda: l’histoire face aux mensonges de l’Etat français : Les chercheurs français sont mobilisés pour écrire au plus près l’histoire du génocide rwandais. C’est une réponse au récit officiel tissé de mensonges et de vides qu’a construit l’État français pour dissimuler son implication auprès du pouvoir hutu. .. L’étouffoir posé sur l’implication de la France dans la formation militaire des Forces armées rwandaises et sur le rôle trouble de l’opération Turquoise, présentée comme une opération humanitaire, mais qui a permis, en créant une « zone sûre » à l’ouest du Rwanda, de protéger de nombreux tueurs en fuite devant l’avancée du FPR, est passé par différents canaux. Le rapport Bruguière, qui accusait sans s’être déplacé au Rwanda le FPR de Kagamé d’avoir commis l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, en a été la pièce pivot, jusqu’à ce que le rapport Trévidic vienne tailler en pièces les thèses qui y étaient développées. Le verrouillage, par son président Paul Quilès, de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda lancée en 1998 par l’Assemblée nationale en a été un autre, même si celle-ci a tout de même permis d’acter certains faits et a pu constituer une base de travail dans laquelle se sont engouffrés de nombreux journalistes et chercheurs. L’ancien député socialiste Pierre Brana, l’un des deux rapporteurs de cette commission, reconnaissait, lors du colloque tenu à l’IEP Paris le 24 janvier dernier, « avoir été confronté à des témoignages contradictoires sans avoir le temps ni les moyens de démêler le vrai du faux ». Et le député se dit conscient que la commission n’a pas permis de faire toute la lumière sur les « quatre questions décisives sur l’attitude de la France, à savoir l’opération d’évacuation des ressortissants français, lors de laquelle des proches d’Habyarimana furent mieux traités que des Tutsis employés par les institutions françaises ; les prises de position à l’ONU et notamment la résolution 912 adopté le 21 avril,en plein génocide, qui décide de réduire les effectifs de la MINUAR ; les rapports entretenus pendant le déroulement du génocide avec le gouvernement intérimaire de Kigali ; et enfin les ambiguïtés de l’opération Turquoise, dans laquelle les génocidaires virent le retour de leur ancien allié français ». Pour Rafaëlle Maison, « le soupçon qui vise l’opération Turquoise est certes déplaisant et pourrait ne constituer que l’une des folles théories qu’engendre le génocide, nourrie par une mauvaise conscience française et un sentiment mièvre et déplacé de responsabilité collective post facto. Malheureusement, le soupçon est alimenté par ce que fut la politique d’aide française, y compris militaire, au gouvernement rwandais de 1990 à 1993. « Dans son rapport du 15 décembre 1998, la Mission d’information de l’Assemblée nationale française relevait les erreurs de la politique française au Rwanda, et soulignait que l’aide militaire apportée dans la période pré-génocidaire se trouvait “à la limite de l’engagement direct” contre les forces du FPR. “Turquoise” constitue sans doute la mise en oeuvre d’une responsabilité de protéger, mais de protéger qui ? S’agissait-il de protéger en effet la population Tutsi et les Hutu modérés encore en vie au Rwanda en juin 1994 ? S’agissait-il de préserver les agents du gouvernement rwandais à l’origine du génocide, alliés devenus peu présentables ? Ou bien encore, s’agissait-il de protéger le “peuple majoritaire”, hutu, menacé de représailles en cas de victoire des insurgés du FPR ? » Pour l’ancien parlementaire socialiste Pierre Brana, « le débat, qui avait traversé les députés de la commission en 1998, me semble toujours d’actualité. Pour certains, reconnaître publiquement les fautes de la France revient à l’affaiblir sur le plan international. Personnellement, je pense qu’un pays se grandit quand il reconnaît ses fautes ».

 

9 février 2014, Nouvel Observateur : Christophe Boltanski sur Paul Barril

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140207.OBS5581/rwanda-une-barbouze-francaise-au-c-ur-du-genocide.html

… 20 ans après la tragédie rwandaise, des documents inédits éclairent le rôle joué par l’énigmatique capitaine, incarnation de la face obscure de l’ère Mitterrand, des Irlandais de Vincennes aux écoutes de l’Elysée. La justice française s’intéresse plus que jamais à lui. D’abord, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de Habyarimana. Longtemps ménagé par Jean-Louis Bruguière, le premier magistrat chargé d’élucider l’affaire, Paul Barril a été sommé de s’expliquer par le juge Marc Trévidic sur ses faits et gestes lors de l’attaque et ses manœuvres durant la procédure. Ses locaux ont été perquisitionnés, ses disques durs saisis, son entourage entendu. Des pièces transmises au juge Claude Choquet, du nouveau pôle « crimes contre l’humanité ». Car depuis la plainte déposée par la Fédération internationale des Droits de l’Homme, la Ligue des Droits de l’Homme et l’association Survie, il est cette fois suspecté de « complicité de génocide ». Dans cette histoire, Paul Barril n’a cessé de dire tout et son contraire, y compris sur procès-verbal. Son nouveau livre, intitulé « Rwanda : vérités sur un massacre », qu’il devait publier en mars aux Editions du Moment, a été déprogrammé sur le conseil de ses avocats. Les lecteurs n’auraient sans doute pas été davantage éclairés. « Il s’agit d’un roman-enquête. Il y a une partie enquête et une partie romancée », expliquait-il, l’an dernier, à l’officier de la SDAT, la sous-direction anti-terroriste, qui l’interrogeait sur les allégations contenues dans un précédent ouvrage, « Guerres secrètes à l’Elysée ». « Toute sa vie, il a mené double jeu. Avec lui, vous ne saurez jamais la vérité », prévient un ancien de la cellule élyséenne. .. Et au régime hutu, quel service est-il prêt à rendre ? Son entente secrète avec Kigali débute très tôt. « J’ai l’honneur de vous confirmer la collaboration entre nos services de sécurité et les vôtres », lui écrit, le 23 août 1991, Fabien Singaye, deuxième secrétaire à l’ambassade du Rwanda à Berne, en réalité, un agent chargé de surveiller les activités à l’étranger des rebelles tutsis du FPR, le Front patriotique rwandais. Un mois plus tard, l’espion se félicite des « connaissances » de Barril au sein du monde politique et des médias français, « entre autres à La Cinq et à RFI, précise-t-il dans un télégramme. Il peut plaider pour notre pays afin de déstabiliser le FPR ». En 1993, Elie Sagatwa, chef d’état-major particulier du président Habyarimana, remercie par écrit le « capitaine Barril » pour « tous les services rendus ». L’ex-gendarme affirmera plus tard agir sur les ordres de François de Grossouvre, le conseiller occulte de Mitterrand. Le préposé aux chasses présidentielles « coordonnait un peu les services secrets », dira Barril au juge Trévidic, sans crainte d’être contredit par l’intéressé, suicidé, par une coïncidence troublante, le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat de Kigali : « C’est Grossouvre qui m’a présenté le président Habyarimana. Je devais infiltrer le FPR en Europe. » Une certitude : Barril visite régulièrement son mentor à l’Elysée, où il est pourtant devenu persona non grata depuis ses éclats publics. « Il venait souvent, confirme Pierre d’Alençon, ancien collaborateur de François de Grossouvre. Pour éviter qu’il s’enregistre à l’accueil, je le faisais entrer discrètement par l’avenue de Marigny. »

Contrat d’assistance : »J’ai fait plusieurs missions au Rwanda, a raconté l’ex-gendarme au réalisateur Raphaël Glucksmann, lors du tournage du film ‘Tuez les tous !’. Des missions d’évaluation, d’infiltration […] j’ai combattu avec les Hutus jusqu’aux derniers. J’ai vécu des choses extraordinaires. » Durant le génocide, il prétend avoir organisé la défense de Kigali face aux rebelles du FPR. Dans d’autres interviews, il raconte avoir « pris des initiatives folles », « fait des cartons à l’extérieur ». Nom de l’opération ? « Insecticide ». Comme en écho aux médias hutus qui appellent à anéantir tous les « cafards » tutsis. Depuis qu’il doit rendre des comptes à la justice, il affirme que ses séjours au pays des Mille Collines n’ont jamais excédé « deux-trois jours ». Dans ses dénégations et ses rodomontades, impossible de démêler le vrai du faux.

Restent les preuves, les témoins. Richard Mugenzi, ex-opérateur radio des FAR, les Forces armées rwandaises, le voit passer au camp de Gisenyi, à deux pas du Zaïre, après le départ des troupes françaises, en décembre 1993 : « Je vois ce militaire pas comme les autres. J’ai posé des questions et on m’a dit […] qu’il s’appelait Barril. Il était avec d’autres, habillés comme lui », dit-il au journaliste Jean-François Dupaquier, dans un livre d’entretiens (1). Le Français Jacky Héraud, qui pilote l’avion d’Habyarimana, le remarque, lui aussi, sur le tarmac de l’aéroport de Kigali, fin mars 1994, quelques jours avant de mourir en plein ciel. De retour chez lui, il s’en étonne devant son épouse.

Le 6 mai 1994, Paul Barril regagne le Rwanda. Avec ses acolytes. Toujours les mêmes, à chaque fois qu’il se rend dans cette partie du monde. Marc Poussard, dit « Maurice », son bras droit, Luc Dupriez, ex-nageur de combat, Christophe Meynard, alias « Christian », un ancien de la Légion, Jean-Marc Souren, un Canadien appelé « John », lui aussi vétéran de l’armée française, un temps casque bleu à Sarajevo, et enfin, Franck Appietto, alias « François », qui a été chassé du 11e Choc, le vivier du Service Action. Ils viennent chercher le corps de Juvénal Habyarimana, déposé à Gisenyi. Les fils du président défunt, Léon et Jean-Pierre, font d’ailleurs partie du voyage.

Mais leur mission est avant tout militaire. Devant l’offensive ennemie, le ministre rwandais de la Défense, Augustin Bizimana, a appelé au secours le capitaine dans une lettre datée du 27 avril : « Situation de plus en plus critique. Je vous confirme mon accord pour recruter […] 1.000 hommes devant combattre aux côtés des FAR. » Son gouvernement a financé la location du Falcon 50 par un virement de 130.000 dollars, le 7 mai. Un premier acompte avant la signature, le 28 mai, d’un « contrat d’assistance », en bonne et due forme. En échange de la somme de 3,13 millions de dollars, Paul Barril s’engage à fournir 20 mercenaires, avec « pour tâches de former et d’encadrer sur le terrain les hommes mis à leur disposition », ainsi que 2 millions de cartouches de 5,56 et 7,62, pour des fusils d’assaut, 5.000 grenades à main, 6.000 grenades à fusil et 11.000 obus et mortiers.

« Ca ne s’est jamais fait, ça n’a jamais existé », dit-il, lorsque le juge Trévidic l’interroge sur la réalité du document. Faux. Des factures ultérieures attestent que la plus grande partie de l’argent a bel et bien été dépensée. Il viole ainsi l’embargo sur les armes à destination du Rwanda, décrété onze jours plus tôt par le Conseil de Sécurité des Nations unies. Pis, il vient en aide à un régime qui a déjà exterminé des centaines de milliers de civils. « Il est complice des génocidaires dès lors qu’il appuie et équipe une armée qui, elle-même, encadre les tueurs, les milices, et participe aux massacres », accuse Me Patrick Baudoin, l’avocat de la FIDH.

« Ratissage » : Dans un « rapport de situation » du 2 juin 1994, Paul Barril indique avoir « mis sur pied quatre éléments commando d’un effectif de 80 hommes « , au camp d’entraînement de Bigogwe, une ville du nord-ouest. « Ces derniers ont reçu mission de harcèlement et destruction dans les arrières de l’ennemi. » Les combattants qu’entraîne l’ex-gendarme sont pour la plupart des miliciens, des interahamwe, ceux-là mêmes qui font la chasse à leurs voisins depuis des semaines, selon l’opérateur radio, Richard Mugenzi. Courant juin, ils partiront « finir la besogne », comme ils disent. Cette fois, plus au sud, sur les collines de Bisesero, où des milliers de Tutsis ont trouvé refuge. Pour cet ultime « ratissage », le préfet Clément Kayishema réclame des munitions, dans un télégramme daté du 12 juin. Des grenades à fusil, des grenades à main, des cartouches de calibre 5,56. Celles promises par Barril ?

L’homme n’est à aucun moment inquiété. Or « la France savait parfaitement ce qu’il faisait, assure une source judiciaire. Des rapports de la DGSE le prouvent, mais ils sont classifiés. » Notamment une note de synthèse du 2 juin 1994 divulguée par la revue « XXI  » : « Il semble que le capitaine Barril, dirigeant de la société Secrets, exerce, en liaison avec la famille Habyarimana, réfugiée à Paris, une activité remarquée en vue de fournir des munitions et de l’armement aux forces gouvernementales » (2). Le 27 juin, au détour d’un télex, l’attaché militaire français à Kinshasa évoque même, sans s’en émouvoir, l’existence du « contrat d’assistance ». Comme si Paul Barril avait remplacé au pied levé un pouvoir officiel français prisonnier de ses engagements internationaux.

Avant même la chute de Kigali, le 4 juillet, le voilà de retour à Paris, multipliant les entretiens, déboulant sur les plateaux télé, réclamant l’ouverture d’une enquête sur l’attentat contre Habyarimana, brandissant des « preuves » de la culpabilité du FPR et de son chef, Paul Kagamé. Telle cette fameuse boîte noire, qui se révèlera n’être qu’une simple balise. « Paul connaît les avions par cœur. Il savait que la pièce est orange, pas noire, dit son ex-supérieur, Christian Prouteau. Mais pour lui, plus c’est gros, plus ça passe ! » Pourquoi tous ces mensonges ? « Il y avait un peu de provocation de ma part pour faire bouger les choses », se défendra plus tard l’intéressé. Son but véritable, il le dévoile dans une missive à l’ex-chef militaire rwandais Augustin Bizimungu : « Je mets tout en œuvre pour défendre votre cause », lui écrit-il, en janvier 1995.

Mensonges et fausses preuves

Tout ? Presque. Il convainc la fille du copilote de l’avion, Sylvie Minaberry de porter plainte, la confie à son avocate et réussit même à placer son ami, Fabien Singaye, auprès du juge Jean-Louis Bruguière. L’ex-espion rwandais sert à la fois d’interprète et de chercheur, chargé de localiser des témoins en Afrique. « Barril nous l’a conseillé, car il avait confiance en lui », plaide le principal enquêteur, Pierre Payebien. Un expert d’autant moins impartial qu’il entretient des liens de parenté avec la famille d’une des victimes. Deux fils Habyarimana sont ses beaux-frères.

L’ex-gendarme dispose dorénavant d’un agent au coeur de la procédure. Car Fabien Singaye, chassé de Suisse en août 1994 en raison de ses activités de renseignement, travaille dorénavant pour Secrets en qualité de « chargé des Affaires africaines », comme le révèlent des factures, des listes d’employés saisies par la justice. Son nom de code ? « Fabius ». Quand il n’offre pas son pack « infiltration et manipulation » à un quelconque tyran ou ne vante pas l’un de ses produits phare – alarme, gaz incapacitant et autres gadgets… – il rumine sa revanche, évoque des « plans » avec des dirigeants hutus en fuite, bombarde des personnalités françaises de notes sur « les perspectives de règlement de la crise rwandaise ». Des diatribes dans lesquelles il dénonce « la poursuite du génocide des Hutus par le FPR », « l’arrogance, l’extrémisme, la méchanceté » séculaires des Tutsis et prône la reprise de « la lutte armée » avec « l’appui bien engagé de la France ».

Barril est un homme à tiroirs. Lorsque l’on entrevoit un soupçon de sa vérité, on tombe sur un nouveau mystère. Le juge Marc Trévidic voulait l’interroger sur un point précis : où se trouvait-il au moment de l’attentat contre l’avion d’Habyarimana ? Une question importante depuis que la piste des extrémistes hutus a été relancée. N’importe qui ne peut pas abattre un appareil en plein vol. Les assassins auraient pu recourir à des experts étrangers. « Je ne suis pas un spécialiste des missiles, mais je sais qu’il faut avoir eu un entrainement et en avoir tiré 25 ou 30 », a d’ailleurs reconnu le capitaine. Dans ses Mémoires, il avait prétendu être ce soir-là sur « une colline perdue au centre de l’Afrique ». Il affirme maintenant qu’il résidait à New York, au Plazza Athénée, et a présenté pour preuve un duplicata du tampon d’entrée américain en date du 31 mars 1994. Problème : il possédait un autre passeport. Le magistrat lui a alors demandé la photocopie de ce second document. Il attend toujours.

 

6 février, itélé : Olivier Ravanello (vidéo 5min01)

http://www.itele.fr/monde/video/rwanda-une-honte-francaise-71419

Rwanda : une honte française… Mitterrand… Védrine… Balladur… Juppé… Léotard.

 

19 janvier, France Inter : Benoît Collombat sur Barril (audio, 7min26)

http://www.franceinter.fr/emission-lenquete-de-la-redaction-les-affaires-secretes-de-paul-barril-au-rwanda

… Paul Barril, visé par une plainte pour « complicité de génocide ».

Audio : … Prouteau… Barril est soutenu à l’intérieur de l’Etat français… armée, élysée, service secret¨…

Paul Barril : (répond sur contrat du 28 mai) j’en ai jamais même pas connaissance.

 


1.3 Associations

 

14 octobre, la vérité maintenant ! : Gaël Faye et Sonia Rolland

http://www.rwandalaveritemaintenant.eu/?p=307

Sonia Rolland et Gaël Faye soutiennent l’intiative « Génocide contre les Tutsi : la vérité, maintenant ! » (vidéos)

11 juillet, colloque et campagne EGAM

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/07/9-juillet-2014-paris-10e-la-jeunesse.html

Le Mouvement Antiraciste Européen EGAM a invité les jeunes à la mairie du 10e pour le lancement de la campagne  « Génocide contre les Tutsi : la vérité, maintenant ! ». Après une tribune publiée dans des journaux, une délégation s’est rendue fin juin au Rwanda pour les commémorations des 20 ans des massacres de Bisesero et a décidé d’agir dans la durée. .. Benjamin Abtan, le président d’EGAM, commence par présenter les objectifs principaux de la campagne: lutter contre le négationnisme, dans une « dynamique qui ira jusqu’à la fin », exiger des « discours clairs », l’ouverture totale des archives, une commission d’enquêtes parlementaire comme en Belgique, des lieux de mémoire. Pour lui, l’enjeu est aussi dans le rapport à l’Afrique, au niveau de la constitution française et de l’action face aux choix des dirigeants. Un responsable de l’Association des Etudiants Rescapés du Génocide (AERG) intervient en visioconférence depuis Kigali. Pour les Jeunes Socialistes, Laura Slimani raconte la commémoration des massacres à Bisesero. Les objectifs de Turquoise sont aujourd’hui en question à cause de l’inaction de l’armée française fin juin 1994. Elle évoque les « personnalités socialistes encore vivantes » qui jouent encore un rôle. Pour SOS Racisme, Blaise Cueco explique le passage de la délégation à Murambi, où Turquoise avait installé son QG. Selon lui, la légion d’honneur de Péan ou l’annulation de la visite de la ministre de la justice française à la commémoration du 7 avril 2014 sont choquantes aussi en raison d’un silence et un isolement qui persistent là-bas. Un représentant de Youth Initiative for Human Rights Serbia intervient à distance et fait le lien avec le négationnisme sur Srebenica en Serbie. Pour les Jeunes écologistes, Nina Lejeune insiste sur la nécessité d’ouvrir les archives, militaires et autres, et d’avoir une autre politique qui mette fin au pillage des ressources naturelles. Noam Meghira de l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) demande un Mémorial à Paris pour le dialogue des mémoires. Le responsable international de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), Habib Gniengue insiste sur l’importance du dialogue entre jeunesse rwandaise et française. .. Marian Mandache de Romani Criss intervient en visioconférence pour parler du génocide des Rroms. Sélim Alexandre Arrad-Baudean, président des Jeunes Radicaux de gauche, propose pour la campagne d’interpeller les élu-e-s et d’informer les militant-e-s. Eliott Pavia de l’Union Nationale Lycéenne (UNL) fait part du scepticisme des jeunes rwandais exprimés à l’Université de Kigali. Quels poids auront les jeunes français-ses alors que des génocidaires sont encore en liberté en France ? Le représentant de la Fédération Indépendante et Démocratique, Lycéenne (FIDL), … souhaite que la FIDL aille maintenant demander que les programmes scolaires soient modifiés pour apprendre aux lycéen-en-s la véritable histoire du génocide, alors que pour l’instant celui-ci est à peine cité. Alain Ngirinshuti vice-président d’Ibuka France regrette la régression de 2014 au niveau du gouvernement français. Toujours par internet, Yannick Piquet, pour les Jeunes Socialistes Belgique, raconte les effets très positifs de la commission d’enquête et des excuses officielles en Belgique pour enlever la « chape de plomb ». Thomas (Moïc?) responsable international des Jeunes communistes exprime sa conviction que le futur ne peut s’envisager que par la connaissance du passé: « il faut une prise de conscience pour analyser ». Il dénonce le « colonialisme et la Françafrique » qui continuent, ce qui fait toussoter l’animateur. Ainsi, peut-il aussi souligner d’autres horreurs de l’histoire toujours très peu reconnues, comme la guerre française au Cameroun entre 1955 et 1971. L’intervenante de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance Jeunes parle de la division artificielle entre Hutus et Tutsi, de la nécessité de vivre ensemble entre victime et bourreaux, des séquelles psychologiques, et de la transmission des traumatismes d’une génération à une autre, un point qu’elle précisera pendant le débat. Une seconde personne venue pour le génocide arménien remarque que la vérité permettait de faire progresser la démocratie en Turquie et que le combat pour la vérité sur le Rwanda fait partie d’un « combat universaliste européen ». Pendant le débat, quelques associations disent un mot, le MRAP, la LDH, Survie. .. Un président d’honneur de la Communauté rwandaise de France remarque que la vérité est déjà connue sur la collaboration française avec les génocidaires, que « la complicité est politique », et qu’il faut maintenant l’ « aveu de la complicité ». .. Un représentant de la ville de Dieulefit, qui a inauguré une stèle, et est l’unique ville ayant un jumelage avec une ville au Rwanda se pose des questions sur le peuple français qui pourrait ne pas accepter la vérité. Julien Moisan, responsable des campagnes à Survie, souligne que la demande ouverture des archives ne doit pas laisser croire que la complicité de génocide n’est pas déjà avérée. Selon lui, la question est maintenant de « déterminer le degré de complicité et le rôle des acteurs ». Il évoque en particulier les livraisons d’armes. Laura Slimani remarque que des accusations sont énoncées sans que l’on puisse facilement savoir si elles sont vraies ou fausses. Dans le doute, beaucoup d’accusations circulent, et la vérité complète est indispensable. Benjamin Abtan conclut sur les événements de la campagne à venir et en donnant rendez-vous début avril 2015 au Rwanda pour un second voyage plus étoffé où seront aussi conviés des politiques.

 

9 juillet, EGAM,Mouvement Antiraciste Européen

http://www.egam.eu/genocide-contre-les-tutsi-la-verite-maintenant-lancement-de-la-campagne-ce-mercredi-a-18h30-a-la-mairie-du-10eme-arrondissement-de-paris/

« Génocide contre les Tutsi : la vérité, maintenant ! » : Lancement de la campagne mercredi 9 juillet à 18h30 à la Mairie du 10ème arrondissement de Paris 72 Rue du Faubourg Saint-Martin. La nouvelle génération engagée rejette l’héritage empoisonné de la collaboration que l’on tente de lui imposer, interpelle la génération précédente sur ses silences et sur les responsabilités des personnalités concernées, et exige de connaître “la vérité, maintenant !”. Après la publication de la tribune « Génocide contre les Tutsis : la vérité, maintenant ! » (publiée dans Libération, la Libre Belgique et le New Times au Rwanda), l’EGAM a mené une délégation des signataires au Rwanda du samedi 21 au dimanche 29 juin derniers, accompagnée par des dirigeants antiracistes européens engagés dans la lutte contre différentes expressions du négationnisme. Cette délégation a porté  auprès des jeunes générations ce message de clarté et d’humanité, y a commémoré le génocide des Tutsis, et a ainsi contribué à restaurer l’honneur de la France et la dignité des victimes. De retour de cette semaine intense, les membres de la délégation vous accueillent pour partager cette expérience et pour lancer la troisième phase de cette initiative de la jeunesse pour la vérité. Retrouvez ici la vidéo du premier extrait du film de présentation de l’initiative. Une initiative lancée et coordonnée par l’EGAM… Et portée collectivement par : Les Jeunes Socialistes France, Les Jeunes Démocrates, Les Jeunes Ecologistes, Le Mouvement des Jeunes, Communistes de France, Les Jeunes Radicaux de Gauche, La Fédération Indépendante et Démocratique, Lycéenne – FIDL, Ibuka France, SOS Racisme, L’Union des Etudiants Juifs de France – UEJF, L’Union Générale Arménienne de Bienfaisance Jeunes – UGAB Jeunes, L’Union Nationale des Etudiants de France – UNEF, L’Union Nationale Lycéenne – UNL, Les Jeunes Socialistes Belgique, Durde !, Romani Criss, Youth Initiative for Human Rights Serbia – YIHR

 

8 juillet, Jeunes écologistes (avec EGAM)

http://www.jeunes-ecologistes.org/blog/2014/07/rwanda-nous-ne-serons-pas-la-generation-du-deni/

Rwanda : nous ne serons pas la génération du déni : Après la publication de la tribune « Génocide contre les Tutsis : la vérité, maintenant ! » dans Libération, les représentant-e-s des organisations de jeunesse se sont rendus au Rwanda à l’occasion des commémorations des 20 ans du génocide des Tutsis. Une conférence de presse se tiendra le mercredi 9 juillet à 18h30 à la mairie du 10e arrondissement (72 rue du Faubourg Saint Martin, métro Château d’eau). Alors qu’une partie de la classe politique française refuse de lever le voile sur la collaboration de certains hauts responsables français avec le régime génocidaire au Rwanda avant, pendant et après le génocide contre les Tutsis, la jeunesse rejette cet héritage empoisonné. Au nom de la mémoire des victimes et de la responsabilité de la France, nous exigeons la vérité de la part des personnes impliquées et le libre accès aux archives concernant cette période. Sur une initiative de l’EGAM … un extrait vidéo du film, …

 

28 juin, RFI : Survie sur secret défense

http://www.rfi.fr/afrique/20140628-rwanda-1994-genocide-operation-turquoise-une-petition-france-levee-secret-defense/

Une délégation de plusieurs organisations se rendra ce samedi au ministère français de la Défense dans le but de remettre une pétition à Jean-Yves Le Drian. Le document demande la levée du secret défense pour tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda entre 1990 et 1994. ..

Photos : http://jumophoto.wordpress.com/2014/07/01/la-france-au-rwanda-20-ans-apres-levons-le-secret/

 

25 juin, AFP : Survie+LDH+FIDH

http://www.liberation.fr/societe/2014/06/25/genocide-rwandais-des-ong-demandent-la-transparence-a-l-armee-francaise_1050169

Des ONG demandent la transparence à l’armée française : Les ONG parties civiles dans l’enquête sur le rôle de l’armée française au Rwanda en 1994 ont écrit au juge pour qu’il demande la levée totale du secret défense sur les documents relatifs à cette période, au nom de «l’exigence de vérité»… Soutenus par des ONG, ils ciblent notamment les massacres de la région de Bisesero … L’enquête porte aussi sur Murambi (sud-ouest), un camp où s’étaient réfugiés de nombreux Tutsi, qui a été transformé après 1994 en mémorial du génocide. Les Français sont accusés par certains plaignants d’avoir laissé des miliciens hutu venir y chercher leurs victimes. Cette enquête a longtemps sommeillé au Tribunal aux armées, avant de vraiment débuter une fois transférée au pôle «crimes contre l’humanité» de Paris, créé en 2012. Plusieurs dizaines de militaires ont été entendus, dont un a été placé en juin 2013 sous le statut de témoin assisté, statut hybride entre celui de simple témoin et celui de mis en examen. Et le magistrat instructeur a effectué un déplacement au Rwanda en octobre 2013 et en février… Le 28 mai, Survie, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ont enjoint par courrier le juge de demander la levée du secret défense et le versement à la procédure de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. .. «Il s’agit d’infractions très graves», a expliqué Me Eric Plouvier, un des avocats de Survie. «L’exigence de vérité, 20 ans après les faits, doit primer sur le souci du secret». Dans un message aux armées, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait défendu, en avril, la «transparence exemplaire» de son administration, chiffrant à plus de 1.100 le nombre des documents déclassifiés. Cette transparence est cependant «loin d’être totale», affirment les ONG qui citent de nombreux avis défavorables de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN).

 

23 juin, Survie : secret-défense

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/236-juin-2014/article/operation-turquoise-le-drian-osera-4740

… Jean-Yves Le Drian a, dans son message aux Armées du 11 avril dernier, affirmé que « le ministère de la Défense a fait preuve d’une transparence exemplaire lors des procédures judiciaires engagées à la suite du génocide : au total, ce sont plus de 1100 documents qui ont été déclassifiés ». Pourtant, des pièces à conviction et des documents essentiels ne sont toujours pas communiqués aux magistrats dans les dossiers ouverts au pôle « génocides et crimes contre l’humanité » concernant Bisesero, Murambi et Nyarushishi, pas plus que dans l’instruction sur l’attentat du 6 avril 1994, en cours au pôle antiterroriste. .. notre association a sollicité les parlementaires français sur la nécessité d’enquêter sur les livraisons d’armes opérées par Paris, mais également interpellé Jean-Yves Le Drian en lui demandant la déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses volets diplomatiques, militaires, politiques, et financiers…

 

21 juin, Survie : Raphaël Doridant sur Turquoise

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/236-juin-2014/article/turquoise-l-armee-francaise-en-4741

… Turquoise avait en réalité des objectifs militaires : stopper l’avancée du Front patriotique Rwandais (FPR) qui, en prenant le contrôle du pays, mettait fin au génocide… le 21 avril, la France vote, comme tous les autres membres du Conseil de sécurité, la diminution drastique des effectifs de la Mission des Nations Unies d’assistance au Rwanda (MINUAR) … la France obtient malgré tout, le 22 juin, le mandat de l’ONU qu’elle réclamait (Résolution 929). L’opération est autorisée à recourir à la force. Plus de 2500 soldats français lourdement armés et un contingent sénégalais arrivent au Zaïre pour intervenir au Rwanda sous le commandement du général Jean-Claude Lafourcade. La mission officielle de Turquoise : « mettre fin aux massacres ». Mais quels massacres ? La Résolution 929 ne désigne clairement ni les victimes ni les auteurs du génocide. L’ordre d’opération Turquoise du 22 juin 1994 est un chef d’œuvre de double langage. Il gomme le génocide des Tutsi, dont la réalité est travestie en « très graves affrontements interethniques ». Il donne pour mission à la force Turquoise d’inciter « les autorités locales rwandaises, civiles et militaires » à « rétablir leur autorité », après les avoir dédouanées de leurs responsabilités dans l’extermination en cours, attribuée à des « bandes formées de civils ou de militaires hutus incontrôlés […] exhortés à la défense populaire par les chefs de milices ». Il accuse enfin le FPR d’« actions « d’épuration » à l’encontre des Hutus ». Le génocide des Tutsi est dénaturé, et la thèse mensongère du « double génocide », inaugurée par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, le 16 juin dans Libération, est accréditée. .. Cette ambiguïté de Turquoise a des conséquences directes sur le terrain où se côtoient des militaires français découvrant le Rwanda et d’autres qui y ont déjà servi aux côtés des FAR pendant l’opération Noroît (1990-1993) ou au titre de l’assistance militaire technique. Parmi eux, le colonel Jacques Rosier, patron du COS (Commandement des opérations spéciales) de Turquoise, qui réunit ses chefs de détachement le 23 juin 1994 à Bukavu (Zaïre) et leur explique alors, selon l’adjudant-chef Thierry Prungnaud, que « des rebelles tutsi venant d’Ouganda envahissent le pays par le nord et zigouillent tous les autres » [1]… Bisesero, 27 juin 1994 … Cette désobéissance force Gillier et le commandement de Turquoise à porter secours aux 800 Tutsi encore en vie, parfois grièvement blessés. Pendant les trois jours qui se sont écoulés depuis le 27 juin, les attaques se sont intensifiées et plus d’un millier d’entre eux ont été massacrés. Murambi. .. A Murambi, des soldats français sont accusés d’avoir eux-mêmes tué. Dans ce camp de réfugiés sous contrôle français, installé dans les bâtiments d’une école où, fin avril, 27 000 Tutsi ont péri, des soldats de Turquoise auraient commis le meurtre d’un Tutsi et des mauvais traitements. L’instruction en cours au pôle « génocides et crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris concerne aussi des allégations d’enlèvement de Tutsi en hélicoptère, ces personnes n’ayant plus été revues vivantes. Leur largage depuis les hélicoptères est évoqué. Des Rwandais auraient montré à des légionnaires des corps qui s’étaient visiblement écrasés de très haut. Cela rappelle les « crevettes Bigeard », ces Algériens précipités depuis les hélicoptères, pendant la guerre d’Algérie. La question des viols commis par des militaires français est aussi posée par des rescapées tutsi du camp de Nyarushishi qui ont elles aussi porté plainte devant la justice française. Des objectifs militaires. Sous couvert d’humanitaire, l’opération Turquoise poursuivait des buts militaires qui ont évolué en fonction des événements. Dans une première phase (22 juin – début juillet), l’objectif était de stabiliser le front. Un des objectifs mentionnés par l’ordre d’opération du 22 juin est d’« être prêt à contrôler l’étendue du pays hutu en direction de Kigali et au sud vers Nianzi [Nianza, plus probablement] et Butare », soit toute la moitié ouest du Rwanda. L’ordre de foncer sur Kigali a été annulé au dernier moment. Des accrochages avec le FPR ont lieu près de Butare début juillet. Lorsque la prise de Kigali par le FPR paraît certaine, l’objectif change. Il s’agit alors de stopper l’avance du FPR et de préserver un réduit hutu à l’ouest du Rwanda : ce sera la « zone humanitaire sûre » (ZHS), créée unilatéralement par Paris le 2 juillet. Malgré son nom, elle reste livrée aux milices qui ne sont pas désarmées, ni ne voient leurs barrières démantelées. Kigali tombe le 4 juillet. Les milices et les Forces armées rwandaises en déroute se replient au Zaïre avec la bienveillance de la force Turquoise. Le représentant du Quai d’Orsay, l’ambassadeur Yannick Gérard, suggère le 15 juillet que les membres du GIR soient arrêtés s’ils venaient dans la ZHS. Sa proposition, pourtant relayée par un communiqué de son ministère, a visiblement été contrecarrée lors d’une réunion à Matignon avec les conseillers de l’Elysée. Réfugié à Cyangugu, le GIR est évacué à Bukavu, au Zaïre, par les hommes du lieutenant-colonel Hogard. Commence alors le soutien à la reconstitution des FAR pour organiser la reconquête du Rwanda. Le fait que nos alliés aient commis un génocide ne trouble guère les responsables français. Paris livre des armes jusqu’en août 1994 : les avions atterrissent à Goma, au Zaïre, où se trouve le PC du général Lafourcade. Ces livraisons se poursuivent après la fin de l’opération Turquoise, au moins jusqu’au printemps 1995. Des conseillers français entraînent les FAR et les milices repliées au Zaïre. .. Les plaintes déposées en 2005 pour complicité de génocide et crimes contre l’humanité visent des soldats français de Turquoise. Il faut souhaiter que l’instruction permette de définir précisément les responsabilités et de renvoyer devant les tribunaux ceux qui se sont rendus complices des génocidaires.

 

18 juin, EGAM : Mouvement (des Jeunes) antiracistes européens

http://www.egam.eu/rwanda-les-jeunes-des-partis-politiques-exigent-la-verite-maintenant/

… Disons-le en effet clairement : Paris a soutenu le régime génocidaire au Rwanda avant, pendant et après le génocide perpétré contre les Tutsis, qui fit plus de 800 000 victimes entre avril et juillet 1994. Une poignée de personnalités, de droite comme de gauche, situées au plus haut niveau de l’appareil d’Etat, endossa au cours du second septennat de François Mitterrand, la responsabilité d’une politique secrète qui dura a minima de 1990 à 1994. Cette politique, qui ne fut jamais discutée au Parlement, et encore moins devant les Français, prit la forme d’un soutien politique, militaire et diplomatique envers les extrémistes rassemblés dans le mouvement Hutu Power, mouvement dont l’appareil d’Etat français connaissait la nature structurellement raciste, totalitaire, génocidaire. Depuis vingt ans maintenant, cette poignée de responsables, croyant ainsi sauver leur honneur, refusent de répondre de leurs actes et tentent d’obstruer l’éclatement de la vérité en tenant un discours de déni, voire de négationnisme. Les faits sont pourtant éloquents. Il est établi que, d’octobre 1990 à la fin 1993, alors même que de nombreux télégrammes diplomatiques alertaient de la possible extermination totale de la population tutsi au Rwanda[1], Paris a soutenu les extrémistes, notamment en formant et armant la Gendarmerie nationale, les Forces armées et la Garde présidentielle qui allaient être les fers de lance du génocide[2]. Ce soutien, alors direct, ne fut interrompu ni pendant l’extermination, ni même après[3]. Il est établi que le gouvernement putschiste et génocidaire fut formé à l’ambassade de France, sous l’égide de l’ambassadeur de France, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana[4]. Ce fut le dernier acte d’un coup d’Etat, entamé avec l’attentat et l’assassinat de la Première Ministre démocrate Agathe Uwilingiyimana, quelques heures avant la réunion à l’ambassade. Il est établi que seules les autorités françaises ont accepté de recevoir en plein génocide, le 27 avril 1994, Jérôme Bicamumpaka, ministre des Affaires étrangères du gouvernement génocidaire, et Jean-Bosco Barayagwiza, membre fondateur de « Radio-la-haine », la funeste Radio Mille Collines[5]. Il est établi que l’Opération Turquoise, lancée le 22 juin sous le chapitre VII de l’ONU, ne fut pas, comme cela a été officiellement présenté, une opération neutre et humanitaire. Certes les ordres de l’Opération Turquoise stipulaient qu’il convenait de « faire cesser les massacres », mais ils visaient aussi à « rétablir l’autorité » des forces locales « civiles et militaires » qui venaient de commettre le génocide[6]. Il est établi que, pour se porter au secours des rescapés, des soldats français ont dû désobéir aux ordres de l’état-major de Turquoise. De cela, les rescapés des collines de Bisesero, abandonnés aux milices génocidaires trois jours durant par les soldats français, témoignent implacablement[7]. Il est établi que cette opération « militaro-humanitaire » a permis de couvrir la retraite vers le Zaïre du gouvernement génocidaire et des milices, sous la protection de fait d’un contingent qui, malgré son engagement sous chapitre VII de l’ONU, avait reçu ordre des plus hautes autorités politiques et militaires françaises de rester l’arme au pied[8]. La liste des faits incriminants est longue, fondée sur des documents officiels, des enquêtes journalistiques et la mission d’information parlementaire de 1998. Les éléments cités ne sont pas exhaustifs mais ils disent bien la profondeur de la collaboration entre certains hauts responsables français et le régime auteur du génocide. Depuis vingt ans, ces hauts responsables se drapent dans « l’honneur de la France » qui serait, disent-ils, mis en cause. Leur rhétorique indigne vise à enrôler d’autorité la France toute entière afin d’abriter leurs responsabilités derrière son innocence. La question aujourd’hui posée est donc simple, claire, nette : cette poignée de personnalités sont-ils la France ? A cette question, la France qui vient, celle de notre génération, répond avec clarté et fermeté par la négative. Nous, dirigeants de jeunesses de partis politiques français, d’associations de jeunesse, défendons et soutenons le devoir de vérité, tout de suite. La recherche de la vérité sur le génocide des Tutsis est pour nous un absolu. Elle ne relève pas d’un compromis dans un rapport de forces politique ou diplomatique, ni d’un soutien politique à un régime ou à un gouvernement particuliers. A ceux qui pensent qu’un mensonge national vaut mieux qu’une vérité qui met en cause certains Français, nous disons que la France n’est jamais aussi grande et digne que lorsqu’elle fait face, avec courage et lucidité, à son passé. Le travail de vérité est une exigence, lever le voile un impératif. Notre génération, toutes tendances politiques républicaines confondues, rejette, contre ceux qui tentent de nous l’imposer, l’héritage empoisonné de la collaboration. Nous combattons l’indifférence, le déni et le silence d’Etat. La lutte contre le négationnisme n’est pour nous pas négociable. Dans cette lutte, nous n’entendons pas laisser une poignée de hauts responsables parler au nom de la France, donc en notre nom à tous, ni utiliser impunément comme bouclier rhétorique une France à qui rien n’a jamais été demandé, qui n’y est pour rien. A eux, qui instrumentalisent l’honneur d’un pays et croient sauver le leur en cachant la vérité, nous disons que plus le temps passe, plus ils seront jugés durement par l’histoire et par la France. Nous exigeons de ceux qui ont endossé cette politique criminelle, en premier lieu quand ils font partie de nos formations, qu’ils aient le courage de répondre sans faux fuyants aux questions précises, nourries et factuelles que pose la politique qui fut menée par Paris. Des zones d’ombre demeurent sur le champ et l’étendue des responsabilités individuelles. Il convient de rentrer dans le détail, d’examiner les faits, les multiples preuves. L’ouverture immédiate des archives s’impose pour permettre aux historiens de travailler sans entraves. Nous irons à Bisesero inhumer ceux qui y ont été exterminés et rendre hommage à ces soldats français de Turquoise qui, confrontés à un choix terrible et douloureux, eurent le courage de désobéir aux ordres pour sauver des hommes, des femmes et des enfants voués à la mort.

 

10 juin, Survie : lettres aux parlementaires sur livraisons d’armes

https://regardexcentrique.files.wordpress.com/2014/04/140610lettre-aux-parlementaires-livraisons-darmes.pdf

Lors de son audition par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, le 16 avril dernier, Hubert Védrine a admis l’existence de livraisons d’armes à l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsi (avril à juillet 1994). Interrogé par le député socialiste Joaquim Pueyo, qui lui demande : «Est-ce que la France a livré des munitions aux forces armées après le début du génocide ? À quelle date ?», l’ancien secrétaire général de l’Élysée répond : «Ce que je crois être le cas, ce que j’ai compris à l’époque ou après, avec le recul ou maintenant, c’est que la France a donc armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise, avec un certain type d’armement qui n’a jamais servi au génocide. Donc c’était armé dans ce but à partir de 1990 et après. Donc il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc parce que s’il n’y avait pas d’armée capable de tenir le choc, vous pouvez oublier Arusha et tout le reste, il n’y a plus les éléments, il n’y a plus le levier pour obtenir un compromis politique. Donc, il est resté des relations d’armement et c’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Ça n’a jamais été nié, ça. Donc, c’est pas la peine de le découvrir, de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable masquée. C’est dans le cadre de l’engagement, encore une fois, pour contrer les attaques, ça n’a rien à voir avec le génocide[1]Après Bernard Kouchner, selon lequel «Paris a livré des armes jusqu’en août 1994[2] », M. Védrine reconnaît donc lui aussi l’existence de ces livraisons. Or, un embargo international avait été décrété le 17 mai 1994 par l’Organisation des Nations Unies. Hubert Védrine justifie les livraisons d’armes pendant le génocide par la nécessité de «contrer les attaques» du Front Patriotique Rwandais (FPR) «pour imposer une solution politique». Mais, dans le contexte génocidaire, aider l’armée rwandaise à «bloquer l’offensive militaire» du FPR revenait à permettre que se poursuive le génocide des Tutsi à l’arrière du front, puisque ce sont les troupes du FPR qui mettaient fin à l’extermination des Tutsi au fur et à mesure de leur progression.M. Védrine refuse par ailleurs de prendre en compte ce que les documents militaires français eux-mêmes nous apprennent sur le rôle de l’armée rwandaise dans le génocide. L’ordre d’opération Amaryllis, daté du 8 avril 1994, indique ainsi que «les membres de la garde présidentielle» ont procédé dès le 7 avril au matin à Kigali à «[l’]arrestation et [l’]élimination des opposants et des Tutsi». Pour sa part, l’ordre d’opération Turquoise du général Lafourcade, daté du 25 juin 1994, mentionne «un génocide perpétré par certaines unités militaires rwandaises et par des milices Hutues à l’encontre de la minorité Tutsie». Il n’y a donc aucune ambiguïté sur le rôle joué par les Forces armées rwandaises dans les massacres. Comment M. Védrine peut-il dès lors prétendre que l’État français ne leur a fourni qu’«un certain type d’armement qui n’a jamais servi au génocide»? Le distinguo qu’il opère entre les armes ayant servi à combattre le FPR et les armes ayant servi au génocide n’a aucun sens. En affirmant, dans l’exposé liminaire de son audition, que «[les Hutu] n’ont pas fait les massacres avec les armes françaises fournies pour tenir la frontière avec l’Ouganda. Les massacres, comme vous le savez, ont été faits à coups de machettes, village par village», il réécrit l’Histoire : en réalité, une part non négligeable des victimes du génocide a été tuée par armes à feu (balles, éclats de grenade, etc)[3]. Le modus operandi courant était d’attaquer les Tutsi, préalablement regroupés dans des édifices publics ou des centres religieux, à la grenade et au fusil, avant de les achever à l’arme blanche. Étant donné qu’à l’exception peut-être des munitions pour hélicoptères, tous les types d’armes dont disposaient les Forces Armées Rwandaises (FAR) ont été utilisés pour commettre le génocide (armes de poing, munitions de 5.56 et 7.62 pour les fusils R4, Kalachnikov, et Fal, grenades à main, grenades à fusil, et même obus de mortier), il fait peu de doute que les livraisons d’armes par notre pays à partir d’avril 1994 ont servi à la fois à la guerre contre le FPR et au génocide des Tutsi. Hubert Védrine devrait par conséquent expliquer qui sont les responsables politiques ou militaires français de l’époque qui ont donné l’ordre de livrer des armes aux génocidaires pendant le génocide, quels types d’armes ont été livrés, à quelles dates, par quels canaux, avec quels financements. Est-ce que Paul Barril, signataire le 28 mai 1994 d’un contrat de fourniture d’hommes et de munitions avec le Gouvernement intérimaire rwandais, a joué un rôle dans une «stratégie indirecte» évoquée à la fois par le général Quesnot et le général Huchon[4] ? Il appartient au Parlement de demander des comptes au pouvoir exécutif sur la politique menée au Rwanda. Il est aujourd’hui évident que le travail important conduit en 1998 par la Mission d’information parlementaire présidée par Paul Quilès n’a pas permis d’éclairer la question des livraisons d’armes pendant le génocide – ce qui sous-entend que l’exécutif a menti aux députés en leur cachant ces livraisons. N’en va-t-il pas de même pour d’autres aspects de l’action de la France au Rwanda pendant le génocide ? Entre autres : pourquoi le Gouvernement intérimaire rwandais s’est-il constitué pour partie à l’ambassade de France les 8 et 9 avril 1994 et quel rôle l’ambassadeur Jean-Michel Marlaud a-t-il joué dans sa formation ? Pourquoi l’opération Amaryllis, n’a-t-elle pas eu pour objectif de stopper les massacres des Tutsi dans les premiers jours du génocide? Pourquoi des liens politiques, diplomatiques et militaires étroits ont-ils été maintenus avec le Gouvernement intérimaire rwandais et les FAR pendant le génocide ? Quels étaient les objectifs de l’opération Turquoise en dehors de ceux affichés officiellement ? Nos soldats ont-ils évacué le Gouvernement intérimaire rwandais vers le Zaïre ? La responsabilité qui vous incombe en tant qu’élu-e de la Nation est de contribuer à établir la vérité sur cette politique. Pour cela, nous vous demandons de faire en sorte : que soit communiqué aux magistrats du pôle anti-terroriste et du pôle «génocide et crimes contre l’humanité» du tribunal de grande instance de Paris l’ensemble des archives concernant les dossiers qu’ils instruisent (attentat du 6 avril 1994, plaintes contre des militaires de l’opération Turquoise, rôle de Paul Barril pendant le génocide) ; qu’une commission d’enquête parlementaire soit créée pour faire toute la lumière sur les livraisons d’armes aux Forces Armées Rwandaises dans lesquelles notre pays est impliqué, avant, pendant et après le génocide ; que cette commission exige la déclassification de tous les documents liés à ces livraisons et qu’elle tienne toutes ses auditions publiquement. ..

[1]http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5324.commission-de-la-defense–m-hubert-vedrine-sur-la-politique-de-la-france-au-rwanda-16-avril-2014, La question de M. Puyeo se trouve à 1’02 » dans son intervention. La réponse de M. Védrine se trouve à 6’40 » dans son intervention finale. Il est à noter que la transcription officielle des propos de M. Védrine gomme les éléments qui permettent de comprendre qu’il parle des livraisons ayant eu lieu après le début du génocide.

[2] Libération, 7 avril 2014 http://www.liberation.fr/monde/2014/04/07/kagame-la-france-a-contribue-a-l-emergence-d-une-ideologie-genocidaire-au-rwanda_993725

[3]La proportion est par exemple de 15 % dans la préfecture de Kibuye (Dictionnaire nominatif des victimes du génocide dans la préfecture de Kibuye, réalisé par l’association Ibuka).

[4]Général Christian Quesnot, chef d’état-major particulier de François Mitterrand, le 6 mai 1994 ; général Jean-Pierre Huchon, chef de la mission militaire de coopération, le 9 mai 1994.

 

Du 18 mai au 5 juin, Mémorial de la Shoah (Paris) : projections

http://www.memorialdelashoah.org/rwanda/autour-de-exposition.html

… 5 juin 18h30 : Rwanda, un cri d’un silence inouï d’Anne Lainé [France, documentaire, 52 mn, Palindromes & Little Bear Productions, 2003]… En présence d’Anne Lainé, réalisatrice, Marie-Odile Godard, maître de conférences, université d’Amiens, et Solange Icyitegetse, rescapée et intervenante dans le film + 20h : Mon voisin, mon tueur d’Anne Aghion [France, États-Unis, documentaire, 90 mn, Gacaca Productions, 2008]… En présence d’Anne Aghion, réalisatrice (sous réserve), Nadia Ben Rachid, monteuse du film, et Hélène Dumas, docteur en histoire, EHESS. Animée par Valérie Nivelon, journaliste, La Marche du Monde RFI, et Marcel Kabanda, historien, président d‘Ibuka- France.

 

1er juin, Ibuka et Mémorial de la Shoah

http://www.ibuka-france.org/

Programme : http://www.memorialdelashoah.org/rwanda/autour-de-exposition.html

Colloque international sur le thème « 1994 : Le génocide des Tutsi au Rwanda. La parole des rescapés »

 

29 mai, colloque Ibuka au Mémorial de la shoah (compte-rendu)

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/05/25-mai-2014-paris-colloque-sur-le.html

… L’ancien président de Médecins Sans Frontières et ministre raconte son expérience sur le terrain, sa volonté d’une intervention humanitaire. Il explique ses discussions avec Roméo Dallaire, dont les 400 hommes au service de l’ONU auraient pu arrêter une grande partie des massacres. Bernard Kouchner aurait voulu que les massacres soient empêchés aux barrages : « il fallait tirer ». Il relate ses divergences avec Kagamé sur le sauvetage de l’hôtel des 1000 collines, sur les priorités dans les groupes à sauver. Il explique avoir voulu impliquer Mandela, fraichement libéré et arrivé au pouvoir, d’où son voyage avec Mitterrand en Afrique du sud (juillet), un échec. Avant Turquoise, il a vu à Juppé et l’a poussé à intervenir, il a vu deux fois Mitterrand, lui demandant aussi d’intervenir. « On ne nous croyait pas, il y avait une propagande avec une inversion des rôles », précise-t-il. Mitterrand lui a dit : « vous exagérez ». Selon lui, « Balladur et Léotard ne voulaient pas d’une intervention ». Il dit être allé parler sur la Radio 1000 collines, la voix des génocidaires, « parler au milieu des assassins ». Il explique qu’avec l’ambassadeur Gérard Larome, il a essayé de convaincre Kagamé d’accepter Turquoise. Il n’avait pas prévu que Turquoise aiderait la fuite des génocidaires : « J’en ai reparlé à François Mitterrand » souligne-t-il, d’un air désabusé. Un moment, il dit aussi : « j’ai marché dans la bouilli », évoquant les cadavres sur le sol. Bernard Kouchner parle de la suite, des 20 ans, depuis. Il y avait un « bloc incessible », avec la procédure du juge Bruguière, une « cécité sinon complicité ». Ensuite, ministre, il a « créé le pôle du TGI ». « Le quai d’Orsay était prudent, avec Bruguière, il y avait déjà les mandats ». Par Rose Kabuye, il y a eu l’accès au dossier, et on comprend pour le MAE aussi : « nous n’avions pas accès au dossier ». Le MAE « négociait », puis il y a eu la rencontre Sarkozy – Kagamé. Pour lui, « la justice change plus ou moins, et le pôle génocide était la seule manière d’avancer ». Il évoque la séparation judiciaire, exécutif, législatif qui empêche de parler : « on se tait ». Alors, un journaliste dans la salle, Alain Frilet, l’interrompt, et lui dit que certains parlaient mais qu’il n’y avait pas d’ « écoute ». Alors, l’homme politique se met en colère : « J’ai pas parlé… c’est pas assez tôt ! », et il se calme aussitôt, dit qu’il ne faut « pas confondre » (les périodes ?). Puis, il revient sur les 20 ans, sur l’accusation de Kagamé de « participation » pendant l’ « organisation ». Il indique « on l’a démontré, la participation dans l’organisation ». Il reste nerveux, parle vite, ma prise de note peut comporter un décalage avec les mots exacts. Ensuite, il indique «  Taubira devait y aller ». Parlant des « erreurs politiques de François Mitterrand », selon lui, « il ne se rendait pas compte » de la situation réelle, telle que l’on l’a comprend maintenant. « L’honneur de l’armée n’est pas attaqué » car il y avait « des ordres ». Mitterrand était focalisé sur « Fachoda », « l’erreur est politique et pas militaire ». « Les belges ont fait un débat au parlement » alors que rien n’a été fait en France. Il y a des « documents ». Il insiste sur un point : « Il faut que l’on révèle qui a donné les ordres à Bisesero ». Il rappelle qu’il « a proposé un Tribunal Russel », précise qu’il y a des « ordres auxquels des militaires ont participé aussi ».

Wolfgang Blam résume ainsi les 3 premières semaines : 1 semaine de regroupement, entassement, 1 semaine de grands massacres, puis 1 semaine de petits massacres.

Pour commencer, Jean-François Dupaquier commence par rectifier ou compléter le titre de cette partie du colloque : la France… on parle « une trentaine de personnes » en réalité. Ce correctif n’est pas anodin, et je suis d’accord. Yves Ternon présente le rôle de la France, dans un résumé d’une efficacité et d’une précision de métronome. Depuis des années, j’ai été à beaucoup de débats, et je n’ai jamais entendu une synthèse aussi claire. Travaillant moi-même sur des textes de synthèses, j’ai remarqué que la commémoration a provoqué ce besoin de sortir des détails et des affaires pour récapituler l’ensemble de la participation française à partir des points essentiels. Quand c’est Yves Ternon qui le fait, c’est un historien de renom, reconnu, qui le fait, et l’auteur de ‘L’État criminel. Les génocides au XXe siècle’, le fait au Memorial de la Shoah. Yves Ternon fixe le cadre : les indépendances, puis la Françafrique. Dès 1981, François Mitterrand est sensible à ‘Fachoda’. Habyarimana devient un bon élève de la Françafrique et en parallèle, la politique française commence à ignorer la politique du dictateur rwandais concernant les 340 000 réfugiés Tutsi hors du Rwanda. Avec le discours de la Baule, du 20 juin 1990, le discours officiel devient  « le soutien des régimes qui développe la démocratie », et c’est exactement l’inverse qui se fait au Rwanda, et surtout à partir de l’attaque du FPR du 1er octobre 1990. Avec Noroît, le 8 décembre 1990, la désinformation est déjà là. 30 personnes représentent la France, surtout l’Elysée et le MAE avec les ambassades. Les « techniques de la guerre révolutionnaire » (de Trinquier, à Muchielli) sont reprises, et la collaboration avec les services secrets rwandais démarre. Le FPR est vu comme terroriste. FerdinandNahimana intoxique avec sa « théorie du complot ». « Les dirigeants français sont convaincus des théories racistes ». Malgré les alertes, comme celle de la publication des ‘10 commandements’, « l’armée française, l’Elysée, l’ambassadeur Martre, sont incapables de prévoir l’extermination » (erreur sur Martre et Galinié). Il y a une « accélération de la désinformation, et cette désinformation est acceptée par les dirigeants français, puis développée. » « Le colonel Galinié commandant Noroît est inquiet et il est remplacé par le Cussac, qui lui adhère » à la désinformation. Avec la « propagande noire », les accusations en miroir, la désinformation augmente encore, mais l’officier français adhère. Il y a les « messages imaginaires » du FPR que raconte Richard Mugenzi. « Hubert Vedrine est le principal manipulateur » avec comme autre décideurs « l’amiral Lanxade, Bruno Delaye, et François Mitterrand malade ». Il y a « une aide militaire en même temps que l’acceptation de la menace du génocide ». Après le « Le rapport de Bagosora sur l’Ennemi intérieur », « militaires et politiciens le considère comme possible ». En 1992, c’est la création des Interhamwés et de la coalition extrémiste CDR, de l’Akazu, du rezo 0, puis arrive le massacre de Bugesera. L’autre versant, avec la fatigue et le refus de la guerre, ce sont les négociations à Arusha. Le CDR, essaye de détruire le processus. « A des barrages, des soldats français livrent des Tutsi », « les militaires apprécient l’expérimentation ». En Juin 92, le COS et la DRM sont créés, puis les DAMI sont renforcés. « Fin 92, début 93, la mission Fidh, Eric Gillet, HRW, Alison Desforges, Survie, Jean Carbonare dénonce la désinformation et les massacres ». Jean Carbonare passe sur France 2. En février 93, il y a 250 morts à Gisenyi et l’offensive du FPR. C’est l’époque où « Stefen Smith est ‘retourné’, avec plein d’autres ». Le 29 mars 1993, le PS perd les élections législatives, Balladur, Juppé, Léotard arrivent au pouvoir. En août 93, les accords d’Arusha sont signés. Les 21 octobre au Burundi, l’assassinat du Président Melchior Ndadaye provoque des massacres de Tutsi. L’armée française quitte en décembre 93. Yves Ternon en arrive au génocide. Il retrace les faits : Bruno Delaye accuse le FPR. L’ambassadeur Marlaud réunit des génocidaires juste avant la formation du gouvernement (GIR), alors que « des négociations auraient pu avoir lieu avec des opposants ». « A l’ONU, la France demande le retrait de la MINUAR ». Le 27 avril, des membres du GIR sont reçus à L’Elysée, venant pour « recevoir des armes ». « L’achat des armes est maquillable facilement ». La désinformation continue. Il y a une peur d’une intervention de l’Afrique du Sud. Le colonel Rosier qui prépare Turquoise est aussi en contact avec un génocidaire, le lieutenant-Colonel Anatole Nsengiyumva (à vérifier). Le 23 juin, arrive des forces pour une guerre. Puis à Bisesero, « Marin-Gillier découvre les survivants », et « l’appel à l’aide est ignoré par le colonel Rosier ». « La responsabilité est écrasante » conclut l’historienRaphaëlle Maison, juriste, intervient sur les progrès de la recherche et l’état des connaissances. Elle souhaite que les universitaires travaillent ensemble. Elle commence par dresser la liste des universitaires écrivant sur le sujet, remarquant qu’il y a plus de travail sur les suites du génocide et le négationnisme, et que les progrès sont venus des journalistes, et des associations, dont elle dresse aussi une liste. Il est d’abord question des universitaires et de la volonté, en tant que tel-le-s, de faire face à la participation des acteurs français dans le génocide. Selon Raphaëlle Maison, le risque actuel est que les universitaires ne remplissent jamais leur rôle dans l’élucidation. Elle ajoute, que le manque de lien entre les différents domaines est un frein : « étude de l’histoire politique, étude coloniale, étude des doctrines militaires, de l’espionnage, de la Françafrique », devraient être entrepris, et, pour l’instant le manque de  travail dans l’ensemble des disciplines fait blocage. Selon elle, les universitaires ne produiront pas la même chose que la justice. Le rapport au savoir est en jeu comme avec la guerre d’Algérie et Vichy.Elle aborde ensuite la « complicité de génocide ». Elle rappelle un passage du livre de David Servenay et Gabriel Périès, « Une guerre noire », le fait que Quilès et la MIP ont permis d’éviter le TPIR. Il y a un risque de « disculpation pénale ». Elle résume à son tour les faits : –  90-93 : le soutien politico-militaire dans la guerre civile, sous les formes de la formation des FAR et des forces de l’ordre, les livraisons d’armes (et un 4e point). Dans les négociations d’Arusha, en parallèle, un engagement  militaire, qui fait que la neutralité n’est pas présente. –   les questions de l’attentat de l’avion et du meurtre de deux gendarmes – la formation du GIR – pendant Amaryllis, les abandons, la non-intervention, les livraisons d’armes – pendant la suite du génocide : le soutien diplomatique au GIR, la tendance à ‘rétablir un équilibre’ selon le g.al Quesnot, le rôle de Paul Barril et le rôle d’éventuels mercenaires –  pendant Turquoise : les 27-30 à Bisesero et la fuite des génocidaires aux Zaïre, les exactions donnant lieu à enquêtes pénales – les positions par rapport au TPIR -les suites de la relation France-Rwanda –  le négationnisme. Pour elle, « la collaboration » est plus à relier à la « politique coloniale », aux « massacres coloniaux », à une « politique africaine secrète, en petit cercle ». Elle propose pour l’ouverture des archives, un « groupe de recherche pluridisciplinaire. », qui puisse « identifier les sources, les travaux » et viser une « première évaluation universitaire ».Jean-François Dupaquier souligne que beaucoup de documents sont déjà disponibles chez les journalistes, et que c’est la classe politique qui est dans « un refus et une incapacité », il demande s’il faut « une nouvelle initiative citoyenne, ou un tribunal Russel  pour dépasser le refus de la classe politique ». Raphaëlle Maison, « partagée », répond qu’en théorie, une « enquête parlementaire » serait adaptée.  Elle insiste sur la nécessité pour les universitaires d’ « imposer la thématique ».

Jean-François Dupaquier préfère ensuite revenir sur le témoignage de Richard Mugenzi, qui a déjà parlé le matin. Il le questionne alors en direct. JFD : « Est-ce que vous avez-vu Paul Barril et ses mercenaires ? » RM : « Paul barril était à Gisenyi en 94 et un peu partout au Rwanda. Il avait pris la relève de Noroît » (à partir du 15 décembre 93, 23 coopérant était aussi restés) « J’ai vu Barril avec Nsengiyumva dans le camp de Gisenyi » (Nsengiyumva commandant la région de Gisenyi, près de Goma) « Les mercenaires sont restés ». « Je l’ai vu déjà en 91 avec un petit groupe de mercenaires, c’était un ami de l’Alliance » «  Je l’ai vu 2 fois, une première fois avec des mercenaires en 91, pas des soldats français, une 2e fois en 94, avec une trentaine de mercenaires. Au camp de Butotori (?), les mercenaires faisaient de la formation commando, amphibie, du zodiac. C’était des mercenaires, car ils ne portaient pas de bérets rouges, avaient des bérets noirs et des uniformes sans insignes ». JFD : « (Quelle était la relation entre) Nsengiyumva, le chef du renseignement militaire et les gradés de Turquoise ? » RM : « La relation était très rapprochée ». « Il y avait un français avec le chef des FAR » (phrase à vérifier) « Nsengiyumva est parti à Goma en Juin, et a été nommé responsable de la coordination avec Turquoise, puis il est revenu à Gisenyi. » JFD : « … les fausses interceptions (du FPR) ? » (de mémoire, à vérifier,  JFDupaquier demandait si les fausses interceptions avaient pour objectif d’intoxiquer l’armée française) : « … pour l’armée française, je ne sais pas. On a continué l’intoxication jusqu’à la fin. Les militaires français n’étaient pas tellement manipulés, plutôt complice. Ce sont les français qui nous ont appris, le quadrillage et le contrôle, les accusations. Ils sont complices et pas manipulés ».

 

26 mai, Survie : Raphaël Doridant

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/235-mai-2014/article/livraison-d-armes-l-aveu-d-hubert-4712

… De plus, cet effroyable distinguo entre les armes ayant servi à combattre le FPR et les armes ayant servi au génocide ne tient pas. En effet, quand Védrine affirme, dans l’exposé liminaire de son audition, que « [les Hutu] n’ont pas fait les massacres avec les armes françaises fournies pour tenir la frontière avec l’Ouganda. Les massacres, comme vous le savez, ont été faits à coups de machettes, village par village [2] », il refuse de prendre en compte ce que les documents militaires français eux-mêmes nous apprennent sur le rôle de l’armée rwandaise dans le génocide. L’ordre d’opération Amaryllis, daté du 8 avril 1994, indique ainsi que «  les membres de la garde présidentielle » ont procédé dès le 7 avril au matin à Kigali à « [l’]arrestation et [l’]élimination des opposants et des Tutsi ». Pour sa part, l’ordre d’opération Turquoise du général Lafourcade, daté du 25 juin 1994, mentionne « un génocide perpétré par certaines unités militaires rwandaises et par des milices Hutues à l’encontre de la minorité Tutsie ». Il n’y a donc aucune ambiguïté sur le rôle joué par les Forces armées rwandaises dans les massacres. Comment Védrine peut-il prétendre que l’Etat français ne leur a fourni qu’ « un certain type d’armement qui n’a jamais servi au génocide » ? Il devrait plutôt expliquer qui sont les responsables politiques ou militaires français de l’époque qui ont donné l’ordre de livrer des armes aux génocidaires pendant le génocide, et quels types d’armes ont été livrés. Etant donné qu’à l’exception peut-être des munitions pour hélicoptères, tous les types d’armes dont disposaient les FAR ont été utilisés pour commettre le génocide (armes de poing, munitions de 5.56 et 7.62 pour R4, Kalashnikov, et Fal, grenades à main, grenades à fusil, et même obus de mortier), il fait peu de doute que les livraisons d’armes par notre pays ont servi à la fois à la guerre contre le FPR et au génocide des Tutsi. En admettant l’existence de livraisons d’armes pendant le génocide, Hubert Védrine a bel et bien reconnu la réalité de la complicité de l’État français dans celui-ci. Comme il le dit lui-même face aux députés : « On parle de complicité de génocide. Si les mots ont un sens, c’est monstrueux. Ou alors c’est que les mots n’ont plus aucun sens ». Les mots ont un sens : la complicité de génocide, qui implique d’avoir fourni en toute connaissance même sans intention génocidaire une aide à ceux qui massacraient, est un crime imprescriptible puni par la loi.

 

26 mai, Survie : Raphaël Doridant

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/235-mai-2014/article/genocide-des-tutsi-du-rwanda-l-4718

… Vers un négationnisme d’État ? Quoique fallacieux de part en part, le discours de justification de la politique française au Rwanda se suffit à lui-même. Pourquoi alors y agréger les figures habituelles du négationnisme du génocide des Tutsi, familières aux accusés du Tribunal pénal international pour le Rwanda ? Pourquoi les responsables français de l’époque y reviennent-ils sans cesse depuis 1994, forgeant inlassablement un récit falsifié du génocide lui-même, et ce malgré leur réfutation par la justice de notre pays, tant dans le verdict Simbikangwa que dans l’instruction sur l’attentat ? Les cadavres dans le placard sont-ils si nombreux ou si énormes qu’il faille utiliser encore, dans le vain espoir de les empêcher d’en sortir, les mêmes ficelles de plus en plus usées ? Derrière la défense de «  la France », qui serait injustement salie par les propos du président Kagame, les complices français du génocide, au pouvoir entre 1990 et 1994, essaient d’associer la classe politique actuelle à leur prise en otage de la République, dont le seul but est de dissimuler leurs responsabilités individuelles. La question aujourd’hui est de savoir si François Hollande et Manuel Valls vont, dans l’assourdissant silence du Parlement, confirmer leur appui à ce petit cercle politico-militaire très actif au sein de nos institutions. Si c’était le cas, nous passerions alors d’un négationnisme au cœur de l’État à un pur et simple négationnisme d’État. Il n’est pas encore sûr que les choses se passent ainsi, tant paraît grand le risque que ferait courir aux dirigeants actuels de notre pays le refus de prendre acte de la marche inexorable de la vérité.

 

25 mai, Ibuka et Mémorial de la Shoah

http://www.ibuka-france.org/

http://www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/programme-des-activites/colloques/rwanda-avril-1994-les-grands-temoins

Colloque international sur le thème « 1994 : Le génocide des Tutsi au Rwanda. Les grands témoins »

Les grands témoins I : Présidence Antoine Bernard, directeur général FIDH, René Degni-Segui, professeur, université d’Abidjan, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour le Rwanda (sous réserve) Richard Mugenzi, témoin, Patrick de Saint Exupéry, journaliste et écrivain, Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, fondateur de Médecins sans frontières. .. Les grands témoins II : Présidence Alain Frilet, ancien grand reporter, Libération. Docteur Wolfgang Blam, médecin, coopération allemande, Alain Verhaagen, professeur, Université libre de Bruxelles, faculté des sciences sociales et politiques, Boubacar Boris Diop, écrivain… 17h15 La France face au génocide des Tutsi : Présidence Jean-François Dupaquier, journaliste, écrivain. Yves Ternon, docteur en histoire, université Paris 4, Rafaëlle Maison, professeur de droit, université Paris 11. 18h30 : Poursuites judiciaires : exigences et défis, Présidence Denis Peschanski, directeur de recherche, CNRS. Yann Jurovics, juriste, maître de conférences, université de Picardie, ancien avocat au TPIR

 

6 mai, LICRA : archives et secret-défense

http://www.licra.org/fr/communique/licra-demande-d%C3%A9classification-tous-documents-et-l%E2%80%99ouverture-toutes-archives-concernant-g

La Licra, rassemblée à Genève les 26 et 27 avril 2014 pour sa Convention,… ouhaite, afin que le travail de mémoire puisse s’accomplir complètement et en toute liberté, que l’accès à tous les documents concernant le génocide soit rendu possible et demande en conséquence leur éventuelle déclassification et l’ouverture de toutes les archives.

 

22 avril, FIDH : Patrick Baudouin

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2778p020.xml5/

La création d’un pôle spécialisé dans les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre au sein du tribunal de grande instance de Paris, en janvier 2012, a sans nul doute constitué un tournant majeur. Elle a permis de faire en sorte que des magistrats spécialisés dans ce type de dossiers relatifs à des crimes internationaux commis à l’étranger se consacrent exclusivement à ces affaires. Deux autres dossiers qui concernent le génocide des Tutsis au Rwanda sont aujourd’hui en cours devant les juridictions françaises, qui doivent y consacrer la même attention afin de les mener à terme. Le premier concerne des plaintes déposées en 2004 et 2005 par des victimes rwandaises concernant des allégations de viols et d’autres crimes, ainsi que de complicité de génocide, portées à l’encontre des militaires français présents au Rwanda dans le cadre de l’opération Turquoise. Le second dossier, plus récent, concerne une plainte déposée en juin 2013 par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’association Survie à l’encontre de Paul Barril pour complicité de génocide, pour avoir notamment signé le 28 mai 1994 et partiellement exécuté un contrat d’assistance de fourniture d’armes et de munitions, de formation et d’encadrement, avec le gouvernement intermédiaire rwandais, au plus fort du génocide. Ces deux procédures viennent utilement compléter le panorama des affaires en cours devant la justice française concernant le génocide des Tutsis au Rwanda. Elles sont importantes car elles peuvent contribuer, directement ou indirectement, à éclairer davantage le rôle de la France pendant cette période. À l’heure où nous commémorons les vingt ans du génocide, il est essentiel que la lutte contre l’impunité pour les crimes commis en 1994 puisse enfin progresser en France.

 

22 avril, Amnesty : Salil Shetty, secrétaire général d’Amnistie internationale (communiqué axé sur RCA et Soudan du Sud)

http://www.amnistie.ca/sinformer/communiques/international/2014/international/ce-que-charniers-nous-ont-appris

Le génocide rwandais était choquant non seulement en raison de l’ampleur des atrocités commises et du caractère extrême de celles-ci, mais également parce qu’il était évitable. Si la communauté internationale est réellement déterminée à mettre fin aux atrocités de masse, elle doit s’assurer que ses mécanismes soient efficaces. Les États comme les individus doivent savoir qu’ils ne peuvent pas agir en toute impunité. ..

 

17 avril, Survie : viols pendant Turquoise (communiqué)

http://survie.org/francafrique/justice/article/duplicite-des-responsables-4685

… il y a 4 mois, le même ministre de la Défense et le même président de la République faisaient voter par les mêmes parlementaires une loi qui empêche désormais les victimes de crimes commis à l’étranger – dont les femmes victimes de violences sexuelles – d’engager des poursuites judiciaires. Selon l’article 30 de la loi de programmation militaire du 18 décembre 2013, l’engagement des poursuites est en effet maintenant réservé au parquet, avec la possibilité évidente pour l’exécutif d’étouffer des affaires. Cette loi fait écho entre autres aux opérations au Rwanda : l’armée a essayé d’étouffer les plaintes pour viol pendant Turquoise. L’institution militaire a en effet systématiquement et par tous les moyens (médiatiquement, judiciairement) essayé d’empêcher une instruction, puis a tenté de torpiller celle-ci, allant jusqu’à faire pression sur la juge d’instruction pour qu’elle ne se rende pas au Rwanda. L’association Survie dénonce l’omerta et l’impunité qui subsistent encore aujourd’hui en cas de crimes commis par certains militaires français en opération à l’étranger, et exige l’abrogation des textes de lois qui réservent le monopole des poursuites au parquet en cas de crime (qu’il s’agisse de l’article 30 de la loi de programmation militaire du 18 décembre 2013, ou de l’alinéa 2 de l’article 689-11 du Code de procédure pénale en lien avec la loi d’adaptation de la Cour pénale internationale).

 

15 avril, Survie : archives

http://survie.org/genocide/implications-politiques-militaires/article/les-parlementaires-francais-4684

Les parlementaires français doivent obtenir la déclassification des archives concernant le Rwanda : … L’association Survie a contacté l’ensemble des parlementaires pour leur demander d’obtenir que la totalité des archives françaises concernant le Rwanda soient rendues publiques, sans être expurgées. Les parlementaires, dont un des rôles constitutionnels est de contrôler l’action de l’exécutif, doivent lors des prochaines séances de questions au Gouvernement exiger que soient rendues publiques, entre autres, les archives de la DRM (Direction du Renseignement Militaire), les archives de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), les archives de l’Élysée, l’ensemble des télégrammes diplomatiques Kigali-Paris y compris ceux de la période du 6 au 15 avril, les archives des ministères de la Coopération, des Affaires étrangères, de la Défense, les archives de Matignon, l’enquête de l’Armée sur l’attentat, les archives du COS (Commandement des Opérations Spéciales), etc. A titre d’illustration, est joint en annexe un document auquel a pu avoir accès le journaliste Mehdi Ba. Il s’agit d’un document de la DRM rédigé il y a 20 ans jour pour jour. Ce document montre que les FAR (Forces Armées Rwandaises), qui à l’époque non seulement combattaient le FPR de Paul Kagame mais également encadraient et participaient au génocide, demandaient benoîtement au gouvernement français, en plein génocide, de leur fournir des munitions par l’intermédiaire de notre armée. Or, ce type de munitions a été utilisé pour commettre le génocide, comme le prouvent des documents du TPIR [1]. Et c’est ce même type de munitions que Paul Barril s’engagera à fournir aux génocidaires, quelques semaines plus tard. Ce document de la DRM montre également que les FAR indiquaient en toute transparence à nos responsables politiques et militaires le nom et le contact d’un trafiquant d’armes français, lequel n’a, étonnamment, jamais été inquiété par les autorités de notre pays. Ce document, qui dénote une proximité stupéfiante avec les FAR, même en plein génocide, n’est qu’un exemple parmi de nombreux éléments qui appellent à ce que toute la lumière soit faite sur les décisions prises à l’époque au nom de la France par les dirigeants de notre pays. Une mission d’information parlementaire – et non une commission d’enquête – a conduit ses travaux en 1998 et permis une première avancée vers la vérité. Cependant, le document présenté en annexe n’a jamais été rendu public. Les députés ont-ils même pu le consulter à l’époque ? Concernant le rôle de la France au Rwanda, il demeure ainsi de très nombreuses questions qui n’ont pas encore trouvé de réponse. 20 ans après, alors que notre pays est l’objet d’accusations publiques, il est plus que temps.

 

15 avril, Conseil Représentatif des Associations Noires de France

http://www.le-cran.fr/communique-cran-associations-noires-de-france_lire_nouveau-derapage-sur-le-genocide-des-tutsis–cette-fois-ci-chez-ruquier_157_0_0.html

Le 12 avril dernier, un nouveau dérapage concernant le génocide des Tutsis a eu lieu à la télévision française. Après Canal + et Europe 1, c’est maintenant France 2 et le service public qui se sont distingués dans le registre de l’ignoble. ..

 

10 avril, FIDH

http://www.fidh.org/fr/afrique/rwanda/15070-genocide-au-rwanda-20-ans-de-lutte-pour-la-justice-1994-2014

Génocide au Rwanda : 20 ans de lutte pour la justice (1994 – 2014)

La commémoration des 20 ans du génocide est l’occasion de revenir sur les efforts entrepris à l’échelle internationale, que ce soit devant le TPIR ou devant des juridictions nationales étrangères, pour rendre justice aux victimes de ce génocide. .. la FIDH a publié un dossier de presse : « Génocide au Rwanda : 20 ans de lutte pour la justice. 1994-2014 ». Voir la vidéo de Jean Carbonare, Président de l’association Survie en 1993, au journal d’Antenne 2 suite à la mission internationale d’enquête de la FIDH au Rwanda. Voir le rapport de la FIDH et d’autres organisations « Rwanda : Violations massives et systématiques des droits de l’Homme depuis le 1er octobre 1990 », publié en 1993.

Dossier de presse : …

http://www.fidh.org/IMG/pdf/201403dpresserwafr-1.pdf

Les procédures judiciaires en France : une première condamnation, 20 ans après

… La FIDH est également partie civile dans 2 autres affaires liées au génocide au Rwanda et visant pour l’une, la responsabilité de l’armée française dans la conduite de l’opération Turquoise et pour l’autre, la responsabilité pénale individuelle de Paul Barril, accusé de s’être rendu complice de génocide notamment en concluant avec le gouvernement intérimaire rwandais, le 28 mai 1994, un contrat d’assistance de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement des militaires rwandais. Ces deux dossiers sont actuellement en cours d’instruction devant le pôle spécialisé du TGI de Paris. ..

 

10 avril, FIDH : republication rapport du 8 mars 1993

http://www.fidh.org/fr/afrique/rwanda/14463-rwanda-violations-massives-et-systematiques-des-droits-de-l-homme-depuis

Génocide rwandais – pré-rapport de février 1993 – Commission internationale d’enquête 8 mars 1993 : « Rwanda : Violations massives et systématiques des droits de l’Homme depuis le 1er octobre 1990 »

En janvier 1993, une mission internationale d’enquête de la FIDH et d’autres organisations de la société civile se rend au Rwanda pour enquêter sur les exactions contre les Tutsis et les opposants politiques. La Commission internationale d’enquête conclue à la perpétration de violations des droits de l’Homme « massives et systématiques, avec l’intention délibérée de s’en prendre à une ethnie déterminée » prémices de la logique génocidaire mise en oeuvre en avril 1994. La mission d’enquête internationale qui fait l’objet du présent rapport a été organisée à la demande de la société civile rwandaise, s’exprimant notamment par la voix des associations rwandaises de défense des droits de l’Homme (Association pour la Défense des Droits de la Personne et des Libertés Publiques – ADL, Association Rwandaise pour la Défense des Droits de l’Homme – ARDHO, Association des Volontaires de la Paix – AVP et Ligue Chrétienne de Défense des Droits de l’Homme – LICHREDOR, regroupées dans le Comité de Liaison des Associations de Défense des Droits de l’Homme – CLADHO ; ainsi que KANYARWANDA – Association pour lapromotion de l’Union par la justice sociale). Les enquêteurs étaient :Eric Gillet, Fédération internationale des Droits de l’Homme, avocat au barreau de
Bruxelles ; Jean Carbonare, délégué par Agir ensemble pour les droits de l’homme, Paris ; Philippe Dahinden, Docteur en droit, journaliste, Lausanne ; René Degni -Segui, doyen de la faculté de droit d’Abidjan, président de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme ; Alison Des Forges, Africa Watch et State University of New York at Buffalo ; Pol Dodinval, médecin légiste, Liège ; Rein Odink, juriste, Amsterdam ; Halidou Ouedraogo, président, de l’Union Inter-Africaine des Droits de l’Homme, juge de la chambre administrative, Cour Suprême du Burkina Faso ; André Paradis, directeur-général de la ligue des Droits et libertés, Montréal ; William Schabas, professeur de droit, Université du Québec à Montréal, avocat au barreau de Montréal.

… Conclusion : Après avoir recueilli des centaines de témoignages et entrepris des fouilles des fosses communes, la Commission a conclu sans aucun doute que le gouvernement rwandais a massacré et fait massacrer un nombre considérable de ses propres citoyens. La plupart des victimes étaient des Tutsi, mais le nombre de victimes Hutu, presque tous adhérents des partis du comité de concertation, monte depuis les derniers mois. Au total, on estime que le nombre de victimes se chiffre à au moins 2.000 depuis le ler octobre 1990. De plus, les attaques organisées par le gouvernement ont blessé des milliers de personnes et les ont dépourvus de leurs maisons, animaux domestiques et de la presque totalité de leurs biens. D’après le témoignage des agresseurs aussi bien que celui des victimes, les autorités étaient impliquées dans les attaques: des bourgmestres, des sous-préfets, des préfets, des membres de comité de cellules, des responsables de cellules, des conseillers, des policiers communaux, des cadres de services administratifs et judiciaires, des gardes forestiers, des enseignants, des directeurs de centres scolaires et des cadres de projets de coopération. La complicité de ces autorités fut trop importante et trop générale pour supposer que leur participation ait été le résultat de décisions individuelles et spontanées. Cependant il faut souligner que toutes les autorités locales ne furent pas coupables et que celles qui l’étaient avaient participé dans les massacres à des degrés différents: quelques-unes ont tué avec leurs propres mains, d’autres ne faisaient que proposer des attaques, etc.. Dans les régions où se trouvent des camps militaires, des soldats ont encadré ou épaulé les civils lors des attaques. Au cours des mois précédents et après les attaques, il y eut des exécutions sommaires, dans les camps militaires, de personnes appartenant aux populations cibles. Dans chaque commune, les troubles épousent en général des frontières administratives, conséquence naturelle de la participation ou non-participation des autorités. La simultanéité des attaques dans des communes différentes établit l’existence d’une organisation plus étendue. De la même façon, les prétextes pour les attaques se répètent de l’une àl’autre: nécessité de débroussailler une région, travail à faire pour la communauté (umuganda), l’arrivée d’un inconnu avec un sac à la main, la présence d’un recruteur des Inkotanyi. L’importance des instigateurs extérieurs à la commune implique aussi des autorités haut placées. Un ministre, un préfet, un conseiller ministériel intimement liés au Président de la République et un journaliste très connu comme associé des plus hautes autorités arrivaient peu avant les attaques dans les régions affectées pour encourager la violence. La réaction des autorités s’est caractérisée par la lenteur, la faiblesse et l’indifférence. Par ailleurs, les autorités qui ont été averties à temps n’ont rien fait pour empêcher les troubles. Même après le début des massacres, celles qui devaient intervenir ont simplement démenti les faits ou réagi en retard-souvent seulement après la pression des diplomates ou organisations internationales. Les autorités judiciaires ont arrêté un nombre important d’accusés. Sauf quelques cas exceptionnels, ces accusés ont été libérés peu après. Depuis leurs libérations, plus aucun acte d’instruction n’a été accompli dans leurs dossiers. Le tout n’était qu’un simulacre de justice. Des enquêtes officielles sur les massacres souvent blâment les victimes au lieu des agresseurs ou des autorités. Parmi les centaines d’autorités impliquées, deux seulement ont été démis de leurs fonctions et ni l’un ni l’autre n’a été poursuivi en justice. Les efforts des victimes pour faire valoir leurs droits auprès des autorités, soit administratives, soit judiciaires, n’ont abouti à rien. Au début, c’était la population, encadrée par des autorités civiles ou militaires, qui entreprenait les attaques. Plus récemment, les milices, surtout celles du MRND, ont joué un rôle de plus en plus important.

La question du génocide : La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide définit le génocide à l ‘article II comme suit: « Dans la présente convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel: a) Meurtre de membres du groupe; b) Atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe; c) Soumission intentionnelle du groupe àdes conditions d’existence devant entraîner sa destruction totale ou partielle; d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe; e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. » Le Rwanda a accédé à cette convention le 15 avril 1975. La convention non seulement interdit le génocide, mais aussi oblige les Etats à punir, de même que l’entente en vue de commettre le génocide, l’incitation publique à commettre le génocide, la tentative de génocide et la complicité dans le génocide. Les témoignages prouvent que l’on a tué un grand nombre de personnes pour la seule raison qu’elles étaient Tutsi. La question reste de savoir si la désignation du groupe ethnique « Tutsi » comme cible à détruire relève d’une véritable intention, au sens de la Convention, de détruire ce groupe ou une part de celui-ci « comme tel ». Certains juristes estiment que le nombre de tués est un élément d’importance pour que l’on puisse parler de génocide. Les chiffres que nous avons cités, certes considérables pour le Rwanda, pourraient, aux yeux de ces juristes, rester en deça du seuil juridique requis. La Commission estime que, quoi qu’il en soit des qualifications juridiques, la réalité est tragiquement identique: de nombreux Tutsis, pour la seule raison qu’ils appartiennent à ce groupe, sont morts, disparus ou gravement blessés et mutilés; ont été privés de leurs biens; ont dû fuir leur lieu de vie et sont contraints de se cacher; les survivants vivent dans la terreur. On constate certes une extension des agressions aux Hutus opposants du MRND ou de la CDR. Cette extension peut compliquer mais pas modifier la nature fondamentale du débat.

 

8 avril, Survie (communiqué)

http://survie.org/genocide/implications-politiques-militaires/article/hollande-esquive-la-commemoration-4672

… François Hollande, plutôt que de choisir le camp de la vérité, a préféré céder aux injonctions et menaces d’anciens responsables politiques ou militaires (Alain Juppé, Edouard Balladur, Hubert Védrine, Paul Quilès, l’amiral Lanxade, le général Quesnot, les anciens officiers des opérations françaises au Rwanda regroupés au sein de l’association France-Turquoise) qui usent depuis 20 ans de toute leur influence pour taire les secrets les plus inavouables de l’armée et de la diplomatie française au Rwanda, en bénéficiant d’un large accès aux médias. Comme l’a évoqué Fabrice Tarrit, président de Survie, lors de sa prise de parole sur le parvis de l’Hôtel de Ville « une poignée de représentants politiques ou militaires ne peuvent pas influencer et monopoliser la parole officielle et l’inscrire contre le cours de l’Histoire. Le cynisme, le déni et le mensonge ne peuvent tenir lieu de politique ». Cet affront adressé par François Hollande aux victimes est une honte pour nos institutions autant qu’une faute politique et historique majeure.

 

8 avril, Survie : Fabrice Tarrit

http://www.ladepeche.fr/article/2014/04/08/1858828-les-dirigeants-de-l-epoque-sont-dans-le-deni.html

«Les dirigeants de l’époque sont dans le déni» : Q : Paul Kagame a-t-il raison d’accuser la France de complicité dans le génocide du Rwanda en 1994 ? FT : C’est une déclaration qui engage le gouvernement rwandais. En revanche, ces faits présumés de complicité de la France à l’heure du génocide font écho à de nombreuses enquêtes menées, depuis vingt ans, par des journalistes, des historiens, des associations. Probablement que cette déclaration de M. Kagame devrait être examinée avec sérieux. C’est un sujet qui aurait dû être pris en charge depuis longtemps par les autorités de notre pays. La justice a d’ailleurs mis longtemps à se saisir de ces questions. Enfin, certains dirigeants politiques en poste à l’époque entretiennent une sorte de déni sur ce sujet sensible. Q :Guillaume Ancel, un ancien légionnaire, affirme que l’opération Turquoise n’était pas humanitaire au départ… FT : Oui, Guillaume Ancel, qui a brisé le silence, explique bien le rôle précis de l’opération Turquoise dont l’objectif de départ était de combattre le FPR, avant de devenir une mission humanitaire. Il y a en effet ces déclarations qui en corroborent d’autres : comme celle évoquées dans le livre coécrit par la journaliste Laure de Vulpian et l’ancien officier Thierry Prungnaud («Silence Turquoise»). Ces déclarations marquent une étape importante. On sait également que l’armée française a remis les armes aux génocidaires, après leur confiscation. Tous ces faits montrent que bien que la France était dans une démarche qui va au-delà de la simple complicité. Ce sont des ordres donnés par l’armée française.

 

7 avril, Survie (communiqué)

http://survie.org/genocide/implications-politiques-militaires/article/rwanda-les-autorites-francaises-4666

… Pour beaucoup de ces défenseurs du rôle de la France au Rwanda, le contre-feux récurrent est la dénonciation du régime rwandais actuel et de son rôle dans la sous-région depuis 1994 – un sujet qui ne doit en aucun cas occulter le rôle de l’État français dans le génocide. .. De nombreux témoignages, documents, investigations démontrent la complicité multiforme de l’Etat français dans le génocide et même la possibilité que des officiers français aient laissé perpétrer des crimes dont ils avaient connaissance, ou que des soldats français aient eux-mêmes commis des crimes (viols voire assassinats). L’exemple de la colline de Bisesero, où des milliers de Tutsi ont été laissés aux mains des massacreurs entre le 27 et le 30 juin 1994 est à cet égard éclairant. Plus généralement, il convient de rappeler que les autorités françaises ont soutenu les extrémistes ayant commis le génocide par de la formation, des livraisons d’armes, un soutien diplomatique, jusqu’à l’organisation de leur évacuation vers le Zaïre. Avoir fourni cette aide, en connaissance de cause, quelle qu’en soit la motivation, possède une qualification juridique bien précise : complicité de génocide… Ces faits n’ont pas été jugés, et de nombreux documents restent classifiés, ce qui permet à des responsables français de s’enfoncer dans le déni. Or, ce rôle joué avant et pendant le génocide par un certain nombre de personnalités politiques et militaires français, dont certains assument encore des responsabilités administratives ou politiques, devra un jour être examiné par les tribunaux. Si notre association s’est félicitée du premier procès d’un génocidaire rwandais sur le sol français et de la récente condamnation de Pascal Simbikangwa, elle rappelle régulièrement que bien des dossiers judiciaires traînent depuis trop longtemps, au delà du délai raisonnable pour juger. Par devoir envers les victimes, il est grand temps pour les dirigeants et la justice française d’éclairer les nombreuses zones d’ombre qui entourent l’action de l’État français de 1990 à 1994 et de poursuivre et juger les complices français du génocide. Pour ce faire, il est incontournable que l’ensemble des documents français sur le rôle de la France au Rwanda soient enfin déclassifiés et publiés.

 

7 avril, Survie : Benoît Collombat et David Servenay (interview)

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/234-avril-2014/article/la-france-au-rwanda-entre-secret-4702

… BC : Je suis en désaccord avec la formule de Paul Quilès, du « clown », parce que c’est une formule bien pratique, qui permet d’évacuer le rôle très important qu’a pu jouer Barril au Rwanda en le folklorisant. Il a pu jouer son rôle parce qu’il s’inscrivait parfaitement dans la politique menée par la France au Rwanda, à l’époque : un soutien inconditionnel au régime extrémiste Hutu. C’est officiellement un « privé », mais qui dit agir « au nom de la France. » Il a bénéficié de protections, on l’a laissé travailler comme il l’entendait, alors même que les services secrets français savaient pertinemment qu’il était sollicité pour des livraisons d’armes. On l’a laissé en place jusqu’au bout, y compris pendant le génocide. Pourquoi à aucun moment il n’a été question d’exfiltrer Barril ? Barril permettait d’accomplir sur le terrain ce que «  la France officielle  » ne pouvait plus faire en pleine lumière. Nous révélons dans notre livre qu’il avait d’ailleurs une parfaite connaissance du dispositif militaire sur place. Ça n’était pas un « clown »… ou alors très bien informé ! DS  : Nous expliquons que les enquêteurs du juge Bruguière se sont appuyés sur Fabien Singaye, qui était un espion rwandais basé à Berne, deuxième conseiller de l’ambassade du régime Habyarimana. C’est Paul Barril qui leur conseille de faire appel à lui. Alors même que Singaye est chargé d’infiltrer les structures du FPR en Europe, qu’il travaille avec Paul Barril, lequel a été actif pendant le génocide, il devient, dix ans après l’expert­-interprète du juge chargé d’enquêter sur l’attentat : il s’agit d’un évident conflit d’intérêt. Un véritable sabotage de l’enquête judiciaire. Singaye a été très tôt en lien avec Paul Barril, avant le génocide, il va ensuite travailler dans sa société, S.E.C.R.E.T.S. BC : Nous amenons des éléments inédits sur cette « PME Barril ». Nous révélons des documents internes à sa société, sur ses liens avec Singaye et le régime extrémiste Hutu. Nous détaillons le travail effectué par Barril avant, pendant et après le génocide, notamment le fait que des mercenaires ont été approchés, recrutés, se sont déplacés sur place. Nous rapportons également des épisodes inédits sur la biographie trouble de Paul Barril : ses liens avec François de Grossouvre à l’Elysée, certaines connexions avec le monde de l’armement… DS : … Il y a encore beaucoup d’archives au Rwanda qui n’ont pas été ouvertes, notamment à cause des réticences du pouvoir actuel, qui estime peut-­être que tout n’a pas encore à être su sur ce qui s’est passé. Or, le Rwanda, notamment le ministère de la Défense, était un gros producteur de notes administratives. Il y a donc beaucoup de traces écrites. Des containers entiers d’archives à Kigali n’ont pas encore été dépouillés. BC : Tout n’a pas été écrit : il y a des documents qui n’ont pas été déclassifiés, des archives qui n’ont pas été consultées. Les « archives Mitterrand » sont sans doute lacunaires. Certains rapports des militaires, comme celui rédigé par le commandant Grégoire de Saint­-Quentin juste après l’attentat, sont restés dans les tiroirs. Sur les télégrammes diplomatiques restés secrets, donc sur la connaissance qu’avaient les principaux décideurs dans les rouages de l’État français, il y a encore vraisemblablement beaucoup de choses à découvrir. Il faut donc encore enquêter.

 

7 avril, Survie : Jacques Morel sur BNP

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/234-avril-2014/article/quand-la-bnp-se-pretait-a-des-4701

La commission de l’ONU chargée d’enquêter sur les violations de l’embargo a révélé que le général Baoko-­Yoka, vice­ ministre zaïrois de la Défense, a délivré un permis de transport et d’affrètement à Ehlers en date du 13 juin 1994 [8]. Elle a précisé qu’Ehlers a versé aux Seychelles pour cet achat 180 000 $ le 15 juin, puis 150 000 $ le 17, soit 330 000 $ en tout. Son compte en Suisse 82 113 CHEATA, agence de Lugano, Union Bancaire Privée (UBP), a été crédité le 14 juin 1994 de 592 784 $, puis le 16 juin de 734 099 $, soit plus d’un million trois cent mille dollars US. D’après le ministre suisse de la justice, «  les ordres de virement au compte de M. Ehlers des 14 et 16 juin 1994 avaient été donnés par la Banque nationale du Rwanda à Kigali. Les fonds émanaient de la Banque nationale de Paris, SA, à Paris  » [9]. Le gouvernement français n’a pas répondu à la lettre du 13 août 1998 de la commission d’enquête de l’ONU [10]. ..

 

7 avril, Survie : Raphaël Doridant (sur attentat)

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/234-avril-2014/article/manipulations-francaises-autour-d-4665

Tentative avortée de manipulation des députés : En 1998, les députés de la mission d’information parlementaire (MIP) déjouent une tentative de manipulation visant à faire porter la responsabilité de l’attentat au FPR. Le ministère de la Défense leur avait en effet transmis une fiche en sa possession accusant ce mouvement de l’assassinat de Habyarimana. Plusieurs responsables politiques (l’ancien ministre de la Défense François Léotard, l’ancien ministre de la Coopération Bernard Debré) et militaires (le général Christian Quesnot, ancien chef d’état­major particulier de Mitterrand) avaient renchéri. Les arguments avancés étaient les suivants : ­ les troupes du FPR se seraient mises en position de combat à Kigali avant même que la nouvelle de l’attentat ne soit diffusée et elles auraient attaqué sur l’ensemble du front immédiatement après, ce qui sous­entend qu’elles étaient informées du projet d’attentat et prêtes à agir en conséquence ;­ un commando du FPR aurait abattu le Falcon 50 du président Habyarimana en utilisant des missiles SAM 16, dont les lance­-missiles auraient été retrouvés : des photos de l’un d’entre eux sont transmises à la MIP par le ministère de la Défense ; ­ un message radio aurait été intercepté dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, dans lequel Paul Kagame, chef d’état-­major de l’APR [1] , criait victoire et se félicitait de la réussite de la mission de l’ « escadron renforcé ». Après un examen minutieux, les députés réfutent ou mettent en doute les « preuves » présentées… A l’issue des travaux de la MIP, rien n’étaye la thèse d’une responsabilité du FPR dans l’attentat. Pourtant, elle est martelée à l’opinion publique française jusqu’en 2012. .. Instrumentalisation de la justice : Que vaut une instruction dans laquelle le juge ne se contente pas seulement de suivre le chemin tracé en 1998 par le ministère de la Défense, mais va jusqu’à en reprendre les éléments de preuve déjà contredits par la mission d’information parlementaire, y compris une arme du crime qui n’a pas été utilisée ? Ajoutons qu’avant de lancer des mandats d’arrêt internationaux contre neuf responsables rwandais, Bruguière avait fait part de sa décision au président de la République Jacques Chirac, ainsi qu’au gouvernement de Dominique de Villepin, qui lui avait donné son feu vert [4]. L’ordonnance Bruguière doit être considérée pour ce qu’elle est : une instrumentalisation de la justice au service d’une politique d’hostilité au FPR, doublée d’une manipulation de l’opinion publique française visant à faire diversion face aux accusations insistantes et de mieux en mieux étayées de complicité de génocide. Le 9 novembre 2008, Rose Kabuye, chef du protocole de la présidence rwandaise, est interpellée à Francfort et transférée en France. Son arrestation, fruit d’un arrangement entre le président Nicolas Sarkozy, son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le président Paul Kagame relance l’instruction [5]… L’Etat français détient des informations essentielles : Une demi­heure à peine après le crash de l’avion présidentiel, plusieurs militaires français commandés par le commandant Grégoire de Saint­-Quentin se rendent sur place accompagnés de soldats des FAR, alors que les Casques bleus de l’ONU sont refoulés. Il est vraisemblable que, même s’il l’a nié devant la MIP, Saint­-Quentin a ramassé les boîtes noires, dont le général Rannou a indiqué que l’avion était équipé, ainsi que d’éventuels débris de missile (permettant de déterminer s’il s’agit d’un SAM 16 soviétique, ou d’un Mistral français par exemple). Ces éléments matériels n’ont jamais été rendus publics, pas plus que le rapport que Saint­Quentin a envoyé à Paris le 6 avril 1994 à 21h30 [6]. La question qui se pose dès lors est celle­ ci : pourquoi accuser le FPR sur la base de fausses preuves quand on détient les vraies ? Deux réponses sont possibles : soit les autorités françaises étaient au courant du projet d’attentat et elles protègent ses auteurs ; soit elles n’étaient pas au courant, mais elles multiplient les diversions car les tireurs ont agi au service de leurs alliés, les extrémistes hutu. Une participation française à l’attentat ? … Ceux qui détiennent la clé de la vérité sur l’attentat du 6 avril 1994 se trouvent dans les cellules du Tribunal pénal international pour le Rwanda, à Arusha, et dans les bureaux de la rue Saint­-Dominique, à Paris. Ce simple constat fait froid dans le dos.

 

7 avril, Survie : Billlets d’Afrique

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/234-avril-2014/article/genocide-des-tutsi-vingt-ans-apres-4667

… Il (le procès de Pascal Simbikangwa) contient aussi une avancée fondamentale. La cour s’est en effet déclarée « convaincue que le crime de génocide tel que défini par l’article 211­1 du Code Pénal, à savoir l’existence d’atteintes volontaires à la vie ou d’atteintes graves à l’intégrité physique ou psychique, en exécution d’un plan concerté, tendant à la destruction totale ou partielle du groupe ethnique tutsi a bien été commis au Rwanda entre avril et juillet 1994 » (nous soulignons). .. La reconnaissance par la justice de « la préparation et l’organisation particulièrement efficace des massacres » les prive d’un second contre-­feu : la thèse selon laquelle l’extermination des Tutsi aurait été due à la « colère spontanée » des Rwandais hutu à la suite de l’assassinat de « leur » président. Une thèse mensongère, mais permettant d’exonérer de leurs responsabilités le régime Habyarimana, dont les troupes françaises ont empêché la défaite militaire entre 1990 et 1993, et surtout le gouvernement intérimaire rwandais (GIR), qui a encadré politiquement le génocide, et que les dirigeants français ont soutenu sans faillir pendant et après le génocide… Les faits sont solidement établis, qui permettent de parler de « complicité de génocide », selon la jurisprudence du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Aux yeux du TPIR en effet, le complice n’a pas besoin d’être animé lui­ même de l’intention de détruire le groupe visé, en l’occurrence le groupe tutsi. Il suffit qu’il ait « sciemment et volontairement aidé ou assisté ou provoqué » à commettre le génocide (Affaire Bagilishema, Chambre de première instance du TPIR, 7 juin 2001, paragraphe 71)… Les autorités françaises savaient que leurs alliés perpétraient un génocide, comme en témoigne l’ordre d’opération Amaryllis (opération d’évacuation des Français et des Européens), daté du 8 avril 1994, qui indique que se déroule à Kigali depuis la veille « l’élimination des opposants et des Tutsi ». Elles n’ont cependant nullement enjoint à nos soldats de secourir les victimes, et le 21 avril 1994, au Conseil de sécurité de l’ONU, la France a voté elle aussi la réduction drastique du contingent de Casques bleus, abandonnant les Rwandais tutsi à leur sort tragique. Le 27 avril 1994, deux des responsables du génocide en cours sont accueillis à l’Elysée par Bruno Delaye, conseiller Afrique de Mitterrand, et à Matignon par le Premier ministre, Edouard Balladur, et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Le conseiller du chef d’Etat­-major des Forces armées rwandaises (FAR), qui encadraient le génocide, a rencontré à Paris, du 9 au 13 mai 1994, le général Huchon, chef de la Mission militaire de coopération. Ce même général Huchon a reçu régulièrement, pendant toute la durée du génocide, un officier rwandais qui a organisé six livraisons d’armes aux tueurs entre le 18 avril et le 19 juillet 1994.

 

7 avril, Survie : Billlets d’Afrique : Odile Tobner

http://survie.org/billets-d-afrique/2014/234-avril-2014/?lang=fr

En face, les contre-feux de la propagande gouvernementale n’ont pas manqué non plus, massivement médiatisés, maigrement argumentés, vite oubliés, comme Le retour du Mwami, la vraie histoire des génocides rwandais [3] de Bernard Debré, ancien ministre de la coopération. Ce dernier a effectué un second tour de piste médiatique, tout aussi peu convaincant, lors de la publication d’un remake du premier : La véritable histoire des génocides rwandais [4] . Or la thèse d’un génocide des Hutu, consécutif à celui des Tutsi est insoutenable, sauf à vouloir confondre l’ensemble des faits liés à la tragédie rwandaise dans une masse indistincte propice à leur effacement. C’est le contraire d’un travail rigoureux, mais cela désigne clairement qui a intérêt à noyer ces événements dans le brouillard de la confusion… N’attendons pas le cinquantième anniversaire, ne laissons pas aux générations futures le soin d’avouer, quand la contrition n’est plus qu’une forme de la bonne conscience, les fautes de leurs aînés, comme Chirac reconnaissant en 1995 la participation française à la déportation des Juifs de France en 1942. Faut-il attendre qu’un Chirac de 2044 vienne dire à propos des événements de 1994 au Rwanda : « Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de [nos protégés] a été secondée par des Français, par l’État français. » ?

 

8 avril, Mouvement de la Paix

http://www.mvtpaix.org/campagnes/afrique/afrique.php

Le Mouvement de la Paix demande à la France de : Prendre les dispositions au plan national et international en associant les compétences existantes et en s’appuyant sur tous les travaux déjà conduits (journalistiques, scientifiques, associatifs, ONG etc…) pour qu’en toute transparence la vérité soit mise à jour et la justice soit rendue. Annoncer qu’elle dé-classifie et publie tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses volets diplomatiques, militaires, politiques et financiers.Demander la même démarche pour tous les protagonistes impliqués, afin que tous les obstacles soient levés pour l’accès à toutes les sources utiles à la vérité sur tous les évènements de cette période. Aider à construire la paix et la réconciliation au Rwanda et plus largement dans la région des grands lacs.

 

8 avril, Izuba : Safari Chizungu

http://www.izuba.info/info/fdlr-la-france-a-rearme-les-genocidaires-au,909.html

… En effet, dès 1995, un rapport [2] accablant était publié par Human Rights Watch, dénonçant ces livraisons d’armes de la France aux forces génocidaires. Rapport dont Bernard Kouchner avait bien sûr connaissance lorsqu’il disait que la France avait tout au plus commis quelques « erreurs politiques » au Rwanda. Réarmement dans l’impunité : Human Rights Watch indique donc dès… 1995 que le gouvernement français a fourni « cinq cargaisons d’armes à l’ancien régime rwandais entre mai et juin 1994 », soit plus d’un mois après le début du génocide. Mais contrairement aux déclarations qui font aujourd’hui l’actualité, l’ONG nous informait que ces livraisons d’armes avaient également eu lieu pendant le génocide. « Human Rights Watch note que les flux d’armes à destination de la FAR n’ont pas été immédiatement suspendu par la France après l’imposition de l’embargo sur les armes voté le 17 mai 1994. Au contraire, ils ont été détournés vers l’aéroport de Goma, au Zaïre, à défaut de pouvoir être livrés à la capitale du Rwanda, Kigali, où faisait rage les combats entre les FAR et le FPR rebelle ainsi que du fait que la présence internationale rendait ces expéditions extrêmement difficiles. » Human Rights Watch a appris du personnel de l’aéroport et d’hommes d’affaires locaux que cinq livraisons contenant du matériel d’artillerie, des mitrailleuses, des fusils d’assaut et des munitions fournis par le gouvernement français sont parvenues à Goma, entre mai et juin 1994. Ces armes ont été acheminées par des membres de l’armée zaïroise et livrées aux FAR à Gisenyi. Selon l’ONG, ces livraisons constituaient une violation flagrante de l’embargo imposé par l’ONU et sont d’autant plus condamnables que les destinataires étaient en train d’exécuter le génocide. Le rapport de l’ONG se base également sur le témoignage du vice consul de la France à Goma, M. Jean Claude Urbano, qui justifiait ces livraisons en indiquant que les contrats avaient été négociés avant l’imposition de l’embargo des Nations unies, ce qui selon lui autorisait qu’on livre des armes aux génocidaires : « Pendant toute la durée de l’opération turquoise, les FAR ont continué a recevoir des armes dans la zone contrôlée par les Français via l’aéroport de Goma… les autorités françaises n’ont rien fait pour interdire ces approvisionnements et ne les ont même pas signalés à la commission créée par la Résolution 918 du conseil de Sécurité des Nations unies » Si Joost Hiltermann, directeur du Arms Project à l’initiaive du rapport d’Human Rights Watch écrivait en 1995 qu’il était « convaincu que [son] rapport ne fait qu’effleurer les conditions de la participation de la France », les livraisons d’arme par la France aux génocidaires pendant le génocide et les complicités financières des banques françaises pour les payer sont de plus en plus étayées depuis.

… Deux livres d’analyse et de témoignages reviennent sur l’histoire de Bisesero, Vendredi 13 à Bisesero, de Bruno Boudiguet, et Bisesero – Le ghetto de Varsovie rwandais, de Serge Farnel. Ils évoquent la participation directe de soldats « Blancs », présentés par des témoins – pour la plupart des miliciens – comme « Français », dans le grand massacre du 13 mai 1994, qui aura coûté la vie à près de 40 000 Tutsi, hommes, femmes et enfants.

En réarmant les forces génocidaires – que l’armée congolaise et les troupes de la Brigade d’intervention de l’ONU combattent aujourd’hui encore, l’armée française est pleinement responsable des millions de morts congolais. A l’aune de ces nouvelles informations, nous vous invitons à relire l’article de Jacques Morel, publié sur ce site, « La responsabilité de la France dans les guerres au Congo ex-Zaïre » et les nombreuses dépêches publiés par L’Agence d’information. Car la complicité militaire française avec les forces génocidaires en déroute au Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo) ne s’arrête pas à l’exfiltration des génocidaires et aux livraisons d’arme. Human Rights Watch rapporte ainsi, dans son rapport “Rwanda/Zaïre Rearming with Impunity. International Support for the Perpetrators of the Rwandan Genocide”, que les militaires et miliciens génocidaires ont continué à recevoir une formation militaire dans un camp militaire français en République centrafricaine. Si, comme l’indique Human Rights Watch, l’armée française a transporté des hommes des FAR, dont le colonel Théoneste Bagosora, et des miliciens, parmi lesquels l’un des chefs Interahamwe, Jean- Baptiste Gatete, depuis Goma et vers des destinations non identifiées sur une série de vols entre juillet et septembre 1994, le soutien apporté par la France aux génocidaires rwandais en exil a été constant. Tous les Congolais doivent être très attentifs aux suites données aux déclarations de Guillaume Ancel qui confirment les responsabilités françaises dans l’embrasement du Kivu.

Deux rapports à lire :

Human Rights Watch, Rwanda/Zaire, Rearming with Impunity – International Support for the Perpetrators of the Rwandan Genocide, Vol 7, 4, May 1995. http://www.hrw.org/reports/1995/Rwanda1.htm.

Rapport final de commission internationale d’enquête chargée de recueillir des renseignements et d’enquêter sur les informations faisant état de la vente ou de la fourniture d’armes et de matériel connexe aux anciennes forces gouvernementales rwandaises dans la région des Grands Lacs, en violation des résolutions 918 (1994), 997 (1995) et 1011 (1995) du Conseil de sécurité, 18 novembre 1998. ONU, S/1998/1096. http://www.francerwandagenocide.org/documents/98s1096.pdf

 

7 avril, MSF : Jean-Hervé Bradol

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/07/le-genocide-rwandais-vecu-par-un-humanitaire-francais_4396815_3212.html

… La responsable de MSF chargée des réfugiés rwandais à Goma, en République démocratique du Congo, est la première à parler de « génocide » dans un rapport, transmis le 13 avril. « Moi, j’avais un obstacle cognitif à reconnaître qu’ils faisaient ce que les nazis ont fait aux juifs en Europe. Formuler cela, c’était trop pour mon petit cerveau et ma petite personne », admet Jean-Hervé Bradol. « Mais quand les massacres se sont généralisés à Butare le 22 avril, que plus de 150 personnes ont été massacrées dont une partie de notre personnel, on a compris. » LE SILENCE DE LA France Les Nations unies et les ambassades étrangères se refusent elles aussi à employer le terme qui, conformément à la Convention sur le génocide de 1948, sous-tend une obligation légale à intervenir contre les génocidaires. Quand il rentre en France, fin avril, Jean-Hervé Bradol multiplie les plateaux télévisés pour appeler à une intervention internationale. « Les Nations unies étaient complètement dépassées. Elles n’avaient ni la volonté ni les moyens. Les casques bleus avaient été réduits à 270 hommes. On ressentait une sorte d’abandon », s’explique Jean-Hervé Bradol. A la télévision, comme plus tard devant la mission d’enquête parlementaire, M. Bradol dénonce « les responsabilités écrasantes de la France », alliée du pouvoir hutu, qui « finance, entraîne et arme » l’armée rwandaise. « On était très surpris en juillet 1993 de voir les militaires français participer aux points de contrôle routiers sur les grandes routes qui sortaient au nord de Kigali. Quand les casques bleus sont arrivés en novembre, les militaires français contrôlaient l’aéroport », raconte-t-il. Lorsqu’il rencontre en mai des responsables français de l’Elysée, M. Bradol supporte mal leur « déni de la radicalité des autorités » et leur « satisfecit » de ce qu’ils présentent comme la « mission pacificatrice et démocratique » de la France, principal artisan des accords d’Arusha. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sera le premier à employer publiquement, le 15 mai, le terme « génocide ». L’Assemblée nationale française et les Nations unies l’enjoignent peu de temps après. Quand, le 14 juin, Jean-Hervé Bradol rencontre avec d’autres responsables de MSF le président François Mitterrand, ce dernier acte le changement de la position française. Le président leur présente le gouvernement intérimaire comme « une bande d’assassins » et leur confie ses difficultés à contrôler la veuve du président rwandais, Agathe Habyarimana. « C’était un revirement de dernière minute, une condamnation politique de leurs anciens alliés mais, dans les actes, il ne s’est pas passé grand-chose », commente M. Bradol. Le président a décidé de monter l’opération humanitaire « Turquoise », pour secourir les victimes. « On demandait une intervention des Nations unies, avec des casques bleus, sous chapitre VII, pour confronter les génocidaires les armes à la main, fustige-t-il. C’était inapproprié et grave de choisir la neutralité. Ils auraient au moins pu sauver les derniers. »

 

7 avril, MSF 

http://msf.fr/actualite/dossiers/rwanda-20-ans-apres

http://msf.fr/presse/communiques/vingt-ans-apres-msf-revele-ses-dilemmes-contraintes-et-debats-internes-face-au-ge

http://speakingout.msf.org/fr/genocide-des-rwandais-tutsis

http://speakingout.msf.org/sites/default/files/Genocide%20Rwandais_VFok.pdf

dilemmes majeurs :- Est-il acceptable que Médecins Sans Frontières, en tant qu’organisation humanitaire, garde le silence total face à un génocide ? – Est-il acceptable que Médecins Sans Frontières, en tant qu’organisation humanitaire appelle à une intervention armée, c’est à dire à une action qui entraînera la mort d’êtres humains ? – Est-il possible que Médecins Sans Frontières appelle les Etats à d’autres modes d’action, au risque de justifier une réponse de leur part totalement inefficace, au regard de la nature même du génocide ? – Lancé au moment où la France propose d’intervenir au Rwanda, l’appel de Médecins Sans Frontières ne
risque-t-il pas d’être récupéré politiquement ? …

 

7 avril, CRIF : Raphaël Haddad

http://www.crif.org/fr/tribune/pas-d%E2%80%99entente-franco-rwandaise-sans-qu%C3%AAte-intransigeante-de-la-v%C3%A9rit%C3%A9/50172
http://laregledujeu.org/haddad/2014/04/06/144/pas-d-entente-franco-rwandaise-sans-quete-intransigeante-de-la-verite/

… une certaine France porte une part de responsabilité dans le génocide de 1994. J’écris « une certaine France » parce que, de 90 à 94, les décisions ont été secrètes et le fait de quelques uns seulement, au plus haut niveau de notre appareil d’Etat. Jamais le parlement, et encore moins l’ensemble des Français n’ont pris part aux décisions. Comme l’évoque justement Patrick de Saint-Exupéry : «  la France » n’a jamais été tenue au courant. Dès lors, « la France », c’est-à-dire nous, aurions tort de nous laisser enfermer dans la rhétorique de ceux qui voudraient nous utiliser pour fuir leurs responsabilités. Je veux notamment parler d’Alain Juppé, qui hier est parvenu à convaincre l’Elysée que « l’honneur de la France devait être défendu », alors que c’est bien de sa responsabilité seulement dont il s’agissait, lui qui était ministre des Affaires étrangères de mars 1993 à mai 1995, et qui dans le plus grand secret, sans jamais en aviser le parlement, a conduit la politique étrangère française au Rwanda. C’est cette « certaine France », composée d’un cercle restreint de militaires et de politiques de premier plan, qui porte une responsabilité indirecte au moins, puisque c’est notamment sous ses ordres que la France a formé pendant 4 ans les militaires des forces armées rwandaises qui deviendront d’avril à juin 94, l’une des principales forces d’exécution du génocide. Et que dire des propos de rescapés recueillis pendant le voyage au Rwanda qu’avec des camarades de l’UEJF nous avions entrepris en 2006, et auquel participait d’ailleurs Christiane Taubira, l’actuelle ministre de la justice empêchée in extremis de se rendre à Kigali ? Nous avons entendu trop de témoignages accablants, pour penser qu’ils ne sont qu’affabulations. Trop souvent des rescapés nous ont parlé de Français en uniforme se tenant aux côtés des génocidaires aux barrages routiers, barrages qui signifiaient la mort immédiate pour des milliers de malheureux. Et que dire de la tragédie de Bisesero, là où l’armée française témoin de la situation d’urgence dans laquelle se trouvait une poignée de rescapés a quitté les lieux, laissant les génocidaires terminer leur œuvre de destruction ? Que dire des récits de nivellement par des militaires français de fosses communes sur la colline de Murambi ? A Murambi, nous pensons qu’il y eut 45 000 victimes en trois jours à peine. .. Pendant ce temps, en France, Ibuka, avec le concours de l’UEJF, de SOS Racisme et du collectif VAN, prêchent en vain depuis plusieurs années pour demander la consécration d’un lieu à Paris à la mémoire des victimes du génocide des Tutsi du Rwanda, comme il en existe en Belgique ou en Grande-Bretagne. Pendant ce temps, la France choisit d’annuler sa participation aux commémorations se déroulant au Rwanda. Disons les choses : le quai d’Orsay s’est déclaré surpris par des accusations qui ne sont ni nouvelles, ni injustes. La réalité est que, sous le sceau de ce qu’il a appelé une « normalisation véritable », Laurent Fabius a espéré contraindre le Rwanda à choisir entre réconciliation franco-rwandaise et vérité. Le Président rwandais lui a répondu avec fermeté et il a eu raison : la réconciliation ne pourra se faire au prix de la falsification historique ou du déni. Lui qui dirige un pays où victimes et bourreaux se côtoient encore au quotidien sait qu’il ne peut y avoir d’entente véritable sans recherche intransigeante de la vérité. Aujourd’hui nous le savons ; nous avons des preuves, des témoignages. Une certaine France de 1994 porte une part de responsabilité dans ce génocide. La France de 2014 sera complice tant qu’elle ne se résoudra pas à lui demander des comptes. En avril 2014, elle a plutôt choisi de la protéger et a préféré abandonner les quelques rescapés Tutsis à leur solitude dans ce moment douloureux. ..

 

7 avril, Amnesty (2 communiqués plus axés sur RCA et Soudan du Sud)

http://www.amnistie.ca/sinformer/communiques/international/2014/rwanda/plus-jamais-ca-doit-enfin-prendre-tout-son-sens

En pleine horreur génocidaire, la communauté internationale s’est abstenue d’intervenir pour empêcher les massacres, malgré les avertissements. Les appels à l’aide venus du terrain n’ont pas été entendus. Le 21 avril 1994, le Conseil de sécurité a voté une résolution réduisant les effectifs de la mission de l’ONU de 2 500 à 270 soldats, alors que des informations émanant du Rwanda et de l’étranger faisaient état des événements en cours. L’absence de volonté politique des États membres s’est traduite par l’inertie face aux atrocités généralisées. La mission de l’ONU a assisté aux événements, impuissante, alors que des dizaines de milliers de Rwandais étaient massacrés chaque semaine. Le FPR a battu les forces gouvernementales et a mis fin au génocide en juillet 1994. Depuis 20 ans, de nombreux auteurs du génocide ont été jugés et déclarés coupables devant les tribunaux nationaux rwandais et les tribunaux gacaca (système de juridictions populaires), le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), et des tribunaux en Europe et en Amérique du Nord. Les investigations se poursuivent sur de très nombreux suspects de génocide installés à l’étranger. Des atteintes aux droits humains massives ont également été perpétrées par le FPR au lendemain du génocide et dans le cadre du conflit qui a suivi. La plupart des homicides imputables au FPR n’ont toujours pas fait l’objet de poursuites. La communauté internationale a elle-même reconnu son incapacité à prendre des mesures décisives pour prévenir ou arrêter le génocide. En mémoire des victimes du génocide et de ceux qui ont survécu, la communauté internationale, et notamment les gouvernements de la région et de l’Union africaine (UA), doit garder présent à l’esprit qu’il est essentiel de prévenir et stopper les atteintes aux droits humains, où qu’elles soient perpétrées…

http://www.amnistie.ca/sinformer/communiques/international/2014/rwanda/monde-continue-garder-dagir-malgre-honte-associee

Le 21 avril 1994, en dépit d’informations faisant état des massacres en cours au Rwanda, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur de la réduction de la présence de l’ONU dans le pays, faisant passer de 2 500 à 270 le nombre de personnes prenant part à la mission de maintien de la paix sur place. Le personnel participant à la mission des Nations unies, impuissant, a regardé sans rien pouvoir faire tandis que des dizaines de milliers de Rwandais étaient tués chaque semaine. ..

 

7 avril, CADTM : Eric Toussaint : sur FMI, BM, …

http://cadtm.org/Rwanda-les-bailleurs-de-fonds-de

: Rwanda : les bailleurs de fonds de Habyarimana et des génocidaires … Elles auraient dû alerter l’ONU dès ce moment. En continuant à réaliser des prêts jusqu’au début 1993, elles ont aidé un régime qui préparait un génocide. Les organisations de défense des droits de l’homme avaient dénoncé dès 1991 les massacres préparatoires au génocide. La Banque mondiale et le FMI ont systématiquement aidé le régime dictatorial, allié des Etats-Unis, de la France et de la Belgique.

 

7 avril, La nuit rwandaise

http://www.lanuitrwandaise.org/revue/la-nuit-rwandaise-no8,351.html

« La France a participé au génocide des Tutsi. 20 ans de déni, ça suffit ! » 20 ans ça suffit ! : La Rédaction : Procès des militaires contre La Nuit rwandaise ; Jean-Luc Galabert : Entretien avec Jean-François Dupaquier ; François Graner : L’attentat du 6 avril 1994 : l’hypothèse de tireurs et/ou décideurs français vue à travers les textes des officiers français ; Cyril Hauchecorne : Apostrophe pour sortir du déni ; Jean-Luc Galabert & Cyril Hauchecorne : Entretien avec Gabriel Périès ; Jacques Schaff : Notre conscience est en miette.Vingt ans ça suffit ; Collectif : Lettre ouverte à Alain Juppé. Dossier Justice : La Rédaction : Résumé des procès en cours et des condamnations prononcées par des juridictions nationales ; Gaëtan Sebudandi : Procès en Allemagne des dirigeants des FDLR ; Lieve Pellens : Communiqué du Parquet fédéral belge : Point sur la situation judiciaire ; Alain Gauthier : Procès Simbikangwa et affaires judiciaires en France ; William A. Schabas : La cour de Cassation refuse d’extrader pour crime de génocide ; Damien Roets : Refus d’extrader …

http://www.izuba.info/info/la-france-a-participe-au-genocide-la-nuit,910.html

Éditorial Nuit Rwandaise 2014 : « Les faits sont têtus » 20 ans de déni, ça suffit ! par Michel Sitbon

… l’armée génocidaire bénéficiait de livraisons d’armes financées par l’entremise de la succursale égyptienne du Crédit Lyonnais. Le récent scandale autour de cette banque avait assez mis en lumière ses liens avec l’Élysée pour qu’une telle information ne prenne immédiatement sa dimension politique, ce que The Nation soulignaitSurtout, ont commencé à affluer les témoignages de bourreaux et de rescapés pour expliquer combien des « Blancs » ou « Français » ont pu être présents à des étapes cruciales du génocide, comme le 13 mai 1994, pour le grand massacre des résistants Tutsi de Bisesero. .. On a pu suivre la saga du juge Bruguière et de Pierre Péan, alimentant le négationnisme du parti génocidaire, essentiellement à base de faux témoignages fabriqués par les services ou de rapports plus que douteux. .. Bruguière partant en retraite, on a pu voir le juge Trévidic reprendre ses enquêtes, et découvrir, consterné, le déplorable travail de son prédécesseur, dont l’instruction exclusivement à charge du FPR ne valait pas mieux que de la vulgaire propagande de guerre. La réouverture de l’enquête, avec les expertises qui s’imposaient, permettra de vérifier assez rapidement que l’attentat était bien l’œuvre du parti génocidaire, les tirs provenant donc de ce camp de Kanombe où Grégoire de Saint-Quentin entraînait les para-commandos de l’armée rwandaise. .. C’est aussi dès les débuts de l’intervention française que se mettra en œuvre le génocide des Bagogwe, et on ne peut que relever que celui-ci se produit dans un secteur au cœur duquel les français ont installé un de leurs camps – et leur complicité dans ce premier épisode génocidaire est indubitable, même si elle mériterait d’être étudiée de façon plus complète, en « focalisant » sur cette dimension particulièrement scandaleuse et tragiquement annonciatrice de ce qui suivra. .. On sait après comment les moyens de l’alliance française permettront au régime d’Habyarimana de décupler son armée monoethnique, non seulement en hommes, mais avec tout l’équipement nécessaire et, mieux encore, un encadrement pléthorique fournit gracieusement par les moyens de la coopération française. On dispose aussi désormais d’innombrables témoignages d’anciens militaires ou miliciens rwandais qui détaillent comment les Français prenaient en charge en particulier leur formation idéologique, insistant sur la dimension d’ennemi intérieur Tutsi, tous les Tutsi devant être considérés comme des alliés potentiels du FPR… C’est le même raisonnement qui conduira à considérer que les Tutsi réfugiés dans les collines de Bisesero étaient forcément une « cinquième colonne » du FPR, puisqu’en plus ils se défendaient, qui plus est avec succès dans un premier temps. .. Ainsi, Mugenzi avait été formé, par des Français, à produire un flux continu de faux compte-rendus d’écoutes, « désinformant », en travaillant méthodiquement, tous les jours, en moyenne sept fois par jour dit-il, à trafiquer de prétendues « interceptions » des communications du FPR pour leur faire dire ce que le parti génocidaire voulait faire croire qu’elles disaient. Comme le souligne Dupaquier, ce travail d’intoxication servait d’abord et avant tout à tromper… les militaires français – ce dont atteste le fait que ces prétendues « interceptions » de messages originellement en anglais ou en swahili étaient directement rendues en français… Les services français travaillaient ainsi à intoxiquer l’armée française… Mais pas seulement, bien sûr : ces « documents » prétendant attester de la méchanceté du FPR servaient aussi à sa diabolisation auprès des rwandais et des observateurs de manière générale. Qui manipulait qui ? Dupaquier n’a pas tort de relever le talent machiavélique du colonel Nsengiyumva, donnant ses instructions au jour le jour à Richard Mugenzi. Or le colonel Nsengiyumva était le principal correspondant des français à l’état-major, en plus d’être le bras droit du colonel Bagosora, lui-même animateur principal du parti génocidaire et militaire le plus proche des Français, le premier rwandais à avoir fait l’École de Guerre en France, et compère du lieutenant-colonel Maurin qui dirigeait les opérations. Ainsi, Nsengiyumva intoxiquait tout le monde, y compris les Français, mais il le faisait pour le compte des Français, et selon une méthode, une recette, enseignée par les Français et, en l’occurrence, plausiblement le colonel Robardey, qui était précisément chargé de la mise au point des méthodes des services de renseignements rwandais. Qui manipulait qui ? … On parle là d’instrumentalisation, mais qui payait ? Sait-on que l’opération génocide aura été entièrement sous subvention du contribuable français, puisque l’État d’Habyarimana était endetté au-delà de tout, et ne pouvait subsister que par l’effacement de ses dettes par la coopération française ? Un analyste financier, Martin Marschner, a déjà pu dénoncer à répétition le fait qu’un milliard aurait été débloqué par le Budget français, à l’époque sous la responsabilité de Nicolas Sarkozy, ministre du Budget, pour financer cette opération très spéciale – une accusation qui n’aura fait l’objet d’aucun démenti à ce jour. .. Les spécialistes ont pu voir, depuis plusieurs années maintenant, leur petite communauté se déchirer, de peur de « braquer l’opinion », lorsque l’enquêteur Serge Farnel est revenu du Rwanda avec des brassées de témoignages établissant que des soldats « blancs », « français », ont participé au plus grand massacre du génocide, les 13 et 14 mai 1994, quand les nombreux Tutsi réfugiés dans les collines de Bisesero ont été exterminés. Échaudé par ces débats, notre collaborateur, ami et néanmoins éditeur, Bruno Boudiguet, sera parti sur les traces de Farnel, et il aura bien vérifié, plus que recoupé, les résultats de son enquête : dès fin avril, arrivaient à Kibuye des « Blancs », « Français », et les 13 et 14 mai, ils étaient là, à Bisesero, usant de mortiers et de mitrailleuses pour parvenir à tuer plusieurs dizaines de milliers de Tutsi, hommes, femmes et enfants. .. le colonel Thierry Jouan a publié, lui aussi, un livre, dans lequel il révèle avoir été au Rwanda pendant le génocide, comme logisticien d’une ONG… Dupaquier déduit de la lecture de son livre – ou d’autres informations ? – que ce séjour de Jouan au Rwanda se serait produit au mois de mai. On a toutes les raisons de croire qu’en effet Thierry Jouan, patron de fait du 11ème choc, un des officiers les plus médaillés de l’armée, n’était pas là seul, et qu’il n’avait probablement pas été envoyé au Rwanda avec ses hommes en plein génocide seulement pour regarder. S’agissait-il de « mercenaires » ? Forcément, puisque même le premier ministre utilise le terme dans son agenda. Et puisqu’on dispose même des contrats de Barril destinés à la fourniture de tels « mercenaires ». Est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Les soldats sont tous peu ou prou « mercenaire » aujourd’hui, au niveau de salaires extrêmement élevés que touchent les officiers envoyés dans de telles opérations extérieures. Que leur rémunération soit directement prélevée sur les caisses de l’État ou versée indirectement par la société de Paul Barril, par exemple, cela change-t-il quelque chose à la question qui nous préoccupe ? … Ne soyons pas toutefois si critiques à l’heure où il faut féliciter Édouard Balladur d’avoir donné formellement son accord à la levée du secret défense. Hormis le fait que c’est une nécessité pour la justice et une revendication de plus en plus largement exprimée, cette prise de position publique du premier ministre responsable à l’époque des faits devrait suffire à provoquer l’indispensable ouverture des archives. Relevons aussi qu’Édouard Balladur tient à préciser qu’il ne sait pas ce qu’il y a dans ces dossiers, comme pour se dédouaner par avance de ce qui pourrait apparaître…

 

6 avril, Survie : Action à Paris

https://jumophoto.wordpress.com/2014/04/06/rwanda-1994-20-ans-apres/

 

5 avril : FIDH (communiqué)

http://www.fidh.org/fr/afrique/rwanda/15079-rwanda-la-fidh-honore-la-memoire-des-victimes-et-des-survivants-du

… En mars 1993, la FIDH et six autres organisations de défense des droits de l’Homme avaient publié un rapport sur les violations massives et systématiques des droits de l’Homme commises au Rwanda depuis le 1er octobre 1990, qui alertait sur la perpétration en cours de violations des droits de l’Homme « massives et systématiques, avec l’intention délibérée de s’en prendre à une ethnie déterminée » prémices de la logique génocidaire mise en œuvre en avril 1994. .. La FIDH souhaite aussi placer ce 20ème anniversaire sous le signe de la lutte pour la justice des victimes et survivants du génocide rwandais et publie un dossier spécial consacré aux 20 ans de la lutte pour la justice et contre l’impunité des génocidaires rwandais. .. «  La lutte contre l’impunité des auteurs du génocide rwandais n’est pas finie, elle se poursuit à l’échelle mondiale. Pour la France uniquement, pas moins de 27 procédures judiciaires sont en cours dont une vingtaine dans lesquelles la FIDH est partie civile  » a rappelé Me Patrick Baudoin, avocat de la FIDH dans ces procédures judiciaires et responsable du Groupe d’action judiciaire de l’organisation.
4 avril, FIDH : republication rapport 1996 sur violences sexuelles

http://www.fidh.org/fr/afrique/rwanda/847-vies-brisees-les-violences-sexuelles-lors-du-genocide-rwandais-et-leurs

« Vies brisées : Les violences sexuelles lors du génocide rwandais et leurs conséquences » (Version PDF)

Rapport d’enquêtes (mars-avril 1996) – diffusé en septembre 1996 N°226, janvier 1997, 66 pages, (disponible en anglais).

 

4 avril, MRAP

http://www.mrap.fr/international/afrique/afrique-subsaharienne/rwanda-1994-2014-20-ans-100-jours-1-000-000-de-morts-le-refus-de-l2019oubli-le-devoir-de-justice

… Le pouvoir rwandais a reçu de manière continue et appuyée le soutien du gouvernement français, tant au plan politique, militaire que financier, avant, pendant et après le génocide. Le premier accord de coopération militaire entre les Présidents Valéry Giscard d’Estaing et Juvénal Habyarimana, datant de juillet 1975, est bien antérieur au génocide. Les militaires de l’opération Noroît, censés assurer une protection des ressortissants français et étrangers ont participé à des opérations d’identification de civils qui devaient présenter une carte d’identité sur laquelle figurait la mention «Hutu» ou «Tutsi». Dès le début du génocide, la France a voté au Conseil de sécurité en faveur du retrait des casques bleus destinés à protéger les civils rwandais et a continué secrètement de fournir des armes au gouvernement génocidaire. Enfin, une fois le génocide accompli, l’opération « Turquoise » a eu pour objectif, derrière une mission présentée comme une « assistance humanitaire », de bloquer l’avancée des combattants du FPR et d’organiser la fuite des génocidaires. ..

 

3 avril, Survie : 20 documents pour comprendre le rôle de l’Etat français

http://survie.org/genocide/genocide-et-complicite/20-documents-pour-comprendre-le/

http://survie.org/IMG/pdf/Rwanda20Documents.pdf

Classement des 20 documents sur 6 phases :

– 1990-1993 : Opération Noroît, une intervention militaire illégale qui empêche l’effondrement du régime Habyarimana

– L’intention génocidaire est connue des autorités françaises dès 1990

– Octobre 1990 : Paris s’engage dans une guerre contre les Tutsi

– 1990-1993 : Paris soutient un régime en pleine dérive génocidaire

– A partir du 8 avril 1994, les autorités françaises ne font rien pour arrêter le génocide en cours et maintiennent leur soutien politique et militaire à ceux qui le commettent

– A partir du 22 juin 1994, l’opération Turquoise permet l’évacuation au Zaïre des auteurs du génocide

 

3 avril, France 24 avec AFP : sur Survie contre Barril

http://www.france24.com/fr/20140403-genocide-rwandais-ong-reclament-mise-examen-barril-complicite-crimes-contre-humanite/

Trois organisations de défense des droits de l’Homme ont demandé la mise en examen de l’ancien officier de gendarmerie français Paul Barril, soupçonné d’avoir apporté une assistance logistique aux forces rwandaises pendant les tueries de 1994. Le capitaine Paul Barril sera-t-il le premier militaire français à être mis en examen pour avoir aidé les génocidaires rwandais en 1994 ? C’est en tout cas ce qu’ont demandé la Ligue des droits de l’Homme, la Fédération internationale des droits de l’Homme et l’association Survie dans une lettre au juge du pôle « crimes contre l’Humanité » de Paris, a-t-on appris mercredi 3 avril. L’instruction porte depuis juin 2013 sur un contrat d’assistance militaire conclu par l’ex-officier de gendarmerie avec le gouvernement intérimaire rwandais fin mai 1994. Selon une enquête du Nouvel Observateur publiée en février 2014, Paul Barril s’était ainsi engagé à fournir 2 millions de munitions pour fusils d’assault, 5 000 grenades à  main, 6.000 grenades à fusil et 11 000 obus de mortiers, ainsi que 20 mercenaires pour l’encadrement et la formation. Un contrat de 3,13 millions de dollars qui profite aux extrémistes hutus alors qu’un embargo international sur les livraisons d’armes avait été imposé par l’ONU. .. « Les trois associations ont estimé qu’il existait aujourd’hui des indices graves ou concordants de la participation de Paul Barril à ces faits et donc, en conséquence, ont demandé au juge d’instruction de permettre à M. Barril de se défendre, c’est-à-dire qu’il soit mis en examen à raison de sa complicité de génocide », a déclaré mercredi un des avocats de Survie, Me Eric Plouvier, lors d’une conférence de presse de cette association.

 

2 avril, citoyen-ne-s bordelaix-ses : lettre à Juppé

http://surviegironde.blogspot.fr/2014/04/rwanda-lettre-ouverte-mjuppe.html
http://www.bastamag.net/Rwanda#nh32
http://www.africultures.com/php/index.php?nav=murmure&no=14840
http://blogs.mediapart.fr/blog/peyobou/020414/mjuppe-quelle-est-votre-position-sur-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda

… Devant la multitude de ces voyants rouges [6], n’aurait-il pas été de votre devoir de dénoncer les crimes du régime et d’appeler à suspendre notre coopération, plutôt que de les camoufler derrière le paravent des accords d’Arusha ? … Mais quand, devant l’évidence des faits, vous dénoncez les responsables des massacres, c’est pour mieux mentir sur leur chronologie en prétendant, le 18 mai à l’assemblée nationale, qu’ils sont la conséquence d’une nouvelle attaque du FPR [14]. Or le FPR, en 1994, n’est intervenu qu’après le début du génocide [15], et il était la seule force sur place à mettre fin à celui-ci. Présenter les choses comme vous le faisiez, n’était-ce pas une manière de détourner les accusations qui visaient ses véritables auteurs ? … Nous l’avons vu, les autorités françaises connaissaient la nature et l’ampleur des massacres, dès le commencement de ceux-ci [18]. Pouviez-vous ignorer qu’un génocide était en cours lorsque vous receviez à Paris, le 27 avril, le ministre des affaires étrangères du gouvernement intérimaire rwandais, ainsi que l’idéologue extrémiste Jean-Bosco Barayagwiza ? Ce dernier est l’un des fondateurs de la RTLM, la radio appelant aux tueries, qui fut un outil fondamental du génocide [19]. Il a été condamné à 32 ans de prison par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda. La réception de ces personnes au Quai d’Orsay, mais aussi à l’Elysée et à Matignon, « rendait le génocide respectable », pour employer les mots de l’historienne Alison Des Forges [20]. La Belgique et les USA leur avaient fermé leurs portes, la France fut le seul pays occidental à traiter avec eux. .. Vous avez vous même déclaré, lors du conseil des ministres restreint du 13 avril 1994, être favorable à la suspension de la MINUAR [21], à un moment où le pire pouvait encore être évité. Ce n’est que dans un second temps, au mois de juin, alors que le génocide touche à sa fin, que l’État français prend la décision d’intervenir. Ce n’est pas un moment anodin : Kigali menace de tomber aux mains du FPR, qui s’oppose militairement aux forces armées rwandaises et stoppe l’extermination des Tutsis. Faut-il rappeler que l’opération Turquoise, qualifiée d’ « humanitaire », était lourdement armée [22] et composée en grande partie de l’élite des forces spéciales [23] ? Et que la France a imposé unilatéralement, sans l’accord du conseil de sécurité, une « zone humanitaire sûre » dans laquelle les tueurs ne seront pas désarmés, les responsables ne seront pas arrêtés, et depuis laquelle la RTLM, qui appelait aux massacres, pourra continuer à émettre sans souffrir de tentative de brouillage ni de neutralisation [24] ? .. Il s’agit bien ici des autorités qui ordonnaient et organisaient le génocide ! Si l’opération Turquoise a permis par endroits de sauver des vies, elle a ailleurs, comme à Bisesero, du 27 au 30 juin, laissé les tueurs finir librement leur besogne [29]. Elle a créé un véritable sanctuaire, défendu militairement, dans lequel les responsables du génocide ne pouvaient être inquiétés, puis elle a organisé leur fuite vers le Zaïre [30]. ..

 

26 mars, Survie : pétition

http://survie.org/genocide/agir-avec-nous/article/petition-rwanda-20-ans-apres-le-4648

https://www.avaaz.org/fr/petition/Francois_Hollande_et_JeanYves_Le_Drian_Ministre_de_la_Defense_La_levee_du_secret_defense_sur_les_actions_francaises_au_R/

Rwanda, 20 ans après le génocide, la France ne doit plus cacher la vérité ! … Depuis 20 ans, les travaux de nombreux chercheurs, journalistes, juristes, organisations de la société civile et des rescapés et de leurs familles, ont démontré l’implication française dans le dernier génocide du XXe siècle. Des procédures judiciaires sont en cours, mettant potentiellement en cause des Français (enquête sur l’attentat contre l’avion du président rwandais, plaintes de rescapé-e-s tutsi contre des militaires français, plainte contre Paul Barril ex-gendarme de l’Elysée). Mais l’Etat français continue de nier son rôle et met un frein à la justice, en dissimulant un grand nombre de documents officiels, tels que les archives sur les opérations militaires françaises au Rwanda, ou les archives de l’Elysée non expurgées. Si les autorités politiques et militaires françaises n’avaient rien à se reprocher, comme elles ne cessent de l’affirmer, pourquoi refuseraient-elles de rendre publics ces documents ? Considérant qu’il est urgent et indispensable de faire avancer la justice, et que les citoyen-ne-s français-e-s, les rescapé-e-s et les familles des victimes ont le droit de connaître toute la vérité, nous demandons pour le 20e anniversaire du génocide la déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses volets diplomatiques, militaires, politiques, et financiers.

 

25 mars, Survie : colloque à l’Assemblée nationale 

http://survie.org/activites/campagnes-et-mobilisation/article/colloque-de-survie-au-palais-4634

20 ans après le génocide des Tutsi au Rwanda, la fin de l’impunité ? : Introduction – Les enjeux de l’impunité L’impunité et la perpétuation du crime. Exemple de l’impunité au Rwanda des années 60 à début 94. Par Marcel Kabanda ; 1 – 1994-2013 : l’impunité accordée par la France aux génocidaires: Exfiltration et mise à l’abri des génocidaires pendant et après le génocide par Jacques Morel + Présence dans l’impunité de génocidaires en France pendant 20 ans par Alain Gauthier + La France et le TPIR par Raphaëlle Maison ; 2 – Brouillard et contre-feux médiatiques : L’affaire Bruguière par Philippe Braeways + Rwanda : entre fantasmes et désinformation par Jean-François Dupaquier + La « bienveillance » de la France envers les FDLR par Colette Braeckman ; 1994 – 2013 : les complices n’ont pas été inquiétés : Panorama des complicités oubliées par Jean-Luc Galabert + Affaire Barril : ce que l’Etat français savait par François Crétollier ; 4 – Des procès et des lois : avancées et inquiétudes : Des avancées et des inquiétudes : aspects politiques par Laurence Dawidowicz + Le « choix » par la justice du droit applicable, la loi française et l’impunité par Patrick Baudoin ; Conclusion – Fabrice Tarrit, Président de Survie.

Vidéos publiées le 18 juin :

http://www.dailymotion.com/video/x1mi933_colloque-rwanda-survie-1994-2013-l-impunite-accordee-par-la-france-aux-genocidaires_news

http://www.izuba.info/info/videos-colloque-genocide-des-tutsi-au-rwanda,926.html

Mini compte-rendu subjectif 2e partie:

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/04/25-mars-2014-paris-genocide-des-tutsi.html

 

23 mars, Survie : revendications

http://survie.org/genocide/genocide-et-complicite/article/nos-revendications-4646

Pour obtenir la justice et mettre fin à l’impunité

La reconnaissance officielle, par les plus hautes autorités de l’Etat, du génocide des Tutsi au Rwanda et des soutiens diplomatiques, militaires et économiques apportés au régime rwandais avant et pendant le génocide par les autorités civiles et militaires françaises.

L’arrêt de la falsification de l’histoire dans des discours officiels, en particulier en justifiant la politique française par le caractère humanitaire de l’opération Turquoise, alors que cette intervention a surtout permis la protection et l’évacuation des responsables et exécutants du génocide.

L’augmentation des moyens du pôle judiciaire « génocides et crimes contre l’humanité » afin d’accélérer les instructions et la tenue des procès, en particulier pour les plaintes concernant l’implication française

La communication immédiate aux magistrats instruisant des dossiers mettant potentiellement en cause des Français des documents classifiés et pièces à conviction détenus par les autorités.

Pour connaître toute la vérité

La création d’une Commission d’enquête parlementaire pour étudier l’ensemble des éléments recueillis avant et après la MIP de 1998 sur la politique menée par l’Etat français au Rwanda et le rôle des dirigeants politiques et militaires français et pour définir les responsabilités de ces derniers.

La déclassification et l’accès au public de tous les documents officiels concernant cette politique, y compris les archives de l’Elysée et les archives militaires.

Pour que nos institutions ne permettent plus de telles complicités

La limitation des pouvoirs de l’exécutif (du Président en particulier) en matière de décision d’envoi de troupes à l’étranger et l’exercice d’un contrôle plus strict du Parlement sur ces opérations.

La suppression du Commandement des Opérations Spéciales (COS), force discrétionnaire sous commandement de l’Elysée, créé en 1992 par François Mitterrad et qui a eu un rôle essentiel au Rwanda.

 

15 mars, Survie et CPCR

http://survie.org/genocide/justice-637/article/simbikangwa-condamne-le-genocide-4640

Simbikangwa condamné, le génocide des Tutsi reconnu, le CPCR et Survie restent mobilisés

NB : Les motivations de la cour d’assises :

http://proces-genocide-rwanda.fr/wp-content/uploads/2014/03/Motivation-Simbikangwa.pdf

 

14 mars, Survie

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1158357-genocide-au-rwanda-le-proces-de-pascal-simbikangwa-est-une-etape-il-y-en-aura-d-autres.html

le procès de Pascal Simbikangwa est une étape, il y en aura d’autres : … Des complicités françaises : Le déroulement des audiences a confirmé certaines de nos craintes, à travers la réitération par l’accusé et ses défenseurs de discours révisionnistes, de négation et une focalisation sur le rôle des Tutsi et du FPR dans le déclenchement des hostilités, puis des crimes. Le lieutenant-colonel Robardey, officier français présent au Rwanda de 1990 à 1993, a affirmé à la barre que « si tout cela s’est fait, ce n’était pas organisé », a considéré comme une « injustice le fait que seuls les crimes commis contre les Tutsi soient considérés comme un génocide » et a réclamé « une requalification des crimes commis contre les Hutu ». Ce discours est récurrent parmi certains anciens officiers français ayant servi au Rwanda, pour tenter de minorer le rôle de la France dans le génocide. En effet, si ce procès a bien été celui d’un homme et non celui du génocide et de ses soutiens, l’ombre des multiples complicités françaises a plané tout au long de l’audience. Dès l’exposé de la synthèse du dossier, le 4 mars, le président du tribunal a insisté notamment sur les livraisons d’armes menées par la France au régime génocidaire. .. D’autres procès suivront : Le verdict de ce procès n’est donc qu’une étape dans la voie de la vérité et de la justice qui s’est peut être enfin ouverte en France. La tenue de ce procès 20 ans après les faits, le faible nombre de rescapés, donc de témoins, la prescription des accusations de torture auront été autant d’obstacles pour l’accusation, mais c’est en leur âme et conscience que les jurés décideront du niveau d’implication de Pascal Simbikangwa dans les faits qui lui sont reprochés. D’autres procès suivront, à un rythme soutenu. Ceux programmés ne concernent pour l’instant que des présumés génocidaires résidant en France. Mais au vu des éléments rassemblés depuis de nombreuses années concernant les complicités politiques, militaires et économiques de la France, il serait inconcevable que des responsables français n’aient pas à leur tour à répondre à la justice. Ce que nous appelons de nos vœux.

 


1.4 Universitaires

 

23 novembre : CR colloque universitaire Paris le 14 novembre

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/11/14-novembre-2014-les-universitaires-et.html

… A la fin de cette année de commémoration très fructueuse, est-il possible de savoir comment la recherche s’organise à plus long terme, entre historien-ne-s, juristes, chercheur-se-s varié-e-s en sciences sociales. Les composantes de l’Etat se désolidarisent face aux activités criminelles, à l’impunité et au déni des responsabilités, mais la question reste sensible et légèrement polémique. La nouvelle génération des lycéen-ne-s et étudiant-e-s, de plus en plus averti-e-s par la somme des publications depuis 20 ans, ne supportera pas le statu quo ou le silence très longtemps, et l’excuse d’attendre la justice ne tient plus… Ce dossier sur la complicité d’Etat dans un génocide met tout le monde sur le même plan, à travailler à déverrouiller les mêmes choses, juristes, juges, historiens, journalistes, associatifs ou élu-e-s. Le militantisme, la prise de risque est partagée. Les progrès des un-e-s et des autres sont immédiatement repris par l’ensemble des acteurs dans une vraie bataille de tranchée. Inversement, il est parfois nécessaire de repousser au fur et à mesure des personnes si une espèce de complicité secondaire se fait sentir, ce qui n’a rien de simple. Les vieux verrous sautent au fur et à mesure que le puzzle se complète, mais si la tâche devient plus facile par le recoupement des données, paradoxalement, elle devient aussi plus délicate et tendue face aux enjeux qui se précisent et aux résistances des accusés…

 

13, 14, 15 novembre, Colloque international : « Rwanda, 1994-2014 : récits, constructions mémorielles et écriture de l’histoire » (Versailles/Paris)

http://www.uvsq.fr/rwanda-1994-2014-recits-constructions-memorielles-et-ecriture-de-l-histoire-330328.kjsp

http://www.uvsq.fr/medias/fichier/preprogcollrw_1405955693518-pdf?INLINE=FALSE

organisé par CERILAC Univ Paris-Diderot, Centre d’Histoire Culturelle des sociétés contemporaines Univ Versailles St-Quentin-en-Yvelines, Labex Univ Paris 1.

Jeudi 13 novembre 9h-17h30 Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, place Georges Pompidou Saint-Quentin-en-Yvelines, RER C, Transilien Montparnasse-Rambouillet La Défense-LaVerrière, arrêt Gare de Saint-Quentin-en-Yvelines. Accueil par Christian Delporte et Jean-Claude Yon (UVSQ). 9h15 Acteurs, modes d’écriture et de transmission de l’histoire : Sous présidence Stéphane Audoin-Rouzeau : « Un état des lieux historiographique : bilan, enjeux, problèmes » par Marcel Kabanda + « Les sources orales dans l’histoire du temps présent : le cas du Burundi et du Rwanda » par Jean-Pierre Chrétien + « Un objet volant non-identifié. Les réfugiés rwandais de 1994 » par Jean-Paul Kimonyo ; Sous la présidence de Caroline Moine : « Le rôle des “Commissions” d’enquête dans l’écriture de l’histoire » par José Kagabo + « Les mémoriaux du génocide des Tutsi : lieux de transmission de l’histoire » par Rémi Korman+ « Manuels d’Histoire et pratiques enseignantes : quelles pistes pour un enseignement du génocide au Rwanda en France ? » par Virginie Brinker. 14h30 Histoire, justice et politique Sous la présidence de Rafaëlle Maison : « Le travail de la justice : bilan, problèmes » par Géraud de la Pradelle + « Justice et narration historique. Entre expertise et expérience : témoignages d’experts au TPIR » par Ornella Rovetta + « Les juridictions Gacaca » par Jean-Pierre Dusingizemungu. Table-ronde « La question française » Avec Rafaëlle Maison, Gabriel Périès et Jean-François Dupaquier

Vendredi 14 novembre, 9h-17h30 Construction des mémoires du génocide des Tutsi : représentations médiatiques et artistiques de l’événement, Université Paris Diderot (amphi Buffon) 15 rue Hélène Brion 13e, M° 14, RER C Biblio F Mitterrand. Accueil par Éric Marty – Cerilac 9h Les récits médiatiques d’information et leurs rôles dans l’écriture de l’histoire et les constructions mémorielles Sous la présidence de Jacques Walter : « La couverture du génocide par les médias d’informations internationaux » par Allan Thompson (sous réserve) + « Le Rwanda dans les magazines d’information télévisés après 1994 » par François Robinet + « Mutations de l’espace médiatique rwandais : les multiples facettes du journalisme “post-génocide” » par Marie-Soleil Frère + « L’oeuvre de Jean Hatzfeld au prisme du journalisme » par Audrey Alves. Table-ronde « Le travail d’enquête du journaliste » Avec Laure De Vulpian et Jean-Philippe Ceppi. Modérateur : François Robinet. 13h45 Images et récits : quels enjeux ? Sous la présidence de Béatrice Fleury : « Retour(s) sur images : d’une nécessité de l’art après 1994 » par Nathan Réra + « Comment faire entrer cela dans le cadre ? Répondre cinématographiquement au et du génocide contre les Tutsi du Rwanda : 1994-2014 » par Alexandre Dauge-Roth. Table-ronde « Représenter le génocide par l’image »Avec Gilbert Ndahayo, Marie-Violaine Brincard, Alexis Cordesse et Christophe Calais (ss rés) Modérateurs : Alexandre Dauge-Roth et Nathan Réra. Table-ronde « Imaginer le génocide. Mémoires croisées » avec Boubacar Boris Diop, Koulsy Lamko, Catherine Coquio et Bruce Clarke. Modératrice : Virginie Brinker. Grand entretien avec Patrick de Saint-Exupéry mené par François Robinet

Samedi 15 novembre Littérature, théâtre et témoignage : pour quels dialogues contemporains ? ENS-Ulm Salle Jean Jaures, 29 rue d’Ulm Paris 5e M° 7 Place Monge, Censier-Daubenton, 10 Cardinal Lemoine, RER B Luxembourg. Accueil par Jean-Charles DarmonENS-Ulm. 9h-12h15 Transmission, témoignage, littérature sous présidence de Josias Semujanga : « Les fictions littéraires comme écriture du désastre » par Éric Hoppenot + « D’un consentement meurtrier. Une lecture du Livre des ossements » par Marc Crépon + « Génocide au Rwanda et la critique africaine contemporaine » par Jean-Pierre Karegeye + Sous la présidence de Laure Coret : « Naissance d’une littérature à l’heure du témoignage » par Romuald Fonkoua + « Du témoin au témoignaire : au-delà du partage du traumatisme » par Berthe Kayitesi. 13h30 La mémoire des rescapés : questions psychiques et sociales : sous la présidence d’Annette Wieviorka : « Entre oubli forcé, mémoire collective et réminiscences : histoires individuelles » par Marie-Odile Godard + « Sur la question du traumatisme » par Naasson Munyandamutsa. 14h45 Table-ronde « Le théâtre : quelle catharsis possible ? Expériences rwandaises, françaises, internationales » Avec Carole Karemera, Dorcy Rugamba, Odile Gakire Katese (sous réserve), Elizabeth Applegate, Ariane Zaytzeff, Armelle Talbot, Isabelle Barbéris/Isabelle Lafon. Modératrice : Sophie Lucet. 17h « Le témoin et le tiers ». Dialogue entre Esther Mujawayo et Catherine Coquio. 17h45 Essai de synthèse et questions pour finir avec Catherine Coquio et Naasson Munyandamutsa

13-14 novembre 20h30, Théâtre : « La Cantate de Bisesero » (Espace 1789, Espace 1789, Saint-Ouen. Représentation de La Cantate de Bisesero + le 14 rencontre animée par Christian Biet avec Jacques Delcuvellerie, Garrett List, Carole Karemera et Dorcy Rugamba

4-19 novembre : projections-débats au cinéma Les 3 Luxembourg, à Université Paris-Diderot et à BNF: Les 3 Luxembourg 67, rue Monsieur Le Prince – 75006 Paris Accès : Métro 4 (Odéon), 10 (Odéon, Cluny-la-Sorbonne), RER B (Luxembourg) Mardi 4 21h Bruxelles-Kigali de Marie-France Collard (Docu, Be, 2011, 118 min) + débat avec réalisatrice, animé par Rafaëlle Maison et Michèle Hirsch (ss rés). Mercredi 5 21h À mots couverts de Violaine Baraduc et Alexandre Westphal (Docu, Fr, 2014, 80min, VOSTF) + débat avec Violaine Baraduc (ss rés), Alexandre Westphal et Étienne Nsanzimana animé par Catherine Coquio. Jeudi 6 21h Rwanda : Beyond the Deadly Pit de Gilbert Ndahayo (Docu, Rw/USA, 2010, 100min, VOSTF) + débat avec réalisateur. Univ Paris Diderot Amphi Buffon Entrée libre15 rue Hélène Brion 13e M° 14, RER C Biblio F. Mitterrand. Samedi 8 10h Matière grise de Kivu Ruhorahoza (Fiction, Rw, 2012, 100min, VOST anglais) + débat avec Alexandre Dauge-Roth et Nathan Réra. Samedi 8 13h Documents audiovisuels sur les représentations théâtrales du génocide des Tutsi présentés par Armelle Talbot et Catherine Coquio. Samedi 8 14h30 Rwanda 94 [captation de l’intégralité de la pièce du Groupov] de Marie-France Collard et Patrick Czaplinski (Be, 2007, 340min). Mercredi 12 18h Sometimes in April de Raoul Peck (Fiction, USA/Rw, 2005, 140min, VOSTF) + débat avec Raoul Peck (ss rés), Carole Karemera et Frédérique Berthet. BNF – Petit auditorium Entrée libreQuai François Mauriac – 75013 Paris Accès : Métro 14, RER C (Bibliothèque F. Mitterrand). Mercredi 19 À mots couverts (ss rés) de Violaine Baraduc et Alexandre Westphal (Docu, Fr, 2014, 80min, VOSTF)

 

27 juillet, collectif de chercheur-se-s (historien-ne-s surtout)

Stéphane Audoin-Rouzeau, Richard Banegas, Annette Becker, Pierre Boilley, Raphaëlle Branche, Michel Cahen, Elisabeth Claverie, Jean-Pierre Chretien, Vincent Duclert, Hélène Dumas, Raymond Kevorkian, Claire Mouradian, Véronique Nahoum-Grappe, Denis Peschanski, Henry Rousso et Nicolas Werth.

http://www.liberation.fr/monde/2014/07/27/rwanda-cette-histoire-qu-on-ne-veut-pas-voir_1071283

… En France même, la reconnaissance solennelle de ce génocide n’a, en fait, pas eu lieu. On a plutôt assisté à une nouvelle vague de dénis quasi officiels… Or, même si on se refuse, a priori, à penser que des autorités de notre pays aient pu consciemment soutenir un projet de génocide, la moindre des exigences est de comprendre les motifs de l’aveuglement qui les a amenées de fait à appuyer matériellement et moralement les responsables d’une politique menant à un génocide. La mission parlementaire de 1998 avait effectué un premier pas, limité, mais réel. Elle avait fait le constat d’une «coopération militaire trop engagée», d’une «sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais» et avait déploré que, durant le génocide, l’objectif ait été «un cessez-le-feu à tout prix». Depuis dix ans, même ces conclusions prudentes ont été occultées par une véritable entreprise de dissimulation des faits, qui reposait à la fois sur une polarisation autour de l’attentat du 6 avril (comme si ce dernier était la cause d’un génocide) et sur un équilibrisme entre l’ancien et le nouveau régime de Kigali, en faisant l’impasse sur le génocide qui avait précisément conduit à ce changement. .. Pourquoi les autorités françaises ont-elles soutenu inlassablement le pouvoir du président Habyarimana, y compris dans ses logiques les plus extrémistes, en invitant, en 1992-1993, l’opposition intérieure hutue à adhérer à la mathématique de la «majorité ethnique» sans tenir compte de ses revendications ? N’a-t-on pas vu que ce pouvoir, tout en acceptant du bout des lèvres une démocratisation, soutenait de plus belle la logique du «Hutu Power» ? Pourquoi, face aux pogromes de Tutsis, qui, de 1991 à 1993, furent autant de répétitions de la logique génocidaire, et malgré des mises en garde de représentants de la France à Kigali et d’organisations internationales des droits de l’homme, les réactions de Paris furent-elles aussi discrètes ? Pourquoi avoir négligé, à ce point, la propagande raciste qui s’affichait dans des organes de presse et sur une radio proche du pouvoir ? Pourquoi, trois semaines après le début des tueries organisées contre les Tutsis et contre les opposants hutus, l’Elysée et le Quai d’Orsay ont-ils reçu de hauts représentants du gouvernement extrémiste autoproclamé le 8 avril ? Pourquoi éluder les questions récurrentes relatives aux appuis matériels accordés à ce gouvernement jusqu’à son départ au Congo ? Peut-on indéfiniment considérer comme un détail la non-assistance dont ont été victimes les rescapés tutsis encore en vie dans la région de Bisesero en juin 1994 ? Pourquoi – enfin – tant de Rwandais suspects d’avoir participé au génocide ont-ils aussi facilement été accueillis dans notre pays ? .. Tout se passe comme si, en haut lieu, certains s’acharnaient à cautionner et à prolonger les erreurs politiques et militaires de 1994, en relativisant la nature du génocide. Une telle autodéfense sonne comme un aveu, car, cette fois, elle participe en toute conscience au déni scandaleux d’une réalité désormais connue. Cette position reflète aussi le mépris de responsables politiques de notre pays à l’égard des sciences sociales en général et à celles consacrées à l’Afrique en particulier. Aux acquis d’un demi-siècle de recherches sur ce continent, on continue trop souvent de préférer les prétendues «révélations» orchestrées par quelques polémistes improvisés en connaisseurs du Rwanda qui font ressurgir les vieilles lunes de la raciologie coloniale. Dans ce contexte la demande «d’ouverture des archives», avancée ces derniers temps, pourrait aussi relever d’une fausse naïveté. Ne dispose-t-on pas déjà d’éléments assez graves avec ce qu’ont livré vingt ans de travaux fondés sur des témoignages et des sources de plus en plus largement accessibles, sans oublier les acquis des procédures judiciaires internationales ou nationales ! Va-t-on reprendre, en France, le slogan du gouvernement turc, prétendant attendre encore, après un siècle, l’avis des historiens pour reconnaître le génocide des Arméniens ? La reconnaissance officielle du génocide des Tutsis du Rwanda peut d’ores et déjà s’appuyer sur une immense documentation et sur des travaux scientifiques incontestables… La question rwandaise n’est pas réservée aux spécialistes de la région des Grands Lacs. Ayant travaillé sur les grandes crises du monde contemporain, nous tenons à en souligner la gravité. Elle vient rappeler que la France a mis cinquante ans pour reconnaître la responsabilité du régime de Vichy dans la perpétration de la Shoah en France. Elle fait écho aux ambiguïtés de la gestion de la crise bosniaque mais aussi aux hésitations persistantes dans la réflexion sur le génocide des Arméniens ou aux piétinements à propos de la guerre d’Algérie

 

28 juin au 4 juillet, France culture

http://www.franceculture.fr/blog-au-fil-des-ondes-2014-06-10-semaine-du-28-juin-au-4-juillet-dix-jours-au-rwanda-houellebecq-au-

Entre le 30 mars et le 8 avril 2014, une quinzaine de chercheurs français et de survivants au génocide des Tutsis du Rwanda ont cheminé ensemble de mémoriaux en lieux de mémoire afin de comprendre ce qui s’était passé là-bas vingt ans plus tôt, en 1994. Menés par Hélène Dumas et Stéphane Audoin-Rouzeau …

 

14 avril, Médiapart : Rafaëlle Maison, professeur de droit international à l’Université Paris Sud

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/140414/france-rwanda-l-excuse-et-l-enquete

La demande et la présentation d’excuses, tout comme la demande et l’engagement de poursuites disciplinaires ou pénales, s’inscrivent dans le droit international de la responsabilité. Excuses et poursuites contre les agents étatiques auteurs d’un illicite international constituent ainsi une forme de réparation de cet illicite, forme décrite par le terme de « satisfaction »… La Convention sur le génocide de 1948 oblige les Etats qui y sont parties (la France est de ceux là depuis fort longtemps) à prévenir le génocide et à en punir les auteurs ou complices individuels. Cette Convention évoque également – sans il est vrai être très explicite – une action qui pourrait être conduite par l’Organisation des Nations Unies. L’ONU, dont la réaction de retrait pendant le génocide est bien connue, a présenté des excuses à l’Etat rwandais, tout comme l’ont fait, pour leur inaction, les Etats-Unis et la Belgique. Les autorités françaises se sont quant à elles contentées de reconnaître des « erreurs d’appréciation »par la voix du président Sarkozy dont le déplacement au Rwanda, probablement inspiré par le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, représentait toutefois une avancée. ..Fallait-il aller plus loin ? On avance que des excuses auraient été incongrues parce que, précisément, la France fut la seule à réagir, par l’intervention Turquoise. C’est l’argument le plus souvent présenté : pas d’inaction fautive et, bien au contraire, une intervention de nature humanitaire. Mais les éléments qui sont désormais dans le champ public grâce au travail d’enquête de plusieurs journalistes et militants associatifs – documents d’archives publiés, témoignages de militaires déployés dans le cadre de l’opération Turquoise – attestent, pour le moins, de la profonde ambiguïté de cette opération Turquoise. De même, les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda montrent la protection, à l’ambassade de France à Kigali, des personnalités rwandaises pressenties pour constituer le gouvernement intérimaire issu du coup d’Etat du 6 avril qui sera en place pendant l’ensemble de la période du génocide. Ces éléments nouveaux doivent conduire à reconsidérer la théorie « humanitaire » et à envisager la présentation officielle d’excuses au Rwanda. Ces éléments nouveaux imposent aussi que soient soutenues les enquêtes pénales sur les complicités individuelles de génocide liées, notamment, à l’opération Turquoise ; le Rwanda serait d’ailleurs légitime à exiger ce soutien. Enfin, et surtout, un véritable travail sur l’influence française dans la politique rwandaise et dans la guerre conduite contre le FPR – qui serait susceptible d’identifier un mode étatique de complicité dans le génocide – doit être envisagé, sous la forme d’une nouvelle commission parlementaire disposant de pouvoirs accrus. C’est à ces conditions qu’on pourra invoquer l’honneur de la France.

 

11 avril, Shahin Vallée, économiste (discours à commémoration citoyenne à Ivry (proche Paris))

http://www.huffingtonpost.fr/shahin-vallee/rwanda-je-suis-nous-sommes-vous-etes-complices-de-genocide_b_5190053.html?utm_hp_ref=france

… Par cet égarement, les autorités françaises nous plongent tous dans le déni. J’en veux particulièrement à la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui a pourtant défendu des positions courageuses par le passé et qui aujourd’hui, par son silence et sa compromission, nous plonge tous dans l’indignité. La responsabilité de la France est une triple réalité historique. Elle commence avant le génocide par le soutien sans faille, l’armement, la formation des soldats et des milices qui préparent et accompliront le génocide. Elle se poursuit pendant le génocide par une opération militaire et humanitaire qui a largement servi à protéger les génocidaires et à retarder la victoire du Front Patriotique Rwandais. Enfin, elle s’étend après le génocide par une campagne de désinformation et de manipulation qui autorise révisionnisme et négationnisme, en parlant par exemple de génocides au pluriel, comme si tout ceci n’était que massacres interethniques réciproques. Mais vous me direz, ce refus d’affronter l’histoire n’est pas surprenant. C’est une constante de la France que de tenter d’éluder les moments difficiles de son histoire…

 

8 avril, Le Monde : Raphaël Doridant (Enseignant ) et Charlotte Lacoste (Maître de conférences à l’université de Lorraine), coauteurs de l’article ‘Peut-on parler d’un négationnisme d’Etat?’ Cités no57 mars 2014

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/04/08/rwanda-la-persistante-occultation-des-responsabilites-francaises_4397614_3232.html

Les déclarations récentes du président rwandais Paul Kagamé permettent aux dirigeants français qui ont eu à conduire ou à connaître la politique menée au Rwanda de 1990 à 1994 de reprendre la posture de l’indignation outragée : comment peut-on accuser la France de complicité dans le génocide des Tutsi ? Cette imposture a déjà été dénoncée par le journaliste Patrick de Saint-Exupéry : le noyau de responsables politiques et militaires qui, sous la houlette de François Mitterrand, a conduit une politique secrète à l’insu du Parlement tente, en s’abritant derrière « la France », de rendre les citoyens français solidaires d’une politique menée en leur nom sans qu’ils en aient été informés.

Si l’on en croit les responsables français de l’époque, leur objectif aurait été d’obliger toutes les parties (le président Habyarimana, son opposition et le Front patriotique rwandais, FPR) à trouver un accord politique refusé, selon eux, aussi bien par les extrémistes hutu que par le FPR, désireux d’exercer un pouvoir sans partage. Puis, une fois le génocide enclenché, la France aurait été le seul pays à intervenir pour y mettre fin avec l’opération « Turquoise ». Ce récit édifiant n’est qu’une falsification des événements visant à dissimuler de lourdes responsabilités individuelles, dissimulation qui explique que, vingt ans après, aucune conséquence n’ait encore été tirée des choix politiques qui ont été faits, de 1990 à 1994, au plus haut niveau de l’Etat français. Et ce en dépit des travaux menés par de nombreux chercheurs et journalistes qui, depuis 1994, ont soulevé quantité de questions demeurées sans réponse. En voici quelques-unes.

Une politique de conciliation ou une guerre contre les Tutsi ? Pourquoi, en avril 1991, à Ruhengeri, dans le nord du Rwanda, des militaires français ont-ils participé avec leurs collègues rwandais à des contrôles d’identité lors desquels ils ont trié les Tutsi, qui étaient tués par les miliciens à quelques mètres d’eux ? Pourquoi, en septembre 1991, Paul Dijoud, directeur des affaires africaines et malgaches au Quai d’Orsay, a-t-il dit à Paul Kagamé que si les combattants du FPR s’emparaient du pays, ils retrouveraient leurs familles exterminées à leur arrivée à Kigali ?

ACCORDS DE PAIX SIGNÉS À ARUSHA : Pourquoi l’armée française a-t-elle sauvé le régime Habyarimana en juin-juillet 1992 et en février-mars 1993, alors que des massacres de Tutsi avaient déjà lieu de manière récurrente depuis octobre 1990 ? Pourquoi, après l’assassinat, le 7 avril 1994, des responsables politiques rwandais partisans des accords de paix signés à Arusha, l’ambassadeur Marlaud a-t-il accueilli les responsables politiques extrémistes à l’ambassade de France et cautionné la formation du gouvernement intérimaire rwandais (GIR) qui encadra le génocide ? Pourquoi le colonel Poncet ne s’est-il pas opposé, à Kigali, à « l’arrestation et l’élimination des opposants et des Tutsi », mentionnées en ces termes dans l’ordre d’opération « Amaryllis » du 8 avril 1994 ?

Pourquoi, dans la nuit du 8 au 9 avril 1994, l’un des avions d’« Amaryllis » a-t-il débarqué des caisses de munitions de mortier qui ont ensuite été chargées sur des véhicules des Forces armées rwandaises (FAR) ? Pourquoi, les 14 et 16 juin 1994, des fonds en provenance de la BNP sont-ils venus créditer un compte suisse permettant au colonel Bagosora, directeur de cabinet du ministère de la défense du GIR, de régler deux livraisons d’armes en provenance des Seychelles ? Pourquoi, le 18 juillet 1994, une cargaison d’armes destinées aux FAR a-t-elle été débarquée sur l’aéroport de Goma où se trouvait le PC du général Lafourcade, commandant de la force « Turquoise » ?

Pourquoi le premier ministre, Edouard Balladur, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, et le conseiller « Afrique » de François Mitterrand, Bruno Delaye, ont-ils reçu, le 27 avril 1994, en plein génocide, le ministre des affaires étrangères du GIR et son directeur des affaires politiques ?

Pourquoi, lors de sa rencontre du 9 mai 1994 avec le lieutenant-colonel Rwabalinda, conseiller du chef d’état-major des FAR, le général Huchon, chef de la mission militaire de coopération, a-t-il estimé : « Il faut sans tarder fournir toutes les preuves de la légitimité de la guerre que mène le Rwanda de façon à retourner l’opinion internationale en faveur du Rwanda et pouvoir reprendre la coopération bilatérale », à un moment où des centaines de milliers de Tutsi avaient déjà été massacrés ?

Comment se fait-il que Bruno Delaye détenait, début mai 1994, une autorité suffisante sur les tueurs pour arrêter, d’un coup de téléphone, une attaque sur l’Hôtel des Mille Collines où étaient réfugiées des centaines de Tutsi ? Le contrat d’assistance militaire et de livraison d’armes signé par Paul Barril, ex-gendarme de l’Elysée, avec le premier ministre du GIR, le 28 mai 1994, faisait-il partie de la « stratégie indirecte » qu’évoque, dans une note du 6 mai 1994, le général Quesnot, chef d’état-major particulier de Mitterrand ? Pourquoi, le 18 mai 1994, à l’Assemblée, Alain Juppé a-t-il employé le mot « génocide » et précisé que « les troupes gouvernementales rwandaises livrées à l’extermination systématique de la population tutsi », avant, le 16 juin 1994, d’incriminer les « milices » et non plus les FAR, et d’évoquer « les » génocides commis au Rwanda, inaugurant ainsi le thème mensonger du « double génocide » ?

PORTER ASSISTANCE AUX SURVIVANTS TUTSI : Mettre fin au génocide ou secourir les assassins ? Pourquoi l’ordre d’opération « Turquoise » du 22 juin 1994 dédouane-t-il les autorités rwandaises de leurs responsabilités dans le génocide en attribuant les massacres à des « bandes formées de civils ou de militaires hutu incontrôlés (…) exhortés à la défense populaire par les chefs de milice » ? Pourquoi le ministre de la défense, François Léotard, et l’amiral Lanxade, chef d’état-major des armées, n’ont-ils pas donné l’ordre de porter assistance aux survivants tutsi de Bisesero alors que, le 27 juin 1994, une patrouille française avait découvert qu’ils étaient attaqués quotidiennement par les tueurs ? Pourquoi n’ont-ils été secourus que trois jours plus tard, grâce à l’initiative de militaires du GIGN et du 13e RDP qui ont dû outrepasser les ordres ? Pourquoi des militaires français ont-ils entraîné des civils rwandais durant l’opération « Turquoise » ?

L’ex-secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine a-t-il quelque chose à nous apprendre sur ce qui a été dit chez le premier ministre sur le sort des responsables politiques du génocide ? Pourquoi, alors que le Quai d’Orsay avait affirmé, le 15 juillet 1994, que les membres du GIR qui trouveraient refuge dans la zone « Turquoise » y seraient arrêtés, l’état-major tactique du lieutenant-colonel Hogard a-t-il organisé leur évacuation vers le Zaïre ?

Ce n’est qu’en répondant à ces questions que les dirigeants français de l’époque pourraient être lavés des soupçons de complicité de génocide qui pèsent sur eux. Les citoyens de notre pays ont le droit d’obtenir des réponses de la part de ceux qui, depuis 1994, dressent des écrans de fumée pour ne pas avoir à rendre compte de leurs actes. Il en va de l’avenir de notre démocratie.

 

6 mars, Hélène Dumas : parution ‘Génocide au village. Le massacre des Tutsi au Rwanda’

http://www.seuil.com/livre-9782021166866.htm

 


1.5 Politicien-ne-s, élu-e-s et partis politiques français

 

31 octobre 2014, Anne Hidalgo, maire de Paris

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/11/31-octobre-2014-paris-inauguration-dune.html

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=murmure&no=16234

Paris, inauguration d’une stèle en souvenir du génocide des Tutsis du Rwanda … Dans son témoignage de rescapé, Alain Ngirinshuti, vice-président d’Ibuka France, raconte qu’il a été sauvé avec 300 enfants par un français qui a pu le faire parce qu’il était français. Il insiste sur le fait « qu’arrêter le génocide, c’était possible » pour les politiciens et militaires français. Puis, c’est au tout de l’ambassadeur du Rwanda en France, Jacques Kabale de prendre la parole pour fixer diplomatiquement l’enjeu, après les difficultés d’Avril 2014. Rien n’est encore ici exprimé clairement mais tout le monde a en tête le silence et le déni de l’Elysée ou, entre autres, la polémique autour des propos d’Hubert Védrine… «Des obstacles, qui n’en sont pas, et la raison d’Etat, qui n’en est pas une», voilà l’indication que donne la maire de Paris sur les raisons qui ont provoqué le retard dans l’arrivée du monument. Aujourd’hui le langage est diplomatique, codé, et, il n’y a là personne qui ne comprenne pas les sous-entendus. Anne Hidalgo est maintenant « engagée pour un lieu de mémoire ». Elle souhaite « regarder la vérité en face », et, « transmettre les questionnements et les éléments de réponses que nous avons ». Elle parle de mémoire, transmission et éducation, ce qui évoque la campagne des jeunes et du mouvement EGAM pour la « vérité maintenant »… La stèle est découverte après les discours. Il est écrit : « En 1994, au Rwanda, plusieurs centaines de milliers de Tutsi ont été victimes d’un génocide. Cette stèle est dédiée à leur mémoire ». Dans quelle mesure Anne Hidalgo adresse-t-elle un message à l’exécutif français qui est allé en 2014 très loin dans le mépris de la réalité historique? La mairie de Paris est sensible pour des raisons historiques, pour des questions de sensibilité de personnalités, aux idées des nombreuses associations, dont certaines ont de bonnes relations avec les élu-e-s. Les références au génocide juif sont nombreuses. Le détournement de la raison d’Etat pour protéger des complices de génocide, la politique de l’autruche, et la soumission à l’impunité et aux impératifs de l’armée française, n’est pas acceptable pour tout le monde. Il est finalement très simple d’être franc et honnête face au mensonge…

 

30 août, Jeunes socialistes + Guillaume Ancel

http://www.jeunes-socialistes.fr/wp-content/uploads/2014/08/UEJS-2014-Programme.pdf
Atelier « Génocide contre les tutsi au Rwanda: la vérité maintenant » Jaurès disait : “Le courage, c’est de chercher la vérité, et de la dire”. Après 20 ans de silence, la gauche se grandirait en regardant en face les manquements de certains Français lors du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994. La lumière doit être faite sur le rôle et les responsabilités individuelles et collectives avant, pendant et après le génocide, notamment concernant la collaboration avec le régime génocidaire entre 1990 et 1994

Note R*E : atelier avec Alain Ngirishuti d’Ibuka France, Hélène Dumas, historienne, et Guillaume Ancel

 

5 mai, PCF : Dominique Josse

http://international.pcf.fr/sites/default/files/lri_mars_avril_2014.pdf

… Dans cette logique du déni, la seule inflexion est d’ordre tactique, elle vise à reconnaître quelques « erreurs » pour mieux en rester là. Comme l’a fait Nicolas Sarkozy en 2010 en visite officielle au Rwanda : « Des erreurs d’appréciation, des erreurs politiques ont été commises ici et elles ont eu des conséquences absolument dramatiques». Des « erreurs », des « conséquences dramatiques », mais pas d’excuses. Même tonalité dans le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale en 1998 sur le Rwanda, qui reconnaît que Paris a sous-estimé la nature du régime raciste et a eu une « coopération militaire trop engagée » (sic). Le cadre et les limites imposés à cette mission – il aurait fallu au minimum une commission d’enquête – permettront de ne pas aller plus loin.Il n’empêche. La réalité n’est plus discutable. L’État français fut un complice inconditionnel du pouvoir génocidaire, y compris pendant les massacres. Et l’opération Turquoise n’était pas vraiment cette intervention «humanitaire » que l’on nous vante aujourd’hui. Combien faudra t-il encore de temps pour sortir du déni ? Depuis 20 ans, des chercheurs, des journalistes, des témoins au moment des faits, des associations, font cheminer la vérité. 20 ans, c’est le temps mis par la justice française pour juger pour la première fois un acteur du génocide. L’omerta se brise, trop lentement. Il faut dire que nombre de dirigeants politiques, diplomatiques ou militaires de l’époque sont encore en service, ou en vie. Autant dire que l’ouverture des archives sensibles, la levée du secret-défense sur les pièces et documents ne sont pas pour de suite… Comme pour d’autres moments de l’histoire, l’État français laisse passer des décennies avant d’ouvrir les archives ou de reconnaître – quand il le fait – ses responsabilités. Pourtant, une chose est sûre, la situation ne peut pas en rester là, comme en témoigne l’épisode du 7 avril. L’État français devra présenter des excuses au peuple rwandais. Il finira par reconnaître ses responsabilités avant et pendant le génocide. Le plus tôt sera le mieux évidement – et il faut poursuivre le travail de revendication en ce sens – pour pouvoir tirer toutes les leçons afin que la France change de logiciel vis-à-vis du continent africain. Cela permettra de reconsidérer de fond en comble nos relations avec les peuples et les États, plutôt que de continuer à jouer aux pompiers-pyromanes et d’empêcher toute évolution où les africains ne seraient pas de simples affidés ou supplétifs. ..

 

17 avril, NPA : François Brun

https://npa2009.org/content/rwanda-letat-le-deni-et-la-triche

Rwanda : l’État, le déni et la triche… La responsabilité français classée « secret défense » : C’est autour des tenants et aboutissants de cette dernière que la polémique est la plus vive. De la responsabilité dans les massacres à la participation directe de certains membres des forces armées en passant par la complicité qu’induirait la formation des milices hutues, il y a place pour nombre de thèses qui s’affrontent encore. Il n’est pas possible ici de les lister et de les mettre en regard. En 1998, une mission d’information parlementaire sous la présidence Paul Quilès produira un rapport de 1 800 pages, au fil desquelles elle sera conduite à reconnaître rien moins, par exemple, que la « sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais »… dont la France assurait la protection et formait les milices. Pourtant, le président de la mission s’évertue à la dédouaner en indiquant en préambule de la présentation de ce document : « Ce sont bien des Rwandais qui, pendant plusieurs semaines, ont tué d’autres Rwandais dans les conditions que l’on sait. Au moment où il se produit, la France, n’est nullement impliquée dans ce déchaînement de violence ». Nous en sommes toujours là. Quilès a beau se targuer d’avoir obtenu, dans le cadre de la mission d’information, la déclassification de 7 500 documents, il reste que la levée du « secret défense » sur nombre de documents est toujours refusée. On peut gager que ce ne sont pas les moins intéressants. Mais une fois de plus, « l’État comprime et la loi triche » !

 

9 avril, PCF

http://www.humanite.fr/genocide-au-rwanda-la-decision-du-gouvernement-francais-est-grave-et-regrettable-pcf

http://www.pcf.fr/53408

Génocide au Rwanda : « la décision du gouvernement français est grave et regrettable » : Qu’attendent encore les autorités françaises pour ouvrir leurs archives diplomatiques et militaires sur le génocide au Rwanda et les années qui l’ont précédé ? 20 ans après, la vérité cherche toujours à se frayer un chemin. Et tant qu’on ne créera pas les conditions pour faire toute la lumière sur cet épisode tragique de l’histoire, la France restera prisonnière d’une logique préjudiciable au continent africain et à elle-même. Alain Juppé, ancien ministre des Affaires étrangères à l’époque du génocide, a appelé samedi François Hollande « à défendre l’honneur de la France », face à ce qu’il qualifie « d’inacceptable mise en cause de la France » par le président rwandais Paul Kagamé. Mais défendre l’honneur de la France, ce n’est pas faire semblant de s’insurger, c’est produire des actes : si monsieur Juppé et les acteurs de l’époque veulent vraiment défendre l’honneur de notre pays, c’est très simple, qu’ils commencent par demander la levée du secret-défense, la communication aux chercheurs, aux parlementaires et au public de tous les documents officiels concernant le rôle de la France, y compris les archives de l’Élysée portant sur le génocide. La réalité est qu’il y a beaucoup trop de zones d’ombre sur ces années entre 1990 et 1994 où la France a soutenu le pouvoir rwandais qui préparait le génocide, en livrant des armes et en participant au commandement militaire à Kigali (opération Noroît). Les services diplomatiques et militaires avaient alerté en vain le gouvernement français sur l’imminence d’un massacre organisé. Le rôle complice des autorités françaises dans le génocide est hélas attesté. Elles ont même facilité la fuite des assassins vers le Congo voisin. Il y a une leçon à tirer pour la France elle-même du drame inhumain qui s’est déroulé. Nous devons reconsidérer de fond en comble nos relations avec les peuples et les États africains, plutôt que de considérer l’Afrique comme une zone d’intervention prioritaire sur le plan militaire sans jamais promouvoir une véritable politique de coopération et d’échange laissant aux Africains la maîtrise de leurs choix politiques et économiques de leurs pays. La décision du gouvernement français de ne pas envoyer de représentant officiel de haut rang aux cérémonies du 20e anniversaire est grave et regrettable : la politique de la chaise vide porte d’abord atteinte à la mémoire du million de femmes, d’enfants et d’hommes victimes de la barbarie génocidaire.

 

6, 7, 8 avril, EELV : Emmanuelle Cosse, secrétaire national d’EELV, sur levée secret-défense et Commission d’enquête parlementaire

http://www.franceinter.fr/emission-tous-politiques-emmanuelle-cosse-le-choix-de-manuel-valls-nest-pas-la-bonne-reponse

http://www.rtl.fr/actualites/info/international/article/rwanda-eelv-demande-la-declassification-des-documents-se-rapportant-a-l-action-de-la-france-7770983204

Europe Ecologie-Les verts (EELV) a demandé ce dimanche la « déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994″, leur secrétaire nationale Emmanuelle Cosse proposant de « refaire une commission d’enquête ». EELV demande la « déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses volets diplomatiques, militaires, politiques, et financiers« , dans un communiqué cosigné des deux porte-parole Julien Bayou et Sandrine Rousseau. La France continue de nier son implication Emmanuelle Cosse. »Il faut lever le secret défense et refaire une commission d’enquête parlementaire avec de bonnes conditions cette fois-ci », a estimé de son côté Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV lors de l’émission « Tous politiques » (FranceInter/Le Parisien-Aujourd’hui en France/France24).

http://www.bfmtv.com/video/bfmtv/politique/emmanuelle-cosse-genocide-rwanda-il-faut-lever-secret-defense-08-04-189329/

 

7 avril, Libération : Bernard Kouchner (le 6 avril)

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/07/kagame-la-france-a-contribue-a-l-emergence-d-une-ideologie-genocidaire-au-rwanda_993725

Une chaise vide à l’heure du souvenir. La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, n’assistera pas aux commémorations des vingt ans du génocide au Rwanda, prévues lundi à Kigali. La décision a été prise samedi à Paris, en réaction aux déclarations du président, Paul Kagame, qui a accusé la France d’avoir «participé» au génocide dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Une accusation qui n’est pas nouvelle : c’est aussi ce qu’il a dit lors de l’entretien de deux heures qu’il a accordé à quelques journalistes, dont Libération. «La France n’aurait pas dû réagir aussi vivement», déplorait dimanche Bernard Kouchner, venu assister aux commémorations à titre privé. «Avec Sarkozy, nous avions amorcé une vraie réconciliation. On va à nouveau reculer, donner du grain à moudre à tous les négationnistes», souligne l’ex-ministre des Affaires étrangères, qui rejette le terme de «participation». Mais rappelle aussi que «le gouvernement génocidaire a été formé dans l’enceinte de l’ambassade de France en avril 1994», et que «Paris lui a livré des armes jusqu’en août 1994».

 

7 avril, Ouest-France : Juppé accusé par EELV

http://www.ouest-france.fr/rwanda-juppe-accuse-par-eelv-davoir-sali-lhonneur-de-la-france-2109704

Juppé accusé par EELV d’avoir « sali l’honneur de la France » … Julien Bayou, le porte-parole d’EELV, écrit dans un communiqué qu’Alain Juppé (qui a été le chef de la diplomatie de 1993 à 1995) « dit vouloir protéger l’honneur de l’armée française, mais en tant que ministre des Affaires étrangères au moment des faits, c’est lui qui a sali l’honneur de la France en ne s’élevant pas contre cette politique de complicité avec le gouvernement génocidaire hutu ».

 

7 avril, Europe1 : Julien Bayou, porte-parole d’EELV et Edouard Balladur (à 26 min et à 101min)

http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Europe-matin-Thomas-Sotto/Sons/Europe-matin-Thomas-Sotto-07-04-14-1937327/

Julien Bayou : ouverture des archives… « pour cela, il faut une commission d’enquête. »

Balladur interrogé par Elkabach : début idem audio 1min15 (http://www.europe1.fr/International/Balladur-les-accusations-de-Kagame-sont-un-mensonge-interesse-1937151/#) mais plus long : … secret défense levé ? … ca ne me pose aucun problème… je suis certain rien qu’il n’y a rien qui remette en cause l’action de l’armée française et du gouvernement…

 

7 avril, MJS : Jeunes socialistes : Laura Slimani, présidente MJS

http://www.jeunes-socialistes.fr/2014/04/discours-de-laura-slimani-lors-des-20e-commemorations-du-genocide-des-tutsi-au-rwanda/

… Dans chaque génocide, la même négation de l’humanité, la même planification d’État, la même manipulation des masses et la haine de l’autre. Et suite à chaque génocide, juif, arménien, au Cambodge ou des Tutsi du Rwanda, cette même volonté de nier ce qu’il s’est passé. Parce qu’il est le dernier acte du génocide, le négationnisme doit être condamné sous toutes ses formes et avec fermeté. Et hier, je l’avoue, j’ai été choquée par la réaction de certains responsables politiques qui refusent de mettre des mots sur les choses. La construction de la réalité passe par le langage. Refuser de mettre des mots sur les choses c’est nier la réalité, c’est nier le génocide. La mémoire est toujours un travail lent, trop lent. Mais il est temps désormais. Ce n’est pas à ma génération, qui était à peine née en 1994, de reconnaître, dans 20 ans, ce qui s’est passé, il y a 20 ans. Ce n’est qu’une question de temps. Ce temps est bien sûr précieux et interminable pour les victimes et celles et ceux qui veulent faire le deuil. Mais tant de voix s’élèvent et convergent qui veulent faire la lumière sur le passé. Les jeunes générations d’historiens, de journalistes et de responsables politiques dont je fais partie, voient trop l’hypocrisie qui règne et veulent en finir avec cette tradition de l’impunité. Nous voulons regarder notre passé en face car c’est la seule manière de nous tourner vers l’avenir. Notre devoir de mémoire est intimement lié au devoir d’histoire et de recherche de la vérité. Une compréhension plus fine de l’implication de la France dans l’horreur de 1994 ne doit servir ni à l’anathème et aux excès et encore moins au déni. Il faut laisser l’histoire être faite par les historiens c’est sur les bases qu’ils établissent que les politiques doivent s’exprimer. Alors, parce que l’apaisement passera par la transparence et l’indispensable travail des historiens, il faut lever le secret défense sur les documents concernant les relations France-Rwanda avant 1994. Il faut édifier un mémorial en France pour les victimes du génocide, car ne pas avoir de lieu de mémoire c’est refuser de se souvenir. Il faut qu’aucun génocidaire ne puisse trouver refuge sur le territoire français sans être inquiété, comme c’est toujours le cas aujourd’hui. Et même si la journée d’hier a été très douloureuse, j’ose être confiante, en ce jour de deuil. Confiante car les procès vont se poursuivre en France et permettre d’établir de plus en plus clairement les responsabilités. Confiante au vu de la mobilisation citoyenne, associative, et d’un certain nombre d’acteurs politiques ce week-end. Confiante, car les Jeunes Socialistes continueront de se battre aux côtés des associations, et qu’il n’est pas anodin de remarquer qu’aujourd’hui ce sont les mouvements de jeunesse qui sont présents, de droite comme de gauche, contrairement à nos aînés. C’est notre honneur et cela devrait être celui de tous les républicains que de chercher à faire la lumière sur le rôle qu’a joué la France avant, pendant, et après le génocide en soutien au régime rwandais de l’époque. J’ai conscience que mes paroles sont dures à entendre pour certains, mais elles doivent être dites et entendues. 2014 c’est aussi la commémoration de la mort d’un grand socialiste, Jean Jaurès. Alors je fais mienne ses paroles lorsqu’il disait « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire. » Aujourd’hui il faut faire preuve de courage.

 

7 avril, commémoration à Paris: Laura Slimani (MJS), Julien Bayou (EELV), … (vidéo)

MJS, présidente: Laura Slimani : https://www.youtube.com/watch?v=6eIFreDB5Lg

EELV, porte parole : Julien Bayou : https://www.youtube.com/watch?v=1l0C-NQodKM

et Survie : Fabrice Tarrit : https://www.youtube.com/watch?v=yizfFeS7wck

et Roger Cukierman, Jacques Fredj, Philippe Allouche, Dominique Sopo, Alain Jakubowicz.

 

7 avril, Ensemble ! (Communiqué)

http://www.ensemble-fdg.org/content/communiqu%C3%A9-de-ensemble-il-y-vingt-ans-le-g%C3%A9nocide-des-tutsis-commen%C3%A7ait

Ensemble! s’indigne de la décision inacceptable du gouvernement de n’envoyer aucun de ses membres aux commémorations à Kigali. L’ implication de la France est affirmée par de nombreux historiens et chercheurs qui ont mis en évidence la complicité avec le régime qui a planifié et exécuté le génocide tutsi. Le négationnisme officiel est odieux. Il faut que la lumière soit entièrement faite et nous exigeons la déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses tous ses aspects. Toute autre attitude est déshonorante. Cette dissimulation de documents officiels est un frein à la recherche de la vérité, seule à même de restaurer la confiance. Des dirigeants politiques et militaires français ont apporté leur soutien aux génocidaires avant, pendant et après le génocide. Ils ne doivent pas utiliser leurs positions et leurs amitiés pour empêcher que la France regarde son Histoire et assume ses responsabilités.

 

6 avril, RTL : Bernard Kouchner (audio)

http://www.rtl.fr/actualites/info/article/genocide-rwandais-kouchner-reconnait-le-consentement-implicite-de-la-france-7770974371

L’ex-chef de la diplomatie française, Bernard kouchner, se trouve en ce moment à Kigali au Rwanda, et il désapprouve formellement la décision de la France de boycotter les commémorations du génocide rwandais.
Et contrairement à Paul Quilès, qui rejetait toute responsabilité de l’armée française au micro de RTL, l’artisan du rapprochement entre Paris et Kigali en 2010, qui était au Rwanda en 1994, s’interroge sur le rôle de la France dans le génocide. Bernard Kouchner est indigné par la décision française « Nous étions sur un large chemin de réconciliation, les choses commençaient à être dites de part et d’autre, et nous retournons en arrière, ce qui est déplorable », regrette Bernard Kouchner. « Pourquoi ne pas faire comme tout le monde ? s’interroge l’ancien ministre des Affaires étrangères. Pourquoi les Français se croient différents des autres ? Mais vous vous rendez compte, les autres ont fait ça beaucoup plus vite, s’emporte-t-il. Les Belges ont eu un vrai débat parlementaire avec une commission d’enquête avec des juges, nous nous avons fait une commission d’information, où par ailleurs comme j’étais le seul Français présent pendant le génocide, je n’ai pas pu parler ». « Les Belges ont eu vrai débat parlementaire (…) nous nous avons fait une commission d’information » Bernard Kouchner. Bernard Kouchner réclame un « débat public » avec « des historiens de chaque côté ». « Il faut prendre le temps que ça se dissipe, mais pas la guéguerre », regrette-t-il. « Consentement illicite, implicite » de la France. Bernard Kouchner soutient des positions diamétralement opposée à celle tenues par Paul Quilès, le président de la commission parlementaire sur le génocide du Rwanda au micro de RTL. « Est-ce que les troupes françaises ont elles mêmes assassiné à la main quelques tutsis, je ne le crois pas du tout, affirme Bernard Kouchner. Mais que tout a été préparé soit avec leur consentement illicite, implicite… c’est sûr. »
« Depuis 1991, des diplomates Français ou des militaires en poste au Rwanda disaient : « ‘un génocide se prépare’, rappelle le cofondateur de Médecins sans frontières. Nous n’en avons pas beaucoup tenu compte ».

+ Audio : B Kouchner dit aussi qu’en France, au contraire de la Belgique, il n’y a qu’une MIP et pas une commission d’enquête, et qu’il n’a pas été interrogé.

 

6 avril, Ensemble : Alain Montaufray

http://www.ensemble-fdg.org/content/1994-le-g%C3%A9nocide-des-tutsi-au-rwanda-20-ans-d%E2%80%99impunit%C3%A9-en-france

1994, le génocide des Tutsi au Rwanda. 20 ans d’impunité en France : … Surtout en France …  « Un génocide dans ces pays là, ce n’est pas très important », osera déclarer François Mitterrand. On tentera d’accréditer l’idée de «massacres interethniques», de promouvoir la théorie d’un «double génocide» renvoyant dos-à-dos victimes et bourreaux. Beaucoup, en France, parmi les gouvernants et les militaires, ont été impliqués dans le soutien apporté au régime génocidaire. C’était à la fin du règne de Mitterrand, avec Hubert Vedrine conseiller influent à l’Elysée et Edouard Balladur premier ministre de «cohabitation». Le Rwanda était considéré comme un modèle de coopération dans la politique Françafricaine. Les conseillers français si proches du pouvoir à Kigali  ne pouvaient ignorer ce que préparait le régime. Sans aucune prise de distance avec son idéologie raciste et ethniste, ils l’ont financé, armé, ont formé et encadré son personnel militaire et ses milices. Ils l’ont fait avant, pendant et après avril 1994, revenant avec l’opération Turquoise protéger et exfiltrer les assassins. C’est la rébellion du FPR qui, en prenant le contrôle du pays, mettait fin au génocide, seule, sans que la «communauté internationale» n’ait rien tenté pour l’empêcher. Comprendre cet engagement de l’Etat français amène à évoquer l’aveuglement d’une politique de domination neo-coloniale engluée dans la recherche d’un empire perdu. Et à pointer la « doctrine» de la guerre contre-insurrectionnelle élaborée par l’état-major de l’armée française, utilisée contre les mouvements d’émancipation des colonies en Algérie, en Indochine, au Cameroun, et qui, enseignée à un régime qui portait, de son côté, un projet génocidaire, aboutira à un mélange détonnant. Commission d’enquête : … Cette complicité des autorités françaises reste à ce jour une tache indélébile. La vérité, retardée, commence à poindre, par des journalistes têtus et des magistrats plus indépendants qui ré-ouvrent les enquêtes. Que fera la gauche gouvernementale revenue au pouvoir avec Hollande, lui qui promettait de mettre fin à la «Françafrique» ? Les responsables politiques et militaires sont toujours en place. Ceux qui commandaient les forces françaises à Kigali en 1994 dirigent aujourd’hui l’armée française et le Commandement des Opérations Spéciales, au Mali ou au Centrafrique. Il savent se rendre indispensables et intouchables. Il faudrait du courage, pour oser ré-ouvrir le «droit d’inventaire» de la politique de Mitterrand et établir la vérité sur le rôle de l’armée française. On le sait, le courage n’est pas la marque de fabrique de la présidence Hollande. Et le Ministère français des affaires étrangères a annulé au dernier moment la venue au Rwanda de Christine Taubira, qui devait représenter la France aux vingtièmes commémorations du génocide à Kigali, sous prétexte que le président rwandais Paul Kagame vient de rappeler dans une interview la complicité de la France dans la préparation et l’exécution du génocide. Mais tôt ou tard, les digues vont céder, la vérité et la justice passeront .. Il est du devoir de la vraie gauche d’exiger que la majorité parlementaire actuelle mette sur pieds une commission d’enquête parlementaire reconnaissant, 20 ans après, le rôle de la France dans cette tragédie.

 

6 avril, EELV : secret-défense

http://eelv.fr/2014/04/06/rwanda-eelv-demande-la-levee-du-secret-defense/

Alors que le Rwanda entame ce 7 avril les célébrations du 20e anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda qui fit 800 000 victimes, massacrées pour la seule raison qu’elles étaient tutsi ou opposées au génocide, EELV déplore la décision du gouvernement de ne pas envoyer de représentants aux commémorations à Kigali. La France continue de nier son implication pourtant affirmée par nombre d’historiens qui pointent la complicité et le soutien au régime qui a planifié et exécuté le génocide tutsi. EELV demande la déclassification et la publication de tous les documents se rapportant à l’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 dans ses volets diplomatiques, militaires, politiques, et financiers. Des dirigeants politiques et militaires français ont apporté leur soutien aux génocidaires avant, pendant et après le génocide. 20 ans après, toute la lumière doit être faite sur la politique de la France au Rwanda. Pourtant, la France met un frein à la justice en dissimulant un grand nombre de documents officiels dont les archives sur les opérations militaires françaises au Rwanda, ou les archives de l’Elysée. Le devoir de mémoire est nécessaire, la transparence est indispensable. Julien Bayou, porte-parole Sandrine Rousseau, porte-parole.

 

5 avril, AFP : Bernard Kouchner

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/05/le-president-rwandais-accuse-la-france-a-la-veille-des-commemorations-du-genocide_4396485_3212.html

« L’ambassadeur sera présent à la cérémonie présidée par Paul Kagame », a précisé le porte-parole du ministère français des affaires étrangères Romain Nadal, en ajoutant qu’il n’avait « jamais été question d’un boycott des cérémonies » après les déclarations du président rwandais accusant Paris d’avoir « participé » au génocide de 1994. Samedi, la France avait dit « regretter de ne pouvoir prendre part aux commémorations » et annulé le voyage prévu à Kigali de la ministre de la justice, Christiane Taubira. « La France est surprise par les récentes accusations portées à son encontre par le président du Rwanda » qui « sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années entre nos deux pays ». « Dans ces conditions, Mme Taubira, garde des sceaux, ne se rendra pas ce lundi à Kigali », a-t-il ajouté, alors que la ministre avait été choisie par François Hollande pour y représenter le pays. … Dans des propos recueillis par Le Monde, l’ex-chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, principal artisan du rétablissement des relations diplomatiques franco-rwandaises en 2010, venu dimanche participer au forum international et assister aux commémorations à Kigali, a déclaré : « C’est une erreur de part et d’autre (…). C’est plus qu’un malentendu, c’est une incompréhension. » « L’opération Turquoise, je l’ai vendu et Paul Kagame l’a accepté. Elle était destinée à sauver des vies même s’il y a eu quelques ordres bizarres… Est-ce que les troupes françaises ont elles mêmes assassiné à la main quelques tutsis, je ne le crois pas du tout. Mais que tout a été préparé avec leur consentement illicite, implicite, je n’en sais rien », a ajouté M. Kouchner, qui fut le ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, premier et seul président français à s’être rendu au Rwanda depuis le génocide. Nous avons mis vingt ans à juger un génocidaire. Il n’y a pas de quoi se vanter. »

 

5 avril, Jeunes socialistes

http://www.jeunes-socialistes.fr/2014/04/annulation-de-la-participation-aux-20e-commemorations-du-genocide-des-tutsi-au-rwanda-une-erreur-indigne-de-la-france/

Annulation de la participation aux 20e commémorations du génocide des Tutsi au Rwanda : une erreur indigne de la France – Les Jeunes Socialistes regrettent profondément le renoncement de la France à participer aux 20e commémorations du génocide des Tutsi au Rwanda. Il est toujours difficile d’affronter les fautes commises par le passé. Par cette décision la France laisse encore une fois entendre qu’elle ne reconnait pas son implication dans le génocide des Tutsi au Rwanda qui est pourtant établie par les historiens. Malgré la dureté des déclarations du président Rwandais Paul Kagamé, la gauche au pouvoir rate une occasion de faire la lumière sur ses fautes passées. C’est une grave erreur, alors que la France était sur le point d’avancer de manière significative dans le nécessaire travail de mémoire sur ce crime de l’humanité encore trop peu connu des générations présentes. Les Jeunes Socialistes participeront bien sûr aux commémorations ce lundi à Paris et dans toute la France, et continueront d’affirmer qu’il faut cesser de hiérarchiser les génocides et que la France doit reconnaitre l’ensemble de son rôle dans le soutien au régime génocidaire entre 1990 et 1994.

 

4 avril, Pierre Brana, co-rapporteur de la Mission d’information parlementaire

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140404.OBS2706/rwanda-un-pays-se-grandit-quand-il-reconnait-ses-erreurs.html

NO : Une commission d’enquête parlementaire aurait-elle permis d’aller plus loin dans la recherche de la vérité ? PB : J’aurais préféré une commission d’enquête, car les auditions ayant lieu sous serment, elles sont plus solennelles, à la hauteur de la gravité d’un événement pareil. Des députés firent valoir que des personnes étrangères risquaient de refuser de venir s’exprimer si c’était le cas. D’autres soulignèrent qu’une commission d’enquête est limitée à six mois alors que nos travaux ont duré neuf mois. Je ne suis pas sûr qu’une commission d’enquête, même si elle avait ma préférence, aurait permis d’aller plus loin. NO : Avez-vous pu interroger toutes les personnes souhaitées ? PB : Oui, à une exception que je regrette : Paul Barril. Parce qu’au début, plusieurs membres de la mission estimaient que son audition n’apporterait pas grand-chose. Quand il a été finalement décidé de l’interroger, c’était trop tard… L’opération Noroît, du moins lors de son lancement, n’a pas de base juridique. Il existait bien le 1er octobre 1990, un accord d’assistance militaire qui datait de 1975, mais il recouvrait que l’organisation et l’instruction de la gendarmerie. Ce n’est que vingt-trois mois après que, se rendant compte de l’illégalité de la situation, les autorités françaises signent le 26 août 1992 un avenant remplaçant les termes de « gendarmerie rwandaise » par « Forces armées rwandaises ». Parler d’opération « secrète » n’est pas excessif. Michel Rocard (alors premier ministre Ndlr) dit qu’elle n’a été discutée qu’en deux, trois minutes en conseil des ministres. .. Je crois que l’aide militaire de la France est progressivement devenue plus active sous forme de conseils, d’assistance, d’instructions aux Forces armées rwandaises (FAR). Il y a eu, en effet, une sorte de cobelligérance. Quand l’armée française a participé à l’élaboration de plans de bataille. Elle a même envoyé des conseillers pour instruire les FAR au maniement de matériels sophistiqués. Est-ce qu’il y a eu même des engagements directs ? Un journaliste, correspondant de guerre d’un journal de l’est-africain, m’a dit avoir vu aux jumelles des blancs avec les FAR aux combats. Les militaires du FPR lui ont dit que c’étaient des Français, mais il n’a pas pu les approcher. L’imbrication de l’armée française avec l’armée rwandaise est incontestable. NO : Que savait la Mission d’information parlementaire sur l’opération Chimère de février-mars 1993 ? Son chef, le général Didier Tauzin, a expliqué dans un livre (« Je demande justice pour la France et ses soldats ») qu’il a pris, de facto, la tête de l’état-major rwandais.PB : Nous lui répondons indirectement dans notre rapport lorsque nous écrivons : « Comment la France a-t-elle pu en février-mars 93 en arriver à ce point d’engagement qui conduit certains militaires français à considérer qu’à travers la mission d’assistance opérationnelle qu’ils mènent, ils dirigent et commandent indirectement une armée, en l’occurrence celle d’un Etat étranger ». C’est très clair ! … Le complexe de Fachoda a joué une part non négligeable si j’en crois la réaction des députés membres de la mission et celle de l’exécutif de l’époque. Il est vrai que le FPR parlait l’anglais suite à son long séjour en Ouganda anglophone. Et les Forces armées rwandaises parlaient le français. Ça a joué incontestablement. Les députés mettaient en avant la volonté des Américains d’étendre leur influence en Afrique. Mes entretiens au Pentagone m’ont fait relativiser cette théorie. Le Rwanda était un petit pays, dénué de toutes richesses, sans importance stratégique. Je ne crois pas que les Etats-Unis s’intéressaient au Rwanda. Mais ce complexe a joué sur le Président et sur beaucoup de militaires, de politiques aussi, tous imprégnés de l’Histoire de la France et de la Grande Bretagne en Afrique. Ce fil rouge était très fort. .. Il y a eu plusieurs accords d’Arusha qui étaient des chiffons de papier pour Habyarimana. L’établissement de la paix nécessitait une acceptation en retour des réfugiés, la fin de la discrimination ethnique et la démocratisation. Le multipartisme n’a été instauré qu’en juin 1991, sous la pression. Les quotas ethniques (pas plus de 9% de Tutsi) existaient pour l’institution scolaire et l’accès aux emplois publics. Et le pouvoir réagissait peu aux massacres ethniques quand il ne les encourageait pas. Conformément aux principes énoncés par François Mitterrand dans son discours de La Baule, la France demandait la démocratisation du régime mais sans jamais y subordonner son aide militaire. Faute d’une telle mise en demeure, le pouvoir rwandais a louvoyé en laissant traîner les choses. Un exemple : la carte d’identité qui mentionnait l’appartenance ethnique de son possesseur. Un outil très dangereux dans un pays où des massacres ethniques ont été nombreux. On sait bien le rôle joué pendant le génocide par ces mentions, qui équivalaient à des sentences de mort. La France avait demandé la suppression de toute mention ethnique. Elle a même envisagé de financer l’opération. Habyarimana a d’abord semblé d’accord mais il n’a rien fait. Il n’y a eu aucun commencement d’application. Et la France n’a pas lancé d’ultimatum alors qu’on assistait à une dérive raciste et à la multiplication des appels aux meurtres. La France n’a pas pesé de tout son poids pour faciliter l’établissement de la paix. Pourquoi ? Cela fait partie des interrogations qui continuent de se poser. .. En 1992-93, il apparaissait nettement que le génocide était prévisible. Lors de son audition, Georges Martres, qui était ambassadeur de France à Kigali de 1989 à 1993, a déclaré que le génocide était « prévisible dès octobre 1993, sans pour autant qu’on puisse en imaginer l’ampleur ». Il a, du reste, ajouté que le génocide constituait une hantise quotidienne pour les Tutsis. Ça nous a amené à écrire qu’avec « une telle clairvoyance qui n’apparait pas tout le temps dans les dépêches diplomatiques, on peut s’étonner de l’inaction des autorités françaises ». Les médias qui prônaient des positions extrêmement racistes n’étaient pas empêchés par le pouvoir en place. Au contraire, ils étaient encouragés. Radio des Mille Collines appelait à l’extermination des Tutsis, des « cancrelats », comme elle disait, à une solution radicale, finale. Il y avait un climat extrêmement lourd, signe d’un orage que l’on voyait monter. .. Je me souviens surtout du peu d’informations apportées par les services de renseignement. Tous les documents que nous leur avons demandés ont été déclassifiés. Nous n’avons pas essuyé de refus. Mais nous ont-ils tout donné ? Je l’ignore. La DRM s’est occupée du Rwanda de juin 1992 à décembre 1993, surtout. La DRM et la DGSE ont même indiqué que le 6 avril 1994, ils ne disposaient de personne sur place. Ce qui est curieux. Elles ont reconnu que si la coopération entre leurs services était bonne, la coordination faisait défaut. Et j’ai retrouvé dans le rapport le passage suivant que je cite : « S’agissant du renseignement qui n’a pas permis d’alerter à temps les responsables politiques des risques de dérive du régime rwandais, une politique adaptée aux nouvelles données du monde de l’après-guerre froide notamment en Afrique doit être défini. L’enjeu ne peut plus être d’appuyer des régimes favorables à nos intérêts quelques soient leurs pratiques intérieures. La pratique du renseignement doit évoluer en conséquence ». .. Au fond, qu’on le veuille ou non, la France était alliée au pouvoir rwandais. Or les Tutsis de la représentation française, par le fait même de leur carte d’identité, étaient plus menacés que les autres. Ça fait partie des interrogations lourdes. Le général Christian Quesnot qui était le chef d’Etat-major du Président Mitterrand, d’avril 1991 à septembre 1995, a estimé lors de son audition que l’union des forces d’évacuation avec celles de la Mission des Nations unies, la Minuar, aurait permis d’arrêter le génocide dès son commencement. Pourquoi la France n’a-t-elle pas pesé immédiatement auprès de l’ONU pour réagir dans les plus brefs délais ? Pourquoi a-t-elle voté, le 21 avril 1994, en plein génocide, la résolution 912 qui décide de réduire drastiquement les effectifs de la Minuar ? On a fait comme les autres. Mais ce n’est pas une excuse. L’Onu va attendre deux mois avant d’admettre qu’un génocide est en train de se produire alors qu’il est connu dès ses débuts. Reconnaître des actes de génocide, comme le fait le conseil de sécurité dans sa résolution, le 8 juin 1994, entraîne l’obligation d’intervenir, d’après la chartre de l’ONU. Or on n’avait pas très envie d’intervenir. NO : La France a-t-elle livré des armes aux forces rwandaises durant le génocide en dépit de l’embargo onusien ? PB : Cette question fait partie incontestablement des zones d’ombres. Sur ces accusations, on a eu des informations contradictoires sans pouvoir démêler le vrai du faux. NO : L’opération Turquoise lancée le 22 juin 1994 par la France répond-elle à une logique purement humanitaire ? PB : Cette opération a eu des aspects incontestablement humanitaires : des civils ont été soignés, des secours ont été apportés, des vies sauvées. Mais pourquoi envoie-t-on des Français qui ont été précédemment en poste au Rwanda ? Certes, il peut être répondu qu’ils connaissent le terrain. Mais on mettait ces militaires dans une situation impossible : de compagnons d’arme des FAR, ils passent à un statut d’impartialité. Cela les amenait à traiter de la même manière leurs amis et leurs ennemis d’hier. On peut regretter que l’armée française dans cette zone ne procède pas au désarmement systématique des milices et des FAR alors que la résolution du conseil de sécurité avait autorisé la France à recourir « à tous les moyens ». Pourquoi n’a-t-on pas, également, procédé à l’arrestation des membres du gouvernement génocidaire pour les garder et les remettre à la justice internationale en cours de création ? C’est plus que regrettable. Je sais bien que ces arrestations ne figuraient pas dans le mandat, mais on aurait pu le faire de façon conservatoire. NO : Le Premier ministre Edouard Balladur et le Président Mitterrand divergeaient-ils sur les objectifs de Turquoise ? PB : Effectivement, il y avait deux options envisagées, comme l’a reconnu le Premier ministre : celle d’une interposition entre le FPR et les FAR. Ce qui impliquait une action de guerre. Et celle d’une intervention strictement humanitaire. On sait que c’est cette deuxième option qui a été choisie. En annexe du rapport, nous publions une lettre d’Edouard Balladur dans laquelle il précise : « Il n’était pas question (aux) yeux (du président Mitterrand) d’arrêter les auteurs du génocide et il n’était pas question aux miens de permettre à ceux-ci de se réfugier au Zaïre ». .. Selon moi, un pays se grandit quand il reconnait ses erreurs et ses fautes. Je n’ai pas changé. Le rapport fait état de « fautes d’appréciations ». Il y a des erreurs telles qu’il n’est pas impensable de les qualifier de fautes. C’était la première fois dans l’Histoire de la Ve république que le législatif contrôlait l’exécutif dans le domaine réservé de la défense ! Aller plus loin ? Bien sûr, les moyens parlementaires sont bien moindres que ceux d’un simple juge d’instruction. Je considère notre rapport comme une plateforme de données à partir desquelles les chercheurs et les journalistes d’investigation, et pourquoi pas les juges, pourront s’appuyer pour aller plus loin. Pour moi, c’est une base de départ, pas une base d’arrivée. Propos recueillis par Christophe Boltanski – Le Nouvel Observateur.

 

26 janvier, Bernard Kouchner aucolloque « 20 ans après : dire le génocide des Tutsi » à Paris

http://regismarzin.blogspot.fr/2014/01/26-janvier-2013-genocide-des-tutsi-du.html

… Bernard Kouchner parle de la Centrafrique, et de la nécessité d’intervenir en amont, assez tôt. Il dit que les Etats n’interviennent pas que pour des raisons égoïstes. Il demande que l’Union Européenne adopte des « mécanismes d’intervention » comme ceux de l’ONU, « Early Warning System ». Il regrette le désintérêt actuel en occident, celui des électeur-trice-s, pour la protection des populations en danger. Il dit quelque chose de personnel, que pendant 8 ans, il était incapable de parler du génocide des Tutsi, que l’opacité était telle que cela désespérait. Il raconte comment il avait essayé pendant le génocide d’alerter Mandéla qui n’avait réagi que 3 mois plus tard. Il explique que l’opinion était influencée par les politiques, alors que « des erreurs politiques massives avaient précédées« . Il dit qu’il faudrait reconnaître cette erreur politique. Il dit qu’il n’a même pas été interrogé par la Mission d’information parlementaire de Quilès en 1998. Il dit une phrase, vite, que je n’ai pas comprise, sur la participation française et les génocidaires. Il critique les auteurs de livres qui ne sont jamais allés au Rwanda. Il dit qu’il n’a pas lu Péan, et que sinon, il aurait eu un infarctus. Il reparle d’erreur politique. Il dit « l’armée française n’a fait que suivre les ordres ». Il explique, que dans un contexte de Françafrique, il s’agissait de prendre la place des belges, au Rwanda et en RDC, de s’opposer à l’influence des anglophones, et de l’Ouganda en particulier. Il raconte qu’il a beaucoup parlé à Alain Juppé, qui avait fait accepter Turquoise à Balladur. Il dédouane Turquoise en acceptant qu’on ait reproché à Turquoise d’avoir laissé fuir le gouvernement génocidaire. Il dit « J’ai parlé à Mitterrand », et je n’ai eu que de « l’incompréhension ». Il dit que Mitterrand a dit « C’était des africains, c’est pas votre affaire! ». Répondant à une question du public, il dit, qu’une Commission d’enquête parlementaire, ce n’est ce qu’il faut parce que les députés ne sont ni objectifs, ni compétents, ni intéressés. Il dit qu’il faut des personnes »plus spécialistes » que les députés. Il dit « oui, il faut ré-ouvrir le dossier », que nous en savons plus maintenant, par exemple, sur l’entourage de Mitterrand. Il dit que la vérité arrive petit à petit. Il dit « Oui oui oui, l’armée française a joué un rôle politique« , mais que ce n’est pas Turquoise qui est en cause. Il dit que la fin de la procédure du juge Bruguière est importante et qu’il faut ré-ouvrir le dossier. ..

 

26 janvier, revue l’Histoire : Pierre Brana (un des 2 rapporteurs de la MIP), …

http://www.histoire.presse.fr/dossiers/rwanda-1994

http://www.histoire.presse.fr/dossiers/rwanda-1994/enquete-responsabilites-france-23-01-2014-83712

… Dès le 4 octobre, l’opération Noroît commence. La France se justifie : il s’agit de protéger les Européens vivant au Rwanda et, éventuellement, de les évacuer. Mais cette intervention militaire se renforce rapidement. Elle est alors présentée comme un secours apporté à un pays victime d’une agression extérieure, ougandaise en l’occurrence, dans le cadre d’un accord d’assistance militaire avec ce petit pays enclavé, surpeuplé (25 000 km2 et 10 millions d’habitants)1, dénué de richesses, dans une Afrique orientale peu ou mal connue en France. Or cette justification est plus que discutable. En 1990, le FPR est essentiellement constitué de descendants de Tutsi réfugiés en Ouganda après la révolution de 1959. Ils ont cherché à revenir pacifiquement dans leur pays et ce n’est que devant les refus de Kigali qu’ils se décident à passer à l’action armée. Les militaires tutsi quittent alors l’armée ougandaise, emportant armes et matériel, et constituent le fer de lance du FPR. Il s’agit donc bien plus d’une guerre civile que d’une agression extérieure. Quant à l’accord d’assistance militaire franco-rwandaise de 1975 auquel la France fait référence, il concerne uniquement l’organisation et l’instruction de la gendarmerie. L’intervention militaire française n’a donc aucune base juridique. C’est seulement après deux ans – le 26 août 1992 – que, devant l’illégalité de la situation, les autorités françaises et rwandaises signent un avenant remplaçant « la gendarmerie rwandaise » par « les Forces armées rwandaises ».

Progressivement, l’aide de la France aux FAR devient de plus en plus active et ses effectifs augmentent. Désormais, les militaires français conseillent, assistent et forment les militaires rwandais. Tout cela dans un pays où le régime en place fait fi des droits de l’homme et des libertés les plus élémentaires, opère régulièrement des arrestations massives et arbitraires, tolère des massacres, impose des quotas ethniques pour les inscriptions scolaires et l’accès aux emplois. La France a donc porté secours à un pouvoir autoritaire, pour ne pas dire dictatorial. Le multipartisme n’est en effet instauré qu’en juin 1991 sous la pression de l’opposition et de la communauté internationale. Quant aux FAR, elles sont alors entièrement composées de Hutu. L’opération Noroît instruit et aide donc une armée monoethnique en guerre. Dans le prolongement du discours prononcé par François Mitterrand au sommet franco-africain d’avril 1990 à La Baule, la France demande la démocratisation du régime, mais sans jamais y subordonner son assistance militaire. En l’absence d’une telle mise en demeure, le pouvoir rwandais louvoie, gagne du temps. Un exemple significatif : les cartes d’identité. Chacune porte mention de l’ethnie de son possesseur, dans un pays où les tensions et les agressions racistes sont constantes. Durant le génocide en 1994, ne pas pouvoir présenter une carte avec la mention « Hutu » équivaudra à une sentence de mort. La France demande bien la suppression de toute mention ethnique sur les papiers. Pour ne pas se voir opposer le coût de l’opération, elle envisage même de la financer. Le président Habyarimana ne s’y oppose pas : il va même jusqu’à admettre que cette mesure peut être un pas vers la réconciliation nationale. Mais le dossier s’enlise. Et la France ne passe jamais à un degré supérieur dans ses exigences, malgré la dérive raciste évidente de l’entourage du président (l’akazu – la « petite maison ») et les appels au meurtre du Hutu Power et des médias extrémistes à l’encontre des Hutu démocrates et de l’ensemble des Tutsi. ..

Dans les semaines qui suivent, quatre éléments posent question sur l’attitude de la France : le déroulement de l’opération Amaryllis, la position défendue auprès de l’ONU, les relations avec le gouvernement intérimaire et l’opération Turquoise. .. Lors de son audition par la Mission d’information sur le Rwanda en 1998, le général Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du président de la République en 1994, a estimé que la réunion des forces d’évacuation avec celles de la Minuar aurait permis d’arrêter les tueries. Pourquoi la France n’a-t-elle pas immédiatement réagi auprès de l’ONU pour que cette jonction se réalise dans les plus brefs délais ? A tout le moins, on aurait pu attendre de l’ONU qu’elle renforce les effectifs de la Minuar pour stopper les massacres. Or, c’est tout le contraire qui se produit. Le 21 avril 1994, par la résolution 912 adoptée à l’unanimité – c’est-à-dire avec la voix de la France -, le Conseil de sécurité décide de réduire les effectifs de la Minuar. Toutes les nations composant le Conseil de sécurité ont une égale responsabilité dans cette décision aberrante. Mais le vote de la France est d’autant plus étonnant qu’elle connaît mieux que tout autre la situation, qu’elle suit, sur le terrain, depuis 1990. Six jours après le vote de cette résolution, la France reçoit à Paris les représentants du gouvernement intérimaire, celui-là même qui est en train d’organiser le génocide. L’explication officielle – la recherche d’une solution de paix suppose de rencontrer tous les acteurs – paraît difficilement recevable. On ne discute pas avec des génocidaires, on les combat. .. Ainsi, à Bisesero (à l’ouest du Rwanda), le délai de trois jours entre la reconnaissance de terrain et l’intervention à proprement parler des militaires français a pour conséquence la poursuite, pendant ce temps, du massacre de Tutsi par des milices hutu. Par ailleurs, l’armée française n’arrête pas les membres du gouvernement génocidaire présents dans la zone qu’elle contrôle. Certes, comme le Quai d’Orsay n’a pas manqué de le dire, la France n’a pas mandat des Nations unies pour procéder à des arrestations. Rien n’empêchait toutefois de le faire à titre conservatoire en attendant une décision de l’ONU que l’on aurait saisie. Dans cette même « zone humanitaire sûre », l’armée française ne procède pas non plus au désarmement systématique des milices et des FAR. Plus déplorable encore, le 21 juillet, des officiers de Turquoise remettent dix tonnes de nourriture aux FAR dans une zone – celle de Goma – où des milliers de femmes et d’enfants sont pourtant dépourvus de l’essentiel.

Ce sont là les principaux points noirs mis en évidence par les investigations de la Mission parlementaire2. Il est clair cependant que tout ne lui a pas été dit lors des auditions. La Mission a parfois été confrontée à des témoignages contradictoires sans qu’elle ait disposé ni de temps ni de moyens pour démêler le vrai du faux. Aujourd’hui encore, vingt ans après le génocide, nombre de questions restent sans réponse et des points importants demeurent étrangement obscurs. ..

 


1.6 Dirigeants rwandais : Paul Kagamé et Louise Mushikiwabo

 

16 avril, Jeune Afrique : Ali Bongo à Paris

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2779p006.xml0/france-diplomatie-gabon-francois-hollande-gabon-france-gabon-france-un-intermediaire-nomme-ali-bongo-ondimba.html

En visite de travail à Paris, le président Ali Bongo Ondimba (ABO) a rencontré François Hollande dans la matinée du 8 avril… ABO a par ailleurs transmis à Hollande un message d’apaisement de Paul Kagamé, qu’il avait rencontré la veille à Kigali, lors des cérémonies commémoratives du vingtième anniversaire du génocide. ..

 

7 avril, Libération : Paul Kagamé (entretien)

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/06/paris-a-ete-implique-avant-pendant-et-apres-le-genocide_993615

Mais il faudrait que je sois satisfait, simplement parce qu’un premier procès, celui de Pascal Simbikangwa [un ancien officier rwandais jugé, fin mars, par la cour d’assises de Paris, ndlr], a eu lieu cette année ? Et qu’il été condamné à vingt-cinq ans de prison ? Une seule personne en vingt ans ! La France comme la Belgique ont joué un rôle néfaste dans l’histoire de mon pays, ont contribué à l’émergence d’une idéologie génocidaire. Quand, en France, la justice est si lente, nous ne pouvons pas imaginer que c’est neutre. Dans nos relations avec ces deux pays, notre grille de lecture est forcément liée aux compromissions du passé. .. Nous avons décidé de ressusciter les gacaca[la justice traditionnelle de village réactualisée après 1994, ndlr]. On nous a dit «ça ne correspond pas aux standards internationaux de la justice». Le Tribunal international pour le Rwanda [TPIR, créé en novembre 1994 à Arusha en Tanzanie] a, de son côté, dépensé 2 milliards de dollars pour juste une cinquantaine de procès. Et c’est ça, le modèle ?

 

7 avril, Jeune Afrique : Paul Kagamé en présence de Ban Ki-Moon

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140407153159/

Paul Kagamé, a réitéré, lundi 7 avril, lors de son discours des manifestations commémoratives du génocide de 1994, les attaques qu’il a formulées contre la France dans une interview accordée à Jeune Afrique, publiée dans l’édition du 6 avril. Le président rwandais y évoque, entre autres sujets, la relation douloureuse qu’a entretenue son pays avec la France et expose sans ambiguïté le rôle qu’il estime être celui de cette dernière dans le génocide. Des propos qui ont entraîné l’annulation de la participation des représentants français aux manifestations commémoratives à Kigali. « Les faits sont têtus » « Les gens ne peuvent être soudoyés ou forcés de changer leur histoire. Aucun pays n’est assez puissant – même s’il pense l’être – pour changer les faits« , a déclaré en anglais le président rwandais avant de lancer, en français, « après tout, les faits sont têtus », déclenchant les acclamations des 30 000 spectateurs rassemblés au Stade Amaharo de Kigali. « Le temps écoulé ne doit pas occulter les faits, amoindrir les responsabilités ou transformer les victimes en méchants« , a-t-il également martelé, faisant apparemment référence aux sévères critiques dirigées récemment contre Kigali par ses plus proches alliés internationaux, États-Unis en tête. ..

 

7 avril, AFP : Kagamé et Ban Ki-Moon

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/07/le-rwanda-commemore-les-victimes-du-genocide-de-1994_4396649_3212.html

 

7 avril, Kagamé : discours intégral de la 20ème Commémoration

http://www.kwibuka.rw/discours

… Vingt ans est un délai trop court ou trop long suivant la position d’où l’on se tient mais pour autant, rien ne justifie moralement les assimilations factices. Le temps qui passe ne devrait pas jeter le voile sur les faits, atténuer les responsabilités, ni transformer les victimes en méchants. Aucun cadeau ne saurait persuader un peuple de changer son histoire. Aucun pays, même s’il arrivait à s’en convaincre lui-même, n’est assez puissant pour changer les faits. Après tout, “les faits sont têtus” comme on dit. En conséquence, lorsque nous évoquons le rôle et la responsabilité des acteurs et institutions extérieures, c’est juste en raison du fait que la prévention du génocide exige de nous tous d’être au clair avec l’histoire, et non pour nous défausser de notre responsabilité sur les autres. Tous les génocides commencent par une idéologie, un système de pensée qui dit: “les personnes appartenant à tel groupe sont moins que des êtres humains, ils méritent d’être exterminés”. L’héritage le plus dévastateur de la domination européenne sur le Rwanda fut la transformation des distinctions sociales en “races”. Nous fumes classés et disséqués au point que la moindre différence était magnifiée, grossie et exagérée suivant un modèle inventé et importé d’ailleurs. ..

 

7 avril, Jeune Afrique : Mehdi Ba : Paul Kagamé

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140407175240/diplomatie-rwanda-paul-kagame-christiane-taubira-genocide-rwandais-paul-kagame-l-histoire-et-les-causes-originelles-du-genocide-vont-bien-au-dela-du-rwanda.html

… Mais 48 heures après la brouille diplomatique avec la France consécutive à ses propos sur le rôle de Paris dans le génocide, tenus dans les colonnes de Jeune Afrique et qui ont provoqué in extremis l’annulation de la venue à Kigali de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, Paul Kagamé a opté pour le contre-pied, se fendant d’une allusion transparente – en français dans le texte. Pour ceux qui ne l’auraient pas saisie spontanément, la phrase précédente permettait de lever toute ambiguïté : « Aucun pays, même s’il arrivait à s’en convaincre lui-même, n’est assez puissant pour changer les faits. » … Entre discours des officiels et témoignage d’un rescapé, les performances proposées cette année retraçaient de manière subtile les pages noires de l’histoire rwandaise, en préambule au discours qu’allait tenir Paul Kagame : « Ceux qui ont planifié et mis en exécution le génocide étaient des Rwandais, mais son histoire et ses causes originelles vont bien au-delà de ce pays. C’est pour cette raison que les Rwandais continuent de rechercher l’explication la plus exhaustive possible sur ce qui s’est passé. »

 

7 avril, Jeune Afrique (avec AFP) :

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140407092400/diplomatie-rwanda-genocide-fpr-genocide-le-rwanda-commemore-les-20-ans-du-genocide-sans-representant-de-la-france.html

… À la question « Complicité ou participation ? », le président rwandais répond sans ambages : « Les deux ! Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite ‘humanitaire sûre’, mais aussi acteurs. » Des propos qui ont aussitôt provoqué l’ire de la diplomatie française, qui avait cependant indiqué dimanche soir ne pas vouloir boycotter les cérémonies en y envoyant l’ambassadeur de France à Kigali, Michel Flesch. .. Une décision qui semblait répondre aux propos de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qui avait estimé, un peu plus tôt dimanche, « injustifiée » la décision française et invité la France à « regarder la vérité en face » sur son rôle dans le génocide. « Il est impossible pour nos deux pays d’avancer (…) au détriment de la vérité historique du génocide », a souligné Mme Mushikiwabo. Nouveau coup de théâtre, lundi matin, quand les autorités rwandaises ont finalement retiré l’accréditation à l’ambassadeur de France. C’est donc sans la présence d’aucun représentant officiel français que Paul Kagamé s’exprimera dans le plus grand stade de Kigali, en présence des représentants de nombreux pays et organisations, notamment de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-Unies qui furent, à l’époque, dans l’incapacité de faire cesser les massacres malgré 2 500 Casques Bleus.

 

6 avril, Jeune Afrique : Louise Mushikiwabo, ministre des affaires étrangères du Rwanda

http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20140406161052/

… Louise Mushikiwabo a estimé « injustifiée » la décision française d’annuler sa participation lundi aux cérémonies marquant le 20e anniversaire du génocide. Paris a pris cette décision en réponse aux propos du président rwandais Paul Kagame qui a accusé dans une interview la France d’avoir joué un « rôle direct dans la préparation du génocide » et d’avoir participé « à son exécution même ». « Pour que nos deux pays commencent réellement à s’entendre, nous allons devoir regarder la vérité en face, la vérité est difficile, il est compréhensible qu’il soit très difficile d’accepter la vérité d’être proche de quelqu’un associé au génocide« , a déclaré Mme Mushikiwabo qui s’exprimait à Kigali lors d’un forum international au Parlement. « Il est impossible pour nos deux pays d’avancer, si la condition est que le Rwanda doive oublier son histoire pour s’entendre avec la France (…) Nous ne pouvons avancer au détriment de la vérité historique du génocide« , a-t-elle poursuivi. Mme Mushikiwabo a ensuite estimé devant la presse que les propos de M. Kagame dans l’hebdomaire Jeune Afrique paru dimanche, n’étaient « ni nouveaux, ni surprenants ». « Ce que je dis c’est que la réaction (française) à un commentaire qui a été fait plusieurs fois auparavant par le président (…) est une réaction excessive », a-t-elle expliqué aux journalistes. « C’est malheureux parce que l’histoire est l’histoire », a poursuivi la ministre, estimant que « le peuple français en général ne devrait pas être tenu dans l’ignorance de ce que certains responsables français ont fait » au Rwanda. .. Deux anciens ministres français, Bernard Kouchner, et Paul Quilès ont aussi réfuté dimanche toute « participation directe » de la France au génocide. ..

 

6 avril, AFP

http://www.liberation.fr/monde/2014/04/06/une-nouvelle-tension-kigali-paris-entache-les-commemorations-du-genocide-au-rwanda_993522

Une nouvelle tension Kigali-Paris entache les commémorations du génocide au Rwanda : … Paris a annulé sa participation aux commémorations, après une interview de Paul Kagame parue dimanche, dans laquelle il accuse la France d’avoir joué, de même que l’ex-puissance coloniale belge, un «rôle direct dans la préparation du génocide» et d’avoir participé «à son exécution même». .. Dans son interview, le président rwandais a souligné «le rôle clé, dans les racines historiques mais aussi dans le déroulement du génocide, de ces (…) puissances occidentales qui, aujourd’hui définissent seules les règles de la bonne gouvernance et les normes de la démocratie». L’ONU, incapable en 1994 d’empêcher les massacres malgré 2.500 Casques-bleus sur place, sera représentée par son secrétaire général Ban Ki-moon. Washington a de son côté envoyé sa représentante à l’ONU, Samantha Power.

http://www.rtl.fr/actualites/info/article/genocide-rwandais-quai-d-orsay-surpris-par-des-accusations-en-contradiction-avec-le-travail-engage-7770969572

 

6 avril : AFP

http://www.sidwaya.bf/quotidien/spip.php?article19116

la Belgique ne change pas son programme après les accusations de Kagamé

 

6 avril (papier), 15 avril (web), Jeune Afrique : Paul Kagamé interviewé par François Soudan

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2778p020.xml1/rwanda-genocide-tutsi-hutu-interview-paul-kagame-je-ne-conseille-a-personne-de-se-meler-des-affaires-interieures-du-rwanda.html

PK … Notre expérience est différente de celle des autres et cette spécificité a généré de notre part des réponses elles aussi spécifiques, parfois complexes à expliquer. Il ne faut pas oublier – même s’il s’agit encore aujourd’hui d’un sujet tabou – le rôle clé, dans les racines historiques mais aussi dans le déroulement du génocide, de ces mêmes puissances occidentales qui, aujourd’hui, définissent seules les règles de la bonne gouvernance et les normes de la démocratie. Elles aimeraient que le Rwanda soit un pays ordinaire, comme si rien ne s’était passé, ce qui présenterait l’avantage de faire oublier leurs propres responsabilités, mais c’est impossible. Prenez le cas de la France. Vingt ans après, le seul reproche admissible à ses yeux est celui de ne pas en avoir fait assez pour sauver des vies pendant le génocide. C’est un fait, mais cela masque l’essentiel : le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même. FSComplicité ou participation ? PK : Les deux ! Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite « humanitaire sûre », mais aussi acteurs. FS : Pascal Simbikangwa vient d’être condamné à Paris à vingt-cinq ans de prison pour génocide. Peut-on dire que la France n’est plus un refuge pour les génocidaires rwandais présumés ? PK : Nous verrons ce qu’il adviendra de cette condamnation en appel. Pour le reste, je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une évolution particulièrement positive. Pour un criminel condamné après vingt ans, combien la justice française en a-t-elle escamoté ? Nous ne sommes pas dupes de ce petit jeu. On nous présente cette sentence comme un geste, presque comme une faveur de la France à l’égard du Rwanda, alors que c’est le rôle de la France dans le génocide qu’il conviendrait d’examiner.

 

5 avril, RTL : sur Kagamé

http://www.rtl.fr/actualites/info/international/article/genocide-au-rwanda-paul-kagame-accuse-la-france-une-nouvelle-fois-7770960783

A la veille des cérémonies marquant le vingtième anniversaire des massacres, la président Rwandais, Paul Kagame a évoqué la question des responsabilités dans l’hebdomadaire Jeune Afrique à paraître ce dimanche 6 avril. Il accuse les soldats français de l’opération militaro-humanitaire « Turquoise », déployée en juin 1994 dans le sud du pays, d’avoir été « complices certes » mais aussi « acteurs » des massacres. Ces accusations, maintes fois démenties par Paris, reprennent celles déjà formulées par Kigali à plusieurs reprises et notamment en août 2008 à l’occasion de la publication du rapport de la commission d’enquête rwandaise sur le rôle supposé de la France dans le génocide qui a fait, selon l’ONU, quelque 800.000 morts, essentiellement tutsi, entre avril et juillet 1994. Complices et acteurs : Revenant sur « le cas de la France », Paul Kagame constate que « vingt ans après, le seul reproche admissible (aux) yeux (de la France) est celui de nepas en avoir fait assez pour sauver des vies pendant le génocide« . « C’est un fait, mais cela masque l’essentiel : le rôle direct de la Belgique (ancienne puissance coloniale) et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même ». « Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite ‘humanitaire sûre’, mais aussi acteurs », accuse Paul Kagame. En 2008, la commission d’enquête avait déjà évoqué l’affaire du village de Bisesero (ouest), où jusqu’à 50.000 Tutsis avaient trouvé refuge, accusant l’armée française « d’avoir retardé sciemment de trois jours le sauvetage de près de 2.000 survivants afin de laisser le temps aux tueurs de les achever ».

 



2.   Défense de l’armée et des dirigeants français


2.1 Militaires français et Paul Barril

 

12 décembre, sortie du Livre « Paroles d’honneur » de Paul Barril

L’essor de la gendarmerie nationale

http://www.lessor.org/paroles-dhonneur-livre-choc-du-capitaine-barril-rwanda/

… Cofondateur du GIGN avec le commandant Prouteau en 1974, animateur en charge de la cellule de sécurité élyséenne sous Mitterrand, en 1981, le capitaine Paul Barril devient rapidement l’ami de François de Grossouvre qui, en 1990, le met en contact avec le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana. C’est ainsi qu’après l’assassinat de ce dernier, il s’est retrouvé au cœur du génocide des Tutsis dans toute la région des Lacs… Des plaintes ont été déposées par des ONG, visant nommément le capitaine Barril. Celui-ci contre-attaque. Au terme d’une enquête très documentée, il livre son témoignage : seul le Front patriotique rwandais (FPR) de l’actuel président Kagamé a pu procéder à l’attentat ayant coûté la vie au Président Habyarimana, qui a servi de détonateur à la guerre civile et au massacre des populations ! Le capitaine Barril n’est pas le seul à être convaincu de cette thèse, diamétralement opposée à l’officielle, politiquement correcte…

Europe 1 : interview de Paul Barril par Nicolas Poincaré, Serge July, …

http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/europe-soir-nicolas-poincare/sons/europe-soir-nicolas-poincare-12-12-14-2316725

Barril : 29’45. « 36’30, … on travaille toujours pour son pays… 39 ‘06 suicide de Grossouvre, je n’y crois pas… personne n’entend le coup de feu… on réclamait ses archives, l’Elysée… le juge jean-Pierre tournait autour de l’Elysée, … Pelat… M de Grossouvre était dans le collimateur, … C’est un panier de crabe à l’Elysée. .. Attentat au Rwanda : pour moi il n’y a pas de rapport… Bérégovoy… la seule chose qu’on ne quitte pas, c’est son arme… 2 coups de tirer… Rwanda : 49’10, … 8,9 millions morts… CIA… Kagamé… Commonwealth… Coltan… église catholique… M23… 10% … gérer un pays… pour Kagamé, les tutsis de l’intérieur sont des collaborateurs. C’est eux qu’on va faire exterminer… (Question sur livraison armes)… avion … la France n’a rien livré… la France était l’ami et l’allié du Rwanda, comme on est ami dans 14 pays qui ont le Franc CFA… j’étais en recherche sur l’attentat de l’avion… Dallaire n’a rien fait… Turquoise… Trévidic… expertise acoustique à 1 millions d’Euro… il va modifier la constitution et se représenter… reportage BBC, aujourd’hui la BBC est interdite au Rwanda… Burundi et Rwanda sont des pays jumeaux… (Q : livraison d’arme)… y’en a pas eu, et en plus c’était pas possible… le temps était trop court… (Q Sarkozy, Kouchner)… Kouchner est un ami de Kagamé, les américains ont dit au français laisser nous tranquille au Rwanda, on vous laissera tranquille en Côte d’Ivoire… éviter un 3e génocide… vérité…(1h08’30) »

 

19 juillet, Le Point (Ian Hamel) sur Paul Barril

http://www.lepoint.fr/afrique/actualites/mysteres-autour-du-dernier-livre-du-capitaine-barril-sur-le-rwanda-19-07-2014-1847478_2031.php

… sortie de (son) livre, Le capitaine Barril brise le silence. Cet ouvrage, annoncé comme explosif, devait justement sortir à l’occasion de cet anniversaire. Trois mois plus tard, il n’est toujours pas dans les rayons des librairies.… L’éditeur est prêt à publier, Barril est injoignable … Atteint de la maladie de Parkinson, il a été hospitalité à Antibes… Sophie Jonquet, son avocate. Celle-ci avait évoqué « une surdose de médicaments » suivie d’un « enchaînement malheureux » … « Le livre de Paul Barril contient une vingtaine de documents inédits. … », indique Jean Picollec, l’éditeur. .. À quand la fin du mystère ?

 

13 avril, France Turquoise : Général Jean Claude Lafourcade

http://www.france-turquoise.fr/images/stories//pdf/communique.pdf

… L’analyse des ordres d’opérations de la force Turquoise qui ont été déclassifiés, montrent clairement qu’il n’a jamais été question de mission offensive et à plus forte raison de frappes «terrestres», mode d’action qui n’existe que dans l’imagination de l’interessé. Je m’inscris en faux sur l’affirmation que « des dizaines de milliers d’armes » auraient été rendues aux FAR réfugiés au Zaïre. Seules quelques dizaines d’armes d’autodéfense ont été remises par le LCL Hogard à d’ex-FAR, pour se défendre, ainsi que leurs familles, d’une éventuelle poursuite du FPR en territoire zaïrois, mais aussi des bandits sévissant dans la région de Bukavu…

 

9 avril, Le point : Jacques Hogard, chef du groupement sud de l’opération Turquoise

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/rwanda-1994-il-n-a-jamais-ete-question-d-un-raid-sur-kigali-09-04-2014-1811356_53.php

Lundi, jour de l’ouverture des commémorations du génocide tutsi de 1994 et au lendemain des accusations portées par le président rwandais Paul Kagamé, un ancien officier de l’armée de terre, Guillaume Ancel, engagé dans l’opération Turquoise censée venir en aide aux victimes, en a contesté le caractère humanitaire, soutenant que les ordres de mission étaient clairement de s’opposer à la rébellion du FPR par des actions offensives : « Je suis parti avec l’ordre d’opération de préparer un raid sur Kigali, a-t-il notamment affirmé sur France Culture. Quand on fait un raid sur Kigali, c’est pour remettre au pouvoir le gouvernement qu’on soutient, pas pour aller créer une radio libre. » À cette époque, Jacques Hogard était lieutenant-colonel de la Légion étrangère et commandait le groupement sud de l’opération Turquoise à Cyangugu, au sud-ouest du Rwanda. Il conteste vigoureusement ces accusations. Interview. .. M : Il dit être parti avec un « ordre d’opération » pour engager « un raid sur Kigali ». Qu’en pensez-vous ? JH :Il faut être sérieux : il était tout jeune capitaine, n’avait pas encore fait son stage de futur commandant d’unité et n’avait donc encore jamais commandé de batterie. Il était bien loin de tout ça. En ce qui me concerne, je voyais, de par mes fonctions, les ordres d’opération arriver de Paris. Je suis absolument certain qu’il n’était pas dans ce cas ! Je n’ai, en ce qui me concerne, jamais vu ce fameux ordre d’opération « offensif » dont il parle, qui, pour moi, relève du fantasme, du rêve ou peut-être du besoin de briller. J’ai conservé dans mes archives les ordres d’opération de cette période. Il n’est à aucun moment question d’un quelconque raid sur Kigali. Il était même au contraire plutôt envisagé initialement de stationner au Zaïre et d’effectuer des missions ponctuelles de va-et-vient au Rwanda. M : M. Ancel affirme pourtant qu’il s’est trouvé dans un hélicoptère décollant « pour aller déclencher les frappes aériennes sur le FPR »…JH : Alors, là, on est en pleine fiction ! À cette époque, nous avions en effet reçu le renfort ponctuel d’un hélicoptère Puma en version Pirate équipée d’un canon de 20 mm en sabord. Peut-être le capitaine Ancel est-il monté à son bord dans le cadre d’une mission de reconnaissance ? Mais il est fort peu professionnel d’imaginer qu’on aurait eu l’idée de déclencher des « frappes aériennes » avec un tel engin, contre le FPR de Paul Kagame qui disposait de missiles sol-air. Il faut être sérieux ! Je suis sidéré qu’un ancien officier d’artillerie puisse dire sérieusement de telles choses. J’avais demandé cet hélicoptère en renfort afin d’effectuer des reconnaissances au-dessus de la forêt de Nyungwe dont nous pensions qu’elle pouvait être un terrain privilégié pour toutes sortes d’infiltrations. Il n’a jamais été question de déclencher des « frappes aériennes » contre le FPR, ne serait-ce que parce que, au groupement sud, nous n’en avons jamais rencontré ! En revanche, il faut rappeler que Kagame, de son côté, clamait depuis des mois que, s’il venait à rencontrer des unités françaises, ce serait pour leur tirer dessus. Nous avions pris donc fort logiquement des mesures de précaution et de protection, face au FPR qui disait vouloir « casser du Français » ! Mais quant à déclencher des frappes aériennes sur un ennemi invisible à partir d’un Puma Pirate canon de 20 ! Restons sérieux ! M : Selon ses accusations, vous auriez rendu « des dizaines de milliers d’armes » aux génocidaires…JH : C’est une autre ineptie ! En tout, dans le secteur de Cyangugu, nous avons récupéré au total, au grand maximum, quelques milliers d’armes et de munitions disparates. Je dois avoir encore le chiffre exact dans mes archives. La quasi-totalité a été jetée d’hélicoptère dans les eaux profondes du lac Kivu. Et ce n’est pas le capitaine Ancel qui, comme il le prétend, en avait « donné l’ordre », il n’était pas dans la position de le faire ! Il est vrai, en revanche, que nous avons rendu quelques dizaines d’armes aux gendarmes et ex-FAR (Forces armées rwandaises) que j’avais recrutés comme supplétifs pour pallier notre faiblesse numérique face à la diversité de nos missions. Leur chef était le major de gendarmerie Augustin Cyiza, dont on m’avait assuré qu’il était un officier au comportement impeccable, qui avait personnellement protégé de nombreux Tutsi durant le génocide. Theodore Mugyangabe, le seul sous-préfet de Cyangugu qui n’avait pas fui au Zaïre et qui avait accepté de prendre la tête du « comité préfectoral intérimaire » que j’avais mis en place, me l’avait confirmé. J’ai également fait rendre quelques dizaines d’armes individuelles à d’ex-FAR se trouvant dans des camps de réfugiés au Zaïre qui étaient venus me les réclamer. Il s’agissait de leur permettre de se défendre, eux et leurs familles, femmes et enfants, en cas d’attaques du FPR ou même de coupeurs de route et bandits zaïrois qui dépouillaient les réfugiés.

NB : Plus d’information sur distribution d’armes

http://www.francerwandagenocide.org/documents/KepiBlanc549.pdf

http://www.francerwandagenocide.org/documents/raids101.pdf

 

9 avril, France 3 Alpes : Paul Barril

http://alpes.france3.fr/2014/04/09/genocide-au-rwanda-interview-de-paul-barril-sur-la-responsabilite-de-paul-kagame-455949.html

…Mais ce « j’accuse » lancé par Paul Barril tombe à l’heure où le capitaine est lui-même soupçonné d’avoir activement participé au génocide rwandais. L’ex-gendarme de l’Elysée est accusé d’avoir signé, en mai 1994, au plus fort du génocide, un contrat d’armement de 3 millions de dollars avec le gouvernement hutu rwandais. Ce qui nie Barril. ..

 

8 avril, Colonel Jacques Hogard, commandant du groupement de Légion Étrangère Turquoise

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/04/08/31002-20140408ARTFIG00112-genocide-rwandais-pourquoi-le-vrai-coupable-n-est-pas-la-france-mais-kagame.php

… ce soutien de la France au Président Habyarimana ne se fait pas sans contrepartie. Nous sommes quelques mois après le Discours de La Baule et cette contrepartie, exigée et obtenue par la France, est la démocratisation du régime, l’abandon du monopartisme, l’adoption du multipartisme et l’ouverture du dialogue tant avec l’opposition intérieure qu’avec la rébellion armée du FPR. Au point que Habyarimana doit ainsi entrer dans une période de cohabitation où sa position devient difficile. .. ma surprise est d’autant plus grande que je découvre aussi des lobbies français et européens, disposant de solides moyens médiatiques et financiers, qui relaient alors sans vergogne, pour quels intérêts?, les accusations abominables contre la France et son armée proférées depuis Kigali par le FPR vainqueur au Rwanda… Kagame a provoqué le génocide de 1994. Il le souhaitait, car les massacres à grande ampleur des Tutsis de l’intérieur, étaient pour lui le seul moyen d’échapper à la démocratie qui ne lui aurait définitivement laissé qu’un second rôle, le seul moyen de reprendre la lutte armée et de légitimer cette dernière, le seul moyen de prendre le contrôle du Rwanda et d’asseoir son régime d’une main de fer pour des décennies. Lâché aujourd’hui visiblement par ses alliés américains, certainement du fait de ses frasques guerrières trop visibles en RDC et de son trop évident mépris pour les valeurs démocratiques, l’instrumentalisation du génocide est aujourd’hui la seule et dernière carte qui lui reste pour se maintenir au pouvoir. Voilà pourquoi il fallait cet incident subit avec la France. ..

 

8 avril, France24 : Rony Brauman (MSF), G.al Jean-Claude Lafourcade Commandant de l’Opération Turquoise, Jean-François Dupaquier, Benjamin Rutabana

http://www.france24.com/fr/20140407-le-debat-rwanda-20-ans-commemoration-paul-kagame-france-partie-1/

http://www.france24.com/fr/20140407-le-debat-rwanda-20-ans-commemoration-paul-kagame-france-partie-2/

Parti1 : Kagamé sur France 24 (reportage externe): « ce n’est pas la France que j’accuse, ce sont les faits historiques qui mettent en cause certaines personnes. » JF Dupaquier : il y a une surinterprétation de ces déclarations, Paul Kagamé dit la même chose depuis 20 ans… Rony Brauman : Kagamé …centaines de milliers de morts au Rwanda et au Congo… Lafourcade : … 4 millions de personnes restées au Rwanda… 10min30 Q : est-ce que la France a armé… ? Gal JCL : La France avait une assistance militaire avec le Rwanda, qui, à l’époque, le gouvernement légitime hutu du Rwanda qui, à l’époque, avait été attaqué assailli par une rébellion venant d’Ouganda, avec des soldats en uniformes ougandais. La France a joué ses accords d’assistance militaire. Si elle ne l’avait pas fait, tous les autres pays d’Afrique avec qui nous avons des accords d’assistance militaire auraient dit ‘la France ne tient pas sa parole. Donc le président Mitterrand, à l’époque, a mis en œuvre ses accords d’assistance qui se sont traduit par des soutiens logistiques, des soutiens d’Etats major, des formations de cadres et pas du tout des formations de tueurs à la machette…. Ancel (reportage externe): raid sur Kigali… ordre très offensif… puis ordre arrêter par la force l’avancée du FPR… ordre stoppé… nous avions trouvé un accord avec le FPR… (retour plateau) G.al JCL … Américains en Somalie… forces importantes au cas où FPR… opération Turquoise réussie… JF Dupaquier : Lafourcade avait reconnu lui-même … le matériel avions bombardiers … que 2 camions pour transporter … opération pas humanitaire… Benjamin Rutabana : Bisesero…

http://www.france24.com/fr/20140407-le-debat-rwanda-20-ans-commemoration-paul-kagame-france-partie-2/

http://www.youtube.com/watch?v=6nAIOwLDKa8

Partie 2 : … Brauman : … Turquoise … ouverture des archives… France … confiance aveugle… pour des raisons qui étaient défendables… aveugle au dérives ethno-racistes… signaux … ignorés… accord d’Arusha… parrain… Habyarimana qui donnait des signes de bonne volonté… conviction …. une sorte de complicité par aveuglement … responsabilité politique très lourde… JF Dupaquier (6’01 – 7’31)
… 8000 à 12 000 sauvés par Turquoise… Bisesero… Turquoise (6’44) Duval est tombé par hasard … le 27 juin… avec des journalistes qui l’ont vu rendre compte….redécouvert par hasard par le capitaine de frégate Marin-Gillier … le 30 juin … 12000 Tutsi ont été exterminés… JC Lafourcade (7’32) : Sur ce sujet, je voudrais rappeler les responsabilités d’un commandant d’opérations. J’étais responsable de cette opération. Les premiers jours. Et je regrette énormément les deux jours perdus à Bisesero. L’acheminement de la force est effectué par voie aérienne. Exclusivement par voie aérienne. Les premiers jours où nous avons découvert effectivement Bisesero, il n’y avait pas cent soldats au Rwanda. Le FPR bombardait dans les collines. Donc le FPR était derrière Gitarama, là, en direction de Bisesero. Ma responsabilité était: est-ce que j’engage deux patrouilles, c’est-à-dire une douzaine de soldats, pour aller reconnaître Bisesero et voir exactement ce qui se passe, et risquer la vie de douze soldats français ? Par imprudence !? J’ai attendu d’avoir les moyens suffisants, pour apporter le soutien et l’appui à ces reconnaissances dangereuses, pour aller à Bisesero. Malheureusement ça s’est traduit par deux jours de délai. JF Dupaquier : C’est très important ce que vous dites. C’est tout à fait nouveau, général. Donc, vous reconnaissez que le 27 juin 1994, vous avez reçu l’avis d’opération du lieutenant colonel Duval de l’existence de ces rescapés tutsis de Bisesero. JCLafourcade : [8’37] Non pas du tout. Pas du tout. On n’avait pas de renseignement, si ce n’est qu’il y avait effectivement des réfugiés partout dans les collines. Voilà les renseignements qu’on avait. … Document déclassifiés… mission Quilès… Ancel… ordre d’opérations… Dupaquier : … déclassifier documents de la DRM … Brauman : … attentat… accusation Kagamé… JC Lafourcade (14’54) :… attentat après les accords d’Arusha… déclencheur du génocide… TPIR… Kagamé aurait … instruction sans faille …je m’interroge sur cette absence d’enquête de l’ONU… retrait de l’ONU… criminel de la part des grandes puissances… je comprends pourquoi on attaque la France et jamais on va attaquer (coupé) … Brauman : … Somalie…JF Dupaquier : mi avril France a voté pour le retrait de l’ONU… puis Turquoise… (25’09) Survie.org

 

7 avril, RTL : général Lafourcade sur Turquoise

http://www.rtl.fr/emission/le-choix-de-yves-calvi/voir/general-jean-claude-lafourcade-90-des-massacres-avaient-ete-perpetres-avant-le-debut-de-l-operation-turquoise-7770986164

5min45 :15 000 vie sauvées, 4 millions de personnes en fuite restées au Rwanda.

 

7 avril, Ministère de la défense : général Lafourcade sur Turquoise

http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/interview-du-general-lafourcade-l-operation-turquoise-au-rwanda

http://www.france-turquoise.fr/images/stories//pdf/lafourcade.pdf

Ancien chef de l’opération Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade s’est entretenu le 31 mars avec le ministre de la Défense. Lors d’une interview exclusive accordée à Armées d’Aujourd’hui, il revient sur l’opération qu’il a commandée entre juin et août 1994 au Rwanda.

JCL : … Le respect de l’impartialité de la Force Turquoise a constitué une difficulté majeure. En effet, tout en protégeant les populations et en arrêtant les massacres, il n’était pas question  de s’opposer au FPR qui poursuivait sa progression à l’intérieur du Rwanda et qui affichait son hostilité, ni d’apporter un soutien aux FAR que nous avions assistés pendant trois ans et qui nous demandaient de l’aide. Par ailleurs, la population hutu  accueillait la force avec liesse, convaincue qu’on venait à son seul secours. Il a fallu une grande rigueur et une grande discipline aux soldats sur le terrain pour respecter cette impartialité et je rends hommage à leur intelligence de la situation et à leur professionnalisme, car ils ont sauvé des milliers de vies sans prendre parti, ce qui n’était pas évident. D’autant que la crédibilité de la France était en jeu car l’intervention se déroulait sous le regard de plus de 200 journalistes du monde entier et de nombreuses organisations humanitaires, tous convaincus que la France venait prêter main-forte aux Hutus contre le FPR. .. Nous étions en contact permanent avec la Minuar pour coordonner notre action, mais en fait les relations  ne furent pas bonnes car le général Dallaire a fait preuve de parti pris et s’est montré très peu  coopératif avec les Français. Mais cela n’a pas eu d’incidence sur le déroulement de l’opération Turquoise qui avait son propre mandat en prise directe avec Paris et New York. .. La France a été accusée d’avoir pris parti pour les Hutus contre les Tutsis. En réalité, il nous a fallu un certain temps pour que la majeure partie de la force acheminée exclusivement par voie aérienne au Zaïre soit engagée au Rwanda. J’ai ainsi dû attendre de rassembler les moyens suffisants pour pouvoir intervenir sur des massacres en cours dans les collines de Bisesero sachant que le FPR, à proximité, affichait son hostilité. On nous a plus tard accusés d’avoir refusé d’intervenir afin de laisser massacrer les Tutsis, ce qui n’a aucun sens. Un autre  reproche fait à Turquoise est celui d’avoir protégé les génocidaires dans la zone de sécurité installée par mandat de l’ONU dans le sud ouest du Rwanda et de les avoir incités à fuir au Zaïre. Les principaux responsables du génocide n’avaient pas attendu l’arrivée des soldats français pour quitter le Rwanda. Il ne restait que des « seconds couteaux », contre lesquels les gendarmes de la force ont établi des dossiers judiciaires qui ont été transmis à l’ONU. Mais j’en profite pour souligner le principal succès de l’intervention française : Turquoise a permis de maintenir à l’intérieur du Rwanda plus de 4 millions de personnes qui auraient fui au Zaïre devant l’avancée du FPR et les exactions des deux camps. Cet exode, inévitable si les soldats français n’avaient été déployés, aurait provoqué la plus grande catastrophe humanitaire de tous les temps. Rien que pour cela, l’action de la France devrait être saluée… A la fin de la mission en août 1994, l’ensemble de la communauté internationale et les médias du monde entier ont salué le bilan positif de l’opération Turquoise. Mes soldats sont rentrés éprouvés par les horreurs des massacres et du génocide mais fiers d’avoir sauvé des vies et d’avoir amélioré le sort des populations. Les critiques contre leur action sont indignes, surtout que toutes les autres grandes puissances ont failli et portent finalement une grande part de responsabilité dans le drame rwandais. L’opération Turquoise s’est inscrite dans une nouvelle forme de crises et conflits, caractérisée par la faillite des États, des guerres civiles internes, des conflits ethniques et religieux où il est difficile pour une force d’intervention d’identifier l’adversaire. Plus que jamais nos soldats doivent faire preuve d’intelligence de situation, de maîtrise de soi et de professionnalisme. C’est bien ce que nous avons prouvé avec l’opération Turquoise.

 

7 avril, RTS (Suisse) : Colonel Michel Robardey, Mathieu Lopes (Survie)

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/forum/5733890-le-rwanda-20-ans-apres-accuse-toujours-la-france-a-tort-07-04-2014.html?f=player/popup

Michel Robardey : « Ignenzi… Rwanda était un moyen de rentrer au Zaïre… Nous avons conduit le Rwanda sur la voix du multipartisme et des accords d’Arusha… Totalement (ML : ‘Etes-vous favorable à l’ouverture des archives ?’ – MR : totalement )… La France n’a rien a caché… il n’y a plus rien à dissimuler… (réponse à Ancel) … Je suis extrêmement sceptique ».

 

7 avril, Paul Barril

http://www.lepoint.fr/monde/rwanda-paul-barril-ex-gendarme-de-l-elysee-kagame-craint-toujours-mes-revelations-07-04-2014-1809744_24.php

Paul Barril : J’avais reçu pour mission, de la part de François de Grossouvre, le conseiller de François Mitterrand, d’infiltrer le FPR. C’est dans ce cadre que je me suis entretenu en septembre 1993 à Paris avec Paul Kagame. Il voulait se procurer des télécommandes pour faire exploser des charges à distance ! C’est un homme très intelligent, mais un manipulateur. Avant de revenir au Rwanda, il était chef des services secrets d’Ouganda. L’attentat a eu lieu le 6 avril 1994 et François de Grossouvre est mort le lendemain, le 7 avril, d’une balle dans la tête dans son bureau de l’Élysée. .. On a prétendu que j’étais au Rwanda en avril 1994. C’est faux, j’étais alors à New York. On prétend aussi que j’aurais livré des armes aux Hutu. Faux également, j’en apporte la preuve dans mon livre.

 

7 avril, Paul Barril (vidéo enregistré le 25 mars)

http://www.france24.com/fr/20140405-paul-barril-genocide-rwandais-scandale-justice/

… plusieurs ONG demandent sa mise en examen pour « complicité de génocide » au Rwanda. Paul Barril dénonce, quant à lui, des attaques « orchestrées par le même petit groupe de personnes, toutes proches du pouvoir rwandais ».

 

1er avril, colloque au sénat: Quilès, Lafourcade, … (10 vidéos)

https://www.youtube.com/channel/UCWNv3PjaW9YtT1bpSVaCRCw/feed

10. Jordi Palou Loverdos, « l’instruction espagnole ; le dialogue intra-rwandais »

9. Jean Claude Lafourcade, « Environnement géopolitique de l’Opération Turquoise »

8. Johan Swinnen, « Vingt ans après: mémoire , réflexions, perspectives… »

7. Filip Reyntjens, « La justice des vainqueurs, les gacaca et le TPIR »

6. Carla Del Ponte « Le drame rwandais mérite une justice impartiale » – et réponse de Gerald Gahima

5. introduction d’Henri Weill

4. Luc Marchal, « La conquête du pouvoir par Paul Kagame et le rôle des USA »

3. Theogene Rudasingwa, « La stratégie de maintien au pouvoir de P. Kagame et du FPR »

2. Jean Marie Micombero, « La guerre psychologique franco-rwandaise et ses motivations profondes »

1. Paul Quilès, ouverture du colloque

 

20 mars (à vérifier), Paul Barril : publication ‘Vérité sur un massacre’

http://www.priceminister.com/offer/buy/268939189/rwanda-verites-sur-un-massacre-de-paul-barril.html

 

4 mars, association ‘Démocraties’ : colloque au Sénat avec Quilès, Lafourcade, …

http://www.therwandan.com/fr/france-rwanda-01-04-2014-democraties-livre-la-verite-des-acteurs-militaires-du-drame-rwandais-dans-les-murs-du-senat/

 

16 février, Colonel Robardey sur procès Simbikangwa

http://www.france-turquoise.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=198&Itemid=31

 


2.2 Journalistes, universitaires, associatifs

 

20 septembre, France Culture : Rony Brauman aidé par Alain Finkielkraut et contredit par Rafaëlle Maison

Note R*E : émission sans intérêt si ce n’est pour reréfléchir aux vieilles stratégies de protection des acteurs français du génocide. On entend les arguments obsolètes de Rony Brauman et Alain Finkielkraut dans une fausse dialectique basée sur la contradiction de Rafaëlle Maison : il s’agit pour Rony Brauman surtout de  camoufler l’implication française sur le génocide en ne parlant que des accusations contre Kagamé.

http://www.franceculture.fr/emission-repliques-la-france-face-au-genocide-rwandais-2014-09-20

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4841790

Rafaëlle Maison : (résumé implication française, avant pendant après)… Rony Brauman : … pas de négationnisme d’Etat … erreur … il y va de sa crédibilité dans un certain nombre de pays… discours de la Baule… démocratisation… pluripartisme… Arusha… milices d’autodéfense villageoise… conflit armé ouvert… guerre… France tente de répondre par les accords d’Arusha… FPR… vote très minoritaire… saisir le pouvoir par la force… 1990… 1993… France a volé victoire militaire… montée aux extrêmes… le FPR impose une politique de terreur… Alain Finkielkraut : … massacres des 2 côtés… Rony Brauman : … il y a des affrontements à Kigali … gouvernement intérimaire avec la caution de l’ambassadeur… Rafaëlle Maison : négationnisme… pas que le génocide n’a pas exister… double génocide… représentation du génocide comme violence spontanée… Bruguières… discours négationnisme… imputation de la responsabilité du génocide… Etat français… conditions… Baule, Arusha… archives Elysée… imprégnation par une idéologie racial… cobelligérance … Alain Finkielkraut : … conflit interethnique… traumatisés de la Shoah… Faurisson… Chomski… Burundi 1975 100000 hutus massacrés… il faut que les Tutsi soient des juifs…Rafaëlle Maison : … Vichy, collaboration, … ca ne fonctionne pas… contexte post-colonial… stratégie d’extraversion… Rony Brauman : … paradigme Shoah embrouille… Patrick de St Exupéry n’arrête pas … une forme de chantage… (min31)… Kagamé… Ouganda… exemplaire … culture militaire… observation exactions… attentat en 1993… meurtres d’élus… dizaine de morts… attentats terroristes… guerre du Nord en 1996… démanteler les camps de réfugiés… APR… guerre sanglante… peu couverte par la presse… mars 1995 MSF témoin d’un massacre de milliers de personnes, camp de regroupement dans le résidu de Turquoise… Nations Unis a transformé en quelques centaines de morts… Kagamé juste après Beshir… centaines de milliers de morts… Alain Finkielkraut : … blanchiment avec complicité de ceux qui veulent vérité sur implication française… Rafaëlle Maison : … il ne faut pas créer un nouvel écran de fumée… Rony Brauman : … pourquoi ne l’appeler vous pas criminel ? … Rafaëlle Maison : … très difficile de se saisir de la question… Védrine… Alain Finkielkraut : … accusation de complicité de génocide… Rafaëlle Maison : … enjeu de connaissance… questions d’abord aux politiques… St Exupéry… ombre du droit pénal… accusation de complicité de génocide… refus de répondre de la part de la classe politique… Rony Brauman : … invasion du Congo … prédation… quand je regarde le groupe des accusateurs de la France… génocide reconnu par Alain Juppé… contrairement à Maison blanche… chassé croisé moralement terrible… gouvernement intérimaire… pressions n’ont pas été faites… différences entre après 7,8 avril et avant… France Culture… représentant des victimes (Kagamé) a tué plus de monde qu’Assad… Alain Finkielkraut : … témoignages… attentat… Afrique du Sud… crimes ciblés… effacer une version… si jamais il a participé a l’attentat cela ne change pas… génocide … Rafaëlle Maison : … enquête Bruguière… Rony Brauman : … pourquoi Kagamé a refusé enquête… Alain Finkielkraut : … on n’arrivera pas à faire la lumière… Rafaëlle Maison : … participation française… c’est pourquoi je suis venu… histoire politique, événementiel et pas anthropologique… Rony Brauman : … hypothèse solide que FPR a l’origine de l’attentat…

 

12 avril, Valeurs actuelles : Bernard Lugan, Roland Hureaux, Frédéric Pons

http://www.valeursactuelles.com/monde/g%C3%A9nocide-rwandais-kagam%C3%A9-persiste-signe

Paul Kagamé accuse une nouvelle fois la France d’avoir « participé » au génocide de 1994, qui a fait 800 000 morts. Il dénonce le « rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide ». Sont également mis en cause l’opération Turquoise, déployée en juin 1994 sous mandat des Nations unies, et les soldats français, qui auraient été « acteurs » des massacres perpétrés. Des accusations démenties à de nombreuses reprises par la France.

 

16 avril, Marianne : Péan

http://www.marianne.net/Rwanda-les-idiots-utiles-de-Kagame_a238138.html

Je suis convaincu depuis 1997, bien avant l’arrivée du juge Bruguière dans le dossier, que Paul Kagamé est bien le commanditaire de l’attentat. C’était alors un secret de polichinelle à Kigali. ..

 

16 avril, SudOuest : Christophe Lucet

http://www.sudouest.fr/2014/04/15/rwanda-les-nations-unies-celebrent-et-expient-le-genocide-1526525-4803.php

… Alors que le génocide couronnait dans l’horreur des décennies d’oppositions sanglantes entre Hutus et Tutsis rwandais, cette paralysie internationale fut celle de tous les grands pays représentés au Conseil de sécurité. Y compris donc de la France. Celle-ci fut pourtant la seule puissance à s’être reprise et a avoir essayé de secouer l’apathie générale. Le 22 juin, elle lançait – avec le feu vert de l’ONU – l’opération « Turquoise » dont le tort fut d’arriver trop tard – les massacres sont presque finis – mais qui a eu le mérite d’avoir existé, sauvé un certain nombre de vies, et d’avoir – malgré des ambigüités dans la définition d’une « mission humanitaire d’assistance aux civils avec recours à la force » – permis de « sauver l’honneur », celui de la France, et celui de la communauté internationale. ..

 

11 avril, Blog Opex360 : Laurent Lagneau (journaliste spécialisé défense)

http://unionrepublicaine.fr/mise-au-point-sur-le-genocide-rwandais/

Extrait(s) de l’ordre d’opération Turquoise (commentés).

 

9 avril, Jean-Dominique Merchet, sur Turquoise

http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/rwanda-1994-mettre-fin-aux-massacres-partout-cela-sera-possible-11176

Lire commentaire du 11 avril de LANTENAC 1793 (pseudo lieutenant-colonel Philippe Bény, dernier commandant de Noroît et membre du PCIAT de Turquoise ?) : … NOROIT a aidé les militaires rwandais de 90 à 93, tout à fait classiquement, mais n’a jamais eu affaire avec de prétendus paramilitaires qu’il aurait fallu entrainer directement ou indirectement comme futurs génocidaires. Et d’ailleurs ceux qui pensent que ces gens avaient besoin d’un entraînement par les français pour s’entrétripatouiller font preuve d’une ignorance totale du contexte.

 

7 avril, RTL : Alain Duhamel (vidéo)

http://www.rtl.fr/video/emission/l-edito-d-alain-duhamel/genocide-rwandais-kagame-utilise-la-france-7771021656
Kagamé… infamant, mensonger… il y a vraiment de quoi faire des reproches aux Nations-Unies… belges ont rien fait, la France au moins a essayé de faire quelque chose… Kagamé étranger à tout sentiment d’humanité… prend la France comme bouc émissaire… les militaires français n’ont évidemment pas participé aux massacres, le gouvernement Balladur avait cessé avant le génocide de fournir des armes. Il faut être honnête, François Mitterrand avait beaucoup soutenu, aidé, et même encadré, le gouvernement, hutu, précédent, qui n’avait pas fait de génocide, mais, tout de même, faisait des massacres et menaçait du pire. Non seulement, il avait aidé, mais les forces françaises avait été engagé contre Kagamé qui essayait de revenir dans son pays. Sur le plan politique la France avait encadré de près, participé à la préparation du gouvernement suivant donc on avait vraiment sur le plan politique des choses à se reprocher, et les diplomates français sur place avaient averti de ce qui risquait de se passer qu’on a pas pris en considération. On a des responsabilités politiques, on a pas de responsabilités militaires directes, …

 

7 avril, France2, 20h

http://www.francetvinfo.fr/rwanda-20-ans-apres-le-genocide-la-reconstruction_571481.html

Résumé sans explications des accusations Kagamé aux cérémonies « Les faits sont tétus. »

 

7 avril, France 3, 19/20

http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-3/19-20/jt-19-20-lundi-7-avril-2014_565851.html

6min30 : Accusations Kagamé aux cérémonies. Balladur répond à Kagamé : « La France n’est en rien complice du génocide… »

 

7 avril, RFI : Gérard Prunier

http://www.rfi.fr/afrique/20140407-rwanda-cible-est-pas-france-sont-etats-unis/

… Mais à quoi cela lui servirait-il ? En fait, la cible ce n’est pas du tout la France, ce sont les Etats-Unis. Les Etats-Unis commencent à en avoir sérieusement assez du comportement de M. Kagame dans la région, par rapport à ce qui se passe au Congo, par rapport à tout un tas d’autres événements. Et ils sont à l’heure actuelle en train de rompre plus ou moins avec le Rwanda. Ce qui était impensable il y a quelques années ! Et donc en fait, la véritable cible, elle est à Washington. .. Ce qui est fatigant avec la classe politique française, c’est qu’on a l’impression que les événements du Rwanda sont l’ultime étape d’une mémoire malheureuse de la France, qui remonte à Vichy, à 1940, à la guerre d’Algérie… Tout est prétexte pour se jeter à la figure les tristes aventures de la conscience malheureuse de la France. Le Rwanda a ses propres problèmes et ce n’est pas la peine de rajouter les problèmes français, qui sont autres, à ceux-là.

 

7 avril, 20 minutes : Bernard Lugan

http://www.20minutes.fr/monde/1345273-tensions-france-rwanda-manque-de-travail-de-repentance-ou-manipulation#commentaires

Tensions France-Rwanda: Manque de travail de repentance ou manipulation? … Bernard Lugan, africaniste spécialiste du Rwanda expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), et auteur d‘Un génocide en questions (éd. du Rocher), le regain de tension de ce week-end et les déclarations du président rwandais ne sont qu’une manipulation pour empêcher la justice française de faire son travail. «Le fond du problème est toujours de savoir qui a commis l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994, qui a déclenché la folie génocidaire», souligne-t-il. ..

28 et 31 mars, Marianne : Pierre Péan

http://www.marianne.net/Rwanda-J-ai-assiste-a-la-preparation-de-l-attentat-qui-a-declenche-le-genocide_a237714.html

Accusation de Micombero contre Kagamé sur attentat.

http://www.francerwandagenocide.org/documents/KayumbaNyamwasaMarianne28mars2014.pdf

Accusation de Nyamwasa contre Kagamé sur attentat.

NB 26 avril 2013 : Mehdi Ba sur accusations contre Kagamé

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130426173046/justice-rwanda-fpr-paul-kagamerwanda-les-introuvables-revelations-de-theogene-rudasingwa-sur-l-attentat-du-6-avril-1994.html

 

26 février, Pierre Péan : Noires fureurs, blancs menteurs Rwanda 1990-1994 (réédition)

http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/pierre-pean-noires-fureurs-blancs-menteurs-2588537.php

 

23 janvier, Bernard Lugan

http://www.decitre.fr/livres/rwanda-un-genocide-en-questions-9782268075792.html

Rwanda : un génocide en questions : Vingt ans après (avril 1994), il n’est plus possible de dire que le génocide du Rwanda était programmé, que la France en serait complice, que pour le commettre, les « extrémistes » hutu avaient créé une cellule secrète nommée Akazu, qu’ils avaient dressé des listes de Tutsi à abattre, qu’ils avaient fondé la radio des Mille collines pour les besoins de leur propagande génocidaire, qu’ils assassinèrent leur propre président en abattant son avion et qu’enfin ils firent un coup d’Etat dans la nuit du 6 au 7 avril 1994. ..

 


2.3 Politiciens et dirigeants français

 

4 juillet, Monde diplomatique : Philippe Leymarie sur armes et Védrine

http://blog.mondediplo.net/2014-07-04-Les-armes-ne-sont-jamais-neutres

… Tenir le choc : Autre cas de figure : la question du transfert d’armes françaises au Rwanda, dans les années 1990, qui reste controversée. Lors d’une audition par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, le 16 avril dernier, Hubert Védrine – qui était secrétaire général de l’Elysée en 1994 – a admis l’existence de livraisons d’armes à l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsi (avril à juillet 1994). Interrogé par le député socialiste Joaquim Pueyo, qui lui demande : « Est-ce que la France a livré des munitions aux forces armées après le début du génocide ? À quelle date ? », l’ancien secrétaire général de l’Élysée répond : « Ce que je crois être le cas, ce que j’ai compris à l’époque ou après, avec le recul ou maintenant, c’est que la France a donc armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise, avec un certain type d’armement qui n’a jamais servi au génocide. Donc c’était armé dans ce but à partir de 1990 et après. Donc il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc, parce que s’il n’y avait pas d’armée capable de tenir le choc, vous pouviez oublier Arusha et tout le reste, il n’y a plus les éléments, il n’y a plus le levier pour obtenir un compromis politique ». « Donc, poursuit Vedrine, il est resté des relations d’armement et ce n’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Ça n’a jamais été nié, ça. Donc, ce n’est pas la peine de le découvrir, de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable, masquée. C’est dans le cadre de l’engagement, encore une fois, pour contrer les attaques, cela n’a rien à voir avec le génocide ». Canons et machettes : Dans un commentaire, l’association Survie souligne que M. Vedrine, après Bernard Kouchner, reconnaît donc l’existence de ces livraisons. Mais, alors que l’ancien secrétaire général rappelle que « [les Hutu] n’ont pas fait les massacres avec les armes françaises fournies pour tenir la frontière avec l’Ouganda – les massacres, comme vous le savez, ont été faits à coups de machettes, village par village », Survie estime que « le distinguo qu’il opère entre les armes ayant servi à combattre le FPR et les armes ayant servi au génocide n’a aucun sens [7] », tous les modèles d’armes « légères » ayant été utilisés pour commettre les massacres. [8] L’association considère ainsi qu’Hubert Védrine devrait expliquer « qui sont les responsables politiques ou militaires français de l’époque qui ont donné l’ordre de livrer des armes aux génocidaires pendant le génocide, quels types d’armes ont été livrés, à quelles dates, par quels canaux, avec quels financements ». Et notamment quel a été le rôle de Paul Barril, ex-supergendarme de l’Elysée, signataire le 28 mai 1994 d’un contrat de fourniture d’hommes et de munitions avec le gouvernement intérimaire rwandais. Survie conclut qu’il « appartient au Parlement de demander des comptes au pouvoir exécutif sur la politique menée au Rwanda (…) le travail important conduit en 1998 par la Mission d’information parlementaire présidée par Paul Quilès n’ayant pas permis d’éclairer la question des livraisons d’armes pendant le génocide – ce qui sous-entend que l’exécutif a menti aux députés en leur cachant ces livraisons ».

 

3 juillet, RFI, François Léotard interviewé par Christophe Boisbouvier

Interview écrite complète

http://www.rfi.fr/afrique/20140703-francois-leotard-rwanda-france-defense-verite-position-france-livraison,-armes-genocide-tpi-justice/

Interview oral coupée

http://www.rfi.fr/emission/20140703-francois-leotard-ministre-francais-defense-moment-genocide-1994-rwanda/

CB : Commençons par le génocide. Le 27 avril 1994, au plus fort des massacres au Rwanda, deux membres du gouvernement intérimaire rwandais sont reçus à Paris par le gouvernement français. Ils vous demandent de l’aide. Qu’est-ce que vous leur répondez à ce moment-là ? FL : .. Il n’y a pas à ce moment-là de suspension des relations diplomatiques, ni même de rupture a fortiori. Et il y a un dialogue normal. Ce dialogue a commencé bien longtemps avant et s’est intensifié dans la période 90-94 au cours de laquelle les autorités françaises ont sans arrêt mis en garde Monsieur Habyarimana lui-même, et ensuite ceux qui l’ont entouré, contre le parti unique d’abord, contre les violations répétées des droits de l’homme et contre une attitude qui pouvait – on le savait bien et on l’a dit -, mener à des atrocités, à des massacres. CB :Mais après le 7 avril, date du début du génocide, est-ce que la France continue de livrer des armes au gouvernement intérimaire rwandais ou pas ?FL : Je vous demande instamment de regarder tous les documents qui sont, ou qui seront publiés, parce que moi je souhaite qu’on les publie tous, pour savoir s’il y a la moindre livraison qui s’est opérée à ce moment-là. Vous pouvez avoir accès à ce qu’on appelle les bleus ministériels, c’est-à-dire les réunions dans lesquelles se trouvent face à face, autour d’une même table, les représentants des divers ministères. Pour faire une livraison d’armes, il faut l’autorisation de plusieurs ministères et cela a toujours été respecté, et par le gouvernement et sous l’autorité du président de la République. CB : Donc vous dites, pas de livraisons d’armes françaises après le 7 avril. En avril et en mai 1994, le chef de la mission militaire de coopération, le général Huchon, reçoit régulièrement à Paris le colonel Kayumba du ministère rwandais de la Défense et le lieutenant-colonel Rwabalinda de l’état-major des Forces armées rwandaises (FAR). Est-ce que cette mission militaire de coopération aurait pu soutenir les FAR à votre insu ? FL :Je ne le pense pas. Je pense surtout que le contact devait être maintenu avec toutes les parties, y compris avec le FPR [Front patriotique rwandais] que vous ne citez pas dans votre propos, pour éviter que ça ne finisse pas, malheureusement comme ça a fini, du fait de l’effondrement d’ailleurs des forces armées rwandaises. CB : Le 6 mai 1994, le capitaine Paul Barril, l’ancien gendarme français de l’Elysée, part au Rwanda avec quelques hommes de confiance pour former des commandos rwandais dans la guerre contre le FPR. C’est une initiative privée, mais à ce moment-là est-ce que vous êtes au courant ? FL : Vous êtes journaliste. Monsieur Barril n’est pas un des gendarmes de l’Elysée comme la plupart de vos confrères le disent. Paul Barril monte une entreprise privée. Il fait ses affaires. J’imagine que les services de renseignements devaient avoir connaissance des activités de Paul Barril comme des activités de tous les trafiquant d’armes. Ça se sait, les gens peuvent le savoir. Mais ne me demandez pas si Monsieur Barril était mandaté par le gouvernement français. Ça c’est totalement faux. CB : Mais simplement en tant que ministre de la Défense à l’époque, vous êtes au courant qu’il part au Rwanda ? FL :On savait qu’il tournait dans le coin. Moi, vous savez, j’avais les notes d’informations et de la gendarmerie nationale et de la DGSE, et après, de ce qu’on a appelé la Direction du renseignement militaire, je ne les ai pas toutes en tête naturellement. Je souhaite qu’elles vous soient ouvertes. Je ne peux pas dire plus. CB : Depuis le 21 avril, un embargo de l’ONU empêche à ce moment-là la France et tous les autres pays du monde de livrer des armes au Rwanda, est-ce que à ce moment-là la société privée de Paul Barril peut permettre à certaines autorités françaises de contourner cet embargo. FL :Non, je ne crois pas. Je ne crois pas du tout. Surtout je vous en prie, ne mettez pas Paul Barril dans la catégorie des forces françaises. C’est ce qu’on appelle un mensonge. CB J’ai bien dit qu’il dirigeait une société privée. Je vous demande simplement si cette société ne peut pas servir de couverture ? FL : C’est totalement impensable ! Pour moi, c’est totalement impensable. Je vois mal des autorités militaires françaises passer par des intermédiaires de cette nature, avec en plus la réputation sulfureuse qui est la leur, pour faire ce genre de truc. CB : On arrive à la mi-juin 1994. La France lance l’opération Turquoise pour sauver les survivants du génocide. Mais n’est-ce pas aussi à ce moment-là, pour stopper l’avancée militaire du FPR ? FL : En aucune manière. D’abord, vous vous souvenez sans doute des cinq conditions que Monsieur Balladur avait émises devant l’ONU d’ailleurs. Ces conditions étaient très simples, un mandat de l’ONU. Les autres, vous les connaissez, pas de confrontations militaires avec le FPR et ça ne l’a pas été. A aucun moment, et au contraire quand il y avait des risques de ce genre, on a stoppé les hypothèses où il pouvait y avoir des combats. Et ils ont été stoppés, par l’encadrement même de Turquoise par les autorités politiques les plus élevées. J’ai été moi-même dans une situation de ce genre quand il y a eu risque à Butare, j’ai dit non, votre mission, votre mandat n’est pas celui-là, alors que je me permets de vous dire qu’ils étaient quelques fois menacés. CB : D’où le rappel du colonel Tauzin ?FL : Sans doute. CB Fin juin 1994, Kigali est sur le point de tomber aux mains du FPR. Aujourd’hui Guillaume Ancel, un ancien officier de l’opération Turquoise, affirme qu’il avait l’ordre d’opération de préparer un raid sur Kigali ? FL :  Il est normal que dans ces unités militaires, quand on veut réussir on prépare toutes les hypothèses. Je ne sais pas si celle-là était préparée. Je me tiens à la feuille de route qui était celle de Turquoise : sauver le maximum de gens. C’est ce qui a été fait. Je regrette d’ailleurs, je ne parle pas de vous-même, mais des médias en général n’avancent jamais cette raison. Ça a été fait pour des dizaines de milliers de personnes quelque soit leur origine. Je suis très fier de ce qu’a fait l’opération Turquoise. Et je le répéterai sur tous les tons, et dut-on rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda, ça m’est complètement indifférent. Jamais je ne m’excuserai au nom de la France. CB Voulez-vous dire qu’à ce moment-là, lorsque ce raid sur Kigali est éventuellement envisagé, vous vous y opposez au sein du gouvernement français ? FL : Non, parce que je n’ai jamais vu cette hypothèse. Je sais que l’inverse a été évoqué. « Surtout ne touchez pas à Kigali ». Et moi j’étais dans cet esprit, d’où la création de la zone humanitaire sûre. Il n’était pas question qu’on se lance dans une opération dans Kigali qui était beaucoup trop dangereuse si jamais il fallait la faire et, politiquement, extrêmement désastreuse. Donc non. CB : Le 27 juin 1994, vos soldats découvrent qu’il y a sur la colline de Bisesero à l’ouest du pays, plusieurs centaines de rescapés tutsis qui essaient encore d’échapper aux génocidaires. Mais l’opération de sauvetage n’a lieu que le 30 juin. Pourquoi ce décalage ? FL : Parce qu’on était en opération. Voilà c’est tout. Vous avez deux jeeps qui sont sur le terrain avec 4 ou 5 types dans chaque jeep. Vous allez faire des escalades pour aller chercher les gens alors que le soir tombe, alors que vous n’avez pas d’ordre dans ce sens, qu’on vous dit au contraire, « faites attention, vous ne savez pas qui c’est, revenez à votre base, demandez des ordres ». Pour vraiment juger, les pieds dans ses pantoufles vingt ans plus tard, c’est vraiment une connerie. Et je vous en prie, n’allez pas dans ce sens. CB : En juillet 1994, les principaux génocidaires du gouvernement intérimaire rwandais s’enfuient au Congo-Kinshasa par le poste frontière de Cyangugu. Or ce sont vos soldats qui contrôlent ce poste frontière. Pourquoi laissent-ils passer ces grands criminels ? FL : Parce que nous n’avions aucun mandat pour les arrêter. Est-ce que vous savez ce que c’est que le droit international ? Nous n’avions aucun mandat de l’ONU pour les arrêter. Alors qu’on ne nous demande pas à la fois, en même temps, et souvent par les mêmes journalistes, d’intervenir et de ne pas intervenir. Parce que ça, ça suffit ! CB : Est-ce que vous n’auriez pas pu les faire arrêter ou les mettre en résidence surveillée en attendant que les instances judiciaires internationales se prononcent sur leur cas ? FL C’est ça, gentiment avec des menottes, dans un coin, surveillés par des soldats français avec les photos que les gens auraient été bien contents de prendre. Non ! Ça n’a pas de sens. Nous avions un mandat, ce mandat nous l’avons respecté. Si jamais nous ne l’avions pas respecté, nous serions aujourd’hui devant le Tribunal pénal international. Ce n’est pas le cas et ça ne sera jamais le cas. CB : A l’époque, est-ce que le ministère de la Défense sait tout ce que font les militaires français ou bien est-ce que, via le chef d’état-major particulier de l’Elysée, le général Quesnot, et via les nouvelles forces spéciales des Commandements des opérations spéciales (COS), certaines choses peuvent vous échapper ? FL : Dans une opération aussi complexe, naturellement des incidents quotidiens peuvent échapper au ministre ou à ses collaborateurs. En général la circulation de l’information est fluide et transparente. En ce qui concerne les COS, il est normal que dans des unités opérationnelles, vous ayez une partie de ces unités qui soient discrètes, secrètes, c’est tout à fait normal. Ils continueront à le faire. Demandez et vous aurez j’espère la totalité des ordres qui ont été donnés, des dépêches diplomatiques, des consignes. Vous verrez bien à partir de ça. CB : A l’époque vous, le ministre de droite, vous cohabitez avec un vieux président de gauche. Est-ce que François Mitterrand n’a pas tendance à se méfier de vous et à vous court-circuiter ? FL : Tout cela est possible. La nature humaine est ainsi faite. Je n’ai pas eu ce sentiment, ni le Premier ministre, ni Monsieur Juppé. Nous avions un gouvernement qui était très solidaire pour traverser la période de cohabitation de la meilleure façon possible, c’est-à-dire ne pas donner le sentiment où la réalité qu’il y avait au sein de l’exécutif des divergences, je peux vous dire qu’avec le président de la République que je rencontrais plusieurs fois par semaine, il n’y a jamais eu la moindre différence d’interprétation. CB : Mais, avez-vous appris des années plus tard certaines initiatives dont vous n’étiez pas au courant à l’époque ? Non, aucune. Regardez les faits eux-mêmes et voilà. Essayez de vous mettre dans la position de soldats français qui se trouvent dans une situation de chaos généralisé avec des tueries de part et d’autres, y compris des tueries provoquées par le FPR également, hélas. CB : Vous parlez de vos soldats : de 1990 à 1994, l’armée française est au côté des Forces armées rwandaises (FAR). Et tout d’un coup, en juin 1994, vous demandez à cette armée de devenir neutre. Est-ce que nécessairement, il n’y a pas d’officiers français qui renâclent, qui restent fidèles à leurs anciens frères d’armes ? FL : Je n’ai jamais reçu cela comme information, ça m’étonnerait. Je sais ce qu’on leur enseigne dans les écoles de guerre et je sais que c’est une situation toujours très difficile, mais la première force d’un soldat, c’est d’obéir aux ordres qu’il reçoit. Je n’ai pas eu d’éléments me permettant de penser qu’ils n’y aient pas obéi. Or les ordres qu’ils recevaient étaient totalement autres, c’était de ne jamais affronter directement le FPR, ça a été le cas. Il n’y a pas eu un seul incident militaire à proprement parler, pas un seul mort du côté français, contrairement à ce qui a été dit par certains de vos confrères. Et deuxièmement ils avaient le devoir de sauver, sauver le maximum de vies humaines avec le minimum de forces du côté des Turquoise. C’était d’ailleurs de l’ordre de 700 hommes. En face, vous aviez une armée soutenue par la base arrière qui était l’Ouganda de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. .. CB : Lundi dernier, lors d’un colloque organisé à Paris par l’association RBF-France Forum, vous vous êtes prononcé pour la déclassification de toutes les archives concernant le rôle de la France au Rwanda. Est-ce que vous confirmez ? FL : Bien sûr. Je ne pense pas qu’il y ait sous la notion de secret défense, qui est réelle et qui est utile en général, là, quelque chose à cacher. En tout cas, je ne vois pas maintenant. Vingt ans après, il me semble que ça serait de bonne politique, justement pour apaiser, pour aller vers cet objectif de réconciliation, que tout cela soit mis sur la table avec le maximum de clarté. CB : Est-ce que vous savez que parmi les archives manquantes, il y a celles qui concernent votre visite au Rwanda en pleine opération Turquoise le 29 juin ? FL : Il y a des moments où on a envie d’être beaucoup plus méchants avec les journalistes. Un de vos confrères a dit « Monsieur Léotard est venu avec des belles chaussures ». Si c’est ça le journalisme, il faut mieux fermer la porte. Si c’est ça le journalisme, il y a vraiment de quoi pleurer. CB : Est-ce que vous avez des archives personnelles sur cette époque ? Est-ce que vous êtes prêt à les rendre publiques ? FL : Je n’en ai pas, j’ai tout laissé, les deux fois où j’ai été ministre à la disposition de l’Etat, c’est-à-dire aux archives nationales. CB : En 1997, une mission parlementaire Quilès a entendu plusieurs dizaines d’acteurs, de témoins. Mais en droit français, une mission ne peut pas obliger quelqu’un à témoigner. Est-ce qu’il ne faut pas aller plus loin et créer une commission ? FL : Si le Parlement décidait d’en faire une, elle aurait lieu. La justice est à l’œuvre. Le Tribunal pénal international a encore, je crois, 14 cas à examiner avant la fin de l’année. Mais si l’ONU ou si la France ont fait confiance en ce tribunal, ce n’est pas pour se substituer à lui. CB : Donc vous n’êtes pas pour une commission d’enquête parlementaire ? FL : Je m’en fous. Alors là, je peux vous dire, vraiment je m’en fous. Je ne suis plus parlementaire. Si elle a lieu et qu’elle me demande de témoigner, je viendrai avec beaucoup de bonheur. CB Je pense à vos collègues du gouvernement de l’époque, Edouard Balladur, Alain Juppé, Hubert Védrine le secrétaire général de l’Elysée. Dans cette volonté que vous avez de faire dévoiler toute la vérité, est-ce que vous êtes prêt à leur demander de s’associer à votre démarche ? FL : J’ai autre chose à faire actuellement. Je me suis retiré, … si je peux jouer un rôle qui permette d’avoir sur ce sujet, sur cette période, des éléments de vérité, je le ferai naturellement et c’est normal.

 

2-4 juillet, RBF France : colloque du 30 juin : vidéo Léotard et Kouchner

http://www.rbf-france.fr/Waiting/

Seule la vidéo fait foi :

B Kouchner (2min) : …On croit souvent que je n’ai pas approuvé cette expédition française, Turquoise… j’ai, en gros, consacré ma vie, enfin, une grande partie de ma vie, pour que ce droit d’ingérence, devenu responsabilité de protéger, existe et je ne désapprouvais pas par avance une intervention française. J’aurais aimé que cette intervention ne soit pas seulement française, oui. Et d’ailleurs, elle s’est faite avec l’autorisation des Nations-Unis, mais hélas seulement avec des français. J’aurais aimé… mais quand au pied du mur, peut-être parfois le maçon n’est plus le même. Donc dans l’événement, quel que soit le bien fondé des interventions qui ont eu lieu avant nous, la spontanéité et la proximité des meurtres, des assassinats du génocide Tutsi ne faisait pas de doute une seconde ! … Hélène Dumas… Gacaca… livre que j’ai fini hier… ordres directs par responsable locaux qui planifiait… 20 ans après… un certain nombre de gens sont restés muets, moi, le premier… j’ai essayé de parler… c’était indicible, en tout cas ce n’était pas entendu… je veux remercier François Léotard d’avoir accepté de parler avec nous… c’est la première fois… confiance en lui… orphelinat… 2000 ce qui deviendront les cadres du régime enfermés dans l’hotel des 1000 collines… je vous raconterai… j’étais plus ou moins, plutôt, de la façon dont ça s’est déroulé, plus que moins, l’envoyé de Boutros-Ghali. Donc il y avait une étiquette ONU, puisque je n’étais pas ministre, n’y rien du tout. Le massacre vous le découvriez en marchant… et après je lisais que la boue d’enfant… était une boue d’enfant Hutu, c’était absolument faux… Il s’agissait de massacres plannifiés… Hutus modérés comme on dit… les ONG étaient parties sauf la Croix-rouge internationale étaient restée dans un hopital. .. Après l’opération de secours, … je me suis aperçu… plafond… les orphelins étaient là… dans le plafond des adultes étaient là… j’ai eu un différent avec Kagamé… choix entre parent et 1000 collines, Kagamé préférait … 1000 collines… Je suis sorti du Rwanda, … mon idée était d’aller demander à Nelson Mandela d’intervenir et d’ailleurs, il a refusé. Je suis donc parti avec François Mitterrand dans cette visite en Afrique du sud, et malheureusement n’a pas dit oui tout de suite, il a l’a dit longtemps après, il est allé au Rwanda. Donc l’idée de l’opération Turquoise, je l’ai renontré en passant à Paris, parce qu’Alain Juppé était avec moi dans la station de radio où je parlais le matin, et j’ai dit à Alain Juppé : comment peut-on ne pas essayer d’empêcher le massacre de ceux qui restent. Il m’a dit ‘mais, nous y pensons’, et c’est là que François sera sans doute très clair, ‘nous y pensons, mais c’est pas acquis. Il y a des gens qui s’y opposent, et surtout, Kagamé ne veut pas. Et, j’ai dit à Alain Jupppé : ‘Kagamé, si coud décidez quelque chose, et si vous intervenez à Kihali, Kagamé, je vais lui expliquer. Et avec Gérard Laromme, qui était un ami d’Alain, enfin je ne sais pas, en tout cas, qui était membre de la cellule d’urgence, nous sommes partis tous les 2, et nous avons été voir Kagamé pour lui expliquer que l’armée française n’avait pas de vues hostiles, et qu’au contraire, on essayait de sauver, en particulier, à ce moment-là, il y avait des milliers de Tutsis qui étaient réfugiés dans ce que l’on appelle la sainte-famille, c-a-d beaucoup d’églises qui successivement vont vers le fleuve. Voilà comment çà c’est passé, et Kagamé a accepté. Malheureusement, ce n’est pas à Kigali qu’ils sont intervenus, les soldats de l’armée ,Turquoise, et là je préciserai peut-être après dans quel contexte çà se passait, un contexte très guerrier, parce qu’il y avait toute une tradition, non seulement d’aide à la formation de l’armée rwandaise, mais une détermination contre le FPR, très clairement, depuis des années. Et j’ai vu, que finalement, j’étais retourné, que Turquoise s’était disposée sur la route de l’exode des Hutus qui allaient se réfugier à Goma, qui allaient se réfugier vers la RDC. J’ai parlé après avec les gens qui dirigeaient cette opération, et j’aurais quelques questions à poser particulièrement sur Bisesero.

F. Léotard (12min) : … parler … je le ferais avec une approche réaliste de la vérité. .. question de la vérité et de la responsabilité. Dans une guerre, la première victime, c’est la vérité. Tout le monde sait cela, et c’est ce qui s’est passé… et la 2e c’est la responsabilité : qui a fait quoi ? Et je pense que cette question s’adresse, particulièrement, au rwandais qui sont présents, M l’ambassadeur, mais également aux français. … Finkielkraut « La démocratie, c’est l’organisation de la discorde »… dans cette salle, nous sommes certainement en discorde profond, et bien, nous allons regarder sur quoi elle repose et pour quelles raisons elle s’est établie. … trous derniers grands génocide ont été commis par européens… traite … indiens… juifs … En tant qu’européens, nous n’avons pas de leçons à donner. .. s’approcher de la vérité. Il y a 3 institutions en France, pas les media, qui sont en mesure d’approfondir cette question de la vérité, l’université, … la justice, il y a des procès qui sont en cours, une grande démocratie se juge au respect qu’elle porte à la justice, et enfin le parlement. Et le parlement dans une démocratie a fait ce qu’il devait faire, c’était la MIP sur les questions du Rwanda… chacun d’entre nous est capable d’être un bourreau… On a dit pour le Rwanda ‘mais ce sont des chrétiens, comment voulez-vous qu’ils assassinent leurs voisins, c’est ridicule’ les chrétiens sont capables d’être des bourreaux… St Barthélémy… Cambodge… Est-ce qu’il est possible que çà recommence, la réponse est oui… et ca recommencera… Alors, quelle était la position de la France dans ce domaine ? Moi, je suis tout à fait disposé comme certain historiens le demande à M Obama, que toutes les informations écrites orales, de tous les services concernés puisse être publiés, naturellement, tout simplement parce que je suis conscient que c’est par là, que passera la vérité. 2e affirmation, même si elle vous choque, je la répète en vous regardant dans les yeux : je suis responsable de l’opération Turquoise, … j’assume totalement cette responsabilité, et je vais encore un peu plus loin, avec une certaine fierté,… aucun regrets… Il n’y avait ni un allemand, ni aucun autre européen, même pas un américain. A 8000 kms de nos frontières, nous avons été capables de monter une opération, en louant des avions, dans un pays étranger, les pilotes étaient en général dans un état d’ébriété avancé, … ukrainiens… qui sont des grands spécialistes des génocides. … Nous avons fait ce que nous devions faire, ce que nous pouvions faire, et quand vous regardez la chronologie, 40, euh, pardonnez-moi, le lapsus est révélateur, parce que je crois que le premier début des génocides potentiels, des génocides avortés, c’est les lois de Vichy. Ca a commencé comme çà, on voit bien ce que les français auraient pu faire, si jamais il n’y avait pas eu la résistance, si jamais il n’y avait pas eu une culture de la démocratie. Ils auraient abouti au même résultat, naturellement sur les juifs. Ce que je veux dire, c’est que depuis 90, le discours de la Baule de M Mitterrand, jusqu’à 94, opération Turquoise, après le rideau tombe, tous les responsables français, de M Mitterrand à M Védrine, de M Balladur à votre serviteur, de M Juppé à je ne sais qui, assument cette responsabilité… La gestion de l’armée française dans cette affaire, extrêmement délicate, est conforme à tous les enseignements que l’on donne dans les écoles militaires, c-a-d le respect de la personne que l’on a en face de soit, le refus du meurtre, il n’y a eu aucun soldat tués, ce qui montre qu’ils n’ont pas participé aux combats en tant que tels, que ces questions de déontologie militaires ont été respectées. Si elles ne l’ont pas été, je vous écoute. Et j’écouterai surtout tous les témoignages écrits et oraux qui auront pu être fournis. Si RBF organise un nouveau colloque… je suis prêt à y participer

N Poincaré : … 1ere heureuse de Turquoise avec 1er RPIMA… je suis allé à Bisesero… Tauzin, Thibault… avant le dirigeant de fait de l’armée rwandaise… des français sont venus diriger l’armée rwandaise. Pourquoi quand on fait l’opération Turquoise, on met cet homme-là en première ligne ? C’est lui qui va répondre aux questions des JT, faire la une de Paris match. On a envoyé en première ligne un type qui était le copain des génocidaires, et qui s’est exprimé, qui a représenté la France.

F Léotard : Cher Monsieur, il fallait mieux, qu’il connaisse un peu le sujet quand même.

N Poincaré : Il connaissait le Rwanda… mais c’était vraiment, quelque jours après il va être rapatrié en urgence.

F Léotard : … intérêt de la France à sauver des gens… aujourd’hui Kagamé est en train de piller le Kivu. La France n’a jamais fait cela.

N Poincaré : … pas d’intérêts… la France a chois un camp, en partie sous la pression des militaires. Les militaires considèrent que le Rwanda est une sorte de porte avion au milieu de l’Afrique centrale et qu’il ne faut surtout pas l’abandonner aux anglo-saxons… une envie de ne pas perdre cette zone d’influence à 2 pas de Mobutu.

F Léotard : … Il y a un aspect culturel dans l’esprit de M Mitterrand, réellement, çà c’est tout à fait vrai, et quand on parle de Fachoda, ce n’était pas totalement en dehors de la culture qui était, si j’ai bien compris, maurassienne, de M Mitterrand. Ca c’est exact. Ca nous ramène quelques temps en arrière. Mais il y a eu cette idée, et elle s’est trouvée vérifiée si j’ose dire par l’attitude américaine. Les Etats-Unis soutenaient M Musévéni pour des questions tout a fait simple : C’était la guerre au Soudan, chacun des 2 pays et le Soudan et l’Ouganda soutenant une rébellion pour emmerder l’autre, et donc il y a eu cette attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l’Ouganda. C’est tout à fait vrai. Les armes et la formation de M Kagamé étaient américaines. Et nous avons eu avec les Etats-Unis, un dialogue un peu rude, naturellement, sur ce soutien. C’est comme cela. .. On a choisit un camp avec lequel nous avions signé un accord d’assistance et qui était celui des représentants légaux de l’Etat du Rwanda. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Comme on l’a fait dans toute l’Afrique. (Q : erreur ?). Comment une erreur ? avec 84% de la population c’est une erreur ? Je veux bien tout ce qu’on veut mais comment voulez-vous que la France ? Je voudrais que l’on résume en 2 mots, ce qu’a été la période 90-94 et notamment la liste incroyable des interventions françaises, des pressions qui ont été exercées sur M Habyarimana. Incroyable. Presque tous les jours des membres du gouvernement français, des conseillers techniques de la présidence de la république, des conseillers des ministères des Affaires étrangères et de la défense ont souligné le fait que le soutien n’était pas un homme, par un régime qui était très disqualifié, c’est tout à fait vrai, était au principe de stabilité, qui, si jamais il était ébranlé, mettait le feu à l’ensemble de la région des grands lacs. Tout le monde le savait. Le premier à le savoir, c’était M Kagamé, qui avait très bien compris, que si jamais, on touchait à se verrou-là, qui s’appelait le Rwanda, dominé de façon injuste, c’est tout à fait vrai, par les Hutus, on bousculait l’ensemble de la région, ce qui apparaît aujourd’hui dans sa stratégie internationale. Le quai d’Orsay, prenez toutes les dépêches, elles sont publiques. Toutes les dépêches des militaires, elles sont publiques… il n’y a aucune raison d’invoquer le secret-défense dans cette affaire. Il n’y a pas de secret-défense. Il n’y a aucune raison d’invoquer le secret-défense… Qu’on ait loué des Antonovs, qu’on ait mis tels unités militaires… aucun sens.

B Kouchner : Je note ce que tu viens de dire : qu’on puisse accéder aux documents, c’est capital, c’est ce que nous demandons depuis très longtemps.

F Léotard : Bien sûr.

B K : Si toi tu signes un petit papier avec nous ou avec (montre la salle), c’est qui.

F Léotard : Sans problème

B Kouchner : Je te remercie, et c’est pour cela que j’avais confiance en toi.

F Léotard : On peut aller voir Le Drian ensemble.

B Kouchner : Nous irons ensemble.

F Léotard : On ira ensemble.

B Kouchner : … J’ai parlé beaucoup avec François Mitterrand dans cette affaire. Beaucoup. Il a dit ‘J’ai vu 2 fois Habyarimana, et je n’avais pas du tout de préjugés à son encontre, mais je n’avais pas non plus de sympathie absolu ni pour lui ni pour son régime, et puis c’est tout’. Lorsque tu (FL) a parlé des conseillers de l’Elysée, là nous nous dirigeons vers une piste différente. Je pense, qu’en effet, il y a eu, et tu l’as bien décrit, ce qu’on appelle le complexe de Fachoda. C’était pour les français, avec l’habitude qu’on leur connait, de se croire les représentants de l’Afrique, en tout cas de l’Afrique sans aucun doute. Et nous avions organisé un sommet de la francophonie à Bujumbura juste avant, et, que cet endroit, le Burundi, le Rwanda et donc la RDC, étaient pour nous porte-avion oui quelque chose que nous devions pas abandonner. Et il y avait dans l’esprit des gens qui décidaient cela, je ne te dis pas qu’ils décidaient de Turquoise avec une arrière-pensée pour applique directement le plan français, non pas de domination mais de présence. Oui, ca a compté pour certains dont nous avons parlé tout à l’heure. Certains donc disaient, les belges ne sont pas capables de tenir les 2 pays, c’est évident, donc nous allons nous rester là. Il y a eu les accords d’Arusha et surtout la préparation pendant des années de ce compagnonnage entre les frères d’armes, qui existait légitimement à un moment donné bien sûr, mais qui a créé tout un Etat d’esprit, qui je pense, a évoluer, très défavorablement. Et en fait, nous étions, les français, au Rwanda pour faire face, oui c’est vrai en Ouganda, M Musevéni, on l’aimait pas, pourquoi j’en sais rien, … il parlait anglais justement, et aussi parce que c’était une pénétration à la fois anglaise, O perfide Albion, et américaine, alors-là honnis par tous les français bien entendu. Ce complexe-là dans l’esprit de l’entourage que tu connais, je pense que ca a joué un très grand rôle. Or, en plus, moi j’avais recommandé, par hasard, en parlant avec Juppé, que l’on intervienne à Kigali. C’est à Kigali, qu’il y avait encore la radio 1000 collines, qu’il y avait encore des massacres, etc et dans l’environnement. Nous sommes intervenus, François, sur la voie des gens qui allait partir, des fuyards, et je pense que c’était, encore une fois, c’était pas une faute militaire. J’ai jamais accusé les militaires français d’avoir tué à la machette des Tutsis… Il y a eu une très grande faute politique. D’abord dans l’analyse qui n’a pas été faite, non seulement la préparation du génocide, le fait que tout cela était extraordinairement bien orchestré, mais politiquement, qu’est-ce que ca voulait dire que les français viennent là, et qu’ils se heurtent à des gens qui étaient partis 20 ans 25 ans avant parce qu’ils avaient déjà été chassés. Personne n’a voulu analyser ce phénomène. Je ne parle pas seulement de la famille de M Kagamé… pas seulement en Ouganda, dans le monde entier, parce qu’elles avait été chassées., que le retour vers le pays qui les a vu naître, que même si Kagamé a été entrainé, je ne sais pas, formé, en partie aux Etats-Unis, cela n’enlevait rien au fait qu’ils rentraient chez eux. (interruption FL). Tout cela se combinait de telle façon qu’on appelé cet esprit de Fachoda… Nous nous sentions les représentants des bons contre les méchants, c’est aussi bête que cela. Cela a conditionné, et en tout cas, l’entourage. Tu étais ministre de la défense, François, tu ne t’occupais pas de tous les détails… Moi aussi j’étais d’accord avec Turquoise puisque je l’ai vendu à Kagamé, mais ca ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité, largement. … Lafourcade, j’ai discuté avec lui longuement. Il a dit ‘la seule chose qu’on ait fait, on a laissé passer le gouvernement’. Le mot génocide était déjà non seulement accepté par tous, mais prononcé aux Nations-Unis. Nous avions un mandat des Nations-Unis. On laisse passer le gouvernement, génocidaire, François, je ne sais pas si tu l’a su ? je ne t’accuse de rien, m’enfin, c’est pas bien. Et la 2e chose, c’est Bisesero ? … faute politique pas de la part des militaires, faute politique de la part du gouvernement et probablement de la part de l’Elysée.

F Léotard : Tu étais de gauche, moi j’ai toujours été de droite. S’il y a faute politique, ca serait celle de François Mitterrand.

B Kouchner : Mais oui absolument.

F Léotard : Ce que je ne crois pas (la faute politique de F Mitterrand)… Quel est le pays qui a le plus constamment et ardemment soutenu les accords d’Arusha ? c’est la France. Quel est le pays qui le plus soutenu les efforts y compris a Dat-es-Salaam ? C’est la France. .. Je défendrais mon pays sur ce sujet-là comme sur d’autres. .. Je trouve indécent que certains journalistes notamment trouvent une espèce de gisement publicitaire ou commercial dans l’accusation constante de la France, c’est insupportable. Je le dirais que çà plaise ou non… M Poincaré, je parle de votre collègue qui porte hélas un nom célèbre.

N Poincaré : Ce qui est intéressant c’est la continuité du camp qu’a choisi la France, avant pendant et après. Après, c’est encore très net. Vous avez l’honnêteté de le dire : ‘ on avait choisi un camp parce qu’il était au pouvoir et parce qu’il représentait ethniquement 84% de la population.’… 20 ans après dire que c’était le bon choix, il y a eu un génocide entre temps… accusation de meurtres … permettent à Védrine de ne pas répondre a d’autres questions… nos amis sont devenus des génocidaires…

F Léotard : Ce n’est pas le cas, je vous invite à relire le rapport de la MIP. C’est le parlement français, merde enfin. .. la justice… le juge Bruguière a été démis de ses fonctions parce qu’il était en train de s’apercevoir que c’était peut-être M Kagamé qui avait descendu l’avion.

B Kouchner : Mais non ! … (bruits dans la salle)

F Léotard : Sur la question des responsabilités, vous retrouverez dans le rapport de la MIP, comme dans les autres documents militaires ou diplomatiques, les appels constants de la France au respect des accords d’Arusha, aux conditions mises à son intervention, les 5 conditions, dont l’une n’a pas été respectée qui ont été mise par M Balladur au moment de l’intervention française, conditions qui ont été présentées à l’ONU… sur la présence de troupe autres que françaises, et sur le respect des conseils qui avaient été donnés par la France, notamment, le multipartisme, la démocratisation du Rwanda, et le respect des droits de l’homme.

N Poincaré : … Bisesero… La 1ere fois que j’en entends parle c’est F Léotard ‘on est plutôt content de comment ca se passe. On a une inquiétude, parce qu’à Bisesero, il y a des combats’… des commandos de marine qui se trompent de village… j’arrive à midi le vendredi. L’évacuation commence le soir. J’ai le temps … des cadavres, des milliers… différent avec St Exupéry : je pense que le pire a eu lieu courant mai et non pas dans les 48h qui ont précédés (Note : 27 au 30). Je ne suis pas parmi ceux qui pensent que le retard de 48h de l’armée française a eu pour conséquence des dizaines de milliers de morts.

F Léotard : Ce que je sais de cet accident, ce n’est pas un accident, c’est que c’était une ou 2 jeeps de l’armée française qui sont arrivées ne connaissant pas le terrain, et apprenant cela sont reparties pour avoir des ordres pour revenir ensuite. Qu’on ne dise pas, que ce sont eux, qui ont prêté la main au massacre… les militaires qui sont là en premières lignes, en général, ils n’ont pas les informations. Ce n’est pas si facile.

B Kouchner : Il y a un problème lourdement politique… on s’est trompé de camp. Je ne dis pas qu’il fallait choisir le camp de Kagamé. En tout cas, l’argument sur les accords d’Arusha, je le trouve tellement paravent. Personne ne savait qu’il existait des accords d’Arusha et personne ne les a appliqués. Que nous ayons participé, de loin, d’ailleurs en général, on avait un représentant, mais bon, c’était pas notre première préoccupation, ne suffit pas à dire que nous n’avions pas de quoi, on a des services, et je sais qu’il y a eu des télégrammes, câbles, secret mais qu’il faudrait mettre à jour (Note : en plein jour), qui prévenaient que la situation devenaient extrêmement dangereuse pour la population Tutsi.

F Léotard : Oui, c’est vrai.

B Kouchner : alors, on l’a absolument pas respecté. .. C’était de l’information avec le parlement, c’était pas une enquête.

F Léotard : Heureusement, il y a la justice pour cela

B Kouchner : pas la justice, mais par exemple, il y avait un seul français, pendant le génocide, c’était moi. Ils m’ont pas interrogé

F Léotard : C’est une énorme bêtise…

B Kouchner : Oui mais ce n’est pas une énorme bêtise au hasard. Je dois rendre hommage à … non on rend pas hommage à Quilès, c’est lui, qui a interdit que ma… parce que finalement Cazeneuve est venu m’interrogé, il était vice-président de la commission, en disant, je ne comprends pas pourquoi on ne t’a pas interrogé. J’ai répondu aux questions, ces questions n’ont pas été prises et publiées dans le rapport par Quilès, ni par quelqu’un d’autre.

Question : une nouvelle commission d’enquête 20 ans après ?

B Kouchner : Ah ben çà j’en sais rien, le problème est pas là. Je suis d’accord pour y participer. L’état d’esprit … à l’intérieur de l’Elysée, était un état d’esprit de forteresse assiégée, si j’ose dire. Il y avait des gens qui savaient ce qu’il fallait faire, qui étaient l’ennemi, et c’était malheureusement le mauvais. C’est cela qui s’est passé, c’est aussi bête que cela, la faute est politique. … A Bisesero, il y a eu 3 jours où l’ont pouvait intervenir…

F Léotard : Turquoise, ils étaient à 150 km de là. On a sauvé des dizaines de milliers de vies, de Tutsi et de Hutu, ca suffit au bilan. Je ne vois pas ce que l’on pouvait faire de plus…

B Kouchner : J’ai mal posé ma question. Est-ce que oui ou non on pourrait avoir tous les télégrammes, tous les ordres, tout ce qui s’est passé, les récits du commandement, et les récits de Paris par rapport au commandement, en ce qui concerne les 3 jours où à Bisesero on est pas intervenu.

F Léotard : Non seulement j’y suis favorable. Deuxièmement je suis persuadé qu’il n’y a aucun aspect de secret-défense dans cette affaire, et je suis prêt à aller avec toi, avec qui voudra, le représentant des victimes, voir M Le Drian sur ce sujet, en ce qui concerne la défense.

B Kouchner : Moi aussi.

F Léotard : Après, il faudra faire la même démarche avec le quai d’orsay. J’y suis tout à fait disposé, parce que je considère que ce qui a été fait par la France est à son honneur.

Question Szames : Faute à Bisesero ?

F Léotard : Pas du tout. … Autre exemple, Butaré, … toutes les instructions qui étaient données aux chefs d’unités c’était de ne pas engager un conflit avec le FPR. Qu’est-ce que vous voulez faire de plus ?

Débat :

Q d’une personne qui a fait une note pour MAE… Vous êtes de bonne foi quand Turquoise a été décidé. Simplement, vous ne pouvez pas maîtriser le comportement des militaires (B Kouchner : absolument) et la fraternité qui a existé entre 90 et 93 entre les militaires français et les militaires rwandais. ((B Kouchner acquiesce)

F Léotard : La dernière phrase de votre propos est probablement juste, en esprit. Encore un fois publions la totalité des commandements qui ont été donnés, la totalité des instructions, je ne vois pas ou est le secret, la totalité des comportements qui ont été observés. L’armée française n’est plus une armée de colonisation, plus une armée d’occupation, et c’est une insulte que de le dire. La responsabilité politique… la hiérarchie. Vous avez le Psdt de la République… 1 1er ministre du camp opposé… nous avons beaucoup veillé a cela, que la collaboration entre ces 2 hommes ces 2 courants de pensée soit totale. C-a-d que nous n’avons pas voulu exposer la France à un différent public sur affaire aussi grave, aussi dangereuse. Il n’y a pas eu de différent public sur ce sujet. Vous savez vous me mettez dans une drôle de position, j’étais un des rares à être réservé sur l’opération Turquoise… il y avait 2 raisons au moins: la première c’était que nous venions de finir la rédaction du Livre blanc sur la défense, ca n’existe pas comme hypothèse de travail des participations des forces françaises ce que j’avais dit mezo voce à M Mitterrand et M Balladur. La seconde c’est Srebenica… nous étions … et je comprends très bien les américains, qui eux sortaient de la Somalie… Vous ne trouverez plus jamais un casque bleu français… être une force d’interposition c’est la pire des choses, on se fait tirer dessus de tous les côtés. … Yougoslavie… Boutros-Ghali… jamais plus.

B Kouchner : Je ne veux pas accabler… au minimum une faute d’analyse grave qui aurait pu être bégnine… il y a eu le génocide le plus meurtrier et le plus rapide de l’histoire… dans l’esprit politique de l’époque… visites Kagamé et Sarkozy… mérite de Turquoise… Je ne sais pas qui prenait les décisions à l’Elysée. Il y avait le … chef d’Etat major particulier du président de la république et il y avait 2 généraux qui parlaient j’imagine. Bisesero… des centaines de gens… Il y a eu une vraie faute dont tu n’es pas responsable… on pouvait pas en parler…

N Poincaré : les soldats n’étaient pas à 150 km mais à Kibuye à 20min de routes

Ambassadeur du Rwanda : … Arusha… accord si bien soutenu… gouvernement formé dans les locaux de de l’ambassade de France… massacre des politiques… coup d’état… ce gouvernement a continué d’être soutenu pendant 3 mois, jusqu’à être exfiltré. Opération Turquoise… pas mandat de sauver le Tutsi… arrêter Kagamé … 20 ans après regard plus humble pour avancer…

F Léotard : je refuse les excuses, j’en ai marre des excuses. Sur le soutien de l’armée française, il a été réel au FAR, … on les a soutenu parce qu’on savait très bien que s’ils s’effondraient, ce qui s’est passé d’ailleurs, immédiatement c’était des massacre. On le savait çà. Quand on a parlé ce matin de la prévention. On savait que les massacres étaient potentiels, c’est évident. … la ZHS… on les a viré les FPR… euh les FPR… excusez-moi, les FAR…

Public : armes…

B Kouchner : laisser passer le gouvernement a été reconnu par le commandement de Turquoise, est quelque chose difficile à avaler.

F Léotard : On est pas des flics.

B Kouchner : si tu le reconnais… Il y avait des ordres qu’on ne connaissait pas.

F Léotard : Transformer l’armée française en unité de flic, c’est quand même assez extraordinaire… Chaos total… au maximum 700 soldat français… 40 000 soldats du FPR, de l’APR… Ouganda… au début c’est une attaque venant de l’extérieur… traité conclu avec la France… FPR soutenu par l’Ouganda…

David Servenay : à M Léotard, Jean-Christophe Ruffin… mission… objet véritable de la mission ? COS : vu de ministre ?

Laure de Vuilpian : Bisesero : 27 juin… tournée des popotes… Gillier ? Diego ? 500 soldats rebelles ? 1000 personnes sauvés… 3 jours… 1 milliers de morts… FPR à Bisesero intoxication des autorités rwandaises ?

Q CPCR Mme Gauthier: entrainement des milices par armée française ? Assassinats à l’ambassade de France?

Q CPCR M Gauthier: complicité ? Présumés génocidaires en France : ex Mme Habyarimana ?

F Léotard : (Q1) COS… et DRM… idée de L’amiral Lanxade… les meilleurs… clandestinement quand nécessaire… 5000 soldats à Sarajevo… (Q2) FPR à Bisesero : (une intoxication) c’est possible … question technique du renseignement… itinérant… manque d’information… 1000 sauvés à Bisesero… (Q3) entrainement des milices … livre du professeur Lugan… Péan… non… formation des FAR…

B Kouchner : … Péan … faux témoins. Complicité… on va consulter les documents… ne pas admettre une faute politique et c’est très français… compagnon d’armes avec ceux qui … justice française… Belgique … débat excuses… Clinton excuses… Rose Kabuye… dossier vide… mandat Bruguière vides… Trévidic…

F Léotard : Non j’ai pas tout su… JC Ruffin… sauver des otages en Yougoslavie… mission… d’écouter dialoguer et rendre compte… gestion d’information…

 

1er juillet, Le Monde : Cyril Bensimon

http://www.lemonde.fr/international/article/2014/07/01/la-volonte-de-declassifier-l-ensemble-des-archives-sur-le-rwanda-gagne-du-terrain_4448564_3210.html

La volonté de déclassifier l’ensemble des archives sur le Rwanda gagne du terrain. La demande était jusque-là portée par quelques associations et journalistes, elle vient de trouver un allié inattendu en la personne de François Léotard, ministre de la défense à l’époque de l’opération « Turquoise », qui s’est prononcé pour la déclassification de toutes les archives concernant le rôle de la France au Rwanda. Vingt ans après, cette intervention militaire, déclenchée le 22 juin 1994 en plein génocide des Tutsi, suscite toujours la polémique. « Nous avons tout intérêt à ce que la vérité soit dévoilée », a-t-il déclaré lors d’un colloque organisé, lundi 30 juin au Sénat, par l’association RBF France-Forum de la mémoire. .. Réplique de François Léotard, … « On a choisi le camp des représentants légaux du Rwanda, soit 84 % de la population. Nous ne soutenions pas un homme, mais un principe de stabilité. » Refusant toute demande d’excuses de la France et déplorant l’inaction des autres pays occidentaux, l’ex-ministre de la défense concède cependant que « le syndrome de Fachoda », qui illustre la rivalité entre Français et Anglo-Saxons depuis la fin du XIXe siècle en Afrique, était encore bien présent dans l’esprit de François Mitterrand et de ses conseillers. .. La France a-t-elle rééquipé l’armée rwandaise en débandade après sa fuite vers le Zaïre et alors que le génocide était déjà achevé, comme l’assure Guillaume Ancel, un ancien officier de « Turquoise » ? « Je ne me souviens pas avoir reçu d’informations sur le sujet », affirme François Léotard, qui admet « ne pas avoir tout su ». Selon une source diplomatique, le Quai d’Orsay travaille actuellement à ouvrir de nouvelles archives sur le Rwanda. Cette volonté de faire la lumière sur les zones d’ombres qui entourent l’action des grandes puissances durant le génocide dépasse le cadre hexagonal. Plusieurs dizaines de chercheurs américains ont envoyé à Barack Obama une pétition pour qu’une centaine de courriels envoyés par l’administration Clinton au moment des faits soit rendue public.

 

1er juillet, CPCR : Alain Gauthier, sur Léotard et Kouchner au colloque RBF France 

http://www.collectifpartiescivilesrwanda.fr/colloque-au-senat-organise-par-rbf-france/

… Jacques SEMELIN,… a révélé qu’une centaine de chercheurs américains venaient de demander au président OBAMA de lever le secret sur les messages échangés avec le Rwanda entre les années 1990-1994… la seconde table ronde était certainement la plus attendue. Si elle a eu le mérite de mettre en présence Bernard KOUCHNER et François LEOTARD, ministre français de la Défense en 1994, … monsieur LEOTARD … a rappelé qu’il était « le responsable de l’opération Turquoise », opération dont la France doit être « fière ». L’armée française n’a rien à se reprocher. Il a terminé en recommandant la lecture de son auteur favori, Bernard LUGAN, ce qui a provoqué des huées dans la salle. Et de rajouter, comme pour provoquer: « Je peux aussi vous conseiller Pierre PEAN! Vous avez votre bibliographie, moi, j’ai la mienne ». Quant à Bernard KOUCHNER, il a surtout insisté sur « les fautes politiques » du gouvernement français de 1994, sans oublier son expérience personnelle pour sauver « des orphelins » et pour rencontrer Paul KAGAME. Mais il refuse, comme il l’a déclaré à Kigali en avril, de reconnaître la moindre « complicité » du gouvernement français de 1994. Le seul reproche qu’il a pu faire à LEOTARD, c’est d’avoir « laissé passer le gouvernement génocidaire (au Zaïre) », décision « difficile à avaler ». De véritable débat, il ne pouvait donc pas y en avoir, les deux protagonistes n’ayant pas, finalement, des positions si différentes. Ils se sont cependant mis d’accord pour demander, ensemble, la déclassification des documents « secret défense » concernant cette période, ce que nous demandons depuis longtemps avec les associations comme Survie, la FIDH, la LDH ou la LICRA. Participait aussi au débat Nicolas POINCARE, journaliste présent au Rwanda pendant le génocide, et qui n’a pas manqué de mettre les hommes politiques en face de leurs responsabilités, en particulier à propos des massacres de Bisesero. Le débat était animé par Michaël SZAMES, rédacteur en chef adjoint de la chaîne Public Sénat. ..

NB : Autre compte rendu sur un blog : http://goodmorningafrika.blogspot.fr/2014/07/genocide-rwandais-les-reponses-de.html

 

30 juin, colloque RBF France au Sénat avec François Léotard et Bernard Kouchner

http://www.rbf-france.fr/Waiting/#

Note R*E: RBF France a indiqué que la vidéo du colloque serait publiée très vite (pas fait le 1er juillet).

… Le grand débat : France-Rwanda, vingt après. De la discorde à la réconciliation ? Intervenants : M. Bernard Kouchner, ancien Ministre des Affaires étrangères, M. François Léotard, ancien Ministre de la Défense, M. Nicolas Poincaré, journaliste à Europe 1, Modérateur : M. Michaël Szames, Rédacteur en chef adjoint Public Sénat.

 

30 juin 2014, revue Histoire : François Léotard

http://www.histoire.presse.fr/actualite/francois-leotard-declassification-archives-concernant-role-france-au-rwanda-30-06-2014-104789

François Léotard pour la déclassification des archives concernant le rôle de la France au Rwanda. François Léotard et Bernard Kouchner ont débattu du rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 lors d’un débat à l’occasion du colloque « Rwanda : Réflexions sur le dernier génocide du XXe siècle » organisé ce matin au Sénat par RBF France-Forum de la Mémoire, en partenariat avec L’Histoire, Afrique contemporaine et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Des militaires français étaient présents au Rwanda de 1990 à 1994. Partis après les accords d’Arusha signés en août 1993, ils sont revenus à partir d’avril 1994, après le début du génocide, pour des opérations discutées. C’est l’ancien ministre de la Défense de François Mitterrand en 1994, François Léotard, qui avait organisé l’opération Turquoise, sous mandat de l’ONU. Estimant que la France n’a rien à cacher ni à se reprocher, il s’est déclaré favorable à la levée du secret défense qui entoure le rôle de la France dans cette opération et dans les relations franco-rwandaises de 1990 à 1994. Il a également déclaré qu’il joindrait ses efforts à la mise en place d’une nouvelle commission d’enquête et s’associerait aux victimes ou aux associations qui demandent que les archives soient ouvertes et publiées, aussi bien celles de l’Élysée, du ministère de la Défense, des instructions qui ont été données aux unités et des informations connues par les soldats français.

Note R*E : En attendant la vérification sur ce qui a été dit au colloque lui-même, il faut remarquer que François Léotard a parlé de publication des archives en interview ensuite, et que c’est Bernard Kouchner qui a mis l’accent sur une « levée du secret-défense » en interview. Ce n’est pas la même chose. C’est sans doute l’idée de publication des archives qui semble faire consensus entre les 2, selon François Léotard, celles » du ministère de la Défense, celles des instructions qui ont été données aux unités, celles qui viennent en retour des informations connues par les soldats français », avec l’idée de contacter JY Le Drian, ce qui implique a priori une levée de secret-défense sur une partie, mais pas seulement une levée de secret-défense.

 

30 juin 2014 : Jeune Afrique : François Léotard

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140630163509/

François Léotard, ex-ministre français de la Défense au moment du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, s’est prononcé en faveur de la levée du secret défense des archives, au cours d’un colloque organisé par l’association RBF France – Forum de la mémoire. Il a en outre reconnu que l’opération turquoise avait pour objectif de soutenir les Forces armées rwandaises. C’est la surprise d’un débat très attendu. François Léotard, ministre français de la Défense au moment du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, s’est prononcé pour la levée du secret défense sur les archives de l’armée française à cette époque. « Nous pouvons aller le demander à [Jean-Yves] Le Drian « , l’actuel ministre français de la Défense, a-t-il même proposé à Bernard Kouchner, ancien ministre français des Affaires étrangères, à qui il était opposé. Le statut d’ancien ministre de la Défense ne confère aucun pouvoir particulier à Léotard pour obtenir cette décision. Mais il donne un poids particulier à une demande qui était, jusque-là, portée par des associations et ONG, notamment de rescapés, critiques du rôle de l’armée Française au Rwanda en 1994. Il est le premier haut responsable français de l’époque à s’exprimer en ce sens. « Je joindrais mes efforts, bien sûr aux victimes, aux enfants et parents de victimes, mais aussi à toutes les associations qui le souhaitent, pour que toutes les archives soient ouvertes, publiées, a-t-il précisé devant des journalistes au sortir du débat. Nous avons déjà les archives du conseil restreint de l’Élysée. C’est à mon avis une grande première dans l’histoire politique française. Il faut également celles du ministère de la Défense, celles des instructions qui ont été données aux unités. Je les assume, encore une fois (…) Mais je ne laisserai jamais ternir la réputation d’une force militaire qui s’est trouvée engagée toute seule […] dans une opération extrêmement délicate, qui a sauvé des dizaines de milliers de vies humaines. » (Audio 1) Interrogé sur les objectifs militaires de la controversée opération française turquoise, il a reconnu un « soutien lié par les accords que la France avait passé et qui consistait tout simplement à faire en sorte que ne s’effondre pas la force qu’on considérait comme la force principale à l’époque – […] les forces armées rwandaises -, qui si elle s’effondrait, donnerait immédiatement naissance […] à des violences et des massacres. C’est exactement ce qui s’est passé », ajoutant qu’à l’époque, Paris était « inquiet de l’éventuelle prise de Kigali ». (Audio 2) Pour le reste, les positions des deux têtes d’affiche ont été conformes aux convictions qu’on leur connaissait. Kouchner a été le procureur prudent de l’action de la France au Rwanda, évoquant « une très grande faute politique » et déclarant encore que « laisser passer le gouvernement génocidaire [au Zaïre], c’était difficile à avaler ». Quand à Léotard, qui faisait face à un public globalement hostile dans une salle pleine, il a campé sur ses positions (« je défendrai mon pays, sur ce sujet-là comme sur d’autres », a-t-il affirmé) même si ses diverses déclarations ont parfois semblé contradictoires. Ainsi, après avoir en préambule assumé toute la responsabilité de la controversée opération militaro-humanitaire turquoise (« l’opération turquoise, c’est moi », a-t-il déclaré), il a affirmé avoir été « un des rares » à avoir émis des réserves sur cette opération. L’ancien ministre a en outre conseillé la lecture du « professeur [Bernard] Lugan », historien d’extrême droite aux thèses très contestées sur le génocide (qui affirme, par exemple, que celui-ci n’a pas été planifié)

Audio 2 «  Question : Est-ce le 22 juin, il n’y a pas eu dans un premier temps 1 ordre qui était de bloquer le FPR et d’empêcher la prise de Kigali ? Réponse FL : On verra. Je n’ai pas le souvenir de cela. Nous étions inquiets par l’éventuelle prise de Kigali. Cà c’est tout à fait vrai. Nous avons créé après la Zone Humanitaire sûre, pour éviter qu’il y ait des fuites trop considérables de Hutu ou de Tutsi d’ailleurs, vers l’étranger, c’est-à-dire, vers le Zaïre. On sécurisait pour faire que les massacres s’arrêtent, nous ne sommes pas allés au-delà. »

 

30 juin, Public sénat : François Léotard et Bernard Kouchner

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/rwanda-leotard-favorable-a-la-levee-du-secret-defense

Léotard favorable à la levée du secret défense : … l’ancien ministre de la Défense (1993-1995), François Léotard, s’est prononcé pour la levée du secret défense qui entoure le rôle de la France dans l’opération Turquoise lancée en 1994 au Rwanda. « Je joindrai mes efforts, (…) pour que toutes les archives soit ouvertes, publiées », affirme François Léotard. « Nous avons tout intérêt à ce que la vérité soit dévoilée ». « J’assume la totalité de l’opération turquoise, sous mon autorité », ajoute l’ancien ministre de la Défense.

Vidéo : F Léotard : « … J’assume la totalité de l’opération turquoise, sous mon autorité et sous l’autorité du gouvernement de la République à l’époque c-à-d celui de M. Balladur et du président de la République M Mitterrand. Je joindrais mes efforts, notamment bien sûr aux victimes, aux enfants et parents de victimes, mais aussi à toutes les associations qui le souhaitent, pour que les archives, toutes les archives, je ne vois pas où est le secret-défense dans cette question, que toutes les archives soient ouvertes, publiées. Nous avons déjà les archives de l’Elysée, du conseil restreint de l’Élysée. C’est à mon avis une grande première dans l’histoire politique française. Il faut également celles du ministère de la Défense, celles des instructions qui ont été données aux unités, je les assume, encore une fois, celles qui viennent en retour des informations connues par les soldats français. Mais je ne laisserai jamais ternir la réputation d’une force militaire qui s’est trouvée engagée toute seule, sans aucun soldat étranger, à part les sénégalais, à ses côtés, et en tout cas, pas un seul européen, pas un anglais, pas un allemand, etc.. dans une opération extrêmement délicate, qui a sauvé des dizaines de milliers de vies humaines. (Q). Je l’ai dit à l’instant, je me joindrais à toutes les personnes ou associations, ONG ou autres, à condition que ce soit un front uni, qu’on ait pas 15000 demandes, qui pourrait venir voir le ministre de la défense d’aujourd’hui, et le ministre des affaires étrangères d’aujourd’hui, pour demander que toutes les archives soient ouvertes au public. La France n’a rien à cacher dans cette histoire, en tout cas, c’est ce que j’estime. Si à ce moment-là, on trouvait qu’il y a des fautes, on le dira, pourquoi pas. Nous avons tout intérêt dans une affaire aussi grave que celle-là à ce que la vérité soit dévoilée ».

Vidéo : B. Kouchner : « Il y a eu toute une série, une continuité d’analyses, qui n’étaient pas justes, et qui ont abouti à un soutien un peu inconsidéré de gens qui deviendront les génocidaires. Alors, la faute est politique. Encore une fois, je n’accuse pas du tout, et ce n’était pas le but de cette réunion, d’accuser les soldats français d’avoir participé, eux-mêmes, c-a-d, d’avoir tué, absolument pas. Mais, ceci s’est passé dans un contexte très particulier où nous croyions représenter ce que nous pensions être la position de la France, contre les belges, contre les anglais, contre les américains, l’Ouganda, etc.. C’était une erreur, ce que l’on a appelé l’esprit de Fachoda. Après qu’il y ait eu des détails importants, scandaleusement importants, comme qui a donné les ordres à Bisesero, où les troupes de Turquoise ne sont pas intervenues pour arrêter le massacre, des choses comme cela, ce n’est pas du tout François Léotard qui l’a su. J’ai trouvé très bien, il était très sincère, très courageux de venir répondre. Il a répondu avec beaucoup de franchise, et nous avons obtenu, tous ensemble, lui aussi, que le secret-défense soit levé. Il y a rien à cacher, il a dit, deuxièmement que l’on fasse une commission d’enquête. C’est parfait. Nous n’en demandons pas plus, peut-être que c’est nous qui nous trompons… Ca va entraîner quelques démarches, sûrement. Il a même proposé que nous allions ensemble voir Le Drian, c’est parfait. Tout çà fait avancer les choses. Il faut que nous connaissions la vérité, ou que nous ayons une approche réelle, profondément sincère de ce qui s’est passé. Et puis, c’est indispensable, pour ce que l’on appelle l’honneur de l’armée française et l’honneur de la France, absolument, que je ne mets pas en cause. J’ai jamais dit, encore une fois, que des soldats français ont été responsables de meurtres. »

 

30 juin, Gérard Longuet

http://www.revueconflits.com/lhommage-que-nous-devons-a-nos-armees/
http://www.france-turquoise.fr/images/stories//pdf/gerard%20longuet.pdf

… Peu importe que des hommes d’opinions différentes mais également respectés comme Paul Quilès ou Alain Juppé s’indignent publiquement. Peu importe qu’une commission parlementaire, en 1998, dont le rapporteur était Bernard Cazeneuve, ait consacré des centaines d’heures d’auditions et ait produit des centaines de pages de conclusions, sans équivoques, concernant notre armée, peu importe que le Tribunal d’Arusha ait exonéré les principaux inculpés rwandais de la préméditation de génocide, peu importe que le FPR de Paul Kagamé ait envahi à plusieurs reprises et victorieusement au printemps 1994 le Rwanda où son soutien populaire était parfaitement minoritaire, peu importe tout cela, il faut que la France soit coupable. Et ne pouvant s’attaquer au Président en charge du dossier, François Mitterrand, ou aux ministres qui suivirent le dossier, PS pour les uns comme Marcel Debarge ou Paul Quilès, de droite pour les autres comme Alain Juppé, François Léotard ou Jacques Pelletier, les détracteurs s’attaquent à l’armée française. ..

 

19 juin, Védrine (en « conversation » à La Haye) (rapporté par Colette Braeckman)

http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2014/06/19/le-congo-deja-saisi-par-la-fievre-electorale/

… Face à cet assaut d’ignorance avouée, Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l’Elysée, explique que « le président Mitterrand avait compris dès le début, c’est-à-dire dès l’attaque du FPR en 1990, le risque de guerre civile et de massacres qui en découlaient. Il pensait donc qu’il fallait arrêter l’engrenage…Pour moi, il est également évident que, sans les pressions, et pas seulement le soutien, de la France, les protagonistes ne se seraient pas pliés aux accords d’Arusha (en réalité personne ne voulait le partage du pouvoir et pour le FPR, les perspectives électorales étaient incertaines). La France a fait pression sur le président Habyarimana pour qu’il partage le pouvoir, elle a encouragé un gouvernement intérimaire dans lequel il y avait aussi des opposants et finalement elle a quasiment imposé Arusha. En tous cas elle n’a pas « soutenu » le régime, c’est plus compliqué…» L’ancien secrétaire général de l’Elysée poursuit : « Lorsque nous avons été informés de l’attentat du 6 avril, le président Mitterrand est venu dans mon bureau en disant « c’est épouvantable, ils vont se massacrer. Tout ce que nous avons fait depuis 1990 est par terre… » La seule à se soucier du Rwanda, à s’y engager, à convaincre les Nations unies de s’impliquer, à y retourner en juin 1994 pour tenter de « faire quelque chose », après avoir longuement et vainement tenté de convaincre le président Habyarimana de partager le pouvoir, c’est donc la France, qui, selon Hubert Védrine, « n’a donc rien à se reprocher… sauf d’avoir échoué. » Sûr de lui, droit dans ses bottes, il réfute en bloc les livraisons de munitions à l’armée gouvernementale, constatées en avril 94 par le colonel Marchal (adjoint de Dallaire), il minimise le témoignage du journaliste Patrick de Saint Exupéry, témoin du massacre des Tutsis à Bisesero. « Je suis sûr qu’il a vu des choses insoutenables et je respecte sa réaction bouleversée. Mais je réfute totalement ce qu’il écrit sur la politique française ; je crois qu’il se trompe totalement et que son acharnement haineux envers l’armée française ou François Mitterrand n’est pas rationnel… » De la même manière, M. Vedrine refuse de commenter la réunion qui eut lieu le 9 mai à Paris, entre un émissaire rwandais, le colonel Rwabalinda et le général Huchon qui dirigeait à l’époque la mission militaire de coopération, réunion où fut discutée, entre autres, la livraison d’armes et de matériel de communication. Polie, l’assistance observe un silence diplomatique. Seule Prudence Bushnell ose s’interroger sur les « amitiés personnelles » et les « intérêts » de la famille Mitterrand au Rwanda tandis que le général Dalllaire met les pieds dans le plat : « je connaissais Kouchner depuis sa première visite en mai, où il voulait nous donner un coup de main pour évacuer les orphelins. Mais lors de sa deuxième visite, il m’a expliqué qu’il était dans mon bureau au nom du président Mitterrand afin de préparer l’opération Turquoise. Cela m’a beaucoup surpris…Déjà en avril, les troupes françaises avaient emporté les véhicules de ma mission afin d’évacuer les ressortissants blancs…» Si la France est titillée, la Belgique se voit reprocher d’avoir non seulement retiré son contingent de 50 Casques bleus mais aussi d’avoir fait du lobbying pour que les autres pays en fassent autant. Le major-général ghanéen Henry Anyidoho, chef d’état major de la Minuar, rappelle que son pays, lui, n’a pas failli : « malgré la décision du Conseil de sécurité, notre bataillon de 700 hommes n’était pas prêt à quitter le Rwanda… » L’ambassadeur du Nigeria Ibrahim Gambari confirme : «opposés à la réduction des effectifs, les Ghanéens, en restant au Rwanda, ont réussi à sauver 5000 personnes….»Soucieux de la réalité des faits, le général Dallaire tient cependant à rappeler qu’en mai 1994, alors que le Conseil de sécurité commençait à parler de renforts pour une nouvelle mission, le FPR s’y opposa. Les officiers du Pentagon, eux aussi, refusaient obstinément mes plans… » Au milieu de ces échanges à fleurets mouchetés, Jean-Hervé Bradol, qui dirigeait en 1994 la mission de MSF au Rwanda et le journaliste Jean-Philippe Ceppi, à l’époque envoyé spécial de Libération…

 

3 juin, Védrine : livraison d’armes

http://www.mitterrand.org/Intervention-a-la-Commission-de-la.html

Je constate que certains sites essayent d’interpréter de façon inexacte et erronée, la réponse à une/des questions lors de mon intervention à propos du Rwanda, le 16 avril 2014, devant la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. Cela concerne le passage suivant : « Ce que j’ai compris à l’époque ou après, avec le recul, ou maintenant, c’est que la France a armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée Ougandaise. Avec un certain type d’armement. Qui n’a jamais servi au génocide. A partir de 1990 et après. Il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc. Parce que s’il n’y avait pas eu d’armée capable de tenir le choc vous pouvez oublier les accords d’Arusha et tout le reste : il n’y aurait plus eu les éléments, le levier pour obtenir un compromis politique. Donc il est resté des relations d’armement. Et il n’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies. C’est la suite de l’engagement d’avant. La France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Cela n’a jamais été nié. » Ces propos constitueraient selon certains un « aveu » de ma part quant à des livraisons d’armes par la France au moment même du génocide rwandais. Il n’y a aucun aveu. Ceux qui l’affirment oublient de reprendre le début de mon propos, en particulier la référence à la date de 1990. Je rappelle les raisons pour lesquelles des livraisons d’armes avaient eu lieu à partir de cette date. Elles sont connues : il s’agissait de contrer l’offensive du FPR, soutenu par l’armée ougandaise, laquelle conduisait à la guerre civile et à la déstabilisation du pays, rendant impossible la solution politique que la France recherchait à partir de 1990 jusqu’à la conclusion, en 1933, des négociations sur les accords d’Arusha. Lorsque j’indique que des livraisons se sont poursuivies après, c’est bien après 1990 mais pas après le début du génocide. Un embargo total a d’ailleurs été décrété par la France le 8 avril 1994. En ce qui concerne d’éventuelles livraisons d’armes après le début du génocide, je n’en sais pas plus que ce que l’on trouve dans le rapport de la mission Quiles/Cazeneuve : « La Mission n’entend pas sur ce problème épuiser la réalité du sujet et notamment elle ne prétend pas, s’agissant du trafic d’armes, élucider tous les cas évoqués à travers différents articles ou ouvrages, de marchés parallèles ou de livraisons effectuées au moment des massacres […] Qu’il y ait eu du trafic d’armes incontrôlé, cela est plus que probable si l’on se réfère par exemple aux transactions menées par la société Dyl Invest. Comme l’a fait remarquer M. Ahmedou Ould Abdallah à la Mission, l’Afrique est aujourd’hui remplie d’armes venues du trafic et, selon lui, il est illusoire de prétendre pouvoir un jour arriver à contrôler et sanctionner ces flux illicites. […] En revanche, la violation de l’embargo et les exportations illégales d’armements, qui auraient été connues des autorités françaises, et qu’elles auraient laissé se produire, n’ont pas été démontrées. » Fort de cette constatation et devant la Commission, j’ai surtout voulu m’élever contre le lien spécieux que font certains entre la fourniture d’armes pour contrer une invasion, et le génocide intervenu ensuite. C’est d’ailleurs insensé de penser que qui que ce soit en France en 1994, civil ou militaire, ait pu décider d’envoyer des armes pour servir à un génocide ! Ceux qui affirment cela en se répétant, mais sans jamais apporter de preuves sérieuses, se rendent-ils compte de ce qu’ils prétendent ? Il est temps d’aborder cette tragédie avec honnêteté intellectuelle, respect des faits, rigueur historique.

NB Rappel des propos réels :

http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5324.commission-de-la-defense–m-hubert-vedrine-sur-la-politique-de-la-france-au-rwanda-16-avril-2014

Joaquim Pueyo : « Est-ce que la France a livré des munitions aux forces armées après le début du génocide ? À quelle date ? » Réponse Hubert Védrine : « ce que je crois être le cas, à l’époque ou après, y compris maintenant, c’est que la France a donc armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise, avec un certain type d’armement, qui n’a jamais servi au génocide. Donc çà été armé dans ce but, à partir de 1990, et après. Donc, il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc parce que si vous n’aviez pas d’armée capable de tenir le choc, vous pouvez oublier Arusha et tout le reste, il n’y a plus les éléments, il n’y a plus le levier pour obtenir un compromis politique. Donc, il est resté des relations d’armement et c’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Ça n’a jamais été nié, ça. Donc, c’est pas la peine de le découvrir, de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable masquée. C’est dans le cadre de l’engagement, encore une fois, pour contrer les attaques, ça n’a rien à voir avec le génocide, et même les attaquants les plus violents contre la France, n’ont jamais osé écrire ou raconter que le génocide lui-même, village après village avait été fait avec des armes fournies par la France à l’armée rwandaise, contre les attaques du FPR. Il faut distinguer les 2. »

 

23 mai 2014, rencontre Fabius-Kagame à Libreville

http://www.rfi.fr/afrique/20140523-france-rwanda-rencontre-fabius-kagame-cordiale-pragmatique/

 

10 mai, Fondation Mitterrand : Paul Quilès : texte du colloque du 1er avril au Sénat

http://www.mitterrand.org/Rwanda-Intervention-de-Paul-Quiles.html

Citation extraite du passage sur le TPIR : « On ne peut donc exclure l’hypothèse que le génocide ait été perpétré de manière largement spontanée en réaction à l’assassinat du Président Habyarimana »

+ vidéo de l’intervention de Paul Quilès lors du colloque du 1er avril organisé par Démocraties intervenants

Mardi 1er avril 2014, en introduction à un colloque sur le Rwanda qui se tenait au Sénat et organisé par Démocraties, l’ancien ministre Paul Quilès, en sa qualité de président de la Mission d’information sur les opérations militaires menées par la France, d’autres pays et l’ONU au Rwanda entre 1990 et 1994, prononçait le discours suivant. Compte tenu des accusations actuelles portées contre la politique française au Rwanda, l’Institut publie ce texte qui éclaire sur les événements intervenus de 1990 à 1994, sur ceux intervenus depuis et sur le contexte actuel. « Le génocide perpétré au Rwanda entre avril et juillet 1994 fait partie des grandes tragédies du 20ème siècle. A nouveau, le monde a connu une tentative d’extermination d’un groupe d’hommes en raison de leur naissance. Depuis cette date, on a assisté à un flot de récits, de témoignages -dans lesquelles il est parfois difficile de discerner la vérité des faits-, d’analyses parfois contradictoires, de polémiques, souvent violentes, avec des retombées inévitables sur la scène internationale. Force est de constater que peu d’intervenants ont réussi à faire abstraction de leur subjectivité, ce qui est regrettable, mais certainement explicable en raison de l’émotion considérable suscitée par l’énormité de la tragédie. »
(Paul Quilès – 20 octobre 2007) Depuis 1994, s’est ajoutée à ce terrible drame une confusion (involontaire ou pas) dans l’analyse des faits. Il est vrai qu’en s’éloignant de l’évènement, le risque, bien connu des historiens, est d’oublier les faits, de les gommer, de les transformer, ce qui peut conduire à des simplifications abusives, des caricatures et parfois même à des manipulations. Les accusations portées contre la politique française au Rwanda ont parfois été d’une très grande violence. Certaines sont formulées de bonne foi par des personnes sincèrement bouleversées, qui ne comprennent pas que la France, qui s’était fortement impliquée dans la gestion de la crise rwandaise, ne soit pas tout simplement intervenue militairement pour mettre fin au génocide par la force. Elles sous-estiment les contraintes de la politique internationale et les conséquences du refus catégorique par le FPR de toute intervention française qui l’aurait conduit de fait à limiter ses ambitions de contrôle politique total du Rwanda… À l’origine, les mises en accusation calculées de la France sont le fait de personnalités politiques tutsies, africaines anglophones, anglaises, américaines et belges. Elles ont été reprises sans examen critique par une partie de la presse française. Le plus souvent, ces controverses franco-françaises, émanent de certaines ONG, ou de quelques journalistes bouleversés par ce qu’ils ont vu en 1994, ce qui est compréhensible, mais parfois aussi d’autres, engagés à charge, tels des procureurs. Les accusations contre la France : Si l’on résume ces accusations, régulièrement réfutées mais sans cesse répétées, la France aurait, de 1990 au déclenchement du génocide, en avril 1994 : soutenu au Rwanda un régime dictatorial et ethniste, dans le but de préserver sa zone d’influence en Afrique ; laissé ce régime diffuser une propagande raciste anti tutsie et se livrer à des massacres de populations tutsies qui annonçaient le génocide à venir ; contribué par son aide militaire à la préparation du génocide. En outre, au moment du génocide, d’avril à l’été 1994 : elle aurait soutenu la constitution par les auteurs du génocide d’un gouvernement de fait, dit « gouvernement intérimaire » ; elle aurait refusé de porter secours aux victimes, qu’elles soient tutsies ou « hutues modérées » ; elle aurait aidé les auteurs du génocide à fuir le Rwanda avant la victoire définitive du Front patriotique rwandais (FPR). Il a été répondu à ces accusations aberrantes et il faudra probablement encore le faire. Ces accusations apparaissent dénuées de tout fondement si on les confronte point par point aux faits établis dès 1998 par la Mission d’information parlementaire que j’ai présidée et par les témoignages des protagonistes recueillis et à la lumière des nombreuses informations recueillies depuis. Il est parfaitement normal d’évaluer la politique étrangère française, là comme ailleurs et à tout moment et certaines interrogations sont donc légitimes. Mais d’autres frappent par leur outrance, leur simplisme, leur partialité. Il en a été ainsi, à certains moments, des accusations portées par le gouvernement rwandais ou ses porte-parole (rapport Mucyo publié en 2008, par exemple). Elles ont confiné à l’absurdité, par exemple lorsqu’il a été soutenu que la France aurait lancé l’opération Turquoise pour sauver les responsables du génocide : ces individus n’avaient nullement besoin de l’aide de la France pour quitter le Rwanda et si elles avaient voulu les aider, les autorités françaises n’auraient certainement pas attendu, comme elles l’ont fait, l’accord du Conseil de sécurité. La France ne peut pas être tenue pour responsable, encore moins coupable de ce qu’elle a cherché à empêcher par tous les moyens à sa disposition, même si elle a malheureusement échoué. La réalité des faits a été établie par la Mission d’information de 1998. .. La mission a analysé 15 000 pages de textes, de télégrammes diplomatiques et de documents militaires ; pour 7000 pages, la classification “secret défense” a été levée et certaines d’entre elles ont été publiées en annexe du rapport. Le travail d’élucidation sur cette douloureuse période était nécessaire, compte tenu des liens étroits qui avaient uni depuis des décennies la France et de nombreux pays africains. La mission d’information a présenté les faits et les enchaînements, qu’elle a tenté de mettre au jour, de la manière la plus rigoureuse et la plus incontestable possible. Cet effort d’analyse des mécanismes et des motivations d’une intervention militaire française à l’étranger répondait également à la préoccupation de permettre au Parlement de mieux comprendre les ressorts de l’action diplomatique et militaire française. Les grandes étapes qui ont ponctué les quatre années de conflit (1990-1994) ont été analysées. Dans l’enchaînement complexe des évènements, nous avons voulu comprendre la responsabilité réelle de la France et les raisons qui l’ont conduite à mener une politique parfois interventionniste aux côtés d’un régime politique critiquable. … Après le départ des Belges, la France a cru pouvoir intégrer ce petit pays dans l’ensemble africain francophone. L’aide militaire qu’elle a apportée au Rwanda pour l’aider à se défendre contre l’attaque du FPR menée à partir de l’Ouganda s’est accompagnée d’efforts pour convaincre le régime de se démocratiser et de laisser la place à un gouvernement, un Parlement et une armée mixtes (Hutu et Tutsi). Ces efforts furent couronnés de succès, avec les accords d’Arusha (août 1993), qui permirent aux forces françaises de se retirer, laissant la place à celles de l’ONU. [1] Mais ces accords n’avaient été considérés par les extrémistes hutus que comme une concession provisoire. Dans ce contexte de méfiance et de haine, le pouvoir rwandais, fortement centralisé par tradition, disposait des moyens d’entraîner les populations hutues dans la violence. Il était assuré de la collaboration de la plupart des pouvoirs locaux, secondés, le cas échéant, par des structures paramilitaires ou des éléments des forces armées rwandaises (FAR). Sous cette pression et sous l’influence d’une propagande diffusée en particulier par une radio privée largement écoutée, la « radio libre des mille collines », un grand nombre de Rwandais ont acquis la conviction intime que le meurtre des Tutsis était le seul moyen d’assurer définitivement leur sécurité. Ils en sont venus à envisager le meurtre systématique de l’autre, l’éradication de l’ennemi intérieur, comme un remède préventif à leurs craintes d’une prise de pouvoir du FPR et d’une domination tutsie. L’assassinat du Président Habyarimana (6 avril 1994) et l’impact des conflits du Burundi voisin, également déchiré par des affrontements entre Hutus et Tutsis, ont alors donné à un groupe de Hutus extrémistes l’occasion de se saisir du pouvoir et de déclencher le génocide. Des Rwandais ont alors, pendant plusieurs semaines, tué d’autres Rwandais, dans les conditions d’atrocité que l’on sait. Au-delà des erreurs et des maladresses de la France, le rapport pointe le rôle des autres acteurs, qu’il ne faut pas sous-estimer : la Belgique, qui a abandonné le Rwanda au moment où il fallait y rester, l’ONU, dramatiquement absente ou incapable d’intervenir, les Etats-Unis, qui ont, de façon constante et délibérée, contribué à bloquer les décisions du Conseil de Sécurité… Il n’est pas excessif de dire que la communauté internationale a fauté au Rwanda, par manque de volonté, que ce soit avant ou après le déclenchement du génocide. Si la France a mené seule l’opération Turquoise à but humanitaire (21 juin au 21 août 1994), c’est bien parce qu’aucun autre pays ne voulait s’y engager ! Nous avons enfin avancé des propositions susceptibles d’éviter que de telles tragédies se reproduisent. Elles concernaient différents domaines correspondant aux carences analysées tout au long du travail de la mission. Nous avons proposé par exemple :

une meilleure coordination des actions diplomatiques et militaires, au sommet comme sur le terrain et une plus grande transparence dans la gestion des crises internationales ; le contrôle parlementaire effectif des interventions militaires hors du territoire national et la connaissance par le Parlement des accords de défense ;

la réforme de notre coopération avec les pays africains ; la gestion des problèmes de sécurité en Afrique au niveau multilatéral (en particulier européen) et non plus bilatéral ; la réforme du mode d’intervention des forces de l’ONU pour maintenir ou rétablir la paix. Le travail de notre Mission a été considéré comme une grande première. C’était en effet la première fois que le Parlement enquêtait sur le prétendu “domaine réservé” que constituent la défense et la politique étrangère. Et nous l’avons fait sans complaisance aucune. Ecoutons à ce propos le jugement d’une des meilleures analystes du drame rwandais, la chercheuse Claudine Vidal :
« Il ressort du rapport parlementaire une vue généralement sévère des orientations soutenues : erreurs d’appréciation sur les réalités politiques rwandaises (« sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais »), « coopération militaire trop engagée » (entre 1990 et 1993), « inaction de la France pour prévenir le génocide par des actions concrètes », une série de critiques vise les actions des autorités françaises durant le génocide puis pendant l’opération Turquoise. (….) Néanmoins l’enquête dégage fermement la France de toute implication dans l’exécution du génocide. » Il n’empêche que les attaques n’ont pas manqué. Le terrain médiatique était occupé depuis 4 ans par un autre récit, fondé sur ce que Claudine Vidal appelle une « interprétation conspiratoire de la politique française ». Selon elle, ces auteurs et ces groupes militants s’étaient donné pour tâche (je cite) « de révéler les ressorts cachés de l’action française au Rwanda. Ils dénoncèrent l’existence de complots, de faits secrets, de liaisons clandestines, d’agents et de bureaucraties cachés qui auraient dominé les institutions publiques, grâce à la complicité d’acteurs officiels. (…….) En 2004, … Quoi de neuf depuis la publication du rapport de la Mission parlementaire ? Huit évènements ou documents sont à prendre en considération.

1– Rapport établi par l’ONU (15 décembre 1999) : Une Commission indépendante d’enquête « sur les actions des Nations Unies lors du génocide au Rwanda » a été constituée en mars 1999 à la demande de Kofi Annan, alors Secrétaire général de l’ONU. Dans son rapport, remis le 15 décembre 1999, cette commission, présidée par Ingvar Carlsson, ancien Premier ministre de Suède, est parvenue aux conclusions suivantes : « L’ONU a failli à ses obligations envers le peuple rwandais lors du génocide de 1994 » Cet échec est la conséquence d’un manque de ressources et d’un manque de volonté politique. En conséquence la Commission formule principalement deux recommandations : « Des efforts renouvelés devraient être fournis pour améliorer la capacité de l’ONU en matière de maintien de la paix, y compris en mettant les ressources nécessaires à sa disposition. » « L’ONU — et notamment le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes — doivent être disposés à passer à l’action pour prévenir des actes de génocide ou des violations massives des droits de l’homme en quelque endroit qu’ils puissent avoir lieu. » La Commission demande en particulier que les mandats des opérations de paix soient mis en pleine adéquation avec les besoins sur le terrain. Ces recommandations qui sont à l’origine de la doctrine de la Responsabilité de protéger rejoignent celles de la mission d’information parlementaire mais sont loin d’être complètement appliquées, comme on le constate notamment au vu de la paralysie de l’ONU face à de nombreuses crises humanitaires (par exemple en Syrie). S’agissant de l’analyse de l’échec de l’ONU et de ses États membres lors du génocide, le rapport relève notamment les faits suivants : au début du génocide, l’ONU et ses États membres, surpris par le déroulement catastrophique des évènements, n’envisageaient l’intervention internationale que comme une médiation dans une guerre civile. La priorité était alors donnée, à tort, à l’instauration d’un cessez-le-feu. Ce n’est que fin avril que la nécessité de mettre fin aux massacres a été généralement admise mais, même alors, le dialogue entre les parties a été recherché. La rupture complète avec le gouvernement intérimaire, responsable du génocide, n’est intervenue qu’en juin. La France n’était donc pas seule à faire cette erreur d’analyse. La paralysie de l’ONU résulte aussi du refus par le FPR d’accepter la présence d’une force internationale significative, qui aurait pu le priver des fruits de sa victoire militaire. Enfin, le rapport souligne les effets dévastateurs de la réduction du format de la force des Nations Unies (MINUAR) et de l’insuffisance de son mandat (fondé sur le Chapitre VI de la Charte et ne permettant donc pas l’emploi de la force pour son exécution).

2- Rapport établi par l’OUA, devenue depuis Union africaine (mai 2000) : L’OUA a également publié en mai 2000 un rapport sur le génocide du Rwanda. Ce rapport est sévère pour la France, à laquelle il reproche en particulier son soutien au Président Habyarimana, malgré les violations des droits de l’Homme commises par son régime. Il dénonce par ailleurs un soutien français aux auteurs du génocide lors de l’opération Turquoise. Il semble cependant que ces accusations, presque toujours sans preuve, aient été formulées pour les besoins de la symétrie : le rapport énonce en effet par ailleurs de vives critiques à l’encontre du FPR. …

3- Bilan des travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) : Le TPIR, mis en place en novembre 1995, est en train d’achever ses travaux. Toutes ses sentences de première instance ont été rendues. Le TPIR a permis l’inculpation de près de 80 individus et la condamnation des principaux responsables du génocide. Il est à noter que le TPIR n’a pas pu établir de planification du génocide. On ne peut donc exclure l’hypothèse que le génocide ait été perpétré de manière largement spontanée en réaction à l’assassinat du Président Habyarimana sous l’effet de quatre facteurs : des structures politiques extrêmement centralisées, l’institutionnalisation de la division ethnique, un climat de haine raciste et un contexte de violences armées persistantes, malgré les accords d’Arusha.

4- Instructions des juges Bruguière et Trévidic : … Or les forces du FPR savaient utiliser ces missiles, qu’elles avaient effectivement employés contre l’armée gouvernementale rwandaise. L’armée rwandaise, en revanche, ne disposait pas de missiles sol-air (dont elle n’avait pas besoin puisque le FPR n’utilisait pas d’hélicoptères) et ne comptait pas d’hommes capables de s’en servir.

5- Rapports rwandais : Sans doute pour contrecarrer l’impact de l’enquête du juge Bruguière et mettre en difficulté la France, le gouvernement rwandais a fait établir en novembre 2007 un rapport « sur l’implication de l’État français dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré au Rwanda en 1994 ». Ce rapport a été rédigé par une commission qualifiée d’indépendante présidée par Jean de Dieu Mucyo, ancien procureur général, ancien ministre de la justice du Rwanda. Il contient des accusations d’une très grande gravité contre les militaires français, mais parfaitement dépourvues de crédibilité : fichage informatique des Tutsis, tortures, enlèvements, assassinats massifs et systématiques. Il accuse également les forces françaises de Turquoise d’avoir participé à des massacres de Tutsis et les médecins militaires français de s’être livrés à des refus de soins et à des amputations abusives à l’encontre de Tutsis. En conséquence, le rapport demande, par symétrie avec les conclusions du juge Bruguière, l’inculpation des principaux responsables de la politique française à l’égard du Rwanda entre 1990 et 1994.Il est à noter que le rapport reconnaît que la quasi-totalité des militaires français avait quitté le Rwanda au moment du génocide, ce qui affaiblit fortement la portée de ses accusations. Un autre rapport, confié à Jean Mutsinzi, ancien président de la Cour suprême du Rwanda et publié en janvier 2010, affirme que l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana a été organisé par le colonel Théoneste Bagasora, responsable du génocide et condamné pour ce motif par le TPIR.

6- Enquête des juges espagnols : …

7- Intervention de Paul Quilès auprès de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU

Le 11 septembre 2008, Paul Quilès s’adressait au Secrétaire général de l’ONU dans une lettre. « … La multiplicité des travaux publiés risque de donner une image éclatée, peu cohérente des évènements et ce d’autant plus que leurs conclusions sont souvent dissemblables, voire contradictoires. Des faits mis au jour dans le cadre des procédures judiciaires consécutives au génocide sont en outre susceptibles de remettre en cause certaines conclusions des enquêtes menées jusqu’à présent. (….) Il me paraît essentiel d’éviter que cette accumulation de faits et cette multiplication d’interprétations contradictoires ne créent la confusion, n’entretiennent des polémiques partisanes et n’amènent en fin de compte l’opinion publique internationale à se désintéresser des immenses tragédies vécues par les peuples du Rwanda et de la République démocratique du Congo. Nous ne pouvons pas laisser s’installer le scepticisme ou l’indifférence à l’égard de crimes contre l’humanité qui figurent parmi les plus graves de l’histoire contemporaine. (….) Je vous propose donc de soumettre l’ensemble des travaux conduits jusqu’à présent sur les causes, le déroulement et les conséquences du génocide du Rwanda à l’examen d’une commission constituée de personnalités indépendantes à l’expertise reconnue. Cette commission serait chargée de procéder à l’évaluation de toutes les enquêtes conduites sur l’ensemble de ces évènements, en tenant compte de tous les faits mis à jour dans le cadre des procédures judiciaires auxquelles ils ont donné lieu. Ainsi pourrait être établie, à l’intention des gouvernements et des opinions, une analyse impartiale et incontestable, qui apporterait, à mon sens, une contribution essentielle aux efforts de réconciliation et de reconstruction dans la région des Grands Lacs. Elle éclairerait utilement les travaux des Nations Unies relatifs à la responsabilité internationale de protéger. » La réponse du secrétaire général de l’ONU a été malheureusement négative, en s’appuyant sur une argumentation contestable qui considérait que « toute tentative de réexamen des conclusions des commissions et missions d’enquête ne pourrait s’effectuer que sur la base de mandats émanant des organes et institutions à l’origine de leur mise en place »

8- Evolution de la perception internationale du régime rwandais : … Il est apparu par la suite que le Rwanda cherchait à développer une présence dans l’est du Congo pour en exploiter les richesses minières. .. Le cycle de violence est entretenu par la présence persistante de groupes armés soutenus notamment par le Rwanda en vue de l’exploitation illégale des ressources minières dans un contexte d’impunité généralisée, d’affrontements ethniques et d’incapacité des forces de sécurité à maintenir l’ordre. L’ingérence du Rwanda, qui appuie le mouvement rebelle M 23, a été condamnée par les États-Unis et de nombreux pays européens (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas). Elle l’a également été par le Conseil de sécurité de l’ONU, notamment dans sa résolution 2076 de novembre 2012 qui a fait suite à l’occupation de Goma par le M23 avec l’aide des forces rwandaises. Globalement, les guerres du Congo, dans lesquelles le régime rwandais porte une lourde responsabilité, ont causé la mort de centaines de milliers de personnes. Le caractère répressif du régime rwandais a également été dénoncé depuis quelques années. ..

Conclusion : L’écriture de l’histoire du génocide des Tutsis rwandais a pris plusieurs formes (comme le dit Claudine Vidal) : l’écriture judiciaire, celle de Kigali, celle des conspirationnistes, celle des négationnistes ou encore l’écriture compassionnelle. Est-ce que la vérité des acteurs suffira à se dégager de certaines de ces dérives ? Cela semble d’autant plus compliqué que l’on entend parfois des vérités contradictoires. Je préfère pour ma part me concentrer sur la vérité des faits, qui est certainement la meilleure façon de lire l’Histoire. C’est à partir de la somme de ces faits, présentés avec toute l’objectivité possible – ce qui n’est pas toujours évident- que l’on pourra sérieusement appréhender la vérité sur cette énorme tragédie, qui a marqué tout un peuple et qui restera pour ceux qui ne l’ont pas vécue directement une abomination. ..

 

10 mai, Fondation Mitterrand : Hubert Védrine

http://www.mitterrand.org/Editorial-47.html

La commémoration de l’événement déclencheur du génocide rwandais, le 6 avril 1994, ainsi que l’hommage aux victimes ont été tristement marqués par la relance d’attaques injustes, infondées et haineuses contre la France. Elles ont été le fait du président rwandais Paul Kagamé et de ses relais, prenant Paris par surprise. Comme si, sur la défensive, il avait à nouveau besoin de boucs émissaires ; ces accusations violentes visant sans doute à détourner l’attention et à masquer la responsabilité du FPR dans la guerre civile du fait de l’attaque déclenchée en 1990. Face à cette « falsification de l’histoire », selon le mot d’Alain Juppé, rappelons que la France – le président Mitterrand – a été le seul pays au monde à mesurer dès 1990 le risque de guerre civile et d’engrenage meurtrier au Rwanda. Le seul, avec la Belgique, à s’engager militairement pour aider à stopper cette offensive et, grâce à cet engagement, à faire pression sur les protagonistes, Hutus et Tutsis, afin de les obliger à accepter un compromis politique et à partager le pouvoir – et non à « soutenir le régime » ! C’est cette politique qui aboutit finalement, grâce notamment à Alain Juppé, aux accords d’Arusha de l’été 1993. Enfin, notre pays a été le seul – par décision de François Mitterrand, d’Édouard Balladur et d’Alain Juppé – à envoyer une force (l’opération Turquoise), avec l’accord du Conseil de Sécurité, pour sauver des vies. Ceci à un moment où l’impuissance et la lâcheté de la « communauté internationale » face au génocide alors en cours étaient avérées. Vingt après, la France est paradoxalement le seul pays qui fait l’objet de telles attaques ! Pourquoi ? Peut-être le président Kagamé veut-il détourner l’attention des affirmations de plusieurs de ses anciens proches (ancien chef des services secrets et ancien chef d’Etat Major) selon lesquels il aurait personnellement commandité l’attentat de 1994 ? Certains d’entre eux ayant d’ailleurs été assassinés ou victimes de tentatives d’assassinats sur le territoire sud-africain ; Pretoria affirmant avoir les preuves de l’implication du Rwanda dans ces faits. On aimerait que les procureurs médiatiques ou autres, auto-désignés, fassent l’effort de lire les explications, réponses et réfutations maintes fois apportées, depuis la mission d’information Quilès, qui avait recueilli des dizaines de témoignages et obtenu la déclassification de milliers de documents secret défense – une première ! – explications constamment enrichies depuis. Le désir de savoir et de comprendre est légitime. Il sera sans doute salutaire qu’il y ait à l’avenir un travail historique international impartial sur les évenements de 1990-1994 (comme Paul Quilès l’avait proposé) sur la base des témoignages des protagonistes et des archives. Mais par leurs attaques et leurs soupçons systématiques contre la seule France, les sophistes (que les faits, comme les analyses sévères des autres pays africains, RDC, Afrique du Sud, sur le Rwanda, ont l’air d’indifférer) n’y aident pas ! …

 

24 avril, RFI : Patricia Adam (interviewé par Christophe Boisbouvier)

http://www.rfi.fr/emission/20140424-patricia-adam-pdte-commission-defense-assemblee/

… les propos du président Kagame sont particulièrement insultants, en plus d’être mensongers. Et ils sont de ce fait incompréhensibles, parce que la France n’a pris aucune part au génocide des Tutsis. Et au contraire, la France a présidé aux accords d’Arusha pour permettre la réinsertion des réfugiés tutsis au Rwanda. Ça, c’était avant le génocide, bien avant. Et quand on regarde aujourd’hui ce qui se passe, la France et le régime Paul Kagame étaient depuis longtemps dans un processus d’apaisement de leurs relations. Et Paul Kagame a choisi aujourd’hui de dynamiter ces efforts passés, et en Afrique, Paul Kagame s’est fâché avec l’Afrique du Sud. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont carrément au bord de la rupture et avec beaucoup d’autres pays d’ailleurs. On sait que Paul Kagame a commandité des assassinats de proches qui s’étaient éloignés de lui, qui résidaient en Afrique du Sud. Et pourquoi les a-t-il commandités, ces assassinats ? Tout simplement parce que ces mêmes personnes l’accusaient d’avoir fomenté l’attentat qui a coûté à l’époque la vie au président Habyarimana. .. Chaque fois on regarde la France ! Moi je voudrais que ces mêmes historiens demandent, d’autres pays – je pense aux Américains, je pense aux Britanniques, je pense à l’Ouganda, je pense peut-être aussi à la Belgique – de faire ce même travail. La France l’a fait. Aucun autre pays ne l’a fait ! Donc je pense que la meilleure des solutions serait que l’ONU se saisisse de cette question et que ce soit bien l’ONU, à partir des archives de ces différents pays, qui réalise ce travail d’historien. .. Je suis, en tant que présidente de la commission de la Défense, membre de la délégation parlementaire aux renseignements. Cette délégation parlementaire a pour mission essentielle de contrôler les services de renseignements de notre pays. Ce que je peux vous dire c’est que les quelques documents qui restent aujourd’hui classifiés, sont classifiés pour une raison. C’est qu’ils peuvent mettre en danger la vie des hommes et des femmes des services de renseignements français, par l’apparition tout simplement, de leurs noms et de leur identité, et également mettre en danger leurs familles. C’est pourquoi un certain nombre de documents, en deçà d’un certain temps, ne peuvent pas être livrés aux médias. CB : Autre question ; après la mission Quilès de 98, est-ce qu’il ne faut pas créer une commission d’enquête parlementaire en bonne et due forme ? PA : Mais je ne vois pas ce qu’elle apporterait de plus que ce qui a été fait, puisque les documents ont été déclassifiés ! Une commission d’enquête ne ferait pas plus que ce qu’a fait à la commission de Paul Quilès à l’époque ! Et concernant l’opération Turquoise, qui était une mission de l’ONU. En 98, on a auditionné tous les responsables militaires français qui ont eu à intervenir. Ils ont tous été auditionnés ! Absolument tous ! .. On a déjà auditionné pour l’instant le ministre Védrine venu devant la Commission. C’était une audition publique ouverte à la presse que chacun peut écouter sur le site de l’Assemblée. Tous les citoyens peuvent le faire. CB : Donc demain vous êtes prête à écouter cet ancien officier «Turquoise », le capitaine Ancel ? PA : Je ne me suis pas pour l’instant posée cette question. Mais elle peut être envisagée, effectivement.

 

24 avril, François Hollande sur le génocide arménien

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/04/24/les-armeniens-commemorent-le-genocide-apres-les-condoleances-turques_4406706_3214.html

… Le président français qui participait, jeudi soir, aux commémorations du génocide à Paris, a, pour sa part, salué « une évolution » dans le discours de l’exécutif turc. Au sujet des condoléances de M. Erdogan, François Hollande a déclaré : « C’est un mot qu’il faut entendre mais qui ne peut pas encore suffire. » Il en a profité pour annoncer qu’il serait présent en 2015 aux commémorations du centenaire du génocide…

 

16 avril, Parti de Gauche : texte dû à JL Mélenchon non signé et contesté en interne PG

http://www.lepartidegauche.fr/actualites/actualite/rwanda-les-faits-tous-les-faits-rien-que-les-faits-27911

Après les accusations très graves portées par le dictateur rwandais Paul Kagamé contre l’armée française, le Parti de Gauche rappelle qu’une mission d’enquête parlementaire pluraliste a déjà travaillé ce sujet. ..

 

16 avril, Hervé Gaymard (vice-président UMP)

http://www.gaymard-rolland-2012.fr/actualites/audition-dhubert-vedrine-sur-le-rwanda/

Excellente audition publique en commission de la Défense de l’Assemblée Nationale d’Hubert Védrine sur le Rwanda dont il faut prendre connaissance, pour former son jugement sur ce dossier douloureux, qui fait l’objet de beaucoup d’approximations. L’intégralité en vidéo : http://lc.cx/N6j Laurent Fabius a été parfait dans son intervention hier en réponse a une question d’actualité. Alain Juppé a également exprimé par des paroles fortes ce qu’a été la politique de la France, seul pays a avoir tenté d’éviter ce génocide. Rappelons qu’Alain Juppé a été le premier a évoquer le terme de « génocide » quand le monde entier regardait ailleurs. Il faut rappeler aussi que l’intervention militaire Turquoise a été décidée par l’ONU, et que seul la France a accepte d’y participer, quand tous les autres pays s’en lavaient les mains. Pourquoi cette dénonciation permanente de la France, alors que notre pays a tout fait des 1990 pour éviter le pire ?

 

16 avril, 10h30, Assemblée nationale, commission défense : Védrine

http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5324.commission-de-la-defense–m-hubert-vedrine-sur-la-politique-de-la-france-au-rwanda-16-avril-2014

Hubert Védrine est questionné par Francois De Rugy (EELV) sur la connaissance d’un plan génocidaire ? sur Turquoise et fuite génocidaire vers Zaïre? Sur les déclassification ?, par Joaquim Pueyo (PS) qui défend l’armée sur Survie et sa tribune (il évoque les livraisons de minutions et les fuites des génocidaires au Zaïre) qui posent des questions sur le secret défense la possibilité des historiens de travailler, par Marie Récalde (PS) présidente groupe d’amitié Rwanda (qui a posé une question à Fabius la veille) sur l’ambassadeur du Rwanda et la coopération économique et militaire, sur Kagamé : pourquoi accuse-t-il?, par Olivier Audibert Troin (UMP) sur les critiques du MJS, sur des éléments nouveaux, sur la manière de renouer avec le Rwanda ?, par Christophe Guilloteau (UMP) sur Ancel, une ‘omerta ‘, un manque de réactions, par Michel Voisin (UMP), de France Turquoise, qui défend les militaires, sur le rapatriement para (Noroît), sur les occidentaux avec Kagamé, sur pourquoi les plaintes de France Turquoise contre St Exupéry n’ont pas abouti, par Charles de La Verpillière (UMP) sur les motivations des français sur accusations, par Philippe Meunier (UMP) sur Kagamé et Blair, par Patrick Labaune (UMP) sur une sous-estimation d’un problème d’anthropologie politique par Mitterrand.

Seule la vidéo fait foi.

Exposé liminaire : … objectifs… controverse… erreurs ou pas… accusations contre la France par le président Kagamé… On parle de complicité de génocide. Si les mots ont un sens, c’est monstrueux. Ou alors c’est que les mots n’ont plus aucun sens. .. le rappel de la politique de la France selon moi… 90, … depuis l’attaque du FPR… avec le soutien de l’armée ougandaise… Mitterrand … estime que cette attaque menée d’un territoire étranger par une toute petite minorité … le général de Gaule appartenir à un ensemble autour de la France et donc le général de Gaule avait accepté … ce n’était pas particulièrement un pays à problème… il y avait eu le massacre des Tutsi en 1962… la diaspora Tutsi qui cherchait à rentrer… un problème de droits de l’homme en quelque sorte… le rwanda n’était pas un pays qui posait d’énorme problème surtout quand on regarde l’ensemble de la zone. L’expression de régime génocidaire… c’est quelque chose qui apparaît longtemps après, en réaction, à mon avis, aux attaques de Kagamé, mais ce n’est pas du tout le cas des attaques de 1990… Mitterrand … pense tout de suite que cette attaque va déclencher un processus de guerre civile, qui ne peut-être que meurtrier, et que jamais les Hutus ultra-majoritaires ne se laisseront déloger comme cela et il estime que c’est le devoir de la France de stopper cela. Il n’y a pas un accord contraignant comme il y’en a eu avec d’autres pays. Il estime, que compte tenu du rôle de la France dans toute cette zone qui va du Sénégal à Djibouti… il y a une sorte d’engagement de stabilité de la France et que si la France est défaillante quelque part, sa parole, sa crédibilité ne voudront plus rien partout. Il a déjà réagi comme cela, il n’y a pas eu de polémique sur cet autre sujet au Tchad… Libye… avec Epérvier, il a réussi à faire reculer la Libye… prix à payer léger… rencontre avec Khadafi… c’était le même raisonnement… un peu comme on dit, il ne faut pas laisser l’Irak envahir le Koweit. Il réagit tout de suite à l’offensive de l’Ougan’, du FPR soutenu par l’Ouganda, en voyant ce risque, donc soutien militaire puisque l’armée rwandaise est incapable de tenir sa frontière. Mais le soutien militaire, n’est qu’un aspect de la politique, qu’une condition de la politique, et à partir de cet engagement, il estime que ca donne le droit à la France de faire pression sur le régime qu’on est censé soutenir.. entre guillemets… les polémiques circulent sans fin, … en fait le soutien ca consiste à tordre le bras du régime pour leur dire : on vous aide à tenir la frontière, mais vous devez partager le pouvoir, vous devez respecter les droits de l’homme, (..?..) en tout cas, vous devez traiter la question des réfugiés. Ce sont des réfugiés, le régime Hutu évidememnt ne veut pas, il est ultra-majoritaire, pourquoi aller le contester sur ce terrain, mais le poids de la France fait que ces pressions qui sont répétées sans arrêt… rapport … il avait signé le rapport mais depuis Brana s’oppose en opposant… c’est un rapport Quilès-Cazeneuve… le soutien est conditionnel, vous devez accepter à terme le partage du pouvoir, ils veulent pas évidemment, ils veulent simplement être sauvé par une intervention française mais pas partagé. La politique de la France est celle que j’ai rappelé… polémiques qui se concentre dans une confusion sur qui fait quoi… Cette politique est tout à fait endossée par le gouvernement Balladur et par Alain Juppé et par François Léotard. Ils estiment que la France est dans son rôle en essayant de tuer dans l’œuf cette guerre civile, tout de suite. Ce qui dise la France ne s’est pas bien rendu compte… non, on s’est très bien rendu compte, dès le début, c’est même pourquoi, elle était la seule à faire quelque chose, le seul pays au monde qui a vu cela tout de suite… Le gouvernement Balladur accepte cette politique, Alain Juppé s’engage beaucoup notamment sur les accords d’Arusha… il y en a eu plusieurs, … ca fint par aboutir en 93… entre temps gouvernement de transition, où il y avait des opposants à Habyarimana… le FPR accepte les accords d’Arusha… la France pense avoir réussi. L’engament précoce … à obtenu ça. A l’époque, c’est un sentiment de soulagement et même de fierté d’avoir obtenu cet accord, ce qui n’était pas du tout évident. Après… mise en œuvre… il y a des groupes qui ne veulent pas de compromis, on a peut-être sous-estimé à l’époque la violence des groupes en question des 2 côtés… attentat… Burundi… les massacres commencent, ca devient clairement un génocide… on avait retiré nos troupes… la France recherche des appuis notamment au conseil de sécurité, et personne ne veut faire quoi que ce soit, aucun pays… les Etats-Unis disent, il pas question… traumatisé par … Somalie… anglais, allemand non plus, aucun pays africain… complicité… l’armée française ne voulait pas du tout… Mitterrand arbitre, Balladur s’incline et on a la résolution du conseil de sécurité, Turquoise, c’est pas une lubie française… humanitaire… la France s’est résigné à y aller seule… tordre le bras des Hutu et des Tutsi pour qu’il partage le pouvoir… nous vous protégeons qu’à condition de… j’ai rencontré 2 fois Kagamé… regardons l’avenir… pas besoin d’instrumentaliser une gigantesque attaque… arrivé après l’enquête Bruguière… attentat… dans les 2 cas, c’est un attentat anti-Arusha… rapport Mucyo consistant à dire tout est de la faute de la France… déclassification de milliers de documents… controverse récente… on continue à entendre ‘la France a soutenu un régime qui préparait une génocide’. … La France ne soutenait pas, elle tordait le bras, et plus le régime … développait dans le Rwanda un régime génocidaire, plus les pressions augmentaient, au fur à mesure que les offensives de Kagamé augmentait, il y a un lien entre les 2. La France augmentait ses pressions, c’était une course de vitesse… il y avait des gens qui disaient, ils vont revenir prendre le bétail et les terres… il y a un esprit, la France le sait très bien, sinon pourquoi, elle serait là…. Dans le monde militaire… Fachoda, la francophonie … je ne partage pas… Ouganda base arrière de Khartoum… Soudan du sud… la presse française… juges espagnols… le FPR a déstabilise le Rwanda pour pouvoir dire ils sont en danger … Kivu… 3,4 5 millions de morts, par des morts directes… il a fait assassiné… attentat… Afrique du sud… Marianne… l’attentat… Carla del Ponte… stopper sa mission… s’il était l’auteur de l’attentat… Les erreurs… ce que les procureurs auto-proclamés… c’est qu’une stratégie du soupçon… accusations monstrueuses, d’abord fausses… est-ce qu’en 90… aucun intérêt stratégique… par rapport à toute une tradition française, le fait qu’on ne peut pas laisser faire… idéologie ingérence… Evidemment, les Hutu ne se seraient pas laissés délogés sans rien faire. Ils n’ont pas fait les massacres avec les armes françaises fournies pour tenir la frontière avec l’Ouganda. Les massacres, comme vous le savez, ont été faits à coups de machettes, village par village …accusations sans fondement… Arusha … un vrai succès … pêcher par optimisme… Est-ce qu’on a pas sous-estimé la détermination des extrémistes Hutus à ne jamais lâcher. Est-ce qu’on a pas sous-estimé, on l’a pas sous-estimé avant, on a bien vu comment le système devenait génocidaire et on pensait avoir, c’est pas qu’on a pas vu, on pensait avoir répondu par l’accord d’Arusha. Est-ce qu’on a pas sous-estimé la violence de ses groupes ? Est-ce qu’on a pas sous-estimé la détermination de Paul Kagamé à prendre le pouvoir à tout pris pour lui ? Est-ce que ca n’a pas été sous-estimé par méconnaissance de Paul Kagamé, de sa personnalité ? Donc on peut se poser des questions. Et sur Turquoise… on prend se risque… le paradoxe… contre l’ingérence… la France a fait tout ce qu’elle a pu, elle a échoué, … isolationnisme… paralysie… ingérence… plus jamais. Voilà mon avis personnel, ça n’engage que moi.

A 54min réponse dans l’ordre : Réponse à M . De Rugy : sur le plan génocidaire… mon analyse c’est qu’il n’y a pas de plan au début, en 1990, du côté des Hutus. Est-ce qu’il y a un plan a lin Même le tribunal d’Arusha n’a pas conclu,… a estimé qu’il n’y avait pas les éléments… ils n’ont pas pu conclure qu’il y avait un plan organisé en tant que tel, donc ce qui est tenu pour acquis par une partie des procureurs ici, n’est pas établi… au fur et à mesure que la guerre civile progresse, 90, 91 92 avant Arusha et après, il y a une sorte de réaction génocidaire qui commence à s’organiser, puisque… a peu près dans chaque village, il y a des gens qui se disent, s’ils reviennent, ils vont reprendre la terre. Donc il y a un certain état d’esprit, … certains disent … fabrication par allemands, surtout par les belges, …une dimension sociale en partie fabriquée… d’ailleurs la révolte de 62, il y a une dimension ethnique, il y a une dimension sans culottes, dé révolution très forte par rapport à ça. Donc oui, il y a une sorte de système qui devient génocidaire de facto… conscience d’un plan : non pas en tant que plan, puisque ça ne me paraît pas si claire que cela, conscience d’un risque : oui, bien sûr, depuis le début, en tout cas de guerre civile et de grand massacre. Et je répète que sinon, l’engagement n’a pas de sens, … c’est pour cela que ce n’est pas une intervention à l’ancienne… pour stopper l’attaque venu d’Ouganda, ce n’est pas que çà. S’il n’y avait pas l’idée qu’il y a vrai risque dans le pays, tant que la question politique, ethno-politique n’est pas surmontée, il n’y aurait pas des pressions pour Arusha, donc il y a une prise de conscience assez forte par rapport à çà. … Turquoise… logistique américaine… Donc c’est évident qu’il y a dû y avoir des génocidaires qui sont passés par la zone de sécurité Turquoise… s’il aurait fallu extraire, c’aurait été une opération Force Spéciale comme il y en a eu ailleurs… déclassifier d’autres documents… oui peut-être mais il faut le faire dans le cadre d’une compréhension d’ensemble. Si c’est fait uniquement, dans le cadre d’une stratégie du soupçon, qui consiste à soupçonner ou accuser que la France, de ne tenir compte d’aucune des informations données, et sans arrêt relancer le soupçon, je pense que c’est aller monter une machine qui n’a rien à voir avec la recherche de la vérité historique. Si en revanche, l’idée de Paul Quilès, qui avait écrit au secrétaire g.al des Nations Unies, … vous pourriez prendre l’initiative de rassembler une super commission internationale… pourquoi pas. Je pense que ça reste une bonne idée. On sort par le haut, ce n’est pas une espèce de règlement de compte avec des jugements a priori. Moi, je trouverai cela très bien si c’était possible, ça me gène si c’est utilisé comme un élément de soupçon contre la France seule.

Réponse à M. Pueyo : … Survie… ce n’est pas une association que l’on peut découvrir aujourd’hui, disons pour son objectivité historique… la question des livraisons d’armes… ce que je crois être le cas, à l’époque ou après, y compris maintenant, c’est que la France a donc armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise, avec un certain type d’armement, qui n’a jamais servi au génocide. Donc çà été armé dans ce but, à partir de 1990, et après. Donc, il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc parce que si vous n’aviez pas d’armée capable de tenir le choc, vous pouvez oublier Arusha et tout le reste, il n’y a plus les éléments, il n’y a plus le levier pour obtenir un compromis politique. Donc, il est resté des relations d’armement et c’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Ça n’a jamais été nié, ça. Donc, c’est pas la peine de le découvrir, de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable masquée. C’est dans le cadre de l’engagement, encore une fois, pour contrer les attaques, ça n’a rien à voir avec le génocide, et même les attaquants les plus violents contre la France, n’ont jamais osé écrire ou raconter que le génocide lui-même, village après village avait été fait avec des armes fournies par la France à l’armée rwandaise, contre les attaques du FPR. Il faut distinguer les 2. .. historiens… futurs historiens objectifs… (reste 25 minutes)

+ Extrait vidéo (13 mai 2014) : ventes d’armes

http://www.youtube.com/watch?v=lb9ouacJ_F8&feature=em-share_video_user

+ Retranscription sur le site de l’AN

http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/13-14/c1314044.asp#P3_69

… Membres présents ou excusés Présents. – Mme Patricia Adam, M. Olivier Audibert Troin, M. Sylvain Berrios, M. Jean-Jacques Bridey, M. Jean-Jacques Candelier, M. Alain Chrétien, M. Lucien Degauchy, M. Philippe Folliot, M. Yves Foulon, M. Yves Fromion, Mme Geneviève Gosselin-Fleury, M. Christophe Guilloteau, M. Laurent Kalinowski, M. Patrick Labaune, M. Charles de La Verpillière, M. Gilbert Le Bris, M. Jean-Yves Le Déaut, M. Alain Marleix, M. Philippe Meunier, M. Jacques Moignard, Mme Émilienne Poumirol, M. Joaquim Pueyo, Mme Marie Récalde, M. Eduardo Rihan Cypel, M. Gwendal Rouillard, M. Alain Rousset, M. François de Rugy, M. Jean-Michel Villaumé, M. Philippe Vitel, M. Michel Voisin Assistait également à la réunion. – M. Hervé Gaymard

Note du blog R*E le 22 mai 2014: Il est flagrant que la retranscription est très éloignée des paroles réelles : Ainsi, le passage « des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant » a été supprimé.

http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/13-14/c1314044.asp#P3_69
Paroles selon le site de l’AN (constaté le 20 mai 2014): « La France a livré des armes à l’armée rwandaise à partir de 1990 pour lui permettre de tenir le choc face aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise. Elle considérait qu’il fallait bloquer l’offensive militaire pour imposer un compromis politique. Sans cela, elle n’aurait disposé d’aucun levier pour engager la négociation des accords d’Arusha. Cela n’a donc pas de sens de dénoncer ces livraisons d’armes sur un ton outragé, ni de les présenter comme une politique conduite en sous-main. Personne ne les a jamais niées ! Quoi qu’il en soit, les armes fournies à l’armée rwandaise n’ont pas servi au génocide. Même les détracteurs les plus virulents de la France n’ont pas osé affirmer cela. »

Paroles réelles: « la question des livraisons d’armes… ce que je crois être le cas, à l’époque ou après, y compris maintenant, c’est que la France a donc armé l’armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise, avec un certain type d’armement, qui n’a jamais servi au génocide. Donc çà été armé dans ce but, à partir de 1990, et après. Donc, il y a eu des livraisons d’armes pour que l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc parce que si vous n’aviez pas d’armée capable de tenir le choc, vous pouvez oublier Arusha et tout le reste, il n’y a plus les éléments, il n’y a plus le levier pour obtenir un compromis politique. Donc, il est resté des relations d’armement et c’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l’offensive militaire. Ça n’a jamais été nié, ça. Donc, c’est pas la peine de le découvrir, de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable masquée. C’est dans le cadre de l’engagement, encore une fois, pour contrer les attaques, ça n’a rien à voir avec le génocide, et même les attaquants les plus violents contre la France, n’ont jamais osé écrire ou raconter que le génocide lui-même, village après village avait été fait avec des armes fournies par la France à l’armée rwandaise, contre les attaques du FPR. Il faut distinguer les 2. »

 

15 avril, Assemblée nationale : commission affaires étrangères : Laurent Fabius

http://videos.assemblee-nationale.fr/video.5315.commission-des-affaires-etrangeres–m-laurent-fabius-ministre-15-avril-2014

(Séance très concentrée sur l’Ukraine, qui revient aussi sur la RCA et d’autres pays). Jacques Myard : « Kagamé est un criminel de guerre ». Hervé Gaymard et Seybah Dagoma (PS) remercient Fabious pour sa réponse à Kagamé du matin, aux questions au gouvernement. A 58min40, Fabius sur Rwanda : merci de votre appréciation… c’est une situation extrêmement difficile … il y eu ces déclarations … au nom de la France, ca ne pouvait pas être accepté. … En même temps, nous souhaitons travailler avec le Rwanda… le général qui commande en RCA est Rwandais…

 

15 avril, Assemblée nationale : questions au gouvernement : Laurent Fabius

http://www.dailymotion.com/video/x1ome28_rwanda-laurent-fabius-repond-a-une-question-d-actualite-a-l-assemblee-nationale-15-04-2014_news
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministre-et-les-secretaires-d/laurent-fabius/interventions-a-l-assemblee-21604/voir-les-interventions-a-l/article/intervention-de-laurent-fabius-112286

Réponse à Marie Récalde (PS) présidente groupe d’amitié Rwanda : … La 1er chose, dans le drame épouvantable du génocide qui a frappé ce pays, c’est de s’incliner devant la mémoire des victimes, et c’est ce que je fais, au nom, j’en suis sûr, de toute la représentation nationale (applaudissement). Comme vous l’avez rappelé, il y a eu une mission de votre assemblée qui a établi la vérité des faits : je cite : « Si la France n’a pas apprécié à sa juste valeur la dérive politique du régime rwandais, elle a été le pays le plus actif pour prévenir la tragédie de 1994, et le seul, c’est moi qui le souligne, avoir tenté de mobiliser la communauté internationale pour aider les victimes. » Ceci ne doit jamais être oublié lorsqu’on examine les responsabilités des uns et des autres. Et nous avions rétabli de bonnes relations, vous l’aviez souligné, avec le gouvernement rwandais, mais voilà que des propos qu’il faut bien juger inacceptables ont été tenus et lorsque des propos sont inacceptables, le rôle du gouvernement c’est de les juger et de les dire comme tels. Cela ne signifie pas que l’avenir soit fermé. Nous coopérons avec le Rwanda sur beaucoup de terrains notamment au Mali et république centrafricaine, il y a d’autre coopération possible et nous souhaitons qu’elles soient établies mais elle ne peuvent pas être établi sur quelque chose qui ne soit pas la vérité, et la vérité, c’est ce que je viens de dire. (NB : la tête de Harlem Désir)

 

11 avril, Dicod : Message aux armées de Jean-Yves Le Drian

http://www.defense.gouv.fr/actualites/la-vie-du-ministere/l-operation-turquoise-au-rwanda-vingt-ans-apres

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2014/04/11/rwanda-jean-yves-le-drian-adresse-un-message-aux-armees-11573.html

Le 6 avril 1994, un drame, parmi les plus terribles que le vingtième siècle ait connus, commençait au Rwanda. Ce drame appartient à notre mémoire collective, celle de nos soldats qui se sont engagés dans ce pays pour tenter de mettre fin à l’horreur du génocide. Vingt ans après, la France contribue au devoir de mémoire, dans le respect de la dignité du peuple rwandais, le souvenir des victimes et des récits, terribles pour la conscience humaine, des rescapés du génocide. Ce respect que nous devons au Rwanda et aux indicibles souffrances que ce pays a traversées, c’est aussi celui de la vérité. A cet égard, les mots ont un sens et, dans ces circonstances, certaines accusations ne peuvent rester sans réponse. L’honneur de la France et de ses armées, c’est d’avoir, avant d’autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d’une communauté internationale paralysée. Elle l’a fait dès le mois de mai 1994, en étant la première, par la voix courageuse d’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, à reconnaître dans ces tueries un génocide et à réclamer un sursaut de la communauté internationale. Elle l’a également fait en incarnant elle-même ce sursaut. Au terme d’un intense combat diplomatique et d’un défi logistique considérable, l’armée française était déployée à Goma, aux portes du Rwanda, pour déclencher l’opération Turquoise dans le cadre d’un mandat des Nations unies. Cette opération, conçue dès l’origine pour une durée limitée à deux mois, répondait à un but et un seul, celui de créer sur une partie du territoire rwandais, une zone humanitaire sûre, qui allait permettre de sauver des dizaines de milliers de vies humaines. Tel était l’ordre d’opération de Turquoise et telle fut la mission exécutée. En demandant puis en portant ce mandat, la France, à l’initiative du Président François Mitterrand et à travers son armée, a assumé un risque qu’aucun autre pays ne souhaitait alors prendre. Sauver un maximum de vies sans prendre parti dans la lutte pour le pouvoir qui était alors engagée : c’est le défi que beaucoup jugeaient impossible et que les troupes françaises de Turquoise ont pourtant relevé. Cette action, au milieu d’événements tragiques, est à porter au crédit de la France. Vingt ans après, nous assumons pleinement cette Histoire. Nous l’assumons d’autant mieux que la France ne s’est pas dérobée à son devoir d’introspection critique. La mission d’information sur le Rwanda de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, présidée par le député Paul Quilès, a questionné sans tabou, en 1998, les motivations et la réalité de l’engagement français au Rwanda. Les conclusions de la mission, indépendante et pluraliste, ne laissent aucune place aux accusations inacceptables qui ont été proférées à l’encontre de l’armée française ces derniers jours. En outre, depuis lors, le ministère de la Défense a fait preuve d’une transparence exemplaire lors des procédures judiciaires engagées à la suite du génocide : au total, ce sont plus de 1100 documents qui ont été déclassifiés. Notre devoir de mémoire trouve aujourd’hui ses prolongements dans l’action, face au risque que l’Histoire se répète. L’armée qui est courageusement intervenue il y a vingt ans, c’est celle-là même qui a délivré le peuple malien de la violence terroriste, et qui s’engage aujourd’hui, aux côtés des Africains, et notamment de soldats rwandais, pour prévenir une nouvelle tragédie en Centrafrique. Voilà l’honneur de la France et de ses armées que je continuerai à défendre.

http://www.lefigaro.fr/international/2014/04/10/01003-20140410ARTFIG00354-rwanda-jean-yves-le-drian-defend-l-honneur-de-l-armee-francaise.php

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2014/04/11/rwanda-jean-yves-le-drian-adresse-un-message-aux-armees-11573.html

 

10 avril, Georges Martres, ambassadeur de la France au Rwanda de 1989 à 1993

http://www.lindependant.fr/2014/04/10/narbonne-la-france-doit-des-excuses-au-peuple-rwandais-temoigne-l-ex-ambassadeur,1870081.php

… ll faut savoir que dans notre esprit, cet appui au gouvernement se justifiait par une contrepartie : le président Habyarimana s’engageait à conduire une politique d’ouverture. Nous voulions passer d’un régime dictatorial à une démocratie. Habyarimana avait lancé de bons signaux. Il avait mis un terme à son système de parti unique…

 

9 avril, mairie de Toulouse

http://www.leparisien.fr/toulouse-31000/toulouse-le-maire-reporte-un-hommage-aux-victimes-du-genocide-rwandais-09-04-2014-3755013.php

http://survie31.over-blog.com/2014/04/la-honte-la-mairie-de-toulouse-suspend-l-inauguration-d-une-stele-a-la-memoire-des-victimes-du-genocide-du-rwanda.html

Suspension inauguration stèle à la mémoire des victimes du génocide

 

8 avril, Le Monde : Paul Quilès (version abonnés)

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/04/08/rwanda-en-finir-avec-les-accusations-aberrantes_4397374_3232.html

Rwanda : en finir avec les accusations aberrantes : …

 

8 avril, Reuters : Manuel Valls

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140408.REU3169/manuel-valls-defend-l-armee-face-aux-accusations-de-kigali.html

… Lors d’un point presse mercredi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, a défendu le « rôle exemplaire » joué par Paris à l’époque. « La France a fait son possible pour protéger les populations et éviter ce génocide mais malheureusement il y a eu un échec collectif de la communauté internationale », a-t-il déclaré. « Mais au sein de cet échec collectif, l’attitude de la France a été exemplaire ».

 

8 avril, 15h11, Manuel Valls, Déclaration de politique générale du Premier ministre

Vidéo : http://www.bfmtv.com/video/bfmtv/politique/valls-naccepte-pas-accusations-complicite-genocide-rwanda-contre-france-08-04-189437/

http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/verite-efficacite-confiance-declaration-de-politique-generale-du-premier-ministre-0

… Notre voix, celle du Chef de l’Etat, notre diplomatie, nos armées sont respectées. Et je veux, ici, rendre hommage à nos soldats engagés à l’étranger, notamment au Mali, en Centrafrique, pour assurer la paix et la sécurité. Et je n’accepte pas les accusations injustes qui pourraient laisser penser que la France ait pu être complice d’un génocide au Rwanda alors que son honneur, c’est toujours de séparer les belligérants

 

8 avril, Porte parole MAEDI (ex MAEE)

http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?type=ppfr#Chapitre8
Q – Quelle est votre réaction au fait que l’ambassadeur de France n’ait pas pu se rendre aux commémorations à Kigali ? Comment expliquez-vous le changement d’attitude de Kigali ? R – Le président Kagamé s’est entretenu avec le président de la République il y a une semaine à Bruxelles. L’entretien s’était déroulé dans un climat amical et chaleureux. C’est pourquoi nous avons marqué notre surprise extrême lorsque nous avons appris les déclarations de M. Kagamé samedi. C’est pourquoi nous sommes également revenus sur la décision de la participation de la ministre de la justice aux commémorations, tout en nous associant au deuil du peuple rwandais. La France a joué un rôle exemplaire pour protéger les populations, au sein d’une communauté internationale défaillante. Le secrétaire général des Nations unies l’a rappelé encore hier. La France est aux côtés des familles des victimes de ce génocide. Partout dans le monde, nous sommes associés à leur douleur en participant aux commémorations. Q – Allez-vous continuer de discuter avec les autorités de Kigali ?R – Nous le souhaitons. Nous avons engagé un dialogue et une coopération avec le Rwanda. Nous travaillons avec ce pays au service de la paix et de la sécurité en Afrique, en particulier au Mali et en RCA. Nous souhaitons poursuivre le dialogue dans le respect mutuel. Les déclarations du président Kagamé ne sont pas allées dans ce sens. Q – Quelle est votre réaction aux demandes de levée de secret défense des médias ou des ONG sur les archives ? Il manquerait notamment, dans les documents publiés, des télégrammes diplomatiques sur une période de cinq jours.R – A la demande du Parlement, nous avons entrepris en 1998 un travail d’ouverture des archives des différentes administrations concernées. Près de 10 000 documents ont été déclassifiés. Ils sont d’ailleurs consultables en ligne sur le site internet de l’Assemblée nationale. Des documents diplomatiques ont été communiqués aux parlementaires. L’ensemble des agents du ministère des affaires étrangères qui étaient chargés des relations avec le Rwanda ont été auditionnés par cette mission d’information. Ces auditions sont en ligne. Je vous renvoie donc à l’ensemble de ces documents. La France est le seul État à avoir fait ce travail de transparence et d’ouverture de ses archives pour faire la lumière sur la coopération française et sur notre rôle pour protéger les populations au Rwanda. Q – M. Bernard Kouchner a participé à la cérémonie à Kigali. En quelle qualité ?R – Comme M. Bernard Kouchner l’a lui-même précisé, il s’y est rendu à titre personnel.

 

7 avril, Porte parole MAEDI (ex MAEE)

http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?fichier=ppfr2014-04-07.html#Chapitre2
Commémoration du vingtième anniversaire du génocide (7 avril 2014) L’ambassadeur de France au Rwanda, qui devait représenter notre pays aux commémorations du vingtième anniversaire du génocide rwandais à Kigali, a été informé hier soir de la décision des autorités rwandaises de ne pas l’autoriser à participer aux cérémonies. Nous regrettons cette décision. Nos ambassades participeront cependant aujourd’hui aux différentes commémorations organisées à travers le monde pour honorer la mémoire des victimes du génocide. Q – L’ambassadeur de France au Rwanda s’est vu interdire d’assister aux cérémonies de commémoration du génocide. Quelle est votre réaction ? R – Je vous renvoie à la déclaration que je viens de faire.

 

7 avril, Marianne : Paul Quilès

http://www.marianne.net/Paul-Quiles-Kagame-veut-faire-oublier-ses-propres-turpitudes_a237965.html

Marianne : Mais les critiques ne viennent pas seulement du gouvernement rwandais. Bernard Kouchner affirme par exemple que le « gouvernement génocidaire a été formé dans l’enceinte de l’ambassade de France en 1994 » et un militaire français a déclaré sur France Culture que l’opération Turquoise n’était pas une opération humanitaire mais une opération « très offensive »…  PQ : Cela fait partie des inepties qui courent en ce moment. Bernard Kouchner se réfère au rapport commandé par Kagamé lui-même en 2008 qui était un tissu d’horreurs. On y accusait les militaires français d’avoir tué des Tutsis et des médecins d’avoir procédé à des amputations volontaires. Pour ce qui est de l’opération turquoise, ce militaire oublie que l’opération est lancée le 22 juin 1994. La date de début du génocide est le 7 avril 1994. Malheureusement quand l’opération Turquoise arrive, au moins 90% du génocide a déjà eu lieu. M: Emmanuelle Cosse, la présidente d’Europe Ecologie – Les Verts a demandé  la création d’une nouvelle commission d’enquête sur l’action de la France au Rwanda, réclamant la déclassification de documents officiels. Comment réagit le président de la mission d’information sur le rôle de la France au Rwanda ? PQ : C’est irresponsable et honteux. Je l’ai fait savoir à la direction du parti EELV. Ce sont des gens qui ne connaissent rien au dossier. Ils n’ont pas lu le début d’un rapport. Ils ne savent pas qu’à l’époque, on a obtenu la déclassification de 7 500 documents classés «secret défense». Cela participe du style complotiste, ça sous entend que Kagamé a raison, mais que des forces « obscures » empêcheraient de le faire savoir. Ils ne savent pas non plus qu’il y a eu d’autres enquêtes de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). J’ai moi-même demandé, en 2008, au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, de « soumettre l’ensemble des travaux conduits jusqu’à présent sur les causes, le déroulement et les conséquences du génocide du Rwanda à une commission indépendante ».

 

7 avril, Journal du dimanche : Léotard

http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Francois-Leotard-Nous-n-avons-aucune-excuse-a-faire-a-M-Kagame-660688

« Nous n’avons aucune excuse à faire à Kagame » FL : Je pense tout d’abord que le gouvernement français n’a pas suffisamment réagi à cette insulte, car c’en est une, il n’y a pas d’autres mots. Nous aurions dû aller beaucoup plus loin et plus fort. On pouvait par exemple éviter toute représentation de la République française aux commémorations. C’était à nous, de notre propre chef, de n’envoyer personne, pas même l’ambassadeur. Je suis scandalisé que l’on remette en cause l’opération Turquoise que j’ai menée, avec l’appui de François Mitterrand, d’Edouard Balladur et d’Alain Juppé (respectivement Président, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ndlr). Cette opération était extrêmement compliquée et nous sommes aujourd’hui accusés de façon infamante par ce monsieur. Paul Kagame agit ainsi pour se sortir d’une passe diplomatique et intérieure difficile. C’est un petit dictateur comme malheureusement un certain nombre de pays en ont produit. Q : Y a-t-il eu pour autant des « erreurs » ou un « aveuglement » de la France par rapport à ces massacres, comme l’a reconnu Nicolas Sarkozy en 2010? FL : Je crois qu’on a eu tort de dire cela à ce régime dictatorial. Pour une question d’honneur et de dignité, on devait être beaucoup plus dur. Il y a des moments où la République française doit se faire respecter. En 1994, l’émotion était très grande dans le monde et nous avons été les seuls à intervenir. C’est quand même scandaleux que cela retombe sur nous. Nous n’avons aucune excuse à faire à M. Kagame. .. Je n’ai pas l’intention de juger ce qui a pu être fait avant ma nomination dans le gouvernement d’Edouard Balladur. Mais je me souviens des discussions que j’ai pu avoir avec François Mitterrand. Il y avait une réflexion, de la part du Président, fondée sur le passé quant aux rapports entre les pays anglophones et le Rwanda. Cette conception prévalait lors qu’il y a eu une infiltration dans ce pays francophone venue du nord (la rébellion tutsie menée par Paul Kagame, le FPR, avait été créé quelques années plus tôt en Ouganda, Ndlr). Q : Le gouvernement auquel vous apparteniez n’a pas soutenu le régime génocidaire? FT : Je n’ai pas le sentiment que c’était le cas. Il y avait certainement la volonté de freiner l’avancée du FPR sur Kigali. Mais c’est une réécriture de l’Histoire que de croire que la France avait connaissance d’une volonté de génocide. C’est absurde. Il n’y avait certainement pas de complicité. Quant au passé, j’ai dû mal à me prononcer car je n’ai pas tous les éléments d’information. Je souhaite d’ailleurs qu’ils soient aujourd’hui ouverts. Q : Vous êtes donc favorable à la levée du secret défense dans ces événements, à l’instar d’Edouard Balladur? A chaque fois que la France est mise en cause de façon aussi malhonnête, je pense que nous avons tout intérêt à ouvrir les dossiers, tant qu’il n’y a pas de menaces sur nos forces ou sur le pays, ce qui ne semble pas le cas ici. Nos soldats ont été exceptionnels, ils ont fait un travail incroyable et ont sauvé des milliers de vie. Qu’ils se fassent aujourd’hui cracher dessus, c’est aberrant. Et que le gouvernement ne les défende pas davantage, cela me choque beaucoup.

 

7 avril, Europe 1 + AFP : Edouard Balladur

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/04/07/97001-20140407FILWWW00088-francegenocide-rwandais-un-mensonge.php

… Balladur a regretté qu’il ait été envisagé d’envoyer un ministre à Kigali pour les commémorations du massacre, car « les incidents qui se produisent étaient prévisibles compte tenu de ce qu’est (le président rwandais) M. Kagame et sa pratique constante ». « Il cherche sans cesse à mettre en cause la France alors que lui-même n’a pas réussi, au bout de vingt ans, à rassembler le peuple rwandais », a poursuivi le responsable UMP. Selon lui, « la France n’est en rien complice du génocide, au contraire elle est de tous les pays du monde le seul qui ait pris l’initiative d’organiser une opération humanitaire pour éviter un massacre généralisé ». Dire que la France a participé est « un mensonge, un mensonge intéressé », a-t-il insisté. « Le gouvernement que je dirigeais a, dès qu’il a été installé, mis fin à toute livraison d’armes au Rwanda et retiré les troupes françaises », a poursuivi celui qui fut de 1993 à 1995 premier ministre de cohabitation sous François Mitterrand. « Il fallait surtout que la France ne soit pas prise en tenaille dans une guerre civile qui se développait et qu’on ne pouvait pas arrêter », a-t-il encore fait valoir. Edouard Balladur a rendu « hommage à l’armée française et à son rôle » et relevé qu’au moment du génocide il avait « demandé qu’ils n’interviennent pas au centre du Rwanda. Je ne voulais pas que l’armée française soit prise en tenailles dans une guerre civile ». ..

Europe 1 : audio 1min15 :

http://www.europe1.fr/International/Balladur-les-accusations-de-Kagame-sont-un-mensonge-interesse-1937151/#

 

7 avril, Marie Récaldé, PS, Présidente du Groupe d’Amitié France-Rwanda a l’Assemblée Nationale (blog personnel)

http://www.marierecalde.fr/un-coup-porte-au-processus-de-rapprochement-de-la-france-et-du-rwanda/

Un coup porté au processus de rapprochement de la France et du Rwanda : Présidente du Groupe d’Amitié France-Rwanda a l’Assemblée Nationale, je devais accompagner la Garde des Sceaux ce lundi à Kigali pour représenter la France dans le cadre des commémorations du 20ème anniversaire du génocide rwandais. Depuis 2010, la France et le Rwanda sont engagés dans un processus commun de réconciliation. Depuis le début de cette législature, avec mes collègues parlementaires, nous avons renforcé ce rapprochement par le biais de diverses rencontres, notamment avec l’ambassadeur du Rwanda à Paris, déterminés à nous tourner ensemble vers l’avenir. La déclaration du Président Kagamé samedi a malheureusement apporté une ombre sur cette ambition d’amitié reconstruite… Dès lors, dans ces conditions, le Président de la République François Hollande a immédiatement réagi en indiquant l’annulation de la présence de la France lors des cérémonies de Kigali. La mise en cause de notre pays et du rôle de nos forces armées est inacceptable. Membre de la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée Nationale, je connais l’engagement de nos soldats auprès des populations civiles et je ne peux accepter que soient bafoués ainsi leur engagement et leur honneur, allant parfois jusqu’au sacrifice de leur vie. Bien sur, Il est indispensable de chercher à comprendre comment de tels crimes ont pu se reproduire, cinquante ans après que la communauté internationale ait connu l’indicible horreur de la 2ème guerre mondiale et ses exterminations méthodiques. Il est indispensable de poursuivre les auteurs de telles atrocités et qu’aucune impunité ne soit tolérée. En se rendant à Kigali en 2010, le Président Sarkozy avait invité « la Communauté Internationale dont la France, à réfléchir aux erreurs qui l’ont empêchée de prévenir et d’arrêter ce crime épouvantable ». Le travail de compréhension doit se poursuivre, de même que celui de la Justice, afin qu’aucune impunité ne soit tolérée. Mais cette réflexion, qui avait déjà commencé avec la mission d’information parlementaire conduite par Paul Quilès en 1998, suppose la coopération et des relations de confiance entre nos deux pays. Je regrette, avec tristesse, ce coup porté au processus de rapprochement de la France et du Rwanda. Malgré tout, je veux croire que l’amitié entre les peuples sera plus forte et le Groupe d’amitié que j’ai l’honneur de présider y prendra toute sa place.

 

7 avril, Elysée (communiqué)

http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/rwanda/
Le 7 avril 1994 s’ouvrait l’une des pages les plus sombres de l’Histoire internationale. Au Rwanda, en quelques mois, près d’un million d’innocents étaient massacrés parce qu’ils étaient Tutsi ou parce qu’ils s’opposaient à la folie meurtrière d’une idéologie et d’un système politique. Le génocide rwandais a été une des pires atrocités de notre temps. Il a été commis alors que le monde savait et n’a pas pu l’empêcher. Il a marqué notre humanité et nos consciences. Nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour qu’un tel drame ne se reproduise plus. La prévention des génocides est devenue un élément central de l’action extérieure de la France. Elle inspire à la fois nos interventions en Afrique, et notre action au Conseil de sécurité des Nations Unies pour limiter l’usage du droit de veto en cas de crimes de masse. En ce jour de commémoration, la France s’associe au peuple rwandais pour honorer la mémoire de toutes les victimes du génocide.

 

6 et 7 avril, RFI : Kouchner, Quilès, Védrine, … (édition spéciale)

http://www.rfi.fr/afrique/20140406-rwanda-20-ans-genocide-speciale-rfi/

http://www.rfi.fr/afrique/20140407-rwanda-20-ans-rfi-speciale/

6 avril : Sam Gody, rescapé ; Innocent Rwililiza, rescapé ; Raphael Nkaka, historien ; François-Xavier de Donnéa, député belge, président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants ; Jean-Damascène Bizimana, sénateur rwandais auteur livre sur le génocide ; Diogène Bideri, auteur d’un livre sur les massacres de Tutsis de 1990 à 1993 ; Bernard Kouchner ; Tito Rutaremara, sénateur rwandais ; Albert Rudatsimburwa, président de Radio Contact FM ; Maitre Philippe Meilhac, avocat d’Agathe Habyarimana ; Paul Quilès ; Maître Léon-Lef Forster, avocat des sept Rwandais mis en cause par l’enquête sur l’attentat contre l’avion présidentiel rwandais en 1994 ; José Kagabo, Franco-Rwandais, ex-sénateur FPR ;Maître Simon Foreman, avocat du collectif des parties civiles pour le Rwanda.

1re partie (7h-7h30) écouter ; 2e partie (7h30 à 8h12) écouter ; 3e partie (8h12-8h30) écouter ; 4e partie (8h30-9h00) écouter ; 5e partie (9h-10h) écouter

7 avril : Jean-Pierre Dusingizemungu, président d’Ibuka, ou Naftali Ayishakiye, secrétaire général d’Ibuka ; Jean Paul Kimonyo. Historien et auteur de Un génocide populaire ; Issaïm Vinzemana. Professeur de philosophie à l’université de Butare ; Boubacar Boris Diop ; Hélène Dumas, auteur de Un génocide au village ; Adama Dieng Greffier du TPIR de 2001 à 2009 ; Marie Recalde Députée française, membre de la délégation Taubira ; Eugène Rutembesa. Psychiatre spécialiste des rescapés ; Remy Korman, chercheur à l’EHESS, spécialiste des politiques mémorielles du Rwanda ; Ignatienne Nyiararukundo. Présidente du forum des femmes parlementaires ; André Guichaoua. témoin-expert du bureau du procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) ; Hubert Védrine ; Jean-Marc de la Sablière. Diplomate français, nommé directeur Afrique au Quai d’Orsay en 1992, puis ambassadeur aux Nations unies et auteur de « Dans les coulisses du monde. Du Rwanda à la guerre d’Irak, un grand négociateur révèle le dessous des cartes » (2013) ; David Servenay. coauteur avec Benoît Collombat de « Au nom de la France. Guerres secrètes au Rwanda » aux éditions La Découverte ; Jean-Hervé Bradol, MSF ; Maitre Eric Gillet. (NB : sur site FIDH : Avocat au barreau de Bruxelles et ancien membre de la Commission d’enquête internationale au Rwanda en 1993) ; Yves Ternon. Auteur « L’Etat criminel. Les génocides au 20ème siècle » (réédition janvier 2014)

1ère partie (6h-6h30) En direct de Kigali avec Jean-Pierre Dusingizemungu, Jean Paul Kimonyo, Issaïm Vinzemana, Boubacar Boris Diop et Hélène Dumas. écouter ; 2ème partie (6h30 – 7h) En direct de Kigali avec en studio : Adama Dieng du TPIR, Boubacar Boris Diop, Jean-Paul Kimonyo, Jean-Pierre Dusingizemungu, Marie Recalde (députée française) et Issaïm Vinzemama. écouter ; 3ème partie (7h-7h30) En direct de Kigali avec Eugène Rutembesa, Remy Korman, Ignatienne Nyiararukundo et Issaïm Vinzemana. écouter ; 4ème partie (7h30-8h00) Avec Hubert Védrine à Paris écouter ; 5ème partie (8h-8h30) Avec à Paris André Guichaoua, Jean-Marc de la Sablière et David Servenay. écouter ; 6ème partie (8h30-9h00) En direct Paris, avec André Guichaoua, Jean-Hervé Bradol et maître Eric Gillet. écouter ; 7ème partie (9h-9h30) En direct Paris avec André Guichaoua, Yves Ternon et Jean-Hervé Bradol. écouter ; 8ème partie (9h30-10h) En direct Paris avec André Guichaoua. 07/04/2014 – par RFI écouter

Note R*E : Prises de notes approximatives à vérifier

5e partie : Védrine : (audio externe : ) Ministre rwandaise des affaires étrangères : … accusations pas nouvelles… Védrine : … rapport Mucyo rapport stalinien … contre Bruguière… pas acceptables pour autant… participation acteur direct… effarant faux… récupération… Belgique… il y a une histoire belge… 1962… De Gaulle… front des accusations… pourquoi maintenant ?… Afrique du sud… assassinats… Congo … 4 à 5 millions de morts… chiffres qui circulent… mais j’en sais rien… Kagamé sur la défensive… (Q : Turquoise ?)… extravagant que la France qui est seule dès 1990 par Mitterrand de voir un risque… a imposé Arusha… Alain Juppé… seul pays au Monde à vouloir sauver des vies… seul pays a avoir controverse… il aurait mieux valu ne rien faire, et il n’y aurait pas de controverses… (Q : livraison d’armes ?) : … plainte en Espagne… sens général de ce qui a été fait… on peut pas laisser faire cela… ingérence… parce qu’il fallait stopper dans l’œuf une guerre civile… c’est çà le sens… la France était engagé pour trouver une solution politique… il fallait soutenir l’armée rwandaise pour stopper … pour exiger un compromis politique… elle ne soutient pas, elle lui tord le bras… attentat contre Arusha… France seul pays qui ait tenté quelque chose…

Jean-Marc De la sablière, David Servenay, André Guichaoua : Jean-Marc De la sablière : erreurs graves commises… David Servenay : quelles erreurs ? erreurs militaires jamais évoquées. André Guichaoua : erreurs… délicates… reconnues… 2e volet : la vérité… David Servenay : Kagamé pas factuel… Bisesero fin juin… on ne peut pas résumer à Bisesero… ce que dit Védrine « armée qui devient génocidaire au fur et à mesure des attaques du FPR », donc la France sait que le régime devient génocidaire… JMDLS : pays anglophone contre francophone… Musevini… il s’en débarrasse…France elle mène une politique d’ouverture… la Baule… le soutien est un soutien qui reste indirect… DServenay : DAMI… instruction… élite des Forces spéciales… secrets… pourquoi ? … commando de recherche dans la profondeur… former régiments d’élite devenus les fers de lance du génocide… JMDLS : politique de la France vise à aboutir aux accords d’Arusha… on va voir Musévini pour qu’il arrête Kagamé… cesser le feu… accélération de la négociation… la France fait pression sur Habyarimana pour un accord politique… on a sous-estimé la volonté du FPR… extrémisme Hutu pas suffisamment, … on est parti… la communauté internationale est partie… Guichaoua : les accords supposaient vertus des protagonistes… avec élections, ils auraient le pouvoir… pour FPR obtenir le départ de l’armée française… régime Habyarimana, 87-90 émancipation démocratique, défense des droits de l’homme, dictature, je ne suis pas sur que c’était le terme…

 

6 avril, RTL : Paul Quilès (audio, 5 avril)

http://www.rtl.fr/actualites/info/article/genocide-rwandais-paul-kagame-ne-comprend-que-les-rapport-de-force-regrette-paul-quiles-7770970758

Paul Quilès, invité sur RTL ce dimanche 5 avril, juge très sévèrement les propos tenus par Paul Kagame à l’encontre de la France dans une interview accordée à Jeune Afrique. Pour l’ancien ministre de la défense et président de la mission parlementaire sur le génocide du Rwanda : les victimes et la mémoire du génocide méritent mieux que cette déclaration ignominieuse ». Paul Kagame fragilisé sur la scène mondiale : « Je pense que M. Kagame est actuellement en difficulté au plan international et il essaie de détourner l’attention et ce n’est pas bien, avance Paul Quilès qui n’hésite pas à qualifier son régime de‘régime autoritaire.’ « Paul Kagame a été impliqué dans des opérations extrêmement graves qui ont fait des centaines de milliers de mort dans l’est du Congo et il y a eudes assassinats qu’il a quasiment revendiqués« , poursuit l’ancien ministre de la Défense. « Je pense que M. Kagame est actuellement en difficulté au plan international et il essaie de détourner l’attention et ce n’est pas bien » Paul Quilès, ancien ministre de la Défense. Paul Quilès soutient la décision du gouvernement de ne pas assister aux commémorations du génocide rwandais, lundi 7 avril : « Je pense que M. Kagame ne comprend que les rapports de forces, c’est lui qui gâche cette commémoration », affirme-t-il. Paul Quilès rejette la responsabilité de la France dans le génocide rwandais « La France a été le seul pays à cette époque là à demander une intervention internationale, tient à rappeler Paul Quilès, les Etats Unis eux ont bloqué le conseil de sécurité, la communauté internationale a fauté à cette époque-là », affirme l’ancien ministre de la Défense. Paul Quilès balaye les critiques faites sur l’opération turquoise menée par la France pendant le génocide rwandais : « de l’avis de l’union africaine, cette opération turquoise a sauvé au moins 15.000 Tutsis. » « Alors on peut prendre les faits les isoler, les uns par rapport aux autres, et raconter des histoires et des mensonges, s’emporte Paul Quilès. L’histoire s’écrit à partir de faits pas de ce type d’imputations inadmissibles », conclut-il. «  L’histoire s’écrit à partir de faits pas de ce type d’imputations inadmissibles. » Paul Quilès, ancien ministre de la Défense. « Il y a avait une ambiance raciste dans ce pays depuis plus de 30 ans pour des raisons historiques, rappelle Paul Quilès, et l’erreur qu’a commis la France, reconnaît-il, c’est de croire qu’à la fois elle pouvait protéger ce pays contre des incursions extérieures et en même temps faire en sorte que le régime se démocratise. »

 

6 avril, Fondation Mitterrand : Hubert Védrine

http://www.mitterrand.org/France-Rwanda-des-accusations.html

http://www.mitterrand.org/IMG/pdf/document_rwanda_experts.pdf

France-Rwanda : des accusations infondées : Devant la recrudescence d’attaques extravagantes contre la France à propos du génocide commis au Rwanda en 1994, l’Institut François Mitterrand rappelle les faits suivants.

Dès les attaques d’octobre 1990, le Président Mitterrand a compris qu’elles allaient conduire à une guerre civile et engrenage meurtrier. D’où sa décision de tout faire pour l’enrayer. Cette politique française, poursuivie pendant la cohabitation à partir de 1993, a permis d’imposer aux protagonistes les accords d’Arusha qui : organisaient le partage du pouvoir et le retour des réfugiés tutsis au Rwanda ; permettaient le départ des troupes françaises du pays. Mais, tragiquement, l’attentat du 6 avril 1994, perpétré par des extrémistes opposés au compromis politique d’Arusha, ruina ces efforts. De même que la France a été le seul pays au monde, avec la Belgique, à mesurer dès 1990 le risque des massacres et à peser de tout son poids pour un compromis politique, elle a été seule à intervenir, sous mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, pour sauver des vies humaines en déclenchant l’opération Turquoise. Ceci après qu’il soit malheureusement apparu que la “communauté internationale” resterait passive face à ce génocide. Quelles que soient les appréciations que l’on peut porter sur l’action de la France – dont l’évaluation critique est connue depuis 1998 grâce aux travaux de la mission parlementaire sur le Rwanda –, les accusations de complicité et de participation (!) à ce génocide sont absolument infondées et donc intolérables. Pour ces raisons, l’Institut François Mitterrand recommande la lecture du texte suivant, lequel répond point par point à ces accusations. Ce document, établi par des experts à partir des témoignages recueillis par la mission Quilès, a été mis à jour avec les nombreux éléments apparus depuis lors, y compris les plus récents.

+ rapport de 35 pages non signé.

P20 : « Par la suite, l’ambassade française avait continué de travailler avec le ministre de la Justice dans le gouvernement constitué après avril 1994, s’attirant alors l’hostilité du nouveau Président Paul Kagamé.  »

Autres passages :

– « Grâce à l’implication de la France, les négociations d’Arusha ont progressivement rapidement.  »

– « Pour débloquer la situation, la France, comme les autres pays occidentaux associés à la négociation, proposé alors que la CDR soit représentée à l’Assemblée nationale à condition d’adhérer au « code d’éthique » qui prohibait la propagande ethniste et le recours à la violence. La CDR ayant demandé en mars 1994 à adhérer à ce code, il pouvait paraître acceptable qu’elle participe au processus de paix.  »

– « l’idée qu’il y ait eu chez les dirigeants français une crainte du type “Fadocha” ne repose sur rien de concret. »

– « Les démarches françaises n’ont malheureusement pas eu, en matière de droits de l’homme, une efficacité suffisante, mais il faut être conscient de ce que la France n’avait aucun moyen de s’ingérer dans le fonctionnement de l’administration territoriale rwandaise. »

– « Le gouvernement français saisit alors l’ONU, son mandat ne l’autorisant pas à arrêter les responsables présumés du génocide de sa propre autorité. Les forces Turquoise les feront quitter la ZHS. La plupart ont été, ensuite, arrêtés et déférés au TPIR. »

– « Il est maintenant établi que des Ougandais, sans lien avec le Rwanda, combattaient également dans les rangs de l’APR » « Voir à ce propos l’édition électronique du quotidien ougandais The Observer du 5 juillet 2009. Selon ce quotidien, une force mercenaire de 616 soldats ougandais aurait combattu au sein de l’APR. »
– « Quelques livraisons d’armes ont par ailleurs été effectuées en faveur des FAR (principalement des obusiers de 105 mm, trois hélicoptères Gazelle et les munitions correspondantes). L’armement livré est resté modeste, à l’exception des hélicoptères qui donnaient aux FAR des capacités d’appui feu aérien dont ne disposait pas l’APR. Ces armes n’ont jamais donné d’avantage militaire décisif aux FAR qui, tout au long des affrontements, ont constamment été surclassées par l’APR. L’APR disposait en effet également d’un armement de qualité, constitué par exemple de lance-roquettes multiples, de mortiers de 120 mm et de missiles sol-air SAM 16 (59). »

– p29 : « Des contrôles d’identité systématiques en vue d’identifier les Tutsis? Il a été prétendu, notamment par l’ONG «Survie», que les militaires français avaient procédé à des contrôles d’identité afin de rechercher d’éventuels suspects tutsis. Il est exact que des contrôles d’identité ont été effectués par des militaires du détachement Noroît. Ces contrôles sont intervenus entre février et mars 1993, alors que l’APR se rapprochait de Kigali et que les forces françaises avaient en place un dispositif de surveillance des voies menant à la capitale; dispositif susceptible d’être transformé en interdiction d’accès dans de très brefs délais. Il s’agissait par ce biais de permettre une évacuation rapide des ressortissants étrangers mais aussi de prévenir les infiltrations de l’APR. Cette surveillance sous forme de patrouilles ou de check points a conduit à pratiquer des contrôles sur les personnes. Les règles fixées par le commandement prévoyaient de remettre à la Gendarmerie rwandaise les suspects, armements ou documents saisis. Cette pratique, que l’on peut juger discutable, n’a eu lieu que dans un contexte de tension extrême pendant une très brève période (quelques jours), au plus fort de l’offensive de l’APR. Elle s’explique par la situation très exposée dans laquelle se trouvaient les forces françaises et compte tenu de la mission d’interdiction des accès de Kigali qui leur avait été temporairement donnée pendant la négociation d’un nouveau cessez-le-feu. Il n’y a aucun autre sens à donner à ces mesures. »

– « Certains se demandent et c’est une interrogation plus sérieuse, si la France n’aurait pas pu arrêter le génocide, par une intervention combinée des moyens français d’Amaryllis, l’opération d’évacuation des ressortissants français et de ceux de la MINUAR, la force des Nations Unies. Certes, sur le papier, l’action conjuguée des deux forces aurait peut-être pu enrayer a folie meurtrière des porteurs de machettes, mais il aurait fallu au moins deux semaines, pour organiser te mettre en oeuvre une opération conjointe ; et surtout un déploiement français était inenvisageable à ce moment, alors que les combats directs s’engageaient entre FAR et FPR.’

– « Le fait que les troupes françaises d’Amaryllis n’avaient pas évacué les employés Tutsi de l’Ambassade de France alors que des officiels rwandais proches des génocidaires s’étaient précipités dans nos avions, s’explique par le fait que l’opération, conduite avec des moyens limités, étaient dévolue en priorité, aux ressortissants français, et qu’elle a dû être écourtée en raison des bombardements du FPR sur la piste d’aviation de Kigali. Mais cet abandon reste largement inexplicable et profondément déplorable. »

– « Le gouvernement français saisit alors l’ONU, son mandat ne l’autorisant pas à arrêter les responsables présumés du génocide de sa propre autorité. Les forces Turquoise les feront quitter la ZHS. La plupart ont été, ensuite, arrêtés et déférés au TPIR. ‘

– Conclusion : « Dans les 2 cas, l’attentat contre cet avion, la disparition du président Habyarimana, le génocide qui s’en suivi, rendait impossible la politique de compromis et de réconciliation nationale voulue par la France. C’est cette politique qui était visée ! C’est un immense malheur que finalement, les extrémistes aient eu raison de la logique d’Arusha. »

 

5 avril, BFM: MAE : Romain Nadal (vidéo)

http://www.hot243.com/news/rwanda-ces-propos-de-paul-kagame-qui-ont-fache-paris-video/

contre accusations Kagamé

 

5 avril, Juppé (blog personnel)

http://www.al1jup.com/lhonneur-de-la-france/

… En écrivant cela je ne pense pas au récent libelle publié à Bordeaux et dont je suis la cible unique, comme si, à la date des faits, il n’y avait pas eu un Président de la République, et, successivement, deux Premiers Ministres, deux Ministres des Affaires Etrangères et deux Ministres de la Défense. Je m’attendais à ce que la « Juppémania » ambiante déclenche les coups bas. Mais ce n’est plus de cela qu’il s’agit désormais. C’est d’une inacceptable mise en cause de la France par le Président du Rwanda, qui dans un  article à paraître dimanche dans Jeune Afrique accuse notre  pays d’avoir organisé et encouragé le génocide, d’en avoir été complice et même acteur. .. Quand aux accusations portées contre notre Armée, elles sont tout simplement honteuses. Nos soldats ont exécuté strictement la mission qui leur avait été assignée par le gouvernement, en application d’une résolution très précise du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils l’ont fait avec le courage et la discipline qui les caractérisent. Je me souviens de l’accueil enthousiaste que leur ont réservé les centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qu’ils ont protégés. .. En attendant que vienne la vérité, on ne peut tolérer la véritable entreprise de falsification historique qui veut faire porter à la France la culpabilité du génocide.

 

5 avril, Sud Ouest : Juppé

http://www.sudouest.fr/2014/04/05/genocide-rwandais-la-france-a-nouveau-mise-en-cause-juppe-interpelle-dans-une-lettre-ouverte-1517049-4803.php

A Bordeaux, Alain Juppé, qui était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Balladur (en cohabitation avec le président François Mitterrand) à l’époque du génocide, a été interpellé par une lettre ouverte (document 1, ci-dessous) signée par une trentaine de « citoyens » qui critiquent ses positions et son rôle pendant les événements du Rwanda. Le maire de Bordeaux a répliqué par une lettre (document 2, ci-dessous) justifiant son action pour tenter de secouer l’apathie internationale, et défendant la diplomatie et l’armée françaises, objets selon lui d’une « falsification » de l’histoire. Sur le fond, M. Juppé a renvoyé aux déclarations qu’il avait faites à la commission d’enquête parlementaire française de 1998 (document 3, ci-dessous).

 

4 avril, France Culture : Hubert Védrine (audio)

http://www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-hubert-vedrine-le-monde-selon-hubert-vedrine-2014-04-04

Restranscription à vérifier : … ça m’a toujours paru extraordinaire, incompréhensible, qu’il y ait des polémiques à propos de la France alors que c’est le seul pays au monde qui avait compris, dès 1990 – parce que la date initiale, c’est 90, pas 94 – dès les attaques du FPR depuis l’Ouganda en 1990, François Mitterand avait compris que, compte-tenu de l’histoire de ce pays, ça ne pouvait pas ne pas déclencher un engrenage meurtrier, avec des conséquences terribles, des massacres, même si personne ne pouvait imaginer à l’avance la proportion qu’a pris en 1994 ce génocide. Donc toute l’action de la France à partir de 1990, François Mitterand puis, [à partir de] 1993, François Mitterand, Balladur et Alain Juppé, c’était de tout faire par une double action militaire et politique pour stopper l’engrenage. Et la France pensait avoir réussi puisqu’il y a eu ce que l’on connaît, c’est à dire les accords d’Arusha, qui étaient un accord de partage du pouvoir entre les Hutu et les Tutsi, qui avait été obtenu par la France, soutenue d’ailleurs par quelques autres pays, de loin, qui laissaient la France se débrouiller, parce que personne [petit rire] n’a voulu s’investir dans cette affaire. Mais, par exemple, la diplomatie américaine a toujours soutenu les efforts que faisait la France pour ça. Et donc c’est une histoire terrible … terrible, parce qu’en 1990, 91, 92, 93 … et en 93, la France se dit « ça y est : on a stoppé la guerre civile ». On a stoppé la guerre civile et dans les accords d’Arusha, les deux camps ont accepté de partager le pouvoir et on va maintenant appliquer les accords d’Arusha. Et c’est ça qui est désintégré, à tous les points de vue, par l’attentat contre l’avion où il y avait les présidents rwandais et, d’ailleurs, du Burundi, ce qu’on oublie trop souvent. Donc c’est une histoire absolument pathétique, terrible. .. D’abord elles sont pas très nombreuses ces accusations. C’est toujours les mêmes qui les répètent depuis des années. C’est une vision qui n’est partagée par aucun dirigeant africain à ce que je sais. Par exemple, c’est pas du tout, du tout, la lecture de l’Afrique du Sud sur les événements. C’est encore moins la lecture des dirigeants congolais. Donc à peu près personne en Afrique ne pense ça. Et de toute façon, c’est inexact, puisque la France était engagée pour stopper un engrenage, donc il y a eu une action militaire pour contenir les attaques qui venaient depuis l’Ouganda et, deuxièmement, c’était pas une coopération avec le régime puisqu’il s’agissait de tordre le bras du régime… pour l’obliger à partager le pouvoir. C’était un régime extraordinairement (extrêmement?) majoritaire, et la France pensait que, malgré tout, il fallait qu’il accepte de laisser une partie du pouvoir pour le partager avec l’opposition de l’intérieur, entre autre tutsie, mais pas que tutsie, et des Tutsi de l’extérieur. Et c’est ça qui avait été arraché, finalement, avec les accords d’Arusha. Donc c’est pas une coopération : c’était pas prendre parti, c’était pas être « au côté de », puisqu’il s’agissait de tordre le bras, sans arrêt. Et finalement la France avait abouti… Alain Juppé avait joué un rôle remarquable, d’ailleurs, dans l’obtention des accords d’Arusha. Et, en réalité, on le voit mieux avec le recul, et c’est triste, les extrémistes des deux camps : c’est à dire le camp Hutu n’a rien lâché, en réalité, même s’ils avaient signé les accords d’Arusha, et les Tutsi de l’extérieur, notamment, qui voulaient pas partager le pouvoir mais récupérer tout le pouvoir… Donc il y avait un affrontement, il y avait une course de vitesse à partir, non pas de 94 mais de 90, il y avait une course de vitesse entre la France qui tentait d’enrayer l’engrenage, et je le répète encore, parce que ce n’est pas assez compris, qui avait cru avoir atteint ce résultat, et d’autre par les forces d’affrontement dans cette guerre civile, qui étaient une espèce d’énorme guerre civile et qui a tourné comme on sait. Donc c’est une présentation inexacte et oublie les pressions, on oublie le gouvernement intérimaire, qui, justement, est un gouvernement – avant 1994, hein – qui est un gouvernement qui avait récupéré une partie des pouvoirs du président Habyarimana, qui était lui-même un président extrêmement affaibli. La France ne le soutenait pas parce qu’elle lui tordait le bras. Et les extrémistes Hutu commençaient à reprocher à Habyarimana d’avoir cédé aux pressions de la France. Et quels qu’aient été les auteurs de l’attentat contre l’avion – puisqu’il y a toujours pas de preuve absolue, aujourd’hui, même s’il y a des témoignages multiples – euh… en réalité, c’est attentat qui a été fait pour casser Arusha, pour casser la dynamique du compromis politique, du partage du pouvoir. Voilà. Donc la France a échoué, quand il y a eu l’attentat, et ces massacres, et le génocide. La France était partie avant, puisqu’on pensait avoir réglé la question en 93. Donc elle avait pas les moyens d’agir sur place. Elle a essayé, au début, de garder le contact avec tous les protagonistes pour essayer de sauver les accords d’Arusha, mais on voit avec le recul que c’était illusoire. Ensuite, la France a essayé de convaincre ses partenaires au Conseil de sécurité de monter une opération pour, au moins, intervenir et sauver des vies. Et, finalement, elle y a été seule, puisque personne d’autre voulait y aller et les autres s’en fichaient – je le dis brutalement, hein. Donc la France a eu le courage d’y aller seule, c’est l’opération Turquoise, qui a sauvé, selon les évaluations, entre des dizaines … des centaines de milliers de vies, malgré tout. C’est arrivé tard, parce qu’on avait pas eu … la … disons, la décision de … couverture et de légitimité internationale, mais quand ça a été fait … Turquoise a été fait … avec l’accord du Conseil de sécurité, hein. La Grande-Bretagne, les États-Unis, la Russie, la Chine. Donc…

 

28 mars, Marianne : Paul Quilès (interview) (président MIP 98)

http://paul.quiles.over-blog.com/2014/03/pourquoi-la-tragedie-rwandaise-reste-une-question-brulante.html

… Lorsque le président Juvénal Habyarimana demande son aide, François Mitterrand estime, comme en 1983 au Tchad face à la Libye, que la France doit défendre un gouvernement lié à elle par des accords de coopération, à moins de perdre sa crédibilité de pays garant de la stabilité africaine. Sa politique revêt alors deux aspects indissociables : 1) aider, former et équiper les forces armées rwandaises pour les mettre en état de résister à l’offensive du FPR soutenue par l’Ouganda, mais sans engagement militaire direct ; 2) parallèlement, obliger le régime hutu à engager un processus de démocratisation englobant toutes les composantes de la société, dans la ligne du discours de La Baule du 20 juin 1990. Pour cela, la France a demandé au président Habyarimana de rétablir le multipartisme et de former un gouvernement de coalition avec l’opposition hutue et tutsie, en vue d’un accord politique avec le FPR pour régler notamment la question du retour des réfugiés. Les extrémistes hutus et le FPR se sont violemment opposés à cette politique, pour la simple raison qu’ils ne voulaient pas partager le pouvoir mais l’accaparer. .. Le président Habyarimana pensait que les élections libres prévues par les accords lui permettraient de conserver un rôle central. Il s’est alors éloigné des extrémistes hutus qui, pour saboter les accords d’Arusha, se sont mis à attiser par tous les moyens, la haine raciale et à préparer des massacres de Tutsis à grande échelle. De son côté, le FPR maintenait sa pression militaire. .. Dès l’assassinat de leur président, les Hutus les plus fanatiques ont déclenché, sous prétexte de le venger, des tueries qui ont vite dégénéré en génocide. .. le génocide est d’abord un crime rwandais, produit d’une organisation autoritaire du pouvoir et d’une propagande raciste structurée, dans un contexte de guerre et de crise économique et humanitaire profonde. L’ONU a, quant à elle, laissé le génocide se dérouler sans pouvoir ni vouloir réagir efficacement. L’obstruction américaine a joué un rôle déterminant dans cette paralysie. .. Quant à la France, elle a sans doute, depuis de Gaulle, prêté trop peu d’attention à la nature des régimes qu’elle soutenait en Afrique. François Mitterrand a voulu rompre avec cette indifférence, lorsqu’il a prononcé son discours de La Baule. .. Il existe toujours des zones d’ombre concernant en particulier les auteurs de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana. De même, on ne sait pas encore quel était le degré exact de préparation et d’organisation du génocide. Les travaux du Tribunal pénal international d’Arusha ne permettent pas de se prononcer définitivement sur ce point. En raison de son ampleur, de la multiplicité des facteurs qui l’ont provoquée, de ses implications, la tragédie rwandaise reste une question brûlante pour les chercheurs, pour le public et pour les responsables politiques.

 

13 mars, Fondation Jean Jaurès (Serge Dupuis) sur Bisesero

http://www.jean-jaures.org/content/download/19023/189213/version/1/file/Bisesero.pdf
http://www.jean-jaures.org/Publications/Notes/Rwanda-Bisesero-etude-de-cas

A l’approche de la vingtième commémoration du génocide des Rwandais tutsis, Serge Dupuis décryptant les événements de Bisesero et en soulignant toute la complexité, montre comment la thèse de la complicité de la France dans le génocide a été construite et doit être considérablement nuancée…. Dans le contexte de guerre civile en octobre 1990 à la suite de la rébellion du FPR, de l’assassinat du président Habyarimana et le début des massacres des Tutsis, la France a apporté son soutien politique, diplomatique, financier et militaire au régime. L’auteur évoque l’erreur des dirigeants français dans l’analyse du conflit : pour eux, le génocide résultait d’un conflit interethnique et le soutien aux FAR permettait de maintenir l’influence française dans la région de l’Afrique des Grands Lacs. Ce soutien a alors pu laisser penser qu’ils reconnaissaient comme légitime un régime qui commettait un génocide. C’est pourquoi certains ont soutenu que la France avait joué un rôle et avait été complice du génocide rwandais. Ainsi, la France aurait aidé politiquement et militairement les extrémistes hutus à réaliser ce dessein, aurait lancé l’opération Turquoise pour protéger les forces du génocide et aurait contribué aux massacres en collaborant avec les autorités locales. Serge Dupuis s’intéresse à l’épisode de Bisesero qui correspond à un lieu de résistance des Tutsis aux pogroms. En juin 1994, ils n’étaient plus que 1000 à 2000 en raison des massacres. Le 27 juin, le lieutenant-colonel Duval constate les massacres à Bisesero et informe le colonel Rosier. Le capitaine de corvette Gillier est alerté par les journalistes mais il n’interviendra pas, tenu par le mandat onusien. Jusqu’au 30 juin, aucune opération n’est lancée. Cet épisode a été instrumentalisé pour étayer les accusations portées contre la France: l’état-major se serait entendu avec le gouvernement intérimaire rwandais pour qu’ils finissent les massacres, aidés des militaires français. Mais l’auteur revient sur les contraintes opérationnelles de l’opération Turquoise. Durant l’épisode de Bisesero, la prudence était de rigueur en raison de la nature de la mission, du terrain et de la présence des rebelles bien plus nombreux d’après les informations dont ils disposaient. Pendant dix ans, aucune accusation n’a été portée contre l’armée française. En 2004, lorsque le juge Bruguière boucle son enquête sur l’assassinat du président Habyarimana accusant le FPR de l’avoir commandité, les témoignages à charge contre la France affluent jusqu’à la publication du rapport Mucyo en 2008. Mais ces derniers manquent de crédibilité en raison de l’absence de méthodologie dans le traitement qui en a été fait et des pressions exercées par le régime rwandais. Tous ces éléments s’inscrivent dans la stratégie de diabolisation de la France effectuée par le FPR et montrent comment l’Histoire peut être réécrite.

 

27 janvier, Hollande sur génocide des arméniens

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/01/27/hollande-appelle-ankara-a-faire-son-travail-de-memoire-sur-le-genocide-armenien_4355393_3214.html

François Hollande a exhorté lundi 27 janvier la Turquie à faire son « travail de mémoire » sur le génocide de centaines de milliers d’Arméniens par l’empire ottoman en 1915, lors de la première journée de sa visite d’Etat à Ankara. Interrogé sur l’éventualité d’une nouvelle loi contre le négationnisme, le chef de l’Etat a assuré que la France « fera le droit et rien que le droit »

 



3.   Documents équilibrés entre accusations et défense


 

16 juillet, justice hollandaise sur Srebrenica (en lien avec Bisesero)

http://www.afp.com/en/news/dutch-court-rules-state-liable-over-300-srebrenica-victims

http://siasitv.com/dutch-court-rules-state-liable-over-300-srebrenica-deaths/

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/07/16/les-pays-bas-reconnus-partiellement-coupables-du-massacre-de-srebrenica_4458367_3214.html

… les Pays-Bas ont été reconnus partiellement coupables du massacre de Srebrenica… Faiblement armés et peu nombreux, les casques bleus ne savent pas comment faire face à cet afflux et décident, devant notamment les risques sanitaires dus à cette surpopulation, d’évacuer 300 Musulmans, ce qui mènera à leur assassinat. Ce que reproche le tribunal aux soldats du Dutchbat, et par là à l’Etat néerlandais, c’est de ne pas avoir su évaluer le risque qu’ils ont fait encourir à ces 300 hommes. « Le Dutchbat n’aurait pas dû laisser partir les hommes de leurs bâtiments, a déclaré la juge Larissa Elwin. Ils auraient dû tenir compte de la possibilité que ces hommes seraient victimes de génocide. »

 

9 juillet, RFI sur attentat

http://www.rfi.fr/afrique/20140709-attentat-contre-avion-habyarimana-trevidic-poux-enquet-kagame-fpr-bruguiere-instruc/

… Les juges ont bouclé leur enquête sans pour autant apporter des réponses définitives à cette affaire très sensible. Le dossier sur l’attentat du 6 avril 1994 n’est pas clos, loin de là. Les juges antiterroristes français estiment simplement qu’« ils sont allés au bout de leur travail d’enquête ». Il est vrai que depuis 2007, depuis que Marc Trévidic et Nathalie Poux ont récupéré le dossier « miné » de leur prédécesseur le juge Jean-Louis Bruguière, le dossier a bien avancé. .. les mandats d’arrêts sont levés. Mais les juges refusent de désigner les auteurs de l’attentat. Aujourd’hui, ils estiment leur mission achevée. Les deux parties, la défense et les sept proches mis en examen du président rwandais Paul Kagamé d’un côté, et de l’autre la famille Habyarimana vont maintenant prendre connaissance du dossier et formuler leurs observations aux juges enquêteurs. Les parties peuvent demander de nouvelles procédures ou l’annulation de certains actes. Ils ont trois mois pour le faire, tout comme le procureur pour rendre son réquisitoire. .. Deux options s’offrent à ce dernier : demander le renvoi des sept mis en examen devant la cour d’assise, ou alors requérir un non-lieu… Maître Léon-Lef Forster, l’un des avocats de six des sept personnes mises en examen par le juge Bruguière dans cette affaire, estime que les juges Trévidic et Poux ont effectué un bon travail d’enquête. Il espère et demande un non-lieu pour ses clients : « … Nous espérons que ce délai, au pire des cas, expire, que le dossier soit transmis au parquet, et que celui-ci, en faisant l’analyse de l’ensemble de la procédure puisse conclure au non-lieu concernant nos clients. Il y aura néanmoins de notre part le dépôt d’une plainte en tentative d’escroquerie au jugement. Parce que mon confrère et moi, et surtout les personnes que nous défendons, considérons qu’il y a eu une instrumentalisation de ce dossier, pour faire croire que nos clients étaient coupables, alors que l’on n’a pas vraisemblablement fait le nécessaire au départ de ce dossier pour trouver les vrais coupables. »

 

9 juillet, RFI : Philippe Meilhac, avocat d’Agathe Habyarimana

http://www.rfi.fr/afrique/20140709-habyarimana-parties-civiles-reagissent-cloture-enquete/

… Sept personnalités rwandaises proches du président Kagame sont toujours mises en examen dans ce dossier. Un huitième est quant à lui toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt. Il s’agit de l’ancien chef d’état-major, le général Kayumba Nyamwasa, devenu un dissident de Paul Kagame et réfugié depuis 2010 en Afrique du Sud. Pour les avocats de la famille Habyarimana, il faut que ce huitième homme soit au minimum entendu par la justice, et que le gouvernement français soutienne les démarches du juge d’instruction en ce sens. .. Selon Me Meilhac, cette situation « heurte » ses clients. Il demande que l’on « s’intéresse peut-être plus précisément à ce qui empêche l’aboutissement de la demande d’extradition et la commission rogatoire internationale visant le général Nyamwasa. » Et de confirmer qu’il y aura « effectivement, à nouveau, des demandes qui seront faites de ce côté-là. » .. L’avocat n’y va pas par quatre chemins : « Précisément, on voit bien au travers de la stratégie de communication résolument offensive que met en place la défense des personnes rwandaises mises en examen, que c’est ce qu’on veut éviter du côté du Rwanda ; on ne veut absolument pas que cette procédure débouche sur un procès public lors duquel pourront être dévoilés l’ensemble des éléments rassemblés par les juges d’instruction depuis plus de quinze ans, et une procédure qui met clairement en évidence l’implication, au plus haut niveau au sein du FPR et des autorités rwandaises actuelles. » ..

 

8 juillet, Jean-François Dupaquier sur attentat

http://afrikarabia.com/wordpress/attentat-du-6-avril-1994-au-rwanda-vers-la-cloture-de-linstruction/

Les juges d’instruction Nathalie Poux et Marc Trévidic mettent fin au dossier ouvert par leur collègue Jean-Louis Bruguière en 1998. Sauf grosse surprise, ils devraient prononcer un non-lieu pour les Rwandais poursuivis, et envoyer le dossier aux archives. .. c’est par un bref communiqué de Mes Bernard Maingain et Lef Forster,  avocats des Rwandais poursuivis, que l’information a été connue… Selon l’article 175 du code de Procédure pénale, la décision des deux juges d’instruction ouvre une période de trois mois aux parties civiles pour demander des enquêtes complémentaires ou faire valoir des nullités de procédure. Le Parquet peut de son côté demander de nouveaux actes. Passé ce délai, et en l’absence de contestation de la procédure, les juges d’instruction rendront leur ordonnance.  Me Lef Forster se montre confiant : « Ces dernières années, certains parties civiles ont tenté de retarder cette issue par des demandes à l’évidence dilatoires. J’imagine mal qu’ils exigent à présent de nouveaux actes, alors qu’ils en avaient précédemment l’opportunité »… L’instruction ouverte en 1998 à l’initiative du capitaine de gendarmerie honoraire et chef mercenaire Paul Barril a accumulé les « enfumages ». Le juge Bruguière n’avait pas tardé à accuser le FPR d’être à l’origine de l’attentat. « La défense des personnalités rwandaises mises en cause par le juge a pu démontrer que les éléments factuels et les témoignages sur lesquels le juge Bruguière s’était appuyé, étaient  erronés, mensongers et falsifiés », résume Me Bernard Maingain. L’avocat ajoute : « Les témoignages directs étaient tous mensongers. Les témoignages indirects provenaient d’opposants au régime qui n’apportaient rien au déroulement de l’enquête. Une expertise indépendante menée sur place aboutit à la conclusion que l’hypothèse de la zone de tir de Masaka évoquée par les principaux accusateurs, était  inexacte et qu’il fallait situer la zone de tir au camp Kanombe ou dans son environnement immédiat, zone de tir qui était inaccessible aux forces du F.P.R. ce qu’a encore confirmé récemment, le Général Roméo Dallaire. C’est bien dans le camp des extrémistes hutu qu’il fallait chercher… ce que l’enquête Bruguière n’avait pas fait ». Selon Me Lef Forster, « L’instrumentalisation de la justice française a atteint un résultat honteux. Elle a permis d’éviter que la justice française pose à temps les questions qui gênent concernant l’attentat  contre l’avion, le putsch et le génocide des Tutsi, questions qui mettent en cause les génocidaires rwandais et leurs complices, en France. Elle a aussi permis d’enclencher une machine médiatique sans précédent destinée à culpabiliser la communauté Tutsi du Rwanda et ses dirigeants et destinée à déstabiliser le Rwanda sur le plan international et ce dans des buts qui restent à éclaircir. Mais les faits sont têtus et la vérité apparait peu à peu ». ..

 

8 juillet 2014, AFP : Lef Forster, Bernard Maingain sur attentat

http://www.letelegramme.fr/monde/attentat-contre-habyarimana-les-juges-francais-ont-termine-leur-enquete-08-07-2014-10249933.php

Attentat contre Habyarimana. Les juges français ont terminé leur enquête : Les juges antiterroristes parisiens Marc Trévidic et Nathalie Poux ont achevé leur enquête sur l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994, considéré comme le signal déclencheur du génocide au Rwanda, ont annoncé mardi les avocats de la défense. Il revient désormais au parquet de prendre ses réquisitions, avant que les magistrats instructeurs ne décident de renvoyer ou non en procès les sept proches du président rwandais Paul Kagamé qui avaient été mis en examen dans cette enquête ouverte en 1998. L’ancien juge d’instruction Jean-Louis Bruguière avait en novembre 2006 signé neuf mandats d’arrêt contre des proches du président rwandais, ce qui avait amené Kigali à rompre ses relations diplomatiques avec la France. Ces relations ont été rétablies en 2009. « Ce 8 juillet 2014, Mme et M. les juges d’instruction Poux et Trévidic ont décidé de mettre fin à l’instruction concernant l’attentat de l’avion Falcon survenu le 6 avril 1994 en phase d’atterrissage à l’aéroport de Kigali », ont indiqué les avocats des mis en examen. Le signal déclencheur du génocide « La défense, qui fut très patiente, attend désormais que le non-lieu soit prononcé au plus vite, en faveur des personnes visées par des mandats d’arrêt injustifiés, mais très pertinemment levés par les magistrats instructeurs », ont ajouté les deux avocats. En théorie, le parquet a trois mois pour prendre ses réquisitions, un délai au cours duquel les parties peuvent également faire des observations. Les juges d’instruction ont rejeté l’automne dernier une demande de non-lieu faite par les mis en examen…

Autres articles proches après le communiqué AFP :

Figaro : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/07/08/97001-20140708FILWWW00330-rwanda-l-enquete-sur-l-attentat-de-1994-close.php

Lyon capitale : http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=81419

Jeune Afrique : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140709085732/france-rwanda-genocide-juvenal-habyarimana-justice-france-rwanda-les-juges-bouclent-leur-enquete-sur-l-attentat-contre-habyarimana.html

 

8 juillet 14 : Lef Forster, Bernard Maingain, avocats sur attentats

Communiqué intégral reçu par courriel.

https://regardexcentrique.files.wordpress.com/2014/04/140708rwandattrevidicclc3b4ture-cpforstermaingain-fr.pdf

Les juges d’instruction POUX et TREVIDIC mettent fin au dossier. Ce  08  juillet 2014, Madame et Monsieur les Juges d’instruction POUX et TREVIDIC ont décidé de mettre fin à l’instruction concernant l’attentat de l’avion Falcon survenu le 6 avril 2014 en phase d’atterrissage à l’aéroport de Kigali. Depuis leur intervention, l’enquête a enfin été menée à charge et à décharge. Cette décision est une nouvelle étape très importante pour l’avancement du dossier. Celui-ci avait été ouvert en 1998. Le juge Bruguière en avait pris la direction et avait accusé le FPR d’être à l’origine de l’attentat. La défense des personnalités rwandaises mises en cause par le juge a pu démontrer que les éléments factuels et les témoignages sur lesquels le juge Bruguière s’était appuyé, étaient  erronés, mensongers et falsifiés. Les témoignages directs étaient tous mensongers. Les témoignages indirects provenaient d’opposants au régime qui n’apportaient rien au déroulement de l’enquête. Une expertise indépendante menée sur place aboutit à la conclusion que l’hypothèse de la zone de tir de Masaka évoquée par les principaux accusateurs, était  inexacte et qu’il fallait situer la zone de tir au camp Kanombe ou dans son environnement immédiat, zone de tir qui était inaccessible aux forces du F.P.R. ce qu’a encore confirmé récemment, le Général Roméo Dallaire. C’est bien dans le camp des extrémistes hutu qu’il fallait chercher… ce que l’enquête Bruguière n’avait pas fait. Nous avons pu assister à l’une des  graves instrumentalisations de l’histoire judiciaire française en tentant de faire porter la responsabilité du crash du 6 avril 1994 et des événements tragiques qui se déroulèrent d’avril à juillet 1994, à charge de personnes qui héroïquement, avaient mis un terme au génocide effroyable des tutsi survenu au Rwanda en avril 1994 et dont les familles avaient, elles-mêmes, été décimées au cours de ce génocide. En agissant de la sorte, ceux qui ont instrumentalisé la justice française avaient pour but d’éviter que les recherches s’orientent dans le camp des extrémistes hutu et de leurs complices, notamment en France, ceux-là mêmes qui ont mené à bien le putsch débuté le 6 avril 1994 et mis en place un gouvernement génocidaire après l’assassinat de la Première Ministre et du Président du Conseil Constitutionnel par la garde présidentiel alors que ces personnalités devaient assurer l’intérim de l’Etat. L’instrumentalisation de la justice française a atteint un résultat honteux. Elle a permis d’éviter que la justice française pose à temps les questions qui gênent concernant l’attentat  contre l’avion, le putsch et le génocide des tutsi, questions qui mettent en cause les génocidaires rwandais et leurs complices, en France. Elle a aussi permis d’enclencher une machine médiatique sans précédent destinée à culpabiliser la communauté Tutsi du Rwanda et ses dirigeants et destinée à déstabiliser le Rwanda sur le plan international et ce dans des buts qui restent à éclaircir. Mais les faits sont têtus et la vérité apparait peu à peu. La défense qui fut très patiente, attend désormais que le non-lieu soit prononcé au plus vite, en faveur des personnes visées par des mandats d’arrêt injustifiés mais très pertinemment levés par les magistrats instructeurs. Nous rappelons que les personnes mises en cause injustement souhaitent qu’une plainte soit déposée et instruite à l’encontre de ceux qui ont perverti à ce point la vérité judiciaire en se faisant les auteurs d’une tentative d’escroquerie à jugement en bande organisée, à propos de cet attentat suivi d’un génocide programmé. Il ne peut y avoir de concessions sur ce plan,  par respect pour le million de victimes des auteurs du génocide et de leurs complices quel que soit l’endroit où ceux-ci se trouvent. Pour la défense, Lef Forster, Bernard Maingain.

 

20 mai, Cour de cassation : affaire militaires contre Patrick de St-Exupéry

http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000028976548&fastReqId=1932848075&fastPos=1

http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000028976547&fastReqId=533440100&fastPos=2

Par ces motifs : CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l’arrêt susvisé de la cour d’appel de Paris, en date du 4 avril 2013, et pour qu’il soit à nouveau jugé, conformément à la loi, RENVOIE la cause et les parties devant la cour d’appel de Lyon, à ce désignée par délibération spéciale prise en chambre du conseil ; …

 

11 avril, LCP : « ça vous regarde »: Bernard Debré, ancien ministre coopération, député UMP, Jean-Claude Lafourcade, Commandant de l’opération Turquoise, Pierre Péan, Journaliste (3 défenseurs de l’Etat français), Jean-Claude Lefort, ancien député et vice-président de la Mission d’information, Michel Sitbon, la Nuit Rwandaise, à distance, (vidéo, 52min)

http://www.lcp.fr/emissions/ca-vous-regarde-le-debat/vod/158136-genocide-au-rwanda-la-france-complice

Jean-Claude Lefort : Il manquait des pièces lors de la MIP… Kagamé dit ‘J’ai des documents’, qu’il les donne.

Debré : Il y a des documents qu’il faut déclassifier. Jean-Claude Lafourcade attaque capitaine Ancel.

 

7 avril, AFP

http://www.huffingtonpost.fr/2014/04/07/commemorations-france-rwanda-chronologie-imbroglio_n_5103383.html?ref=topbar

Commémorations France – Rwanda: retour sur 20 ans de méfiance depuis le génocide de 1994… Cette nouvelle tension entre Kigali et Paris marque un coup d’arrêt à la normalisation des relations entre les deux pays qui, malgré une réconciliation officielle en 2010, restent très instables. La France a admis en 2010 « de graves erreurs d’appréciation » au Rwanda mais a toujours refusé de présenter des excuses, attendues par Kigali. ..

 

3 avril, AFP

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/03/rwanda-taubira-representera-la-france-lors-de-la-commemoration-du-genocide_4395385_3212.html

Taubira représentera la France lors de la commémoration du génocide : La garde des sceaux, Christiane Taubira, représentera la France à Kigali lors des célébrations du 20e anniversaire du génocide rwandais, qui fit quelque 800 000 victimes dans la minorité tutsi, selon une information du Monde. ..


4.   ONU + UE


 

7 avril, ONU : Ban Ki-Moon à Kigali

http://www.un.org/News/fr-press/docs/2014/SGSM15755.doc.htm

« Nombre de membres du personnel des Nations Unies et d’autres ont fait montre d’un courage remarquable. Mais nous aurions pu faire beaucoup plus. Nous aurions dû faire beaucoup plus. Les casques bleus ont été retirés du Rwanda au moment où l’on en avait le plus besoin. Un an plus tard, à Srebrenica, des zones que l’Organisation des Nations Unies avait déclarées « sûres » sont devenues dangereuses et des innocents ont été laissés à la merci des tueurs. En l’espace d’une génération, la honte ne s’est pas effacée. Aujourd’hui, la Syrie est en flammes et la République centrafricaine a sombré dans le chaos. Le monde doit achever de surmonter ses divisions, remédier à son indifférence et en finir avec certaines zones d’incompréhension qui persistent sur le plan moral. Les progrès accomplis donnent cependant un signe d’espoir. La responsabilité de protéger empêche désormais les États de prétendre que telles ou telles atrocités criminelles sont une affaire intérieure. La justice pénale internationale étend sa portée.  Il est de plus en plus probable que les dirigeants et les chefs de guerre aient à répondre de leurs actes criminels. Le travail remarquable effectué par le Tribunal pénal international pour le Rwanda a montré une fois de plus que la justice est indispensable à l’établissement d’une paix durable. »

http://www.rtl.be/info/monde/international/1082134/genocide-rwandais-la-honte-de-l-onu-ne-s-est-pas-effacee-

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140407153159/

 

6 avril, Union européenne

http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_Data/docs/pressdata/EN/foraff/142130.pdf

… Since its inception, the EU has endorsed the principle of Responsibility to Protect, adopted by the World Summit in 2005 …

 

5 avril, ONU : Ban Ki-Moon à Bangui : lien RCA-Rwanda

http://www.rfi.fr/afrique/20140405-centrafrique-ban-ki-moon-appelle-centrafricains-empecher-nouveau-genocide/

« D’ici je vais directement à Kigali pour commémorer le 20e anniversaire du génocide rwandais » …, « C’est votre responsabilité à tous – en tant que leaders – d’assurer que nous n’aurons jamais à commémorer un tel anniversaire en Centrafrique. Ne répétez pas les erreurs du passé, n’oubliez pas d’en tirer les leçons », « Une épuration ethnico-religieuse est une réalité » en Centrafrique, a souligné Ban Ki-moon. « De nombreux membres de la minorité musulmane ont fui. Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance », « La communauté internationale a fait défaut aux Rwandais il y a 20 ans. Et nous risquons de ne pas en faire assez pour les Centrafricains aujourd’hui ».